N° 881 10/07/2024 Cette grand’messe réunira les représentants des 32 Etats membres de cette organisation d’alliance militaire créée dans le contexte de guerre froide d’après-guerre. Cette organisation est demeurée un outil précieux aux mains de l’impérialisme américain et en particulier de son complexe militaro-industriel. L’extension de l’OTAN, qui a tiré profit de la désagrégation de l’Union soviétique, jusqu’aux frontières de la Fédération de Russie est une des causes du conflit actuel en Ukraine. Il y a peu de chance que durant ce sommet anniversaire, une quelconque issue à ce conflit ne soit entrevue.
Le Président français, qui avait diagnostiqué la mort cérébrale de l’OTAN, ne sera pas présent au début du sommet du fait de la situation politique française. Il a reçu le Président du Sénat, deuxième personnage de l’Etat le jour de l’ouverture du sommet qu’il rejoint donc le 10 juillet.
De fait, ce sommet, sous la houlette d’un Président des Etats-Unis en campagne électorale, n’a rien d’engageant car il sera aussi un enjeu de politique intérieure américaine. Et il n’est sans doute pas d’un grand confort pour les 31 représentants des Etats membres, nolens volens, de devenir agents électoraux d’un candidat bien fatigué. En particulier, en taisant ses discordances de peur de faire le jeu de son adversaire, qui surjoue l’isolationniste – type « America first ». Selon RFI (10 juillet, journal de 5h), des émissaires de son rival se sont entretenus avec quelques membres des délégations présentes au sommet, sans doute pour présenter les quelques nuances mises par leur patron dans la conduite de l’impérialisme américain.
Les Etats membres de l’OTAN ne sont pas au diapason sur deux questions majeures : l’adhésion de l’Ukraine à l’organisation et le déploiement d’une stratégie plus ferme en Asie du Sud Est pour contrer la Chine.
L’administration américaine et l’Allemagne sont aujourd’hui opposées à l’adhésion de l’Ukraine alors que le Président Macron en fait une priorité. Le gouvernement britannique va dans le même sens et le dernier changement politique ne changera pas la donne. Enfin, la Pologne et les pays baltes sont aussi favorables à l’enclenchement le plus rapide possible du processus d’adhésion.
Les Etats-Unis et l’Allemagne estiment que tant que le pays est en guerre, l’adhésion de l’Ukraine n’est pas une option immédiate pour la raison claire que l’élargissement du conflit n’est pas souhaitable. Raison qui semble échapper au Président français. Et puis, selon Washington, des critères dits formelles doivent être remplis pour l’adhésion de l’Ukraine notamment en termes de démocratisation et de luttes contre la corruption. Autant dire que le Président Zelenski est sommé de nettoyer les écuries d’Augias ukrainiennes, ce qui pourrait à terme clairsemer son cercle d’amis locaux. Pour autant, une délégation ukrainienne participe à ce sommet.
Sur le front d’Asie du Sud Est, clairement, les Européens sont très réticents – et c’est un euphémisme – à se laisser embarquer dans un conflit larvé avec la Chine par les Etats-Unis, qui tentent de prioriser cet affrontement dans l’agenda de l’OTAN. Le Japon et la Corée du Sud ont été ainsi invités au sommet de l’OTAN (en 2022 et 2023) et ils sont présents pour le sommet des 75 ans ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De fait, le véritable défi pour l’impérialisme américain demeure la Chine et les Européens, Russes compris, ont du mal à comprendre qu’ils ne sont plus au centre du grand jeu des affrontements impérialistes.
Le sommet anniversaire sera, comme toujours en pareil cas, marqué par des serments solennels, des déclarations de liens indéfectibles et de désaccords minimisés et… la réaffirmation de la prééminence des Etats-Unis. Et il ne saurait en être autrement dans le cadre de cette alliance militaire asymétrique par laquelle une super puissance offre, selon l’expression consacrée, un parapluie de défense à ses alliés et cela au plus grand profit de sa propre industrie d’armement.
Tout plaide pour une sortie rapide de l’OTAN : en particulier le rétablissement de la souveraineté du pays, l’affirmation d’une orientation pacifiste dans les rapports internationaux, l’utilisation à des usages utiles aux peuples des fonds dépensés dans l’industrie de surarmement.