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N° 802 02/01/2023 PREMIER BILAN des luttes 2022 Raffineries, centrales nucléaires, logistique, SNCF… Ces 15 grèves qui ont marqué l’année 2022

Au cours notamment d’un automne particulièrement agité, le mouvement social s’est mis en branle à l’échelle des entreprises comme des secteurs entiers. Il a obtenu un certain nombre de succès.

 Le monde de l’Education nationale ouvre le bal social

C’était l’un des premiers conflits sociaux de l’année. Une grève présentée comme «massive», «historique» ou encore «jamais vue depuis vingt ans». Ce qui s’est traduit dans les chiffres, avec une mobilisation record depuis 2003 : 62 % du personnel des collèges et lycées a débrayé le 13 janvier pour dénoncer le protocole sanitaire mis en place par le gouvernement selon le Snes-FSU. 75 % de grévistes dans le premier degré et une école fermée sur deux. Soumis à des protocoles sanitaires stricts et changeant sans cesse, les CPE, principales, assistants d’éducation, profs du premier et du second degré expliquaient être à bout.

Plusieurs grèves interprofessionnelles pour les salaires
Une intersyndicale a appelé dès janvier à manifester pour la revalorisation des salaires, alors que les négociations avaient échoué ou été suspendues dans plusieurs branches, et que l’inflation a explosé, mettant à mal le pouvoir d’achat. D’autres ont eu lieu, à la rentrée de l’automne, alors que la hausse de prix s’est accélérée. Celle du 18 octobre a réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants à travers toute la France.

Le long combat des salariés de la petite enfance
Nombre de sections de crèches ont été fermées à Paris et ailleurs en raison de mobilisations de leurs salariées tout au long de l’année. Dans une manifestation fin mars, elles dénonçaient la dégradation des conditions de travail et un manque de personnel chronique. Les employées des maternelles ont de leur côté appelé à faire grève au premier lundi de l’année scolaire pour obtenir de meilleures rémunérations.

Les diplomates et énarques battent le pavé
Pour la première fois depuis vingt ans, un mouvement de contestation a eu lieu en juin au sein du ministère des Affaires étrangères. L’objet du courroux : la réforme de la haute fonction publique qui menace de faire vaciller le Quai d’Orsay. A partir de 2023, deux des plus prestigieux grades du personnel diplomatique français disparaissent en effet pour fusionner au sein du corps des «administrateurs de l’Etat», qui regrouperont désormais l’ensemble des hauts fonctionnaires. Cent postes supplémentaires ont depuis été annoncés, en décembre, une forme de réponse du gouvernement à une contestation inédite et qui a débouché sur la création d’une association.
La promotion 2021-2022 de l’ENA, la première à expérimenter la réforme de l’école voulue par Emmanuel Macron, a elle aussi protesté en juin contre une «scolarité mal préparée» et une liste des postes à la sortie «extrêmement différente» de celles des années précédentes.

Les raffineurs mettent le pays à l’arrêt
C’est peut-être la grève la plus marquante de l’année 2022. Au sortir de l’été, les raffineries et dépôts pétroliers se sont tous ou presque mis à l’arrêt pour exiger le partage de l’énorme gâteau de la manne pétrolière. Le gouvernement effrayé, la direction de TotalEnergies longtemps arc-bouttée, des automobilistes subissant les pénuries de carburants… Le feuilleton social a rythmé l’automne. Et l’exécutif a même été jusqu’à ordonner la réquisition du personnel des lieux bloqués, une décision que la CGT a fustigée. Mais Emmanuel Macron a voulu taper fort,par crainte de voir le mouvement faire tâche d'huile, ce que nombre de salariés mobilisés ont par la suite invoquer pour leur propre contestation.

La Bibliothèque nationale de France sens dessus dessous
La réorganisation des services de la BNF annoncée par sa direction a été combattue toute l’année par des salarié-es et des lecteurs. Dans un mouvement de grève entamé le 10 mai, l’intersyndicale CGT-FSU-SUD a par ailleurs réclamé plus de moyens et de meilleures conditions de travail. En septembre, le site historique de Richelieu avait même connu une journée de grève… le jour de sa réouverture après douze ans de travaux!

Le piquet des sans-papiers à la Poste depuis plus d’un an
Une quarantaine d’ex-intérimaires de Chronopost et DPD campent depuis fin 2021 sur deux sites franciliens de ces filiales de la Poste. Embauchés par le sous-traitant Derichebourg, ces travailleurs étrangers ont dénoncé en juin des conditions de travail dignes de l’«esclavage moderne». Selon eux, ces dernières années, la Poste est devenue de plus en plus dépendante de l’exploitation de travailleurs sans papiers. Plus d’un an après le début du mouvement, SUD PTT expliquait le 26 décembre qu’«aucune réponse n’a été donnée» aux personnes mobilisées.

Les courtiers font le siège de la Banque de France
C’est la première manifestation de ce genre dans l’histoire de la profession. Le 20 septembre, une grosse centaine de courtiers s’est rendue devant le siège de la Banque de France afin d’exprimer un «ras-le-bol général». Le mouvement a par ailleurs permis d’illustrer les difficultés de la filière causée par le mécanisme du taux d’usure, dans un marché de l’immobilier plombé par la hausse des taux. «On a prouvé que la mobilisation a payé et que, sans rapport de force, rien n’avance», a résumé la secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit.

Les centrales nucléaires à l’arrêt et la panique chez EDF
C’est un conflit qui a effrayé jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. En pleine préparation face à la crise énergétique de cet hiver, les agents EDF des centrales nucléaires ont su user de leur rapport de force pour obtenir gain de cause. Au fil de l’automne, la FNME-CGT a fait s’arrêter la production et la maintenance des réacteurs un à un, dans toute la France. A tel point qu’il n’aura fallu que deux petits jours de discussion pour que la direction accède aux revendications du syndicat : 2 NR (niveaux de rémunération dans les grilles de salaire des agents), l’équivalent de 200 euros minimum d’augmentation pour tous les agents. Un montant qui servira de canon de discussion pour toutes les entreprises de la branche des industries électriques et gazières (IEG) par la suite.

Le secteur de l’énergie multiplie les victoires sociales
Dans le sillage d’EDF, la puissante Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME)-CGT a mis sur la table ces 200 euros minimum comme indispensable. Certains n’ont pris qu’une journée, d’autres ont nécessité davantage de temps mais les succès se sont succédé. En particulier dans deux entreprises symboles en France, en charge de la distribution de l’énergie : Enedis et GRDF, soit les enfants d’EDF-GDF. Après le blocage de nombreuses agences, les pros de l'électricité ont réussi à avoir leurs augmentations début novembre. Chez GRDF, la situation s’est en revanche enlisée. Mais alors que la situation semblait inextricable, la direction et la CGT se sont de nouveau mises autour de la table. Et si les 2 NR n’ont pas été officiellement été entérinés, on apprenait à quelques jours de Noël que tous les agents obtiendront bien, minimum, 200 euros par mois en 2023.

Les agents d’accueil de la Philharmonie de Paris coupent le son
Pendant plus d’un mois, une quinzaine de jeunes chargés de l’accueil de l’établissement culturel parisien, sous-traités à une grande entreprise d’intérim, se sont mobilisés pour des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. C’était pour certains le tout premier contact avec le militantisme.

Les services de transports en plein marasme social
Pénurie de main-d’œuvre, salaires atones, conditions de travail compliquées… Le secteur des transports collectifs a vu se multiplier partout en France des mouvements et des crises sociales. La maintenance RATP, grâce à sa nouvelle grève perlée pointue, a eu un impact considérable avec en ligne de mire la remise en cause du système de rémunération et la dégradation de leurs conditions de travail. Mais toute l’année, des conflits ont éclaté, sans que la plupart ne semblent avoir débouchés sur des revendications satisfaites. Ce qui présage d’une année 2023 tout aussi agitée, sur fond de dysfonctionnements du réseau francilien et de préparation à l’ouverture à la concurrence.

Les salariés du géant pharmaceutique Sanofi veulent profiter des profits
Une quinzaine de sites du géant pharmaceutique français se sont mobilisés pendant plusieurs semaines à l’automne. Ils exigent alors des revalorisations salariales dignes des énormes bénéfices générés par Sanofi. A Val-de-Reuil (Eure), des salariés expliquaient le 8 décembre leurs revendications alors que «la fatigue prenait le dessus». Certains syndicats, majoritaires, ont signé un accord salarial avec la direction au bout d’un mois, même si d’autres salariés et la CGT souhaitaient poursuivre le mouvement. Depuis, CGT et Solidaires fustigent des procédures disciplinaires qui ont été engagées contre des salariés mobilisés.

Chez Geodis, la logistique réclame sa part
Les employés de la plate-forme de distribution et de transport ont cessé le travail pendant un mois. A Gennevilliers, plusieurs représentants syndicaux se sont exprimé, notamment le 25 octobre, pour soutenir ces salariés invisibles, qui exigeaient des revalorisations salariales, alors que l’entreprise a affiché des profits records en 2021.
Et mi-novembre, un accord signé prévoyait que les salariés bénéficieraient notamment d’une augmentation de 4 % et d’une prime de fin d’année de 300 euros bruts. «La grève, on sait quand ça commence mais on se sait jamais quand ça finit. On se battra jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause». Dont acte.

Les trains restent à quai à Noël
C’est à la fois la dernière grosse grève de l’année mais aussi l’une des plus retentissantes. Alors qu’aiguilleurs et contrôleurs avaient prévenu depuis des mois qu’un conflit social d’ampleur s’amorçait contre des salaires trop bas et des conditions de travail dégradées, la direction de la SNCF n’avait toujours pas donné des réponses à la hauteur des personnes mobilisées. Notamment du côté des contrôleurs, dont la sauce a pris en dehors de tout cadre syndical.
Résultat : des centaines de trains supprimés pendant le week-end de Noël, et un gouvernement qui a multiplié les sorties médiatiques en opposant les usagers aux salarié-es en lutte. Et pour sauver le réveillon du Nouvel An, la direction a remonté sa proposition d’augmentation de salaire, accord qui a été signé par les syndicats.
Ces quelques exemples parmi des centaines dans notre pays montrent que seule la lutte permet de faire reculer le capital et le gouvernement à sa botte !!!

En 2023 les luttes continuent

Répression à SANOFI : Face à la terreur patronale, les grévistes s’organisent et se mobilisent !
A Sanofi, après un mois de grève pour les salaires qui avait mobilisé 17 sites en France, la direction du géant du médicament profite de la fin du mouvement pour attaquer les grévistes au cœur de la mobilisation. Face à la répression, les grévistes s'organisent.
Du 14 novembre au 14 décembre, des milliers de travailleuses et de travailleurs du groupe Sanofi se sont mise ne grève sur 17 sites en France, paralysant les capacités de production et d’acheminement. Au total, ce sont « entre 2500 et 4000 salarié-e-s » qui se sont mobilisés pour des augmentations de salaire déclare le coordinateur CGT Sanofi.
Plusieurs organisations syndicales avaient ainsi appelée à la mobilisation des salarié-e-s, à l’occasion des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), pour revendiquer une augmentation collective des salaires sur l’inflation, à savoir 10% d’augmentation et 5% d’augmentation rétroactive. Aussi face aux énormes bénéfices du groupe, ils revendiquaient une prime exceptionnelle de 10.000 euros. Les revendications touchaient également à la question de l’emploi, avec la revendication de l’embauche de deux tiers des contrats précaires.
Face à une grève inédite, la direction a fait le choix de la répression !
La direction du groupe Sanofi n’avait alors pas hésité à faire appel à la gendarmerie pour réprimer les grévistes, notamment en forçant le blocage du site de Le Trait, pour faire sortir les camions de livraison. De même, celle-ci avait employé des huissiers pour prendre en photo les grévistes sur leur piquet et tenter ainsi de les intimider. Enfin, lors des rassemblements devant le siège social de Sanofi, les grévistes avaient été reçus par la police à coup de matraques et de gaz lacrymogènes.
La fin de la grève n’a pas pour autant signifié la fin des méthodes répressives. En effet, cette semaine, trois salariés grévistes ont été convoqués par la direction, et un quatrième hier. Parmi eux, trois syndiqués à la CGT, figures de la grève, et un travailleur non syndiqué. Tout indique une continuité dans la ligne particulièrement brutale de Sanofi, qui, après n’avoir lâché que des miettes à l’issue de la grève, en signant un accord au rabais avec les syndicats pro-patronaux, vise maintenant les grévistes les plus combatifs.
Face à la répression, les salarié-e-s s’organisent : Il faut les soutenir !
Ainsi, le 4 et 5 janvier 2023, la direction de Sanofi convoque trois grévistes à un entretien pouvant conduire au licenciement pour faute lourde. Le quatrième lui, a été convoqué le 22 décembre pour un entretien préalable à sanction. A travers cette répression, la direction tente de se débarrasser des syndicalistes combatifs et cherche à installer un climat de menace envers le reste des salariés.
A travers ces quatre salariés, ce sont tous les grévistes et tous les travailleurs qui sont attaqués.
Face à la répression, des rassemblements de soutien se tiendront pendant les entretiens des trois salariés menacés de licenciement. Les 4 et 5 janvier, sur le site de Le Trait, le rendez vous est donné à partir de 13 heures. La CGT Sanofi appelle également à la grève de 14h à 15h, avec rassemblement devant les bureaux des RH. Contre la contre-offensive de la direction, la solidarité et l’unité sont plus que jamais nécessaire.
Toute notre solidarité aux salariés qui subissent la répression !

Pénurie de médicament : Réindustrialiser et relocaliser la production !
Plus de 1.000 médicaments en rupture de stock et 1.700 en tension : les records sont battus. Même pendant la crise du Covid, on n’atteignait pas ce chiffre. C’est le résultat de la désindustrialisation du secteur pharmaceutique et des grèves chez les Big Pharma, passées sous silence.
Inhabituels dans la branche pharmaceutique, les mouvements sociaux chez les Big Pharma se multiplient à bas bruit.
La pénurie de médicaments atteint des sommets et devient visible dans les pharmacies un peu partout en France, mais aussi chez nos voisins européens : plus de 1.000 étaient en rupture de stock fin octobre 2022 sur l’Hexagone et 1.700 en tension. La pénurie touche des produits très courants comme le paracétamol, l'amoxicilline ou encore la cortisone.
Nous sommes aujourd’hui en France à un mois de stock, contre trois mois en temps normal. Un mois, ce n’est rien de trop, surtout en hiver.
Parmi les produits indisponibles, 170 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
« Derrière ce phénomène qui prend des proportions inédites fin 2022, il n’y pas la guerre en Ukraine, ni la politique zéro-Covid en Chine, mais la désindustrialisation du secteur pharmaceutique : 80% de nos principes actifs sont fabriqués en Asie, Chine et Inde principalement. Et il faut 45 jours pour traverser les mers », constate le secrétaire fédéral de la Fnic CGT (Fédération nationale des industries chimiques), en charge des industries de santé.
Grèves sur les lignes de production, marges de 30% !
Autre cause de la pénurie, et qui passe sous les radars médiatiques, plusieurs mouvements sociaux dans l’industrie pharmaceutique.
Les salarié-es de DSM, Pierre Fabre, Cenexis, Sanofi sont en grève pour demander une revalorisation des salaires face à l’inflation, et la diminution des contrats précaires.
Chez Sanofi, 15 sites de production sont en grève reconductible depuis mi-novembre. Un phénomène inhabituel dans la branche, et le patronat reste sourd à ces demandes légitimes. Pourtant, le secteur est l’un des plus riches de notre pays, il dégage des marges moyennes de 30% !
270 sites de production en France pour 130 entreprises :
Le chiffre d’affaires des Big Pharma a explosé, elles en profitent pour se désengager (Pierre Fabre et Servier ont abandonné le diabète et la maladie d’Alzheimer), multiplier la sous-traitance, rationaliser leur outil de production.
« Parfois, une molécule comme la Dépaquine est produite sur un seul site, à Mourenx (Pyrénées Atlantiques) : l’usine a été l’arrêt pendant trois mois à cause de rejets polluants dans l’atmosphère, et on a été au bord de la rupture de stock ».
Idem pour le Doliprane produit sur deux sites seulement de Sanofi, à Lisieux et Compiègne.
Le secteur compte 270 sites de production en France pour 130 entreprises et 98.000 salarié-es.
La CGT demande des augmentations salariales aux groupes pharmaceutique, mais aussi de tout mettre en œuvre pour retrouver l’indépendance thérapeutique de la France. Pour atteindre cet objectif, une seule solution : réinternaliser la production de médicaments, reconstruire et relocaliser l’outil industriel.

La fonderie SIFA d’Orléans (Loiret) rayée de la carte : Poursuite de la destruction de la filière automobile !
Créée en 1936 à Orléans, la fonderie d'aluminium Sifa du groupe Alty Industry va disparaître du pays automobile français. Le tribunal de commerce d’Orléans l’a liquidée, en autorisant une poursuite d’activité de trois mois, le temps de licencier les 78 salariés. La fin programmée des moteurs thermiques en 2035 fait une nouvelle victime. La Société industrielle de fonderie aluminium (Sifa) a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce d'Orléans (Loiret). Le jugement est assorti d'une poursuite d'activité de trois mois, jusqu'à fin février.
Spécialisée dans les carters et pièces moteur pour les motorisations thermiques, cette filiale du groupe Alty, holding de Patrick Bellity, emploie 78 salariés. Elle s'était reconvertie dans l'électrique, grâce à une aide de France Relance de 800.000 euros, annoncée sur place par le ministre Olivier Dussopt début 2021. Mais l’augmentation des factures énergétiques et le remboursement d'un Prêt garanti par l'Etat (PGE) ont accéléré sa chute. De 19,5 millions d'euros en 2017, puis 13 millions en 2019, le chiffre d'affaires a reculé à 6,2 millions en 2020. Il n'a pas été publié en 2021.

SCOPELEC: Projet de reprise au détriment de l'emploi !
La société française Circet a été choisie pour reprendre la majorité des activités de Scopelec avec seulement 1.049 employés sur les 2.300 du premier et plus ancien groupe coopératif français, au détriment du projet de reprise Newscope porté par ses salariés.
La société française Circet a été choisie par le tribunal de commerce de Lyon pour reprendre la majorité des activités de Scopelec dont le siège opérationnel est installé à Saint-Orens près de Toulouse et le siège social à Sorèze dans le Tarn. 1 049 emplois seront sauvegardés sur les 2 300 que comptait le premier groupe coopératif français, placé en redressement judiciaire fin septembre. Le sous-traitant d'Orange pour les réseaux de fibre optique avait perdu fin 2021 la majorité de son contrat avec l'opérateur historique, qui assurait 40% de son chiffre d'affaires, et luttait depuis pour sa survie.
Lors de l'audience du 8 décembre, les administrateurs et mandataires judiciaires, ainsi que le parquet, avaient jugé l'offre de Circet plus solide financièrement que celle de Newscope, qui prévoyait la sauvegarde de 1.457 emplois et était portée par une majorité de salariés.
Selon le jugement du tribunal, Circet, spécialiste français des infrastructures de télécommunications qui appartient au fonds d'investissement britannique ICG, s'engage à reprendre la totalité de l'activité de Scopelec à l'exception de la zone La Réunion-Mayotte, de la branche business "usages et services" et de la zone sud-est pour ses filiales Gobé et Scopelec Energie Services.
Bilan de l'opération organisé par les actionnaires d'Orange : 1.251 emplois en moins !
"Décision décevante"
"C'est vraiment une décision décevante. La responsabilité est portée en grande partie par Orange, mais aussi par le gouvernement qui n'a pas levé le petit doigt", a commenté le délégué syndical CGT.
Mi-décembre, les salariés avaient demandé au président Emmanuel Macron de se positionner au nom de la "souveraineté" en faveur de leur projet de reprise, mais cette demande est restée lettre morte. "Macron n'a pas répondu au courrier, et on n'a jamais vu ni (le ministre de l'Économie) Le Maire ni le ministre du Travail (Olivier Dussopt) malgré nos appels. On n'est pas cotés en Bourse, donc on ne les intéresse pas", a fustigé le délégué syndical.
Début décembre, Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec, s'était insurgé contre Orange, assurant avoir été informé que l'entreprise détenue à 23% par l'État ne soutenait pas le projet de Newscope. C'est inacceptable et incompréhensible", expliquait alors la direction de Scopelec, alors qu'Orange devait se positionner en faveur des offres de Circet et Solution 30.
"On aurait eu plus de chances d'expliciter notre projet, plus de vérité, sans la pression d'Orange qui a troublé le libre-arbitre de la justice commerciale", a fustigé ce mercredi Cyrille Rocher, directeur de l'Union régionale des Scops en Occitanie qui avait participé à la rédaction de l'offre Newscope.
Coopérative historique !
Scopelec est une société coopérative et participative (Scop), c'est-à-dire que ses salariés détiennent le capital (en l'occurrence 74,8%) et le pouvoir de décision. Elle a été créée en 1973, à la grande époque des coopératives ouvrières, à Revel (Haute-Garonne). Son siège a déménagé en 2021 à Sorèze, dans le Tarn.
Circet, spécialiste des infrastructures de réseaux fixes et mobiles, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,42 milliards d'euros en 2021. La société compte 15 350 employés dans 14 pays (Europe, Maroc et Etats-Unis), dont 3 800 en France.

SNCF : Grève des contrôleurs, un début !
La grève des contrôleurs qui perturbé considérablement le trafic voyageurs durant le week-end de Noël, met à jour, d'une part, la crise profonde d'un service public essentiel et, d'autre part, la stratégie des luttes sociales en France.
Comment agir d'une manière efficace pour ses conditions de vie et de travail, en cette fin d'année 2022, dans une profession, qui relève du service public ?
Ce dernier conflit social portait sur les revendications des contrôleurs, les seuls salariés présents dans les trains en contact avec les voyageurs, eux-mêmes mécontents des services SNCF.
Déjà, en 2005, à la suite du viol d'une contrôleuse, ses collègues avaient débrayé avant de lancer une pétition hors syndicats, pour l'amélioration de leur statut.
S'ajoute à cette situation, la question des rémunérations en perpétuelle dégradation. Et une longue négociation sans issue convenable pour les contrôleurs.
D'où le conflit actuel et la grève massive du week-end de Noël.
Ce qui a déterminé la Direction de la SNCF à proposer des avancées nouvelles, et, de ce fait, l’annulation du mouvement prévu pour le Nouvel An.
Ce conflit social à mis à jour les difficultés du mouvement syndical à mobiliser une profession sur des objectifs communs ou catégoriel.
Disons que les réformes successives de la SNCF, depuis plus de quarante ans, en vue d'offrir ce service public au privé ont modifié considérablement la profession. D'abord en nombre : les cheminots dépassaient 254.400 au début des années 80, alors qu'ils ne sont plus aujourd'hui que 136.388 !
Ensuite le changement de statut des personnels, l'éclatement de l'entreprise en plusieurs filiales, l'embauche des nouveaux salariés, qui ne sont plus les héritiers des combats historiques des cheminots et qui ne bénéficient plus de leur statut.
Toutes ces "réformes" réalisées en vue de la privatisation du service public du rail jouent sur la combativité des cheminots.
Sans oublier, le massacre du Code du Travail, opéré par Macron dès les premiers jours de son entrée à l'Elysée, en 2017, privant ainsi les salariés des armes légales que la lutte et la loi leur avaient données.
Alors qu'Emmanuel Macron menace de revoir les règles de préavis de grève, Sud Rail estime qu'il ne faut pas s'étonner de l'apparition de « collectifs » comme celui constitué par les contrôleurs à l'initiative de ce mouvement de grève, lorsqu'on a supprimé 70% des effectifs syndicaux en fusionnant les anciens comités d'entreprise et comités d'hygiène et sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
Ajoutons la fermeture des guichets et des gares, et la suppression du personnel affecté, privent la population de nombreuses cités de l'emploi du réseau ferré avec la tentative de lui substituer un réseau de bus privés, a détruit un service public, connu et envié à l'étranger, par son maillage fin du territoire, ses records de ponctualité, ses trains de prestige, tel "le Mistral" ou "le Capitole". Et dès les années 80, les premiers TGV.
Cette volonté du pouvoir financier de s'accaparer pour les privatiser, les joyaux des infrastructures nationales que la France s'était données, sont la cause essentielle de son mal-être et des fractures de la société.

Avesnes-sur-Helpe (Nord) : Retard dans la lutte contre l'incendie par manque de pompiers !
la CGT du SDIS 59 affirme que les pompiers ont mis près d'une demi-heure pour intervenir sur un incendie dans l'Avesnois. Cela est dû au manque d'effectif dans les rangs des pompiers professionnels.
"Les secours en moins de 15 minutes dans le département du Nord, foutaise !!!" À la lecture du tract de la CGT 59, le malaise est sans équivoque. Une colère exprimée après une intervention qui a excédé les syndicalistes.
Dans la soirée du 20 décembre dernier, un incendie s’est déclaré au premier étage d’une maison située rue de Beaumont, à Solre-le-Château (Nord). Cette commune de 1.700 âmes se situe à mi-chemin entre Avesnes-sur-Helpe et la frontière belge.
29 minutes pour arriver sur place !!!
Il a fallu 29 minutes pour que le premier engin incendie puisse intervenir, soit près d’une demi-heure entre la prise d’appel et l’arrivée des secours sur les lieux. "Heureusement qu’il n’y avait pas lieu de faire des sauvetages", indique le syndicat, qui impute cet incident au "sous-effectif" dans les rangs des pompiers. "Devons-nous mettre le feu devant nos centres d 'incendie et de secours pour se faire entendre ?", s'interroge la CGT.
Or, en France, selon le rapport 2022 de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, 15 minutes et 2 secondes s’écoulent en moyenne entre l’appel signalant un incendie et l’arrivée des secours. Dans le Nord, ce temps est même réduit à une moyenne de... 9 min 42 sec. Soit le département où la durée moyenne pour ce type d'intervention est la plus courte.
Que s’est-il alors passé dans l’Avesnois, pour que les pompiers mettent plus de 3 fois le temps moyen habituel pour une telle intervention ?
Un secteur géographique rural !
Le village de Solre-le-Château est pourtant doté d’un centre de secours . "C’est un centre isolé qui ne fonctionne qu’avec des pompiers volontaires, des personnes qui sont de garde à la caserne et ne répondent qu’au bip, explique un pompier et référent de la CGT sur le secteur de l’Avesnois. Le 112 n’a semble-t-il pas pu assurer le départ ce soir-là par manque de personnel".
Le seul centre de secours disposé à intervenir aux alentours se trouvait à Avesnes-sur-Helpe, situé à 15 kilomètres du lieu de l’incendie. "Ce qui a de fait engendré un rallongement effectif du délai d’intervention", poursuit le syndicaliste. Il l’assure, cet incident est "loin d’être un cas isolé dans ce secteur géographique rural".
Triste illustration du manque d'effectif
Cet incident est une "triste illustration du manque d’effectif qu’on décrit depuis quelques années".
"On peut comprendre qu’il ne peut pas y avoir des professionnels dans toutes les casernes mais on est à bout de souffle et on fait face à une pénurie de recrutement". Selon la CGT, il faudrait recruter 150 sapeurs-pompiers professionnels supplémentaires dans tout le département pour éviter ces situations.

Assurance chômage et réforme des retraites : Même combat !
À la veille de Noël, le gouvernement annonce un projet de décret qui prévoit de durcir l’accès aux allocations chômage, en réduisant de 25% la durée d’indemnisation des chômeuses et chômeurs à partir du 1er février 2023.
Mauvaise surprise, un article non annoncé lors de la « concertation » prévoit encore pire, une baisse de 40% de la durée maximale d’indemnisation, en cas de taux de chômage inférieur à 6%, alors même que la réforme de 2021 produit des effets négatifs voire désastreux en termes de conséquences et d’aggravation de la pauvreté. Pour exemple, 40% des allocataires ont ouvert un droit avec une allocation journalière inférieure à l’allocation minimale de 29,6 euros par jour.
Comme à chaque contre-réforme, celle de l’assurance chômage va entraîner plus de précarité pour ceux qui la subissent déjà, notamment les jeunes et les seniors. Priver les demandeurs d’emplois de leur droit n’a jamais permis de faciliter le retour à l’emploi, bien au contraire, défendre les conquis de la sécurité sociale est plus que jamais d’actualité.
À quelques jours des annonces de la réforme des retraites combinée à celle de l’assurance chômage, la CGT s’inquiète des conséquences dramatiques que pourrait engendrer le recul de l’âge de départ à la retraite. Surtout quand beaucoup de seniors ne retrouvent pas un emploi après 55 ans, particulièrement les femmes, ou ne peuvent plus travailler pour cause d’inaptitude due à la pénibilité au travail.
Le gouvernement s’obstine à reprendre les idées du Medef, afin que le patronat recrute à bas salaires et sans améliorer les conditions de travail.
Pour la CGT, il est urgent d’augmenter les salaires de l’ensemble des salariés du public et du privé et de fait, les cotisations sociales pour généraliser la protection sociale et aussi répondre à une inflation qui ne cesse d’impacter les travailleuses et les travailleurs.
La CGT appelle l’ensemble du monde travail à se mobiliser dès janvier 2023, pour faire cesser toute régression sociale !

Importation de médecins
Alors que notre système de santé est en train de s’effondrer, une des réponses du gouvernement est d’importer des médecins dans le cadre d’un dispositif d’immigration choisie. De prime abord cette solution apparaît comme de bon sens mais, en fait, il s’agit une nouvelle fois d’instrumentaliser le débat pour ne pas aborder les vrais problèmes. Cette solution a déjà été mise en œuvre avec déjà près de 25.000 médecins avec un diplôme étranger exerçant en France, soit 10 % de l’ensemble des médecins en activité.
Par ailleurs près de 14 % des nouveaux inscrits chaque année sont dans le même cas. Mais ce chiffre a baissé ces dernières années car, si des arrivées importantes ont été constatées lors de l’entrée des anciens pays d’Europe de l’Est dans l’Union européenne, cette source à tendance à se tarir car ceux qui voulaient vraiment quitter leur pays l’ont déjà fait. Par ailleurs, ils travaillent pour 60 % comme salariés dans les hôpitaux et s’installent peu en libéral.
Enfin, de nombreux pays ayant mené la même politique que la France, des tensions démographiques sont présentes dans de plusieurs états européens. Il reste alors les pays d’Afrique francophone et du Moyen-Orient., mais un grand nombre de médecins formés dans ces zones exercent déjà en France dans les hôpitaux sous des statuts qui confinent à de l’esclavagisme moderne. Vouloir en attirer encore plus en France, c’est piller ces pays qui les ont formés et qui ont peu de chance de les voir revenir au regard des conditions politiques et économiques souvent précaires qui y règnent.
De plus, cette mesure s’insère dans un projet de loi aux mesures très restrictives en termes de durée de séjour sur le territoire français. En effet, il est prévu une procédure complexe d’aptitude à exercer uniquement dans les hôpitaux pour une durée d’un à quatre ans. Ce dispositif s’il se veut attractif devra offrir des rémunérations et des conditions d’accueil pour les praticiens et leurs familles à hauteur de ce que sont en droit d’attendre des expatriés qui n’ont pas vocation à rester définitivement dans le pays.
Or visiblement cet aspect n’a pas été pris en compte. Plus important, le problème de la démographie médicale touche bien entendu l’hôpital mais surtout la médecine générale en ville. Il s’agit donc encore d’un leurre pour éviter le vrai débat qui est celui de la mise en place d’un véritable service public de santé associant la médecine de ville et l’hôpital, dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire assurant une égalité de traitement de tous les citoyens quel que soit leur lieu de résidence.
Visiblement l’objectif du gouvernement est de laisser se dégrader encore plus la situation pour ouvrir la porte à un système privé pour ceux qui pourront se le payer. Car la nature a horreur du vide et il sera facile aux assureurs de proposer des contrats permettant un accès privilégié et sans délai à des médecins agréés qu’ils auront recrutés.

Réseaux de transports urbains URBAINS
Non à la baisse des droits des retraité-es ! Le gouvernement Borne a reporté ses annonces concernant sa volonté de faire une énième réforme des retraites du 15 décembre 2022 au 10 janvier 2023. Celle-ci vise à rallonger le temps de travail en repoussant l’âge de départ à la retraite à 65 ans et, de fait, à allonger la durée de cotisation pour la plupart des travailleurs.
Dans notre profession où la pénibilité n’est pas reconnue malgré des conditions de travail de plus en plus difficiles, c’est l’assurance de ne pas pouvoir bénéficier d’une retraite en bonne santé !
La CGT, et en particulier les salariés des transports urbains, a été et est à l’avant-garde sur cette revendication de reconnaissance de la pénibilité, mais aussi pour un droit à une retraite dès 55 ans pour la profession. Dès le début de l’année prochaine, toutes nos directions syndicales ont un devoir de réunir leurs militants et leurs syndiqués, d’organiser des assemblées avec les salariés.
La réforme envisagée, sous couvert de contrepartie comme de relever le minimum de retraite pour une carrière complète à 1.200€, s’avère encore plus dure que celle de 2020 qui a été avortée sous la pression de la mobilisation. Celle-ci se traduira, inexorablement, par un appauvrissement, à terme, des retraité-es par une baisse de leur pouvoir d’achat de 20 % par rapport à celui des actifs.
À cette annonce en janvier, se rajoutent des prévisions d’inflation toujours aussi élevées pour 2023, alors même que les augmentations de salaires en 2022 n’ont pas été à la hauteur des besoins nécessaires pour faire face à l’inflation de l’année en cours. De nombreux réseaux ont été à l’offensive cette année sur la question des salaires alors même que les négociations salariales vont reprendre en 2023. Il est donc nécessaire d’organiser la riposte et l’offensive sur ces deux fronts, celui des retraites et des salaires !
D’une part, c’est le niveau de salaire qui conditionne, en grande partie, le niveau de la pension et, d’autre part, son augmentation est l’une des réponses au besoin de financement de notre système de retraite. La Fédération CGT des Transports invite l’ensemble des bases syndicales des réseaux de transports urbains à se tenir prêt à répondre aux appels à la mobilisation interprofessionnelle !

La liberté pour nos collègues et le peuple d’Iran
Depuis plusieurs mois, un mouvement secoue la société iranienne, en réaction à la mort de Masha Amini, suite à son arrestation par la police des mœurs pour : « port de vêtements inappropriés ». Les manifestations sont réprimées de manière brutale et implacable par les forces de sécurité iraniennes qui n’hésitent plus à tirer à balles réelles pour assassiner des manifestant-es. Au milieu de ce climat de tension extrême et de violences, des artistes et intellectuel-les, des sportif-ves sont arrêté-es, emprisonné-es, interrogé-es et torturé-es pour avoir soutenu et participé aux manifestations contre le régime liberticide et totalitaire en place en Iran.
Nous avons pu observer une recrudescence de ces arrestations arbitraires depuis plusieurs semaines. Citons, à titre d’exemple, les noms de Taraneh Alidoosti, Saman Yasin, Mohammad Rasoulof, Jafar Panahi, Mostafa Aleahmad, Toomaj Salehi, Hengameh Ghaziani, Katayoun Riahi, Soheila Golestani ou Hamid Pourazari, ainsi que Voria Ghafouri. Nombre d’actrices, d’acteurs, de chanteur-seuses, de musicien-nes, de réalisateur-rices, d’auteur-eures sont aujourd’hui menacé-es de sanctions excessivement sévères, allant même jusqu’à la peine de mort concernant Toomaj Salehi, pour des motifs qui s’apparentent tous à des délits d’opinion.
La Fédération CGT du Spectacle et ses syndicats luttent au quotidien pour les libertés des artistes et de tous les personnels qui concourent à la vie culturelle, que ces libertés soient artistiques, sociales ou économiques. C'est pourquoi, ils tiennent à dénoncer fermement cette répression d’un autre temps et expriment leur plein soutien aux artistes et personnalités de la culture qui, en Iran, luttent courageusement pour le droit des femmes, la liberté d’opinion et la démocratie.

Comme partout dans le monde capitaliste : La crise s’approfondit au Royaume-Uni, le monde du travail fait front !
Depuis début juin, les travailleuses et les travailleurs du Royaume-Uni ont engagé un rapport de force d’ampleur avec le patronat et le gouvernement. Ces dernières semaines la grève s’est élargie, faisant monter la pression d’un cran et renouant avec des niveaux d’engagement que le pays n’avait plus connu depuis fort longtemps. Les derniers chiffres de l’inflation sur l’île faisaient état d’un taux de 10,7%, grimpant même à 14% une fois retirées les dépenses des 4% des ménages les plus riches du panier moyen de l’indice. Évidemment les salaires sont bien loin de progresser à la même vitesse et on assiste à la plus forte baisse des salaires réels depuis 1977 et la deuxième plus forte baisse jamais enregistrée depuis 1945. Un constat dramatique qui ne risque pas de s’améliorer dans les mois à venir alors que le pays s’enfonce dans la récession.
Les plus touché-es sont, comme ailleurs, les travailleuses et travailleurs essentiels, ces héros de la pandémie qu’on a eu vite fait d’oublier. Voici comment le TUC résumait la situation au sortir de l’épisode le plus fort de la pandémie : « ll est temps de récompenser le travail, pas la richesse. Nous ne pouvons pas être un pays où le personnel du NHS [système de santé public] et de l'enseignement doit avoir recours aux banques alimentaires, alors que les banquiers de la City reçoivent des bonus illimités». Mais alors que le transfert de richesses vers le capital est appuyé par un gouvernement conservateur aux accents thatchériens, un véritable changement d’attitude des travailleurs est en train de se produire.
Entre juin et octobre de cette année, il y a eu plus de 1,1 million de jours de grève, le chiffre le plus élevé sur une période de cinq mois depuis début 1990. Et ces chiffres sous-estiment toujours le nombre réel de travailleurs en lutte car ils reposent sur les déclarations des employeurs. Le mois de décembre a été le théâtre d’une nouvelle accélération de cette vague de luttes, pas un seul jour ne passe sans que des grèves se déroulent à l’appel des organisations syndicales.
Transport, santé, éducation, énergie, postes, télécoms, services civils, ils et elles sont toujours plus nombreux à réclamer des augmentations de salaires et des embauches. La grève massive des infirmières ces derniers jours symbolise ce ras-le-bol général qui gagne la population. Face à cette colère sociale qui gronde le gouvernement reste pour l’instant inflexible, utilisant les mêmes arguments fallacieux qu’on entend aussi de ce côté-ci de la Manche pour justifier son inaction, comme la boucle prix-salaire.
Rishi Sunak, nouveau premier ministre appelé à la rescousse par un camp conservateur en difficulté, est bien décidé à tenir la barre ferme en renouant avec les pires traditions anti-syndicales de l’île. Plus de 1.400 militaires ont ainsi été mobilisés pour se substituer aux grévistes dans les secteurs hospitalier et douanier et il ne se passe pas un jour sans que les menaces de restrictions au droit de grève, pourtant déjà bien affaibli par le Trade Union Act de 2016, ne soient pas brandies dans les médias. Des grèves sont déjà programmées jusque mi-janvier et des responsables d'une vingtaine de syndicats se sont réunis pour discuter de la possibilité d'une action commune. Les syndicats se dirigent ainsi vers un appel à une journée de grève « unifiée » qui pourrait concerner plus d'un million de travailleurs le mercredi 1er février.
La CGT, en contact régulier avec les organisations syndicales du Royaume-Uni, apporte toute sa solidarité aux travailleuses et travailleurs en lutte. La CGT restera vigilante à toute atteinte contre le droit de grève et fera tout ce qui est en son pouvoir pour apporter son soutien à nos camarades Outre-Manche. En France comme en Angleterre, c’est par les luttes que nos conditions de vie et de travail pourront s’améliorer !

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