27 novembre 2018
RENAULT-NISSAN :
Deux capitalistes qui s’affrontent
pour la direction de l’alliance.
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L’emballement médiatique autour
de l’arrestation de C. Ghosn, hier porté au pinacle
aujourd’hui couvert de boue, n’éclate pas par hasard. C. Ghosn
n’est, comme d’autres, que l’exécutant très bien rémunéré, du capital
industriel et financier. Les reproches qui lui sont faits (fraude fiscale,
abus de bien sociaux) et qui viennent de fraudeurs sur les produits qu’ils
fabriquent, la fraude fiscale qui leur est naturelle n’est que le moyen de se
débarrasser d’un dirigeant dans le cadre de l’évolution du rapport de force
entre le capitalisme d’origine occidentale et le capitalisme japonais pour la
direction de l’alliance Renault-Nissan.
Quelques rappels.
La
Régie Renault nationalisée en 1945 a été privatisée en 1996. Le
gouvernement garde 15% de parts dans
le capital de Renault.
En 1999 Nissan est au plus mal,
financièrement, industriellement. L. Schweitzer (1) PDG de Renault décide
avec l’aval du gouvernement de prendre 43,4% du capital et envoie G. Ghosn, nommé PDG en 2001,
pour « redresser » l’entreprise. Avec les méthodes bien
connues : 21.000 emplois supprimés, des usines fermées, pression sur les
fournisseurs pour qu’ils baissent leurs prix, exploitation plus intense des
salariés. C’est la naissance d’un ensemble industriel baptisé Alliance avec
l’ajout il y a deux ans de Mitsubishi.
En
2017, la situation est complètement inversée, tant dans les volumes produits,
les chiffres d’affaires, les profits.
Production
(en millions de véhicules) : groupe Renault 3,8. Nissan : 5,8.
Mitsubishi (dont Nissan détient 34% du capital) 1,1.
Chiffre
d’affaire (en milliards d’euros) : groupe Renault : 58,8,
Nissan : 92,1, Mitsubishi : 16,8.
Profits
(en milliards d’euros) groupe Renault : 3,9, Nissan 4,4,
Mitsubishi : 0,8.
Dans
cette alliance inégale, le capitaliste japonais Nissan ne supporte pas d’être
le numéro deux, il veut prendre l’avantage. La présence de l’Etat français au
capital de Renault est une situation
insupportable pour lui, qui a donné lieu à un premier affrontement en 2015
lorsque l’Etat français est monté à
19,7% du capital de Renault au lieu de 15% et s’est adjugé des droits de vote
double en Assemblée générale des actionnaires.
Deuxième
affrontement avec l’effacement de C. Ghosn de la
direction effective de Nissan en 2017 au profit d’un directeur général
japonais.
L’élimination
de C. Ghosn n’est que le troisième affrontement
pour savoir qui va diriger l’Alliance : le capitalisme que l’on peut
qualifier « d’occidental » (2) ou le capitalisme d’origine
japonaise avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau de
l’emploi, du développement des nouvelles technologies automobile, de l’avenir
de Renault en France.
Quel avenir pour Renault?
Le
capitalisme a, en France avec le soutien des gouvernements successifs,
confirme que sa seule raison d’être est le profit. L’intérêt national avec
tout ce qui en découle lui est étranger.
La lutte pour que Renault retrouve le rôle qu’il a
joué dans l’industrialisation du pays, dans ses avancés sociales est en
premier celle de son personnel, avec le soutien populaire, contre le
capitalisme. Notre Parti y est pleinement engagé.
(1) Membre du PS il est chef de cabinet de L. Fabius avant d’être envoyé
chez Renault ou il prépare la privatisation décidée par le gouvernement en
1996. Il poursuit les suppressions d’emplois, d’usines,
en France et accentue la politique de mondialisation.
(2)
Au capital de Renault
outre l’Etat français, figurent les grands fonds norvégien, américains,
anglais.
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