France.
5 décembre. Succès de la journée de grève dans le privé comme dans le public. Participation importante dans les manifestations y compris en province et dans des petites villes. Nouvel appel pour une journée interprofessionnelle le mardi 10 décembre par les confédérations. La force du mouvement a fait que les médias n’ont pu le dénaturer et en ont souligné l’ampleur. A l’opposé de ce qu’ils disaient il y a encore quelques jours avec « des syndicats dépassés, impuissants, des formes de lutte qui ne correspondraient plus à la société d’aujourd’hui, que seuls les réseaux sociaux et des formes d’action type gilets jaunes étaient possible ». Un démenti cinglant.
Radio France. Deuxième semaine de grève avec des programmes très perturbés.
TV. La fermeture de France 4 (programme destiné à la jeunesse) est confirmée pour 2020 avec la perspective de faire 20 millions d’économie. Il ne restera plus qu’une chaine privée qui diffusera en direction des jeunes.
Airbus Nantes. « Ouest France » donne des résultats très partiels sur les élections qui viennent de se dérouler. 82% de votants et la CGT qui devient la 1ere organisation syndicale dans le collège ouvriers-employés, position tenue par FO depuis les années 1970. La CFDT avec moins de 10% des suffrages ne peut plus signer d’accord tant au niveau de l’établissement que du groupe.
Smig. Le groupe d’experts chargé de conseiller le gouvernement ne propose pas de « coup de pouce » en plus de la hausse légale. Un avis qui sera sans aucun doute suivi. Il renouvelle sa demande de modification de calcul de la hausse du Smig en le désindexant de la hausse des salaires. Une manière de le diminuer.
Fonction publique. La casse du statut entre en vigueur avec l’annonce de l’embauche en CDD de six ans de 3000 personnes venant du privé dans la haute fonction publique. Elles pourront obtenir des postes jusqu’à celui de sous-préfet.
Achat. Le groupe US Accinéro et le canadien Scarchight viennent de prendre 61,76% du capital de Latécoère, équipementier aéronautique.
Plates-formes. Une enquête portant sur un nombre limité de travailleurs classés auto entrepreneurs révèle qu’ils réclament en majorité une meilleure protection sociale en particulier au niveau de la retraite et 56% d’entre eux se déclarent attirés par le salariat. Dans une étude de l’Insee le revenu mensuel des 928.000 autoentrepreneurs s’élève à 430 euros par mois. Cette nouvelle formule de l’exploitation capitaliste n’est viable que si les cotisations sociales, le capital investi pour l’activité est à la charge du salarié. Devant les protestations qui montent, devant les actions menées par les intéressés, le pouvoir, au travers de la loi sur la mobilité, en ouvrant la possibilité pour les plates-formes d’établir seule une chartre de bonne conduite, apporte son aide à celle-ci dans l’espoir de freiner le mouvement de revendication qui vient d’apparaitre, de court-circuiter les syndicats qui commencent à se former.
Enquête Pisa. Il s’agit d’une enquête portant sur la qualité de l’éducation des pays de l’OCDE. Pour la France celle-ci confirme ce que nous savons sur le rôle sélectif de l’éduction de la maternelle à l’université en fonction des besoins du capital. D’après l’enquête les élèves de milieux défavorisés sont cinq fois plus nombreux à atteindre un niveau minimum en lecture que ceux des milieux favorisés. Une situation qui n’a pas évolué depuis la dernière enquête il y a trois ans.
Idée. « Les Echos » du 2 décembre consacrent un numéro spécial à : l’économie face à l’urgence climatique avec en sous-titre Défi climatique et avenir du capitalisme. Il s’agit là de la poursuite de l’offensive idéologique menée depuis plusieurs mois pour habiller en vert le capitalisme, pour le rendre indépassable aux yeux des peuples, pour lui permettre la poursuite de de l’exploitation des hommes et de la nature dans une recherche sans cesse plus grande du profit.
Au- delà des multiples articles sur le climat, les dangers qui guettent la planète (sans en définir les causes réelles) deux articles éclairent bien le but de l’opération.
Le premier est signé de B. Arnault (propriétaire d’un groupe de presse qui comprend "les Echos" le " Parisien " " Radio Classique", deuxième fortune mondiale avec 100 Mds), qui dans un article titré Sans les entreprises (comprendre le capitalisme) on ne sauvera pas le monde et il enfonce le clou en affirmant Tous ceux qui imaginent pouvoir régler les problèmes du monde, environnementaux ou sociaux sans les entreprises s’illusionnent grandement sur la portée et la continuité de leurs moyens d’action.
Conclusion : la remise en cause du capitalisme n’est pas envisageable, au contraire le rassemblement autour de ce système est une nécessité, le changement de société une utopie.
Le deuxième article est une longue interview croisée entre J. D. Sénard (ex PDG de Michelin, actuel PDG de Renault) et l’inévitable L. Berger de la CFDT. La complémentarité entre les réponses entre les deux est frappante.
A la question comment définiriez-vous un nouveau capitalisme ? Sénard répond : Avec N. Notat nous avions proposé la création d’un « comité des parties prenantes », non pas pour diriger l’entreprise, mais pour réfléchir avec des syndicalistes, des ONG, des clients, des fournisseurs et des élus locaux idée qui n’a pas obtenu un accueil enthousiaste au Medef. Berger répond en citant les Chantiers de l’Atlantique ou les carnets de commandes sont plein c’est parce qu’il y a un accord de performance signé par des organisations syndicales dont la CFDT. Cette piste des parties prenantes est bonne.
A la question des objectifs financiers Sénard répond : Les entreprises qui réduisent leur « raison d’être » au seul profit ne survivront pas à moyen terme tandis que Berger déplore les salaires élevés de dirigeants et le non- partage des richesses et que si le capitalisme est en crise c’est parce qu’il est très critiquable. Quelle analyse de classe !
Le reste est de la même veine.
Ils ne sont pas les seuls à s’inquiéter. Toujours dans « les Echos » (3.12) K. Schawab (fondateur et président du forum de Davos) dans un article titré Quel type de capitalisme souhaitons-nous vraiment ?, écrit : Nous devons instaurer un capitalisme des « parties prenantes » respectueux des impératifs sociaux et environnementaux. Il critique le fait que le capitalisme actionnarial à négligé le fait qu’une entreprise soit un organisme à but lucratif, certes, mais également une entité sociale. Et propose sa solution : s’inspirer d’un lobby américain qui s’est prononcé en faveur du « stakeholder capitalisme » (qui peut se traduire par un capitalisme ouvert à tous) qui permet aux investisseurs de concilier les rendements sociaux et environnementaux avec des rendements financiers. A ne jamais oublier en les camouflant derrière l’environnement.
Tout cela fait penser que le spectre qui hante l’Europe, le communisme est bien présent dans les esprits et les inquiétudes du capital et de ses soutiens.
Monde.
Otan. Les chiffres publiés à l’occasion du sommet de Londres montrent que Trump a obtenu ce qu’il voulait de ses alliés. La participation aux dépenses militaires de l’Otan de la part des USA diminue de 3,7% en 2015 à 3,4% du PIB tandis que la part des autres pays augmente. A la fin de 2020 elle aura augmenté de 120 Mds de $ par rapport à 2016 et devrait être de 400 Mds suivant les plans de défense annoncés. Au-delà des querelles qui ont émaillé la rencontre, personne ne remet en cause le rôle de bras armé de l’Otan au service de l’impérialisme.
Guerre commerciale. Les USA par la décision de Trump viennent d’étendre au Brésil et à l’Argentine des sanctions commerciales en taxant les importations d’acier de 25% et de 10% celle de l’alu sous le prétexte d’une dévaluation massive de leurs monnaies par rapport au dollar. Conséquence : baisse de toutes les bourses dans le monde.
COP 25. Nouvelle grand-messe sur le climat qui se tient à Madrid avec les discours alarmants sur l’avenir de la planète, (le rejet des gaz à effet de serre va augmenter de 0,6% en 2019) mais les pays les plus pollueurs sont représentés à de bas niveaux. Il s’agit de la Chine, du Japon, du Canada, de l’Australie, des USA qui ne font même plus semblant de se tourner vers la défense de leur capitalisme. L’UE qui veut apparaitre comme le bon élève promet pour 2020 un plan qui doit la conduire à la neutralité carbone en 2050.
Italie. La banque Uni Crédit annonce 8.000 suppressions de postes d’ici à 2023 (10% des effectifs) après en avoir supprimé 19.000 dans un plan précédent. Par contre elle s’engage à verser 40% des bénéfices aux actionnaires puis 50% en 2023 soit 8 Mds sur cette période.
Les syndicats protestent mais n’appellent pas à l’action, le gouvernement italien « s’inquiète »
Les annonces faites par les différentes banques européennes se traduisent par la disparition de 50.000 emplois. Sur les dix dernières années c’est 20% des effectifs bancaires qui ont disparu.