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Parti Révolutionnaire Communistes |
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N°559 Semaine du 7 mai au 13 mai 2018
09 mai 2018
Nouvelle
Calédonie : de l’exorcisme à la réalité coloniale ! E.
Macron en Nouvelle Calédonie s’est livré selon la
presse a une série de gestes symboliques visant à exorciser
la réalité de la colonisation française. Cet exercice il l’a déjà fait en
Algérie sans pour autant mettre à jour les causes et les conséquences de la
colonisation. Derrière ces figures symboliques qu’en est-il de la politique
du gouvernement, dans cette région du monde ? Comme force impérialiste
de deuxième ordre, on l’a vu avec la rencontre avec Trump,
la France entend conserver les pieds dans l’océan Pacifique où en tant que
puissance coloniale elle dispose d’un espace maritime important et de bases
militaires propres à lui donner une existence dans la lutte au sein de
l’impérialisme contre la puissance montante de la Chine. C’est d’ailleurs Macron lui-même qui a posé les bases de l’équation en
affirmant que quel que soit le résultat du référendum en Nouvelle Calédonie
la France resterait présente dans la région. S’il est resté discret sur le
référendum qui devrait décider de l’avenir du territoire, il n’en reste pas
moins que la puissance colonisatrice s’active pour que le peuple Kanak ne
puisse pas exprimer sa volonté d’indépendance et de libération nationale. Depuis
la colonisation en 1853, la France n’a eu de cesse de faire de la nouvelle
Calédonie une colonie de peuplement où le peuple kanak est de fait devenu
minoritaire sur son propre territoire. Cette
politique a telle cessé ? Pas le moins du monde ! M.
Roch Wamytan Président de UC-FLNKS
et du groupe nationaliste au congrès de Nouvelle Calédonie estime même que
cette politique de peuplement s’est accentuée et qu’elle est menée
méthodiquement par la puissance colonisatrice, tandis que des milliers de
Kanaks seront exclus du scrutin pour des raisons
« administratives » avec le complicité des forces anti-indépendantistes.
Le référendum qui se prépare n’est qu’une farce pour ripoliner la
colonisation. Notre
parti soutient les luttes du peuple Kanak pour son indépendance
nationale ! ° ° ° M.
Roch Wamytan, Homme politique du Front de
Libération Kanak et socialiste, dirigeant de l'Union Calédonienne et du
FLNKS, est un des signataires de l'accord de Nouméa en 1998, Président du
groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Il a
fait une intervention lors d’un Séminaire régional du Pacifique du comité
spécial des 24 de l’ONU, tenu à Managua au Nigaragua
en mai-juin 2016 :
Mesdames
et Messieurs les membres du Comité spécial de décolonisation, Permettez-moi
tout d’abord de remercier chaleureusement le président du Nicaragua, Daniel
Ortega, son gouvernement, et le peuple du Nicaragua, pour l’accueil
chaleureux qui nous est fait une nouvelle fois, à l’occasion de ce séminaire
régional. Je
voudrais de même remercier les membres du comité spécial des 24 ainsi que son
président Mr Rafael Darío Ramírez Carreño pour cette invitation, à participer aux travaux
de ce séminaire, en ma qualité d’ancien président du FLNKS, signataire de
l’accord de Nouméa de 1998 et président du groupe politique indépendantiste,
le groupe UC-FLNKS et Nationalistes, au congrès de la Nouvelle Calédonie. Comme
nous l’avons souvent rappelé devant les instances de l’ONU, depuis la prise
de possession de la Nouvelle Calédonie en 1853, le peuple kanak n’a cessé de
subir une colonisation de peuplement par la France. Celle-ci se poursuit
encore de nos jours, malgré le processus de décolonisation en cours depuis
les Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), malgré l’engagement de
l’Etat, en 1988, à réduire les flux migratoires de ses nationaux français,
malgré enfin les dispositions de la charte de 1960 et des diverses
résolutions prorogeant les décennies pour l’éradication du colonialisme. Cette
colonisation de peuplement a rendu le peuple kanak peu à peu minoritaire dans
sur sa propre terre. Or, notre pays est aujourd’hui à un point crucial de son
histoire puisque nous arrivons au terme de l’Accord de Nouméa et qu’à partir
de 2018, la population concernée sera appelée à s’autodéterminer lors d’une consultation
sur l’accession du pays à la pleine souveraineté. En
ce sens, une question fondamentale se pose pour la Nouvelle-Calédonie, qui va
fêter cette année ses 30 ans de réinscription sur la liste des territoires
non autonomes des Nations Unies, c’est-à-dire depuis 1986. Cette question est
la suivante : la colonisation de la Nouvelle-Calédonie par la France est-elle
un dossier politiquement clos ? Nous,
peuple kanak, peuple colonisé de Nouvelle-Calédonie, affirmons avec force que
la colonisation de la Nouvelle-Calédonie par la France n’est pas un dossier
politiquement clos. Pourtant,
c’est ce que tente de faire croire notre puissance administrante,
la France, aux populations locales, comme devant les instances
internationales concernées. Elle se donne le droit de décider unilatéralement
de ce qui est politiquement clos ou non dans le processus de décolonisation
en cours dans notre pays. En
effet lors du dernier Comité des signataires de l’accord de Nouméa qui s’est
tenu à Paris en février 2016, les représentants de l’Etat français en
position majoritaire avec leurs alliés calédoniens non-indépendantistes, ont
déclaré et imposé à la minorité indépendantiste le fait que le contentieux
concernant le corps électoral provincial, était « politiquement clos »,
faisant croire toutefois que cette entente était celle des trois partenaires
de l’Accord de Nouméa : puissance administrante,
partis indépendantistes et partis non indépendantistes. Dans les faits cette
décision a été prise à la majorité et non suivant le principe du consensus
pratiqué habituellement. Ainsi le colonisateur décide de ce qui est
"politiquement clos" et se sert des groupes politiques issus de sa
colonie de peuplement pour imposer sa volonté politique contre celle des
indépendantistes kanak. Cette situation étant la conséquence de la politique
de peuplement de nationaux français en Nouvelle Calédonie, une politique
dûment réfléchie et organisée. Ayant pris de l’ampleur à partir de la visite
du général De Gaulle en 1956, cette politique qui s’est accélérée dans les
années 70 et à la suite des accords de Matignon (1988) et Nouméa (1998)
n’avait qu’un seul objectif, noyer définitivement sous le nombre, la
revendication nationaliste kanak. Fort
de ces décisions, la puissance administrante
poursuit dès lors les déclarations dans ce sens comme l’a fait le premier
ministre Manuel Valls dans son discours au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
le 29 avril dernier, décrétant ainsi que les décisions des commissions
administratives spéciales sur l’établissement et la révision des listes
électorales pour les élections provinciales et les élections référendaires de
2018, se feront sur la base des soi-disant accords politiques des Comités des
signataires, et non plus sur la base de la loi. Il
convient ainsi de considérer dans quelle mesure la puissance administrante respecte ses engagements nationaux et
internationaux en ce qui concerne le processus de décolonisation de la
Nouvelle Calédonie. Prépare-t-elle ce Territoire non autonome à sa
décolonisation et à un acte d’autodétermination pleinement libre, transparent
et donc acceptable ou met-elle en place toutes les conditions pour que ce
Territoire non autonome demeure au sein de son ensemble ultramarin au nom des
intérêts supérieurs de la nation et de sa place dans le monde ? Joue-t-elle
franc jeu dans la mise en œuvre du processus de décolonisation et
d’émancipation ou pose-t-elle des obstacles permanents freinant ce processus
? Nous
ne sommes pas dupes des manœuvres récurrentes de notre colonisateur et
malheureusement pour nous, peuple kanak, la colonisation de la
Nouvelle-Calédonie par la France est loin d’être politiquement close.
L’indépendance de notre pays devant se gagner par le vote, la définition du
corps électoral est depuis bien longtemps un enjeu central, cette question
constitue la « mère des batailles ». L’histoire coloniale montre que la
puissance administrante a toujours usé et abusé de
manœuvres en la matière : double collège, colonie de peuplement, vrais faux
référendum coloniaux, trucage des listes, etc. L’objectif est de s’assurer
que le peuple kanak et les indépendantistes soient minoritaires et ainsi
faire barrage à l’indépendance selon sa politique de ligne rouge de
l’indépendance interdite. Ainsi le mouvement indépendantiste doit -il à
chaque fois se battre contre cette politique tendant à favoriser
l’implantation de populations extérieures afin de noyer le peuple kanak
démographiquement et d’empêcher l’indépendance du pays. La « démocratie » par
l’immigration incontrôlée et les fraudes électorales devient une arme
mortelle contre le peuple colonisé. La lecture du rapport des observateurs de
l’ONU à l’œuvre en Nouvelle Calédonie de mars à juillet 2015 apportera un
éclairage à ce niveau. Depuis
des décennies, le mouvement indépendantiste kanak fait face à ces types de
stratégies orchestrés pour contrer l’indépendance. Récemment encore le
mouvement indépendantiste a subi des tentatives de division qui ne sont
encore que des manœuvres supplémentaires parmi toutes celles déjà subies en
plus des assassinats de leurs leaders, la plus part d’entre eux restant
d’ailleurs sans enquête fiable sur les circonstances de ces drames.
Ainsi
la puissance administrante se donne en
Nouvelle-Calédonie le rôle d’arbitre et de « facilitateur », selon ses
propres mots, notamment dans le dossier de préparation de l’avenir institutionnel
du pays, et comme si elle n’était pas responsable du fait colonial de notre
pays. Toujours fidèle à sa devise : garder la Nouvelle Calédonie française,
la France colonisatrice prépare encore une fois un nouvel accord qui lui
permettra de préserver ses intérêts en Nouvelle-Calédonie. Un dispositif de
type « France Afrique » est bien le modèle qui nous est préparé. Le risque
encouru serait que la consultation sur l’accession du pays à la pleine
souveraineté porte sur un nouvel accord au lieu de porter sur
l’autodétermination et sur l’indépendance du peuple kanak et des citoyens de
la Nouvelle-Calédonie. Face
à une politique d’intégration et d’assimilation de la puissance administrante, aux effets néfastes et parfois
dévastateurs, prenant parfois l’allure d’un « génocide culturel » pour le
peuple kanak, permettez-moi de réitérer les demandes déjà formulées l’an
passé ici même. Que l’ONU puisse pérenniser ses visites en Nouvelle Calédonie
dans la perspective de l’acte d’autodétermination prévu en fin 2018,et qu’ au
cours de cette période un séminaire de décolonisation soit organisé à Nouméa.
Par ailleurs nous sollicitons une implication soutenue du Comité de
décolonisation afin d’aider la Nouvelle Calédonie dans les procédures
d’établissement et la révision des listes électorales spéciales dans le cadre
de la préparation de la consultation sur l’accession du pays à la pleine
souveraineté. Nous souhaitons enfin pouvoir bénéficier d’experts de haut
niveau dans le cadre de la réflexion sur les transferts des compétences
régaliennes. Tout ceci nous semble capital dans le processus de
décolonisation en cours. Bien évidemment un dialogue permanent et constructif
avec la puissance administrante reste un passage
obligé. Nous
souhaitons également profiter de l’occasion de cette prise de parole pour
remercier sincèrement et chaleureusement l’équipe d’experts, et son président
Flavien Misoni, mandatés par l’Assemblée générale
des Nations Unies pour observer le travail des commissions administratives
spéciales d’établissement et de révision des listes électorales et de la
commission consultative d’experts. Leur rôle est ô combien important pour
notre peuple et notre pays. Je
vous remercie Lire, enregistrer et/ou imprimer cette information
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