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12-02-2007

LOGEMENT :

Le miroir aux alouettes

 

Les promesses électorales arrivent comme par hasard à la veille des élections.

Après l’adoption par le Parlement de la loi sur le droit opposable au logement, tous les partis et associations ont crié victoire. l’UMP, l’UDF, le PS, le PCF, la LCR, LO ainsi que les associations d’Emmaüs à la Croix Rouge, tous considèrent que l’adoption de cette loi est un grand succès.

Mais cette loi ne fera pas pousser les logements sociaux, pas plus qu’elle ne donnera un emploi à ceux qui n’en ont pas ou un bon salaire à ceux qui sont payés au SMIC ou moins, car ce sont bien là les conditions actuelles pour bénéficier d‘un logement.

Unanimes ces politiciens font ainsi miroiter un logement aux SDF tandis que les médias compatissent.

Beau consensus mais qui sert uniquement à masquer l’essentiel, le manque énorme de logements sociaux. Il y a dans notre pays près de 100.000 SFF et neuf millions de mal logés. Près de 70% des personnes vivant en France remplissent les critères pour accéder aux logements sociaux. Ce n’est pas le droit d’intervenir devant les tribunaux administratifs qui permettra la construction des 800.000 logements sociaux manquants. C’est au gouvernement à développer d’urgence la construction sociale en France. Et qu’attend-on pour pénaliser Neuilly dont Sarkozy est le maire, qui plafonne à 2,6% de logements sociaux au lieu des 20% fixés par la loi ? Qu’attend-on pour déclarer inéligibles les maires qui ne respectent pas la loi ?

 

Logement : le miroir aux alouettes

Borloo, les partis politiques de droite comme de gauche peuvent pavoiser ! Ce d’autant que des logements ont été attribués au détriment de personnes qui devaient en bénéficier et qui  bloquées,  devront « attendre un peu » comme le déclare le Directeur de la DASS de Paris (dépêche AFP du 15/01). On déshabille Pierre pour habiller Paul. On oppose ainsi les plus pauvres aux un petit peu moins pauvres.

Mieux encore, la présidente de la FNARS (Fédération Nationale des Associations de Réinsertion sociale), nous explique que ces sans abris sont dans des situations « lourdes » qui « nécessitent un accompagnement social dans la durée » et « ne peuvent se régler du jour au lendemain » (dépêche AFP citée). Ainsi militants associatifs et travailleurs sociaux sont transformés en agents gestionnaires de la pénurie et juges de la normalité des personnes. On se croirait revenu au XIXème siècle: si ces sans abris ne trouvent pas de logement ce serait à cause de leurs carences personnelles, autrement dit ce serait de leur faute.

Une pirouette de plus pour tous ceux là qui ne veulent surtout pas que nous regardions les choses en face et préfèrent continuer à faire fonctionner les illusions et la compassion.

Le problème réel, c’est le manque cruel de logements à des prix accessibles à l’ensemble de la population et bien sûr aux plus démunis.

D’après les chiffres actuels (tous nos chiffres proviennent de l’INSEE, du Haut Comité pour le logement des plus défavorisés et du Ministère de l’Equipement) :

-       100 000 personnes vivent dans la rue

-       106 000 s’abritent dans un habitat de fortune (caravanes, baraques de chantier, mobile home…)

-       51 000 logent dans une chambre d’hôtel

-       100 000 sont hébergés

-       500 000 ont un logement précaire (sous location, hôtel meublé…)

-       600 000 subissent un surpeuplement accentué

-       1 900 000 demeurent dans un logement privé du confort de base (insalubrité etc…)

Soit au total, plus de 3 000 000 de personnes pas ou mal logés en France.

Cette situation pèse particulièrement sur les jeunes obligés de rester chez leurs parents ou chez des amis avec tous les problèmes de surpeuplement, de conflits familiaux qui en résultent, ou encore de squatter des lieux insalubres Les jeunes travailleurs ne peuvent même plus prétendre aux foyers de jeunes travailleurs, puisque ceux-ci sont mobilisés pour accueillir les jeunes dépendant de la DASS (rupture familiale etc…) et des étudiants. Et lorsque ces foyers appartenaient à de grandes entreprises (ex, La Poste) celles-ci s’en débarrassent. Les étudiants n’échappent pas à cette situation, les mieux lotis sont hébergés en cités universitaires ou en foyers de jeunes travailleurs, les autres subissent des temps de transport qui pèsent sur leur réussite universitaire. Certains sont dans des situation dramatiques et il n’est pas rare qu’un enseignant apprenne qu’un tel couche sous les ponts.

On peut aussi parler des immigrés qui, au mieux, sont hébergés dans des foyers où ils survivent dans des conditions totalement indécentes et indignes d’un pays  comme la France.

Les prix des logements (location ou achat)  ont doublé en 6 ans. La part consacrée au logement dans le budget des ménages est passée de 10,4% en 1960 à près de 40% aujourd’hui. Il n’est pas étonnant qu’un grand nombre de ménages ne soient plus solvables avec le développement du chômage, du temps partiel contraint, des salaires bas…).

Le logement social ? Des sornettes.

Au milieu des années 50, le rapport de force favorable à la classe ouvrière avait permis d’obtenir des mesures pour construire des logements en grande quantité accessibles aux salariés ouvriers, employés et couches moyennes.

Sous la pression populaire, l’Etat a favorisé la création d’Offices publics de HLM, il a subventionné  la construction de ces HLM (habitation à loyer modéré) et a fait bénéficier de prêts longs (45 ans) à très faible taux (1%) les organismes constructeurs, par la Caisse des dépôts et Consignations (rappelons que cette Caisse recueille l’ensemble des fonds des caisses d’épargne et gère donc essentiellement l’argent des couches populaires, en principe dans un but d’intérêt public mais aujourd’hui la CDC se transforme  en banque d’investissements, ce qui n’est guère favorable aux intérêts populaires).

Aujourd’hui, la situation n’est plus la même. Le parc de HLM compte environ 3,5 millions logements sur les 24 millions de résidences principales, près de ¼ des ménages logent dans ce parc. Mais cela ne suffit pas !  Il y a pénurie de logements sociaux: 1 300 000 demandeurs sont inscrits sur les listes d’attentes, dont environ 900 000 prioritaires. On ne peut tirer des logements inexistants d’un chapeau de magicien! Quant au 1% patronal, il se réduit aujourd’hui à 0,45%.

Ce serait, nous dit-on, la faute de ceux qui habitent en HLM et qui ne déménagent pas (le fameux « turn over »). Et où iraient-ils ? Certes il y a des logements libres mais il s’agit de logements de standing ou de logements intermédiaires inaccessibles au commun des mortels. Chacun a fait l’expérience des garanties que demandent les propriétaires!

En 1977, sous Giscard D’Estaing…

Sous Giscard d’Estaing, une réforme du financement du logement visait à réduire de façon drastique les aides à la construction de logements et en particulier de logements sociaux (ce que l’on nomme l’aide publique à la pierre). L’objectif était de faire payer les français comme l’exprime l’introduction du rapport Barre à l’origine de la réforme (rapport publié à la Documentation Française en décembre 75) : « l’évolution nécessaire des pratiques suppose que les français acceptent de payer désormais le vrai prix de l’habitat », ce « vrai prix » à atteindre est fixé dans le rapport  à 30% du revenu familial !

L’objectif de cette réforme était de traiter le logement comme n’importe quelle marchandise permettant aux capitalistes de faire des profits  sur le marché des logements destinés aux couches populaires. La réussite fut totale et les profits faramineux.

Les conséquences de cette réforme sont parfaitement connues : loyers plus chers, beaucoup moins de logements sociaux construits, listes d’attentes qui s’allongent.

Les auteurs connaissaient parfaitement les conséquences de leur réforme puisqu’ils ont aussi mis en place, en plus de l’allocation logement, l’APL destinée aux personnes à revenus encore modestes.

Arrivés au pouvoir en 1981, croyez-vous que les socialistes ont supprimés cette réforme ? Bien sûr que non. Et la gauche plurielle en 1995 ? Pas plus !

Partout dans l’Europe capitaliste, gouvernements et capitalistes organisent le transfert du logement public vers le marché privé.

Et Boorlo ? Il continue.

Il annonce triomphant l’augmentation de la construction de logements. Mais lorsque l’on regarde les chiffres, on comprend vite : en 2005, 408 300 logements construits, mais seulement 54 550 étaient de type HLM et parmi ceux-ci 37 000 pour les plus modestes. En 2006, la construction a baissé. A ce rythme le DROIT AU LOGEMENT inscrit dans la loi depuis 1990 (Loi Besson) reste et restera un  mythe. Ce d’autant que le plan Borloo prévoit la destruction de 250 000 logements HLM, destructions déjà en cours.

Ce que l’on construit aujourd’hui c’est du logement privé et du logement intermédiaire.

Du logement privé avec aides étatiques : ainsi de Robien a accordé une réduction d’impôt aux particuliers qui achètent un appartement pour le louer. Borloo a repris cette mesure tout en la limitant à ceux qui loueront à un prix inférieur ou égal à 70% du marché, c’est à dire 3 fois le prix d’une HLM ! Une telle mesure favorise les propriétaires (on comprend que certains ne payent pas ou peu d’impôts bien qu’ayant de confortables revenus) mais elle vise surtout à soutenir la spéculation foncière et  immobilière, les institutions de crédits, les promoteurs… En un mot, une bonne partie du capitalisme financier actuel.

De nombreuses mesures cherchent à garantir le propriétaire du « risque locatif », il s’agit de faire prendre en charge par la collectivité le risque qui était celui pris jusque là par tout investisseur : la collectivité doit assurer non seulement les profits mais encore les risques.

Le financement public va pour une grande partie au logement intermédiaire. On a ainsi fait grand bruit à propos des « maisons Borloo à 100 000 euros dans les cités ». Notons que ce prix ne comprend pas le coût du terrain qui sera réglé au bout de 20 ans lorsque la maison sera payée. Pensez-vous que cela soit accessible aux smicards (ils sont 3,2 millions et 7 millions de personnes gagnent moins de 774 euros par mois)?

A Paris, municipalité dirigée par les socialistes et la gauche plurielle. En 2002, 3000 logements sont mis en chantier dont 1000 logements aidés: 550 conventionnés (dont les logements dit PLS ayant des loyers proches des logements intermédiaires) et 450 intermédiaires. La politique de la gauche plurielle ne remet pas en cause la politique générale.

Que faut-il faire pour loger les français ?

vLa construction de centaines de milliers de logements sociaux doit devenir un objectif national prioritaire qui répondra à un besoin populaire essentiel et qui, du même coup, créera des centaines de milliers d’emplois dans le pays.

v   renationaliser ceux qui jouent un rôle essentiel dans la spéculation  financière, en particulier banques et assurances

v   contrôler étroitement et même nationaliser les grands groupes constructeurs qui font des profits sur le dos de leurs salariés et des habitants de ce pays (par exemple Bouygues) car le logement est un besoin essentiel

v   s’attaquer à la spéculation foncière (le prix du sol) par exemple en préemptant des terrains dans les centres villes au profit de la collectivité et au prix fixé par les Domaines

v   interdire la vente du patrimoine public à des institutions privées (par exemple, aujourd’hui l’Etat vend un immeuble parisien à un fonds de pension américain)

 

Lire sur Communistes Hebdo N°1 l’article intitulé : miroir aux alouettes

 

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