Journal N° 61 de septembre 2006
SOMMAIRE :
Edito : Agir ensemble maintenant
GDF – SUEZ, les Français opposés à la privatisation
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Agir
Ensemble maintenant
Un sondage CSA
réalisé en ce début septembre indique que l’attente prioritaire des français
est la revalorisation des rémunérations et des minima sociaux suivie de près
par la garantie des retraites, de la santé et de l’emploi. 60% des français
sont contre l’action économique et sociale du gouvernement ; le pouvoir
d’achat de 77% d’entre eux a diminué, 61% veulent que des mesures soient prises
pour développer l’emploi.
Ce sont
justement sur ces points que
portent les attaques du gouvernement qui estime que le coût du travail reste
encore beaucoup trop cher en France et qu’il faut encore le faire baisser.
Cela alors que
quelques groupes capitalistes vont encaisser officiellement ( c’est donc un petit
minimum) 88 millards d’euros cette année.
60% des français qui condamnent la politique actuelle, c’est une force
énorme qui peut devenir irrésistible. Agissons ensemble dès maintenant, car
c’est maintenant que les coups tombent.
Ensemble, nous
pouvons les mettre en échec, alors unissons-nous pour lutter et des choses
changeront.
Beaucoup de
bruit est fait autour de l’élection présidentielle. Beaucoup trop. Comme si
tout allait dépendre de son résultat. S’il s’agissait tout bonnement de changer
de gouvernement pour que les dirigeants capitalistes de l’économie et de la
finance soient chassés, il y a déjà quelque temps qu’ils auraient dû l’être.
Ça ne s’est pas
passé ainsi, au contraire. Remplacer une équipe fatiguée par une autre qui, à
son tour… Une fois la droite, une fois la gauche (unie ou plurielle)…Et pendant
ce temps un Le Pen tire les marrons du feu. C’est ainsi que le capitalisme
fonctionne. Que ce soit en France, en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne,
en Espagne ou ailleurs.
Utilisons cette élection prochaine pour nous faire entendre, pour agir
ensemble en dehors de toutes ces combinaisons politiciennes qui nous utilise
comme force d’appoint.
La rédaction
GDF-
SUEZ, les Français opposés à la privatisation
Dissimulation
des vrais enjeux, fausses solutions, folklore parlementaire… Tout est fait pour noyer cette
affaire sous un tas d’explications faites pour embrouiller ce qui est pourtant
simple.
C’est le sommet européen de Barcelone en mars 2002 qui a
décidé l’ouverture totale des marchés du gaz au 1er juillet 2007. Participaient à
ce sommet CHIRAC… et JOSPIN alors chef du gouvernement qui n’était pas là pour
faire de la figuration.
C’est bien à Barcelone que la décision a été prise d’accélérer le mouvement des
fusions, acquisitions et absorptions pour constituer de grands groupes
capitalistes européens entièrement libres de leurs mouvements et donc
entièrement dégagés de la tutelle d’un Etat.
Mr Cirelli
patron de GDF l’exprime ainsi : « EDF et GDF c’est une alliance
naturelle qui a bien fonctionné durant soixante ans et dont tout le monde s’est
satisfait…Mais qu’on le
veuille
ou non, aujourd’hui l’Etat a changé les règles du jeu ». L’homme de l’UMP et de
GDF sait de quoi il parle.
Certains osent dire que la concurrence fera baisser les
prix. faux ! Le prix du gaz par GDF est actuellement inférieur de moitié
au prix du marché car l’entreprise négocie pour le compte de l’Etat français
avec les pays producteurs des contrats à long terme, la mettant à l’abri des
fluctuations du marché. La Commission Européenne exige la fin de ces contrats. Le
consommateur paiera donc le gaz
plus cher mais pas seulement car une hausse générale des prix et du coût de la
vie suivra automatiquement.
Aujourd’hui
Gaz de France tourne à plein régime puisque l’entreprise a dégagé un bénéfice
record au premier semestre 2006 ; supérieur aux attentes il a bondi de 44%
à hauteur de 1,7 milliards d’euros.
L’Etat doit continuer d’être propriétaire de GDF pour
conserver un instrument de politique énergétique efficace et pratiquer des
tarifs sociaux au service de la population.
Les
socialistes, Le PCF et d’autres prônent la création d’une agence européenne de
l’énergie. Dirigée par qui ? Tous les pays de la Communauté Européenne
sont aux mains des groupes capitalistes quelle que soit par ailleurs la
couleur, qui change souvent, de leurs gouvernements. Dans de telles
conditions une agence européenne de l’énergie conduit inévitablement à la
main-mise renforcée du capital dans ce domaine. Cela au moment même où le rôle de l’Etat et son
contrôle sur le développement de la production, sur les échanges européens et
mondiaux, sur tout le développement économique et social devraient être élargis
considérablement.
Il ne peut pas
y avoir de solution positive pour l’intérêt national et notre peuple dans cette
Europe capitaliste.
Consultés par référendum par les fédérations CGT et FO (la
CFDT n’y participait pas) 94% des agents de gaz de France ont massivement
rejeté le projet de privatisation . Résultat similaire dans l’opinion publique
puisque seulement 12% des consultés approuvent la privatisation totale.
Les gaziers
ont participé nombreux à la journée d’action du mardi 12. Défilés,
manifestations ont eu lieu partout. A partir de là il faut maintenant que
l’action se développe et que les salariés d’autres corporations se joignent à
l’action.
Tous ensemble nous pouvons les faire
reculer.
La fin des privilèges
Après l’envolée historique des profits en 2005
(+26%) les grands groupes capitalistes, ces Stars de la Bourse comme les
appelle un journal, vont réaliser 88 milliards de bénéfices cette année,
dépassant toutes les prévisions.
SCHNEIDER – ELECTRIC + 46%
VINCI
+ 54%
LVMH +
45%
CREDIT AGRICOLE
+ 43 %
EDF
(hors vente d’actifs) + 41%
La
palme revient à DANONE
+ 104%
« En 17 ans je n’ai jamais connu une situation aussi
favorable dans tous nos métiers en même temps » a expliqué Martin BOUYGUES
en annonçant lui aussi des résultats flamboyants pour son groupe de BTP et de
télécommunications ( + 47% au 1er
semestre).
88 milliards,
ce sont les profits réalisés par les ténors seulement. Combien d’autres sont
obtenus dans les entreprises moins importantes mais où travaillent des millions
de salariés ? Au bas mot, on peut les évaluer à beaucoup d’autres dizaines
de milliards.
A ces profits
énormes il faut ajouter les milliards de cadeaux que les gouvernements ( de
droite comme de gauche) font chaque année aux employeurs sous la forme
d’exonérations de cotisations patronales. Elles sont chiffrées
officiellement par la Cour des
Comptes à 20 milliards pour 2005. Elles étaient de 3 milliards en 1993. Comparez.
Le coût des
exonérations de cotisations était de
1, 5 milliards d’euros en 1992,
3 milliards en 93,
10,3 milliards en 98,
19,8 milliards en 2005.
Et dans le
budget 2006
4 milliards de plus sont prévus!
A cela s’ajoutent les multiples primes,
camouflages officiels ou non, toutes choses dont nous avons déjà souvent parlé
et dont nous reparlerons.
Les
profits s’envolent
« Retraites, la fin des privilèges » titre « Le Parisien- Aujourd’hui » à
l’instant même où ces profits capitalistes records sont annoncés (fort
discrètement d’ailleurs). La meute est lâchée, elle se déchaîne, presse écrite,
radios, télés, tous y vont de leurs aboiements. Ce qui met l’économie nationale
en péril ce ne seraient pas ces centaines de milliards réalisés sur notre dos
que les grands groupes capitalistes dilapident comme ils l’entendent. NON, le
danger vient d’ailleurs, il vient des retraites et de la Sécurité Sociale. Il
vient des travailleurs français qui sont trop payés. Trop payés ? 40% des
salariés gagnaient seulement de 1 à 1,6 SMIC en 1995, aujourd’hui ils sont près
de 60%. Il y a plus d’un million et demi de salariés peu qualifiés à temps
partiel, ils étaient un million en 1993.
Et que dire des
retraités. Ce sont pourtant eux qui sont directement visés par les mesures
gouvernementales. La violente attaque contre les retraités des régimes spéciaux
(elles figurent dans le programme du candidat de l’UMP) sert de prétexte pour
mettre en cause toutes les retraites, celles du privé comme celles du public. « Il
faudra, comme le font les autres pays européens, non seulement augmenter la
durée de cotisations mais encore fixer une date de liquidation des pensions
plus éloignée qu’aujourd’hui, c’est tout à fait possible, la loi le permet
d’ores et déjà » vient de déclarer Fillon.
Et
les socialistes ? Ils disent
à mot couvert que les régimes de retraites devront faire l’objet d’un
réexamen. « Nous voulons organiser un grand débat sur les retraites »
explique Eric Besson secrétaire du PS chargé de l’économie. Quand à Hollande il
affirme « bien sûr qu’il faudra réformer ces régimes ». Fabius n’est
pas en reste : « on sera obligé de rouvrir l’intégralité du
dossier » a-t-il déclaré.
Autre
« privilège qu’on veut encore réduire : la Sécurité Sociale dont
l’état financier est « très préoccupant » dit la Cour des Comptes,
organisme gouvernemental par excellence. Chiffrant à 37 milliards le besoin de
financement d’ici à 2009 elle appelle à des « réformes profondes ».
D’après cet organisme la dette de l’Etat envers la Sécu s’élèverait à 7
milliards d’euros. En réalité le chiffre est bien plus élevé. Consultez sur notre
site les nombreux articles que nous avons écrits à ce sujet.
Remèdes
préconisés par la Cour des Comptes : une hausse des prélèvement et de
nouveaux « plans d’économies » allant bien au-delà de ce que la
réforme de l’assurance maladie de
2004 a prévu.
Les
profits des sociétés capitalistes s’envolent. 88 milliards de profits en 2006
pour les seuls « ténors » du CAC 40. C’est
bien la preuve que les moyens existent en France pour financer à la fois des
salaires décents, des retraites décentes pour tous et un système de santé et de
Sécurité Sociale au service du peuple.
Un sondage récent montre qu’en septembre
2006, 44% des français voudraient
voir leur pouvoir d’achat augmenté, que 40% veulent des garanties pour leur
retraite, 40% pour leur santé, 30% pour l’emploi.
Ensemble
nous représentons une force énorme qui peut faire échec à tout ce que préparent
le patronat et le gouvernement. Agissons ensemble sans tarder. N’attendons pas
une élection présidentielle dont il n’y a rien à attendre sinon la poursuite de
la même politique d’aujourd’hui.
Nous seuls
ensemble, ferons changer les choses.
Match NUL
Sarkozy a été reçu par Bush. Au cours de
la discussion il a insisté sur l’amour qu’il porte à l’Amérique, celle qui
défend si ardemment le monde capitaliste. D’ailleurs n’aurait-il pas précisé
que s’il devenait président de la république française, il ne manquerait pas de
s’en inspirer.
C’en
était trop pour Ségolène Royal. Indignée, celle-ci a réaffirmé avec force son
admiration pour les Etats-Unis ainsi que son soutien à leur politique.
Match nul.
116 pays à Cuba
.
Le 11 septembre s’est ouvert à La Havane le 14ème
sommet des non – alignés. 116 pays y ont participé officiellement ainsi que 20
observateurs. 50 chefs d’Etat et
de gouvernement étaient présents ainsi que les représentants des principales
institutions Sud-Américaines et internationales, dont l’ONU. La Chine était présente avec un statut
d’observateur et la présence du Président iranien prend une
tournure emblématique (1).
Ces
dernières années on a vu de très grandes victoires populaires en Amérique
Latine avec l’élection de Hugo Chavez au Vénézuela et Evo Moralès en Bolivie.
De même, ce qui se passe au Brésil, en Argentine et même au Chili montre que la
lutte contre l’Impérialisme prend de l’ampleur dans le sous-continent.
Il en est de même partout dans le
monde. « Le fait le plus marquant de ce sommet de Cuba est la montée de la
résistance des peuples » a écrit l’économiste Samir Amin. On assiste à une
montée en puissance d’un mouvement populaire renouvelé. Des conditions
nouvelles apparaissent pour l’élargissement d’un nouveau front commun anti-impérialiste. Face aux
Etats-Unis qui déploient leur projet de domination militaire de la planète,
face à leur interventionnisme sans limite, aujourd’hui au Moyen-Orient et,
pourquoi pas demain en Amérique du Sud, le sommet de La Havane sonne le
rassemblement. « Il faut éviter que le Mouvement reste sans agir ni
répondre lorsque l’un de nous est soumis à la menace et à l’usage de la force
de la part des grandes puissances occidentales et en particulier de la
« superpuissance américaine » a déclaré Adolfo Reyes, responsable au
ministère cubain des affaires extérieures.
Les non-alignés veulent peser plus lourd
dans les relations internationales pour combattre l’impérialisme et imposer la
paix dans le monde. Le sommet de Cuba est un grand pas dans ce sens.
(1)Nous
apprécions la présence iranienne au niveau le plus élevé comme un élément très
positif de ce sommet. Ce qui ne
signifie nullement que nous approuvons la politique intérieure économique,
sociale et culturelle de ce régime.
11 Septembre
Cinq ans après le 11
septembre l’image des Etats-Unis est en constante perte de vitesse dans le
monde. La proportion des européens favorables à un fort leadership des USA dans
les affaires internationales s’est inversée, chutant de 64% à 37% en 2006.
L’approbation de la politique étrangère de Bush a chuté en Europe de 38% en
2002 à 18% en 2006. Les
américains eux-mêmes sont plus nombreux à désapprouver (58%) qu’à approuver
(40%) la politique internationale de Bush. Ils étaient encore 75% à approuver
l’agression US contre l’Irak en 2003.
(données extraites des sondages réalisés par CNR et le centre US de
recherches PEW).
La condamnation du comportement des
dirigeants américains est encore beaucoup plus forte en Asie, en Amérique du
Sud, en Afrique et bien entendu dans les pays du Proche et Moyen – Orient. Des
« terroristes » ces milliards d’êtres humains qui, dans le monde
entier condamnent les agressions armées américaines ?
« Terroristes » celles et ceux qui agissent au grand jour en
Palestine pour libérer leur pays de l’occupation israélienne ? Des
«terroristes » les irakiens qui veulent chasser l’occupant de leur
pays ? « Terroristes » ces centaines de milliers d’hommes et de
femmes d’Amérique du Sud qui veulent en finir avec la mainmise étouffante des
USA sur leur propre pays ? Des « terroristes ceux qui manifestent aux
Etats-Unis même ?
Terroriste, le mot a été complètement
dévoyé. Comment appeler ces dirigeants US qui s’attaquent à tout ce qui va à
l’encontre de leur politique ? Des bienfaiteurs de l’humanité ?
Les
massacres US en Irak, en Afghanistan et ailleurs, ceux perpétrés par Israël
font un nombre de morts infiniment supérieur à l’attentat du 11 septembre que
nous avons condamné. Les télés, les radios, la grande presse n’en parlent
jamais. Intox, intox…
Bush n’a pas hésité à recourir à des faux grossiers pour justifier
l’agression US en Irak. Dès janvier 2003 le Washington Post révélait qu’elle
s’inscrivait dans un objectif bien plus large contenu dans un « plan
énergétique national » destiné à assurer le contrôle des ressources
pétrolières et gazières du Moyen – Orient (l’Irak dispose des deuxièmes
réserves du monde). La guerre contre le « terrorisme » a bon
dos !
Après
l’Irak, l’Iran. De quel droit les Etats-Unis interdiraient à un grand pays de
80 millions d’habitants de développer le nucléaire civil indispensable à une
économie qui veut aller de l’avant ? Rappelons
que l’Inde et Israël le possèdent et ce bien qu’ils n’aient pas signé le traité
international de non prolifération de l’arme atomique. Le socialiste Jack Lang
qui ne peut être suspecté d’être anti-américain a été la première personnalité
française à se rendre à Téhéran depuis trois ans (qu’attendaient les autres,
les Chirac, Sarkozy, Hollande etc… pour s’y rendre. Peur des « terroristes » ?).
Toujours est-il que J. Lang a déclaré ; « on ne peut pas contester le
droit souverain de l’Iran de disposer d’une industrie nucléaire civile, il y va
de la dignité du peuple iranien… Les autorités m’ont réaffirmé qu’elles ne
souhaitaient pas développer l’armement nucléaire…Elles souhaitent régler cette
question dans une négociation avec les européens ». Déclaration sans écho
au PS. Pauvre Lang !
Rêvons
un peu : une initiative du gouvernement français engageant enfin des
négociations sérieuses avec le gouvernement iranien aurait dans le monde entier
et en particulier aux Etats-Unis une grande répercussion. La France aurait tout
à gagner à agir comme Etat indépendant, guidé par le seul intérêt national, on
en est loin. Représentant officiel de Chirac, Sarkozy était à New-York lors de
la commémoration de l’attentat du 11 septembre. Il s’est incliné très bas, une
fois de plus. Il n’y a rien à attendre de ces gens là. C’est au peuple français
et à lui seul d’imposer que tout
cela change.
Il
sait parler au peuple
En visite à
Munich, capitale de sa Bavière natale, le pape Benoît XVI a fait fort. Dans une
homélie musclée il a fustigé les peuples d’Europe « plus attentifs au
social qu’à Dieu ». Et d’ajouter pour mieux se faire comprendre : « les
programmes sociaux doivent toujours être promus avec la plus grande urgence
alors que les choses qui regardent Dieu sont jugées de moindre
importance ».
Mais où a-t-il vu que les programmes
sociaux étaient promus avec la plus grande urgence ? Ce vieux
réactionnaire ne manque pas de culot.
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