COMMUNISTES |
N°389 Semaine du 02 au 08 février 2015
04 février
2015
Les cours du pétrole chutent, pourquoi ? |
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En quelques
mois, les cours du pétrole ont chuté de moitié, de 100 dollars le baril à
moins de 50 dollars. Dégageons quelques tendances à ce phénomène. Face à une
production qui ne faiblit pas et qui a même tendance à croître du fait, à la
fois du maintien de la production des grands pays pétroliers en particulier
l’Arabie Saoudite, la Russie, le Venezuela, l'Algérie, l’Iran…. et de
l’introduction de quantités importantes sur le marché des pétroles de
schistes en provenance des USA, la consommation elle stagne du fait du
ralentissement de l’économie mondiale et en particulier de celle de la Chine
mais aussi d'une diversification en matière d'énergie de ce grand pays. L'explication, couramment présentée et qui
se base sur le rapport de l’offre et
de la demande ne permet pas
d’expliquer un tel effondrement. La mise en service de nouveaux gisements qui
ont demandé des lourds investissements aux majors pétroliers, investissements
qui doivent devenir profitables pèsent aussi dans la tendance à la baisse.
Ainsi, loin d’une pénurie de ressources énergétiques pétrolières nous sommes
confrontés à une perspective durable de surproduction qui contribue à peser
sur les marchés. Dans le même temps, la guerre entre les monopoles
pétroliers et les Etats à leur service fait rage pour la conquête des
ressources, leur contrôle et leur transport. Un certain nombre de pays du
Golfe, comme l'Arabie Saoudite, entendent maintenir des cours bas et une
production importante pour amener les producteurs américains de gaz et de
pétrole de schistes à sortir du marché car au-dessous de 40 dollars la
rentabilité capitaliste de ces productions n’est pas assurée. Ainsi, selon des
analystes, certains pays riches de l'Organisation des pays exportateurs de
pétrole (Opep) comme les Emirats Arabes Unis sont prêts à accepter un prix
bas pour pousser les producteurs de pétrole de schiste, en premier lieu les
Etats-Unis, hors du marché. Il ne faut pas sous-estimer l'enjeu de la
bataille économique que se livrent les monopoles pétroliers autour de la
question des gaz de schiste. Ils représentent maintenant une grande partie de
la production d'hydrocarbures aux USA assurant leur quasi indépendance
énergétique. Si la baisse des cours conduit à la faillite des sociétés
d'exploitation, elle entraîne aussi des concentrations capitalistes qui
permettront aux grands majors pétroliers de s'assurer la domination dans ce
domaine et à terme d'imposer aux marchés des augmentations substantielles.
Ainsi le nouveau PDG de Total estime que les évolutions techniques dans ce
domaine peuvent permettre une rentabilité d'exploitation à moins de 50
dollars le baril. Les USA qui sont devenus les leaders de l'exploitation des
hydrocarbures de schistes espèrent donc que leur monopole dans ce domaine
leur ouvrira les gisements potentiellement importants de l'Europe centrale.
Cela explique aussi leur volonté de contrôler directement cette partie de
l'Europe face à la Russie. Cet affaiblissement des cours du pétrole a des
conséquences économiques directes sur l'emploi. Après Schlumberger il y a 3
semaines, Baker Hughes a annoncé le 21 janvier la suppression de 7000 postes.
Les budgets d'explorations sont en baisse drastique et selon une étude de
Goldman Sachs les investissements non rentables (au dessous d'un prix du
baril à 70 Euros) représentent 2.000 milliards de dollars et une production
de 2 millions de baril/jour. Cette baisse considérable des investissements
dans la prospection va jouer à terme sur la production elle même et ouvrir un
boulevard aux producteurs de pétrole de schistes déjà en embuscade. Il faut mesurer que la question pétrolière est
aussi fortement corrélée à la domination du Dollar comme monnaie de référence.
En effet le marché pétrolier s'effectue pour l'essentiel sur la base du
Dollar. Ces pétrodollars sont une absolue nécessité pour maintenir la
domination de l'impérialisme US. Pour eux le danger vient du fait que de plus
en plus des producteurs importants comme la Russie et l'Iran tentent de se
dégager de cette contrainte et négocient des contrats dans leur propre
monnaie. Affaiblir durablement ces concurrents c'est donc pour les USA un
moyen de préserver leur capacité de domination. Leur volonté d’affaiblir des concurrents se
double aussi de visées politiques. Les grands pays producteurs du Golfe qui
n’ont que des populations peu nombreuses, sont moins sensibles à la baisse
des cours et peuvent attendre une remontée qui leur permettra de s’imposer. Mais
d’autres pays comme l’Iran, la Russie, l'Algérie et le Venezuela dont une
grande partie des ressources est liée à l’exportation du gaz et du pétrole,
sont eux extrêmement vulnérables à la baisse de leurs cours. Ainsi le
Président iranien vient-il de déclarer : « que l'économie (de son
pays) pouvait surmonter la chute des cours » et il a prévenu les
partisans d’une baisse des cours qu’ils "souffriront plus" que
l'Iran ». « Ceux qui ont planifié la baisse des prix du
pétrole contre certains pays devraient savoir qu'ils le regretteront ».
La Russie déjà sous embargo du fait de la crise ukrainienne voit son économie
souffrir de cette situation. Il en va de même pour le Venezuela et l'Algérie.
Ces effets ne sont pas pour déplaire aux forces impérialistes sous domination
US qui veulent affaiblir ces pays.
Ainsi Obama dans son discours sur l'état de l'Union vient-il d'affirmer
qu'avoir : « mis en
lambeaux l'économie de la Russie » était pour lui un sujet de
fierté. Dans le même temps, cette crise entretenue à la fois pour des raisons
économiques et politiques avive les tensions au Moyen-Orient et rend encore
plus nécessaire aux yeux de l’impérialisme US et de ses alliés concurrents le
repartage et le contrôle de cette région en éliminant les Etats qui par leur
politique d’indépendance refusent la main- mise des forces impérialistes. Ainsi, la concurrence capitaliste des monopoles
pétroliers et des Etats qui les servent augmentent-elle le niveau de tension
dans le monde et contribue à l’élévation du danger de guerre. Lire, enregistrer et/ou
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Lire également Compte-rendu
de la discussion au 7ème congrès Et Suite du compte-rendu de la
discussion au 7ème congrès Et Rapport introductif au comité
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