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Parti Révolutionnaire Communistes |
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N°560 Semaine du 14 mai au 20 mai 2018
15 mai 2018
Mai 1968,
mai 2018 : les enseignements, les perspectives L'assemblée
débat du 14 mai consacrée à : « Mai 1968, mai 2018 :
enseignements et aux perspectives » a été un succès tant par la
participation que par la tenue du débat lui-même. Après une brève
introduction que nous reproduisons ci-dessous, le débat a porté sur l'analyse
des événements de 1968 et leur portée. Les participants ont souligné la
nécessité, dans les luttes qui se développent aujourd'hui, de la bataille
politique contre le capital pour conquérir le pouvoir économique et
politique. Cela nécessite l'activité du parti révolutionnaire à contrario des
manœuvres politiciennes pour se placer en alternative sans risque pour le
capital. Des camarades du Parti Communiste de Grèce nous ont fait l'honneur
de leur participation et sont intervenus dans le débat. Les participants
membres ou non du Parti Révolutionnaire COMMUNISTES ont jugé utile de se
revoir pour continuer le débat et aider au développement des luttes et de la
bataille politique. L'introduction au débat 1. Mai 1968 n’est
pas arrivé par hasard. Il est de bon ton aujourd’hui
dans les média, dominés par le grand capital, de présenter Mai 1968
comme une révolution des mœurs dans
une société figée et traditionnelle qui se serait libérée des carcans du
passé. Ce schéma est éminemment réducteur, pour comprendre l’irruption des
luttes sociales de masse en mai 1968 il convient de rappeler quelques
faits. En 1958, le coup d’état qui
amène de Gaulle au pouvoir en liquidant la IVe République, issue
des luttes pour la libération de la France du joug nazi, marque le début d’un
développement nouveau du capitalisme monopoliste en France et son intégration
plus poussée dans la concurrence mondiale. Les conquêtes sociales de la
libération sont un obstacle pour le développement des monopoles à l’échelle
mondiale. La guerre en Algérie menée par la France contre le peuple algérien
se termine en 1962 par l’indépendance de l’Algérie. Ces années de 1945 à
1975, que certains nomment les : « 30 glorieuses »
au regard du développement économique du pays ne sont pas le paysage
idyllique que s’emploient à présenter les laudateurs du capitalisme. Si la
richesse produite augmente, ce sont surtout les profits capitalistes et non
les salariés qui en touchent la plus grande part. Les salaires sont bas et
les conditions de vie difficiles. Le manque de logements est criant,
rappelons nous le cri et l’action de l’Abbé Pierre, et il existe de grands
bidonvilles à la proche périphérie des grandes villes. La sécurité sociale,
conquête des luttes de la Résistance est attaquée, les retraités sont en
général pauvres et l’exode rural s’accélère offrant aux patrons une main
d’œuvre à bon marché. L’enseignement supérieur est réservé à une petite
minorité issue des classes possédantes. Le coup d’état de 1958 a
affaibli le PCF, toutes les autres forces politiques, y compris le parti
socialiste (SFIO), se sont rangées sous la houlette de de
Gaulle, l’anti-soviétisme, l’anti-communisme
et l’anti-cégétisme sont le fond de commerce
nécessaire pour museler les luttes ouvrières et des salariés. Cependant à
partir de 1961-62 on assiste à une remontée des luttes menées par la CGT. Les
questions des salaires, de l’emploi et des conditions de travail sont au cœur
des revendications populaires. En 1962, le pouvoir gaulliste qui a décrété la
réquisition des mineurs en grève générale subit un échec cuisant. Les mineurs
ne reprennent pas le travail, ils sont soutenus par une large fraction de la
population et ils contraignent le pouvoir à négocier. A partir de 1962, on
assiste à une remontée des luttes sociales dans tout le pays et dans de
nombreuses professions. Contre la guerre du Vietnam menée par l’impérialisme
américain une partie de la jeunesse se bat. Des forces politiques seul le PCF
se prononce clairement contre cette guerre impérialiste et pour la paix. 2. Mai 1968, dix
millions de grévistes, des manifestations monstres. Devant les blocages du patronat
face aux revendications des salariés, l’affaiblissement du pouvoir gaulliste,
la montée des luttes est perceptible. Dès 1967 de nombreux conflits éclatent,
chez Rhodiaceta à Besançon, au chantier naval de
Saint Nazaire, à Caen dans l’industrie métallurgique et mécanique...C’est
dans ce contexte que l’année 1968 commence. Le 1er mai 1968 marque un tournant que le journal
« Le Monde » décrit ainsi : « La manifestation qui s'est déroulée mercredi 1er mai
après-midi à Paris, à l'appel de la CGT et du parti communiste, a été, de
loin, la plus importante de celles qui, sur l'ensemble du territoire, ont
marqué la fête du travail. Pour la
première fois depuis quatorze ans, la grande centrale syndicale et le PC ont
renoué avec la tradition des défilés du 1er mai, interrompue en 1954 par le
gouvernement Laniel, en raison des graves incidents survenus le 14 juillet
précédent. La population de la capitale a largement répondu à un appel auquel
avaient refusé de se joindre les unions syndicales parisiennes CFDT et FO en
estimant qu'une telle manifestation n'entrait pas dans leurs coutumes. En fait,
si l'initiative de la journée revenait officiellement à la CGT les cédétistes
ne voulaient pas se prêter à un mouvement politisé par la présence des
communistes. Dès lors, la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et
Socialiste, regroupant le Parti Socialiste et la Convention des Institutions
Républicaines de F. Mitterrand) avait également décliné l'invitation. Le PSU
(Parti Socialiste Unifié), pour sa part, l'avait acceptée, et M. Claude
Bourdet prit place sur l'estrade improvisée avec un camion, au pied de la
colonne de Juillet ». Dans le même temps,
le mouvement étudiant prend de l’ampleur. Presque toutes les écoles et
universités sont fermées et occupées.
Les manifestations étudiantes sont réprimées violemment en prenant
prétexte des agissements de groupes provocateurs. Les dirigeants du mouvement
étudiant pour la plupart profondément anti-cégétistes et anti-communistes
s’emploient à dévier le mouvement de masse dans des pratiques d’affrontement
bien utiles au pouvoir et susceptibles d’alimenter l’exigence d’un changement
sans risque pour le capital. Le bouillonnement est intense et se mêlent aux
revendications sociales des exigences de changement de la société. Les occupations
d’usines et de services se multiplient et l’on compte au maximum de la lutte
près de dix millions de grévistes. Le 13 mai, c’est une manifestation de près
d’un million de personnes qui se déroule dans le calme à Paris. 3. Mai
1968 hante encore les esprits des classes possédantes. Si les hommes
politiques du capital ne veulent retenir de Mai 1968 que
le : « côté sociétal » d’épanouissement de la
liberté individuelle à rapprocher de la liberté d’entreprendre chère au patronat,
laissant de côté les revendications sociales, le titre de l’hebdo Valeurs
actuelles : « Mai 68 l’héritage maudit » en dit long sur la
crainte qu’a fait naître ce mouvement. Dans ce rapport de forces inédit, il y
avait bien de quoi faire réfléchir le patronat et le gouvernement tant le
mouvement de lutte des travailleurs et de la jeunesse fut intense, massif et
porteur d’aspirations à des changements profonds de société. Les négociations
sociales baptisées de : « Grenelle » entre les
organisations ouvrières, le patronat et le gouvernement de l’époque, ne
conduisent pas à un accord, la CGT ayant refusé de signer, mais à un constat
de négociations dont les travailleurs en lutte sont appelés par la CGT à
évaluer la portée. Les résultats sont importants. Ils montrent que seule
la lutte de masse unie et solide des travailleurs peut conduire à des
résultats tangibles. • une augmentation de 35 % du SMIG (Salaire Minimum
Interprofessionnel Garanti) et de 10 % en moyenne, pour les autres
salaires. • Reconnaissance du droit syndical à l’entreprise. • Patronat et syndicats décident de conclure rapidement un accord
sur la durée du travail en vue d’aboutir à la semaine de 40 heures. • Les journées de grève seront récupérées et un acompte de
50 % sera versé aux salariés ayant subi des retenues de salaire. Trois jours plus
tard, de Gaulle de retour à Paris après avoir rencontré le général Massu en
Allemagne la veille, et conforté par une énorme manifestation de la droite
sur les Champs-Élysées, décide la dissolution de l’Assemblée Nationale et
provoque des élections législatives. Dans la foulée, de Gaulle amnistie les
putschistes de l’OAS, dont les généraux Salan, Challes...
Le 30 juin 1968 le triomphe des gaullistes de l’UDR (Union pour la Défense de
la République) (293 sièges sur 487) met un terme à cette période de luttes
sociales et politiques intenses. 4. Mai
1968 se termine par une faillite politique des forces dites du changement
social. La question que l’on
doit se poser est donc bien celle du lien entre les luttes sociales et les
avancées politiques qu’elles rendent ou non possibles. Pourquoi alors que la
France connaît en 1968 un des plus fort conflit social où participent des
millions de salariés, la conclusion politique en est le succès du parti du
capital au pouvoir, la défaite électorale de l’opposition de gauche et le
recul sensible du PCF ? Si les forces sociale-démocrates
se réorganisent autour de la FGDS dans la perspective d’une victoire
électorale de F. Mitterrand à une prochaine élection présidentielle, (il
faudra quand même attendre 1981), elles s’emploient à se présenter comme la
seule alternative à gauche capable de remplacer le pouvoir gaulliste
largement usé par l’exercice du pouvoir. Face à un PCF qui pèse dans la vie
politique, ces forces ne lésinent pas sur les discours faisant référence au
socialisme tout en tirant à boulets rouges sur l’URSS. Leur objectif est bien
de supplanter le PCF et d’être candidates à la gestion des affaires du grand
capital. En mai 1968, elles participent à toutes les actions de recomposition
à gauche et en particulier au meeting de Charlety
où se retrouvent toutes les forces réformistes de « l’extrême
gauche maoïste» aux « radicaux de gauche » en passant par les autogestionnaires
de la CFDT. Pour eux : « le pouvoir n’est pas à prendre
mais à ramasser ». De fait, ils se désignent comme l’alternative à
la gestion des affaires du capital. Le ciment commun de ce rassemblement,
c’est l’anti-communisme et l’anti-cégétisme. Le PCF qui s’est donné une stratégie de
programme commun avec le Parti Socialiste comme une étape dans le changement
de société est enfermé dans un piège terrible qui le conduira à ne pas être
en capacité de jouer son rôle de parti révolutionnaire. La suite est
malheureusement bien connue. 5. La
CGT acteur majeur des luttes revendicatives. Tout au long de la
période qui a précédé 1968 comme dans le déroulement des luttes sociales de
cette période, la CGT en a été l’acteur syndical majeur. Elle a montré sa
capacité à faire vivre la démocratie ouvrière dans un conflit long et
complexe. Elle sort grandie de cet événement. Cependant sa stratégie unitaire
avec la CFDT traduite par l’accord CGT-CFDT va brouiller les cartes aux yeux
de beaucoup de travailleurs et en particulier des jeunes. La direction de la
CFDT pratiquant une surenchère verbale autour du socialisme et de
l’autogestion sans aucun contenu de classe. Comment en effet, parler
d’autogestion si ne sont pas remis en cause les fondements même du système
d’exploitation capitaliste. C’est sur cette vague, portant une volonté de
changement, que les forces sociale-démocrates, en particulier la FGDS, vont
surfer pour détourner le mouvement populaire vers un changement sans risque
pour le grand capital. 6. Mai
1968 : Un grand tournant de la vie politique et sociale de notre pays. En 2018, dans un
contexte certes différent où les luttes se développent, la question politique
est elle aussi posée et les enseignements de Mai 1968 doivent nous être
utiles. Comme le disaient Marx et Engels dans le manifeste du Parti
Communiste en 1848 en parlant des luttes sociales: « De
temps à autre, les ouvriers triomphent ; mais pour un temps seulement.
Le véritable résultat de leurs luttes n’est pas ce succès immédiat, mais
l’union de plus en plus large des travailleurs » et ils
ajoutent : « ...toute lutte des classes est une lutte
politique... ». Cette affirmation renvoie à une question
fondamentale : Il faut un parti révolutionnaire de la classe ouvrière
capable de mener la lutte politique contre le capital et la bourgeoisie pour
conduire le peuple à conquérir le pouvoir économique et politique. Sans ce
parti et cette orientation, les luttes si nécessaires ne remettent pas en
cause le capitalisme lui-même. Certes, la
bourgeoisie a bien reçu le message de Mai 1968, elle comprend que pour mener
à bien les transformations que les monopoles capitalistes exigent pour se
placer dans la concurrence mondiale, elle doit liquider les acquis des luttes
sociales, privatiser le secteur nationalisé et public, en finir avec les
droits qui protègent, relativement, les travailleurs de la concurrence sur le
marché du travail et accélérer l’intégration au sein de la formation
impérialiste qu’est la Communauté Européenne. Chaban
Delmas entend rassembler les forces politiques autour du thème de la « Nouvelle
Société ». Ainsi, si
momentanément le pouvoir reste dans les mains du parti gaulliste, les bases
d’une alternance à « gauche » sans risque pour le capital et
permettant de faire accepter aux salariés des changements profonds au
bénéfice des monopoles sont-elles posées. En guise
de conclusion provisoire. Les événements de
Mai 1968 nous rappellent que seuls des mouvements sociaux de grande ampleur
sont susceptibles de faire reculer, au moins provisoirement, le patronat et
le pouvoir politique à son service. Ce sont bien les luttes, que l’on appelle
aujourd’hui, convergentes, unies et déterminées de larges fractions du
salariat conduite par une organisation syndicale de classe qui sont en mesure
d’imposer ces reculs. Ils nous indiquent aussi que sans une bataille de
classe politique indiquant le chemin de la prise du pouvoir par la classe
ouvrière et les travailleurs, toutes
les manœuvres sont possibles pour détourner de cet objectif et imposer une
alternance sans risque pour le grand capital. Car c’est bien la question du
pouvoir politique qui est posée. Seule la prise du pouvoir par la classe
ouvrière et ses alliés est de nature à permettre d’abattre le système
capitaliste. C’est bien là la question politique majeure et tout cela nous
conforte dans l’idée que l’urgence est bien dans notre pays de construire
cette force politique : le parti révolutionnaire. C’est ce que nous
faisons depuis 2002 avec COMMUNISTES et que nous vous appelons à développer
avec nous. Paris le 14 mai 2018 Lire, enregistrer et/ou imprimer cette information
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