N° 857 23/01/2024 Combattre ensemble l'impérialisme
Introduction
Le Parti Révolutionnaire COMMUNISTES accorde une place importante à la question de l'impérialisme comme stade du développement du capitalisme monopoliste à l'échelle mondiale et cela pour au moins deux raisons majeures : à visionner ici
- Les décisions des monopoles capitalistes le sont à l'échelle internationale et la division du travail entraîne la mise en mouvement des forces productives conjointement dans de nombreux pays. Les chaînes de production de la valeur sont complexes et largement internationalisées.
- Les affrontements au sein de l'impérialisme se font plus aigus dans la logique de recherche des marchés et des taux de profits et d'accumulation les plus élevés pour le capital, ils ont pour objet la conquête des sources de matières premières, le contrôle des voies de communications matérielles et immatérielles et de la force de travail.
Penser que l'on peut s'abstraire de ces réalités est une pure fiction et n'aide en rien à comprendre les enjeux des décisions prises par les multinationales dans leurs stratégies de mise en mouvement du capital.
De l'analyse que nous faisons de l'étape actuelle de développement du capitalisme et de celle de ses contradictions et affrontements, résulte la stratégie politique que nous développons comme force politique révolutionnaire qui entend contribuer à détruire le système d'exploitation capitaliste et construire une société socialiste. Elle détermine la nature des relations que nous développons au plan international avec le mouvement communiste et ouvrier.
Au regard des enjeux ainsi exprimés, il est donc tout à fait nécessaire de mener un débat approfondi sur la question de la nature du système impérialiste aujourd'hui, des affrontements qui se développent en son sein et du combat de classe national et international qu'il convient de mener.
I. Le concept léniniste d'impérialisme
Lors de notre Bureau National du 13 février 2016[1], qui est pour nous le point de référence de notre analyse sur l'impérialisme aujourd'hui, nous avons souligné que notre parti s'appuie sur la conception léniniste de l'impérialisme.
Si le terme d’impérialisme est utilisé abondamment dans la littérature politique, la définition de ce concept est souvent peu rigoureuse et recouvre des réalités bien différentes. Certains conçoivent l’impérialisme simplement comme la capacité d’un État à en dominer un ou plusieurs autres. Pour eux, l’impérialisme se réduit à la notion d’Empire. Souvent ils limitent cette notion aux États-Unis et à ses alliés. Du coup, la nature de l’impérialisme comme stade de développement du capitalisme est effacée.
En suivant cette réduction de l’impérialisme à l’Empire, les concurrents et/ou ennemis des États-Unis seraient donc, par nature, anti-impérialistes. Ainsi, la Russie et la Chine joueraient-ils ce rôle dans leur politique internationale. Se placer de ce point de vue n’est évidemment pas sans conséquence politique. Elle conduit des partis communistes dans le Monde à soutenir leur classe dominante au nom de la défense de « l’intérêt national » et/ou de « l’union nationale ».
Lénine, le premier, a donné de l’impérialisme une définition rigoureuse. Il a développé son analyse dans la brochure : L’impérialisme stade suprême du capitalisme publié en 1916[2]. Aux yeux de Lénine, impérialisme et capitalisme ne font qu’un à un stade de développement déterminé de ce dernier. Lénine écrit : «L’époque du capitalisme moderne nous montre qu’il s’établit entre les groupements capitalistes certains rapports basés sur le partage économique du monde et que, parallèlement et conséquemment, il s’établit entre les groupements politiques, entre les États, des rapports basés sur le partage territorial du monde, sur la lutte pour les colonies, la lutte pour les territoires économiques ». L’analyse de Lénine, s’appuie sur la loi de développement de l’économie capitaliste, celle de la recherche du taux de profit maximum, de l’accumulation et de la concentration du capital. Lénine, donne de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :
Lénine, le premier, a donné de l’impérialisme une définition rigoureuse. Il a développé son analyse dans la brochure : L’impérialisme stade suprême du capitalisme publié en 1916[2]. Aux yeux de Lénine, impérialisme et capitalisme ne font qu’un à un stade de développement déterminé de ce dernier. Lénine écrit : «L’époque du capitalisme moderne nous montre qu’il s’établit entre les groupements capitalistes certains rapports basés sur le partage économique du monde et que, parallèlement et conséquemment, il s’établit entre les groupements politiques, entre les États, des rapports basés sur le partage territorial du monde, sur la lutte pour les colonies, la lutte pour les territoires économiques ». L’analyse de Lénine, s’appuie sur la loi de développement de l’économie capitaliste, celle de la recherche du taux de profit maximum, de l’accumulation et de la concentration du capital. Lénine, donne de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :
- concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle crée les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique.
- fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce "capital financier", d’une oligarchie financière.
- l'exportation des capitaux qui prend une importance toute particulière dans le processus de globalisation de la production, du commerce et des finances.
- formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes qui se partagent le monde.
- Nouvelles formes de partage du Monde
La définition léniniste de l'impérialisme décrit un système et non la simple domination d'un État sur un autre. Lénine souligne que s'il peut y avoir des coalitions impérialistes (y compris militaires), il n'y a pas d’exploitation de l’univers en commun par les monopoles et les États impérialistes. Il y a toujours concurrence entre les États, les monopoles et il y a toujours luttes pour le partage du monde[3], tandis que les grandes puissances tendent à l’hégémonie.
Notre parti s’emploie à analyser les transformations profondes qui se sont produites et se produisent dans le développement du capitalisme à l’échelle mondiale dans un contexte où, pour l’essentiel depuis la fin de l’URSS, il domine les rapports sociaux à l’échelle mondiale.
II. L'impérialisme aujourd'hui
II.1 Nature de l'impérialisme
Le rapport d'ouverture de notre 9e congrès[4] de juin 2023, qualifie ainsi les tendances de développement du capitalisme mondialisé : " Aujourd’hui le capital doit aller plus loin et plus vite dans la course au profit. Il veut accroître son terrain de chasse, en concurrence féroce dans la guerre de repartage des marchés et des ressources naturelles pour capter les "sources" de profits, pour plus d’exploitation des travailleurs, plus d’oppression des peuples, plus de domination des États et des territoires, plus de guerres, de pillage.
Depuis le début du XXe siècle et après deux guerres mondiales impérialistes, la domination des monopoles transnationaux, la fusion du capital financier et du capital industriel, la mondialisation capitaliste avec les processus de délocalisation de la production, d'internationalisation du commerce et du capital financier, la domination mondiale de l'oligarchie financière, tous les traits dont Lénine avait cerné les caractéristiques, se sont développés et approfondis.
Les monopoles sont désormais des multinationales. Elles ne se contentent pas de rechercher de nouveaux revenus, elles recherchent une nouvelle main d’œuvre, abondante et moins chère et des nouveaux marchés plus vastes que ceux de leur pays d’origine. Elles utilisent au mieux de leurs intérêts les nouvelles technologies. Elles disposent de l’appui massif de leurs États d’origine. L’impérialisme aujourd’hui est plus déterminé par la prédominance des relations économiques et financières ce que l'on nomme parfois le néo-colonialisme et plus rarement par l’asservissement pur et simple et l’occupation physique. Nous reprendrons ici à ce propos l'analyse du dirigeant ghanéen Kwame Nkrumah[5], qui dans l'introduction de son livre le néo-colonialisme dernier stade de l'impérialisme"[6], en donne une définition particulièrement pertinente : "L’essence du néo-colonialisme, c’est que l'État qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité, son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l'extérieur."
L'exploitation des peuples prend des formes différentes suivant qu'il s'agisse de Nations subissant le néo-colonialisme ou de celles appartenant à l'impérialisme dominant.
II.2 Les affrontements au sein du système impérialiste
II.2.1 La guerre sur le territoire de l'Ukraine
Notre parti a longuement développé son analyse sur la guerre qui se développe sur le territoire de l'Ukraine[7] et il a participé à des déclarations communes du mouvement communiste à l'échelle internationale[8]. Pour analyser la situation présente, il faut mesurer que nous sommes rentrés dans une étape nouvelle du développement capitaliste avec une concentration des monopoles qui s'est accentuée. La fusion du capital financier, commercial et industriel est devenue la règle à l'échelle de toute la planète, ainsi en 2021, 5.815 milliards de dollars d’opérations fusions/acquisitions ont été comptabilisées, soit une hausse de 63 % sur 2020. À cette étape, le partage du Monde, de ses ressources et des zones d'influences est plus que jamais à l'ordre du jour. Il concerne tous les continents, l'Asie, l'Europe, l'Amérique, l'Afrique et quasi tous les pays. Si la Russie n’a pas la puissance économique de la Chine, qualifié d'ennemie systémique par les USA et l'UE, elle a des réserves pétrolières, gazières, minières et des territoires considérables. Elle est une puissance militaire nucléaire du niveau des USA et elle entend, pour ses monopoles préserver son espace d'influence en Europe, dans les Balkans et en Asie centrale. Depuis 1991 les USA lui conteste son influence dans ces régions et n’ont eu de cesse malgré leurs promesses de rapprocher l’OTAN au plus près des frontières de la Russie pour accroître leur pression militaire sur ce pays. Ainsi, jusqu’au coup d’État de 2014 qui a vu l’éviction de l’oligarque Ianoukovitch, l’Ukraine était dans la sphère d’influence de la Russie. Depuis elle a basculé dans le camp occidental. La Russie n’a pas cessé de réclamer la neutralisation de l’Ukraine. Les USA ont répondu par une fin de non-recevoir. Ainsi le conflit militaire en Ukraine n'est que la partie émergée d'un affrontement plus vaste entre la puissance dominante, économiquement et militairement que sont les USA et ses alliés (qui ont choisi d'en être les vassaux) et toutes les puissances économiques et militaires capitalistes qui s’opposent à cette domination pour affirmer leur propre puissance. Les peuples n'ont rien à attendre de bon de tout cela. Leurs luttes solidaires contre l'impérialisme, sa dénonciation comme fauteur de guerre doivent être leur boussole.
II.2.2 La Palestine
La question palestinienne, que beaucoup voulaient glisser sous le tapis et y avaient pas mal réussi, est venue se rappeler à nous de manière brutale depuis le 7 octobre.
Contrairement à la plupart des analystes et politiciens, nous ne prenons pas l'événement du samedi 7 octobre comme un fait en soi, mais comme un épisode d'une guerre qui dure depuis 75 ans et prend racine dans l'histoire longue d'une colonisation de remplacement de la Palestine, où le choix du gouvernement colonial israélien avec le soutien actif des puissances impérialistes occidentales est l'annexion pure et simple de toute la Palestine, parsemée de quelques ghettos avec l'expulsion et/ou le massacre des palestiniens.
De notre point de vue, la lutte du peuple palestinien est une lutte de libération nationale face à une situation coloniale.
Dans cette lutte de libération nationale, il n'y a pas que le Hamas, même s'il est majoritaire. Les organisations marxistes, FPLP et FDLP, le Fatah et les communistes y sont également présents. La stratégie de l'idéologie dominante est de ne parler que du Hamas pour discréditer, et pour déconnecter de ce qui se passe depuis 75 ans sur le sol palestinien.
Le Hamas est, de manière certaine, un mouvement réactionnaire. Pour autant, il fait, objectivement, partie de la Résistance palestinienne, on peut toujours le nier, mais les faits sont têtus. Le peuple palestinien et ses organisations de résistance combattent contre le colonialisme et l'apartheid pour la libération de la Palestine, et contrairement à une idée répandue, ils sont pour la création d’un véritable État palestinien. Notons que la résistance armée à la colonisation conduit les parties palestiniennes à reconsidérer la question de leur unité au sein d'une organisation, rassemblant et coordonnant toutes les forces de la résistance.
Quelques mots sur les accords d'Oslo.
Oslo, en 1993, devait ouvrir la voie à la création d’un État palestinien en l’espace de cinq ans (soit en 1998), en contrepartie de la renonciation par l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) à la guérilla anti-israélienne. Cette concession majeure, sans pareille dans les annales de lutte des mouvements de libération nationale, s’est révélée contre-productive et Oslo, un grand marché de dupes.
De Rabin, partisan d’un sous-État croupion, subordonné à l’État colonial, à Sharon qui voulait envoyer tous les Palestiniens et Arabes Israéliens en Cisjordanie ou à Gaza, derrière un mur, on a vite compris qu’un véritable État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale ne verrait jamais le jour. Depuis que Netanyahu dirige le gouvernement, la chose a le mérite d’être claire. Il a carrément enterré la solution à deux États, avec l'accord et le soutien des USA et de leurs valets. La feuille de route de Netanyahu et de ses complices, c’est l’occupation de tout ce qui constitue le mythique "Grand Israël", en créant quelques ghettos palestiniens cernés par les colonies, comme à Hébron ou Jénine, comme cela se fait déjà à Gaza : les bantoustans de l’État de l’Apartheid.
Quand-au successeur de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas, discrédité par la lourde tutelle de la puissante occupante sur l’Autorité palestinienne, et la corruption galopante de ses dirigeants, il est maintenu sur la ligne de flottaison par les États-Unis en vue de servir de garde-chiourme des Israéliens dans la répression des manifestations palestiniennes contre l’occupant. Au mépris des règles élémentaires de la démocratie, l’octogénaire bureaucrate est maintenu au pouvoir en dehors de toute investiture populaire.
Avec la complicité active des États-Unis et des Pays européens pour qui Israël est le rempart de leurs intérêts au Proche- et Moyen-Orient, la droitisation extrême de la société israélienne a propulsé, en 2022, au terme de quatre consultations électorales, une coalition xénophobe, fasciste, pervertissant durablement un pays que ses nombreux sympathisants occidentaux qualifient "d’unique démocratie du Moyen-Orient", ce qui donne à penser que l’intégrisme juif serait plus soluble dans la "démocratie" que l’intégrisme musulman. Notons que le Likoud, qui dirige cette coalition n’a jamais reconnu l’existence d’un État palestinien.
L’actuel gouvernement israélien avance encore plus vite vers une résolution du conflit par l’annexion pure et simple des territoires où vivent les Palestiniens. Ce qui s’amplifie en Cisjordanie, depuis leur arrivée au pouvoir, ce sont les meurtres de Palestiniens par les colons avec le soutien de l'armée, avec une totale impunité.
La solution militaire parait pourtant bien illusoire et les discours sur la paix visent à désarmer la lutte de libération nationale du peuple palestinien. La fin de la situation coloniale avec un État palestinien ayant Jérusalem Est pour capitale, ce n’est pas pour demain. Les Palestiniens ont raison de ne pas croire au "discours de la paix". Depuis 1993 cette "Paix" s’est faite à leurs dépens, sans jamais que leurs droits ne soient reconnus. Le 7 octobre a mis en évidence que seule la fin du système colonial est de nature à créer les conditions d'une solution politique en Palestine par les recouvrements des droits de son peuple, ce qui implique un État palestinien et le droit au retour de tous les réfugiés chassés par le processus de colonisation sioniste.
Le Parti Révolutionnaire COMMUNISTES soutient la lutte de libération nationale du peuple palestinien, son droit à un État sur le territoire historique de la Palestine et le droit au retour pour tous les réfugiés. Il exige du gouvernement français la rupture des relations diplomatiques avec Israël et des sanctions économiques, mais nous savons que c’est seulement par la lutte que nous obtiendrons ce résultat.
II.3 Sud global et Occident global : sur la question des BRICS[9]
Les BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, auxquels se sont joints l'Arabie Saoudite, l'Égypte, les Émirats Arabes Unis, l'Éthiopie et l'Iran, ont gagné en importance cette dernière décennie, avec la montée en puissance de ses membres, surtout l’Inde et la Chine qui sont devenues respectivement les 5éme et 2éme puissances mondiales. La part de la Chine dans la production des BRICS qui était de 47 % en 2001 est aujourd'hui de 70 %. En 2022, elle représentait 69 % de l'ensemble des échanges commerciaux du groupe, contre 55 % en 2001.
Les BRICS ont une population de 3,24 milliards d’habitants, soit 40 % de la population mondiale. En 2001, ils représentaient 8 % du PIB mondial. En 2023, ils contribuent à 31,5 % du PIB mondial, dépassant pour la première fois la part du G7 (30,7 % du PIB mondial).
Le fait que le cœur du commerce mondial et du développement du capitalisme[10] se situe aujourd'hui en Asie et dans le Pacifique[11] montre l'importance de la présence de l'Inde, de la Chine et de la Russie dans les BRICS.
La caractéristique majeure des États constituants les BRICS c'est que ce sont des États de développement capitaliste qualifiés d'émergents, plus ou moins intégrés dans l'économie mondiale et qui aspirent à occuper une place plus importante dans la gouvernance mondiale OMC, FMI, ONU...largement dominée par les États-Unis et leurs alliés occidentaux qui les utilisent largement au profit de leurs monopoles, dans la lutte acharnée et violente qu'ils se livrent avec leurs États pour contrôler les accès aux ressources naturelles, aux voies de communications et à la force de travail. Pour autant les BRICS sont loin de constituer un bloc homogène, ce qu'ils ne revendiquent d'ailleurs pas, mais un ensemble où les intérêts communs l'emportent sur les divergences et qui cherchent à consolider leurs positions dans l'ordre capitaliste mondial.
Au bilan, le développement des BRICS reflète la volonté de nombreux pays de trouver un ordre capitaliste mondial qui soit, du point de vue de leurs intérêts, plus équilibré. Si cette volonté est en partie orthogonale au maintien d'un impérialisme dominé par les États-Unis, elle ne remet pas en cause l'existence du système impérialiste lui-même. C'est à la lutte des peuples, de leur classe révolutionnaire que revient la tâche historique d'en finir avec le capitalisme dans leur propre pays en s'appuyant sur la solidarité internationale de classe.
II.4 Les divergences dans le mouvement communiste, à propos de la plate-forme anti-impérialiste mondiale[12]
Cette organisation, qui est née après le début de la guerre en Ukraine, regroupe des organisations diverses se réclamant du mouvement communiste. Les participants défendent l’idée qu’être anti-impérialiste signifierait être dans le "camp" de la Russie et de la Chine.
La manœuvre idéologique consiste à nier le caractère impérialiste de la Chine et de la Russie. Puisqu'il n'est pas possible de cacher leur caractère capitaliste, il est nié que la deuxième et la onzième plus grandes économies du monde, avec un Capital financier et un Capital industriel profondément imbriqués et des monopoles très solides, soient impérialistes. C'est aussi nier leurs interventions pour étendre leur influence économique et politique.
La déclaration finale de Caracas évoque « les gouvernements anti-impérialistes de Russie, de Chine, de RPDC et d’Iran ». Rappelons que pour le Parti Révolutionnaire Communistes, les BRICS forment un ensemble hétérogène de puissances capitalistes à la fois rivales du bloc USA-UE, tout en entretenant des relations plus ou moins serrées y compris militaires avec des éléments de ce bloc, et non une alliance anti-impérialiste. Déjà, dans le communiqué de Paris de la plateforme, il était affirmé que ces pays « ne vivent pas de la surexploitation ou du pillage du monde », comme si la Russie et la Chine, ne faisaient pas partie du monde capitaliste.
Il est clair qu'une telle "plate-forme anti-impérialiste" est une opération utile pour blanchir l'une des parties des pays capitalistes participant à la guerre impérialiste actuelle et semer la confusion parmi le prolétariat international, tout autant que ceux qui cherchent à blanchir les États-Unis, l'OTAN ou le gouvernement Zelensky.
Il est clair qu'une telle "plate-forme anti-impérialiste" est une opération utile pour blanchir l'une des parties des pays capitalistes participant à la guerre impérialiste actuelle et semer la confusion parmi le prolétariat international, tout autant que ceux qui cherchent à blanchir les États-Unis, l'OTAN ou le gouvernement Zelensky.
II.5 Des grands ensembles pour accroître leur puissance dans la concurrence capitaliste mondiale : l'OTAN, l’Union Européenne.
Si à l’époque où Lénine écrit sur l’impérialisme, le phénomène de formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde en est à ses débuts, il est aujourd’hui un élément majeur de l’organisation du capitalisme à l’échelle mondiale. On le retrouve dans les institutions internationales politiques, financières, commerciales et militaires comme l’ONU, le FMI, l’OMC, l’OTAN, G7, G20...et aussi dans des structures et des accords inter-étatiques. L’Union Européenne (UE) est l’organisation politique et économique des grands monopoles européens avec le concours des pouvoirs politiques. La constitution de vastes ensembles économiques capitalistes caractérise l’évolution du capitalisme mondial. Il existe plusieurs dizaines de ces ensembles sur tous les continents. Citons : l’Union Européenne, l’Organisation des États d’Amérique, les BRICS, l’ASEAN....Ces ensembles s’intègrent dans la vaste lutte économique et politique que se livrent les monopoles et les États, lutte dans laquelle les uns et les autres sont profondément imbriqués.
L'Union Européenne
Elle est formellement la Première puissance économique du monde devant les États-Unis, la Chine et le Japon. Rappelons-nous ce que disent Marx et Engels dans le Manifeste du Parti communiste à propos de la concentration économique du capital et de sa traduction politique. « La bourgeoisie supprime de plus en plus la dispersion des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence nécessaire de ces changements a été la centralisation politique… » On est impressionné par l’actualité et la justesse politique de ce texte écrit en 1848. Comment se traduit-elle au niveau de cette Union Européenne ? Elle qui fut conçue sur les fonts baptismaux de la Communauté européenne du charbon et de l’acier fondée en 1951 et 1957 et le traité de Rome qui établit la Communauté économique européenne (CEE) avec comme objectif la soumission économique, militaire et idéologique à l'impérialisme états-uniens dans le cadre de la guerre froide contre l'URSS.
En Europe comme dans tous les pays capitalistes, les véritables chefs d’États ce sont les propriétaires des grands moyens de production(1) et d’échange. Le personnel politique, y compris au plus haut niveau est à leur entier service. Le M.E.S. (Mécanisme Européen de Stabilité) pèse très lourdement sur les États tenus d’accepter les conditions draconiennes qui leur sont imposées pour rembourser ce que la BCE (Banque Centrale Européenne) leur avancera. C'est une mainmise "européenne" supra-nationale sur l’économie de nos pays mis dans l’obligation de respecter la discipline du capital. Le résultat de ces "pactes" et mesures de toutes sortes qui s’enchaînent, c’est l’appauvrissement continu des peuples de cette Europe et du nôtre en particulier. Les gouvernements de droite ou socialistes des pays européens ont mis en place au fur à mesure, des structures pour renforcer l’intégration des pays et des peuples. L’Euro est un instrument d’intégration économique et politique des pays dans l’Union Européenne et un outil pour renforcer les moyens du capitalisme européen dans la concurrence mondiale. L’Euro est partie prenante de la guerre monétaire capitaliste entre grandes puissances. Avec le MES, les plans d’austérité, les réductions drastiques des dépenses publiques et sociales, la casse des droits du travail et des droits sociaux, l’accélération des privatisations etc. font des ravages dans tous les pays européens. Mais cela est loin de suffire. Le capital exige d’aller beaucoup plus loin et d’y aller plus vite. Au nom de la « compétitivité » tout est tiré vers le bas : les salaires, les retraites, la sécurité sociale, les indemnités…. Les entreprises et les services « non compétitifs » sont condamnés, les salariés sont privés d’emploi. En imposant la libre circulation des travailleurs dans l’Union Européenne, en exigeant l’ouverture du « marché du travail » les dirigeants capitalistes de Bruxelles, avec l'accord des États membres organisent sciemment la pression sur l’emploi et les salaires des travailleurs! L’Union Européenne cherche des accords de libre-échange avec d’autres ensembles économiques ou pays.
Sur le plan militaire, les pays de l'UE se sont mis sous la coupe du pays impérialiste dominant : Les États-Unis par leur participation à l'OTAN dont la France fait partie du commandement intégré. De ce fait, ils sont des pions au service des intérêts états-uniens qui en fixent la stratégie : Des agressions contre la Yougoslavie conduisant à son démantèlement, à celles contre la Syrie, l'Irak, la Libye, à la participation active à la guerre impérialiste sur le territoire de l'Ukraine, au soutien indéfectible à l'État colonial d'Israël, les pays de l'UE assument sans complexe le rôle de défenseurs des intérêts de l'impérialisme occidental et surtout états-uniens. Répondant aux exigences des États-Unis partout les budgets militaires flambent au détriment des besoins de la société entraînant à une spirale guerrière dangereuse pour la paix mondiale. C'est pourquoi, nous militons pour le retrait de la France de l'OTAN et la dissolution de ce pacte militaire. Ainsi l'UE ce n'est ni la prospérité, ni la paix qu'elle claironne comme ses raisons d'être.
Si l’objectif de l’Union Européenne est la constitution d'un pôle impérialiste puissant servant ses grands monopoles elle n'en est pas moins traversée par des intérêts contradictoires comme en témoigne les profondes divergences apparues sur les questions énergétiques et de défense. L'affaiblissement des Nations, voire leur effacement dans certains domaines s'il permet de mieux combattre les exigences populaires ne met pas fin pour autant à la réalité du cadre national comme terrain de la lutte des classes.
Ce sont donc toutes ces questions qui font et feront l'objet de notre bataille politique lors des élections européennes du 9 juin avec notre liste COMMUNISTES. Parce que la réalité, c'est le caractère capitaliste et impérialiste de la construction européenne, nous nous attacherons à organiser les travailleurs dans la lutte pour combattre le capitalisme et les effets négatifs de son développement en montrant que la seule issue c'est de mettre fin à ce système prédateur de l'Homme et de la nature et dont tout montre qu'il est néfaste pour l'Humanité tout entière et pour construire une société sans exploitation de l'Homme par l'Homme, une société de coopération des producteurs de richesses, de paix et de solidarité entre les peuples.
III. La France puissance néocoloniale et coloniale impérialiste
La France qui fut une grande puissance coloniale, possédant un empire où : " le soleil ne se couchait jamais " comme le disaient ses laudateurs a vu, comme ce fut aussi le cas pour le Royaume-Uni, sa place reculer dans le système impérialiste à partir de la fin de la première guerre mondiale puis à la fin de la seconde. Pour autant, elle demeure une puissance impérialiste, en Afrique, elle cherche à maintenir par tous les moyens son pré-carré de domination néo-coloniale de plus en plus contesté par les peuples et la concurrence des autres forces impérialistes. Membre de l'OTAN et participant à son commandement, elle est une puissance nucléaire, la seule en Europe mis à part le Royaume-Uni et la Fédération de Russie, elle est membre du conseil de sécurité de l'ONU. Elle possède une influence importante, bien qu'en recul, en Afrique. À quelques exceptions près, le refus par exemple de participer directement à la guerre américaine en Irak en 2023, elle a emboîté le pas de son tuteur États-uniens que ce soit en Yougoslavie, Libye, Syrie, Ukraine et n'a jamais ménagé son soutien à l'État colonial d'Israël.
Si le rappel du passé colonial de la France montre qu’elle fut une puissance dominante jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Le colonialisme français a-t-il disparu pour autant ? La réponse est non ! Il reste de cette domination coloniale des territoires dans ce que l’on appelle pudiquement des départements et territoires d’Outre-mer. Compte-tenu des zones qu’ils occupent, ils constituent un ensemble économique et stratégique pour l’impérialisme français lui assurant une présence économique et militaire dans les caraïbes, dans l’océan indien et dans la zone pacifique. En termes économiques, ces colonies donnent à la France un territoire maritime exclusif exceptionnel. De plus, une partie de la force de travail est utilisée en métropole pour couvrir des besoins économiques spécifiques, tout particulièrement dans les services publics hospitaliers. Il est assez cocasse de voir Mélenchon se réjouir de ces atouts dans le livre qu’il a consacré à sa candidature à l’élection présidentielle de 2017!
Avec les peuples encore sous un régime colonial et qui se battent pour l’égalité des droits et leur indépendance, nous menons un combat commun : celui contre l’impérialisme.
Combattre le capitalisme et donc l'impérialisme passe d'abord par la lutte contre son propre impérialisme, c'est pourquoi, notre parti s'est toujours clairement prononcé et opposé à la politique internationale de la France. C'est pourquoi, nous militons pour le retrait de la France de l'alliance impérialiste qu'est l'OTAN.
IV Pour une action internationaliste conséquente
Tout montre qu'il ne saurait y avoir de luttes de classes nationales sans les mettre en perspective avec l'évolution des rapports de forces à l'échelle internationale. C'est pourquoi, notre parti a marqué son intérêt pour la création de l'Action Communiste Européenne à l'initiative du Parti Communiste de Grèce sur des bases anti-impérialistes claires et entend y participer. Cela ne signifie pas, bien au contraire, une espèce de fuite en avant qui consisterait à fuir le terrain de la Nation comme champ concret de ces affrontements, mais au contraire, à les porter dans une perspective de solidarité internationaliste et de complémentarité. Celle passe évidemment par une compréhension de ce qu'est le capitalisme moderne dans sa forme impérialiste avancée.
Pour terminer, je veux souligner combien le renforcement idéologique et organisationnel de notre parti révolutionnaire COMMUNISTES est d'une absolue nécessité pour mener la lutte de classe. Certains nous disent : vous n'êtes pas assez forts mais comme le disait justement Lénine : "Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
[2] V. I. Lénine, L’impérialisme stade suprême du capitalisme, Les Éditions du Progrès, URSS, 1967
[4] https://www.sitecommunistes.org/index.php/le-parti/congres/2334-parti-revolutionnaire-communistes-9eme-congres-16-et-17-juin-2023-rapport-d-ouverture
[5] Pour une biographie de Kwame Nkrumah on peut consulter : https://panafricanistes.com/post/27
[6] Kwame Nkrumah, le néo-colonialisme dernier stade de l'impérialisme, Éd Présence Africaine, 2009.
[7] https://www.sitecommunistes.org/index.php/publications/documents/1934-un-document-pour-mieux-comprendre-les-raisons-et-les-consequences-de-la-guerre-en-ukraine
[8] http://www.solidnet.org/article/22nd-IMCWP-RESOLUTION-on-the-imperialist-war-on-the-territory-of-Ukraine/
http://www.solidnet.org/article/Joint-Statement-of-Communist-and-Workers-Parties-On-the-one-year-since-the-imperialist-war-in-Ukraine/
[9] https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/monde/2415-15e-sommet-des-brics-en-afrique-du-sud
[10] https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/asie/1715-2022-la-montee-du-capitalisme-en-asie-va-se-confirmer
[11] Sur les dix premiers ports de commerce mondiaux, neuf se situent dans la région asiatique dont trois des cinq BRICS : Chine, Inde, Russie.