Gantry 5

 

France.
1er mai. Dans les conditions particulières du confinement le 1er mai journée de lutte des travailleurs du monde devient une célébration particulière. Loin des déclarations démagogiques de Macron, banderoles, affiches, manifestations certes réduites ont eu lieu.

Avec des interventions policières contre des textes considérés comme injurieux vis-à-vis du pouvoir ou l’interdiction de manifester en voitures du maire (PS) d’Annonay sous le prétexte du confinement. Des verbalisations pour non- respect du confinement ont eu lieu dans plusieurs départements
Hôpitaux. Guingamp. Préavis de grève CGT pour le 5.05. Ce sont des revendications particulières qui font l’objet de ce préavis. Préavis CGT à l’hôpital de Dinan à compter du 4.05 pour les 300 euros d’augmentation.
Hôpital. Le collectif inter-hôpitaux se rappelle au bon souvenir de Macron et demande la satisfaction des revendications (salaire, embauches) défendues lors de la grève.
Renault. (Sandouville, Seine Maritime) La justice a donné raison à la CGT qui trouve les mesures de sécurité insuffisantes. La CFDT condamne cette action la jugeant « politique ». La direction a fait appel.
Sécurité Sociale. Les syndicats CGT, FO, Solidaires de la caisse d’assurance maladie appellent les personnels à refuser de participer aux équipes de dépistage du Covid 19. Ils considèrent que ce n’est pas le rôle des agents de la SS de faire ce travail.
Reprise. Le pouvoir poursuit sa campagne pour la reprise. Devant le Sénat, E. Philippe enfonce le clou : La vie économique doit reprendre. Le Medef, la CFDT, la CFTC n’ont pas attendu cette injonction. Ils ont signé un texte qui demande la reprise d’activité la plus large et le plus vite possible.
Les annonces de reprise d’activité se ressemblent. Le PDG de la SNCF y va de la sienne : il n’est pas anormal ni illogique d’ajuster au mieux le niveau de l’emploi au volume d’activité. Activité réduite actuellement mais qui devrait redevenir normale un jour ou l’autre avec une SNCF plus faible et en difficulté pour répondre aux besoins de transport. Ce qui permettra au privé de se tailler une plus grande part du marché. Il est à noter que l’Etat qui accorde généreusement sa caution financière aux entreprises privées se refuse jusqu’à présent à soutenir la SNCF dont il est le seul actionnaire. Aucune réaction à cette annonce de la part des « écologistes ».
GE Energie (Belfort) annonce 92 suppressions d’emplois et exige de ses sous-traitants une réduction de 20% de prix qu’ils pratiquent envers GE. Au risque de mettre ceux-ci en faillites (elles emploient 1700 personnes dans la région) et de manquer de fournitures pour le montage des machines. Un nouveau prétexte pour aller plus loin dans la suppression d’emplois, voir la survie du site.
Peugeot. Annonce la réouverture de ses usines à l’étranger et en France.
CFDT. Sur France Inter le 3 mai L. Berger n’élève pas la moindre protestation contre les suppressions d’emplois annoncées. Pour les justifier il met en avant les contraintes économiques dues à la crise que rencontreraient les entreprises. Comme solution à la crise il relance son idée de « pacte pour vivre mieux ».
De son côté le ministère du travail vient de publier des recommandations non contraignantes pour le patronat en vue de la reprise. Celui-ci a tellement conscience des dangers qu’elle représente pour la santé des salariés qu’il demande le vote d’une loi qui le dégagerait de ses responsabilités pénales en cas d’apparition de la pandémie parmi son personnel.
Le report de certaines « charges » vient de se transformer en abandon ce qui va aggraver la situation des organismes sociaux, tandis que de nouveaux cadeaux sont à l’étude pour l’embauche des jeunes, de primes pour l’achat d’un véhicule propre.
Temps de travail. La campagne sur l’allongement du temps de travail se poursuit. Si le Medef se fait plus discret la continuité est assurée par l’institut Montaigne défenseur des idées de droite et du patronat. Au nom de la reprise il propose la suppression de jours fériés, la suppression d’une semaine de vacances à la Toussaint (?), le paiement différé des heures supplémentaires. Au nom de « l’équité » les fonctionnaires se verraient appliquer les mêmes règles.
Interrogé sur ce point lors de sa conférence de presse le7.05, E. Philippe répond que la question n’est pas d’actualité… pour l’instant.
Profits. Au premier trimestre et même s’ils sont en baisse, les banques font encore des profits confortables, masqués en plus par les importantes provisions qu’elles réalisent. BNP : 1,28 Md, provision 1,4 Md. Crédit agricole 635 millions, 400 millions de provision.
EDF. La direction propose à l’assemblée générale des actionnaires de définir la « raison d’être » de l’entreprise, nouvelle disposition visant à masquer qu’elle recherche avant tout le profit. Pour EDF ce sont « les réductions de CO2 ». Ce qui n’apparait pas très contraignant compte tenu du parc de production. Plus inquiétant, l’absence de référence à la mission de service public d’EDF alors que le plan de démantèlement de l’entreprise est toujours d’actualité.
Peugeot. Fait du télétravail une règle. 18.000 salariés étaient déjà en télétravail en 2019. A l’occasion du confinement il est passé de 18.000 à 38.000 connexions ce qui va lui permettre d’augmenter le nombre de salariés en télétravail. Cette nouvelle forme de travail est tout bénéfice pour le patronat : moins de locaux, moins d’électricité et de chauffage, moins de taxes locales à payer, moins de frais de cantine, de transport. Et surtout la fin de la communauté de travail, des solidarités qu’elle engendre, plus grandes difficultés pour se syndiquer, pour participer aux élections de représentant du personnel, pour s’organiser pour la lutte.
Pour le salarié c’est plus de flexibilité dans les horaires, plus de productivité, plus de pression de la hiérarchie. Une « modernisation » du travail à sens unique.
Jour d’après. Deux fabriquants de produits de base pour la production de médicaments- Fareva et Sanofi- viennent avec le soutien du président LR de la région de Normandie faire part de leurs exigences et ce dès avant que le permis de construire ne soit déposé. Il devra être accompagné financièrement pour produire en Europe. Pour Sanofi il va falloir intégrer les critères de production en Europe dans la fixation du prix du médicament. Garantie du profit en premier, le reste ensuite.
P. Arthus (chef économiste de Natixis, membre du cercle des économistes) signe un article dans « les Echos » (5.05). Titre Coronavirus : changer de modèle économique ? Pas si vite… Il énumère trois obstacles à ce changement. Le troisième est l’exigence très élevé de la rentabilité du capital pour les actionnaires dans le capitalisme contemporain. 12% sinon 15%. Ce qui bloque tout investissement sur le moyen et long terme. Avec la baisse de leurs CA les entreprises vont essayer de réduire leurs investissements (ceux nécessaire pour les relocalisations) elles vont être réticentes face au nouvelles contraintes (climatiques, environnementales, marché du travail) où à la nécessité d’augmenter les rémunérations de certaines catégories de salariés. Dans ce contexte l’enthousiasme post-crise peut se transformer rapidement en un sentiment d’impuissance. Voilà un homme qui parle vrai. Et pour cause, il gère le capitalisme.
Monde.
1er mai. Il est difficile de se faire une idée de l’ampleur des manifestations du 1er mai dans le monde les médias les ayant passées sous silence. En Grèce à l’appel du PAME une manifestation importante a eue lieu à Athènes.
A l’occasion du 1er mai, le secrétaire général de la confédération européenne des syndicats (à laquelle sont affiliées toutes les confédérations françaises et présidée par L. Berger) a fait une déclaration. Après avoir- pandémie oblige- rendu l’hommage incontournable aux personnels soignants, il expose ce que va être l’action de la CES. Extraits : un paquet de mesures sans précédents pour un modèle économique durable et la création d’emplois de qualité, soutient à la négociation collective meilleur moyen des salaires justes, la législation promise en matière d’égalité de rémunérations renforcée. Tout cela en évitant un libéralisme aveugle. Un air connu qui n’a pas de quoi effrayer le capitalisme européen.
USA. Le mouvement de refus du paiement des loyers (déjà signalé) prend de l’ampleur à New-York et en Californie. Il émane de salariés qui ont perdu leurs emplois et qui vivaient depuis longtemps dans la précarité. La demande des locataires du paiement des loyers par les états, est relayée par certains élus démocrates. Les locataires avancent l’idée que le logement est un droit absolu.
Chômage et suppressions d’emplois. Celui- ci poursuit son envolé. 30 millions aux USA tandis que les annonces de suppressions d’emplois se multiplient. 17.000 dans trois compagnies européennes d’aviation, 8000 chez Roll Roye dans sa branche moteurs d’avions. Airbnb. 1900 soit 1/4 des effectifs mondiaux. Uber 3700 emplois dans le monde.
Allemagne. Sa cour constitutionnelle vient de condamner la banque centrale européenne à lui fournir d’ici trois mois les raisons qui la pousse aux rachats d’actifs des états (leurs dettes) et en cas où ces justificatifs ne seraient pas convainquant aux yeux des juges, la condamnerait au retrait de la banque centrale allemande de sa contribution (534 Mds) du capital de la BCE.
Ce jugement fait suite à une plainte d’épargnants allemands qui s’estiment lésés par la politique de la BCE.
En réalité les juges interviennent dans une opposition entre l’Allemagne et la BCE sur son rôle face à la crise. L’Allemagne refusant (comme elle le fait vis-à-vis de la mutualisation des emprunts demandée par la France et d’autres pays) toute forme de solidarité. Pour l’Allemagne c’est à chaque Etat et à lui seul de supporter les conséquences de la crise.
La France et l’Italie ont protesté contre cette décision. Elle illustre l’Europe « du chacun pour soi. »
Suisse. La pandémie fait ressortir tout ce que le capitalisme cache en temps normal. A Genève (une des dix villes les plus riches au monde) 2000 personnes ont fait la queue pour toucher un colis alimentaire de la valeur de 19 euros provenant d’une ONG. A Lausanne les bénéficiaires de la soupe populaire sont passés de 250 à 900. Il s’agit de travailleurs précaires, souvent sans papier, qui ont perdu les petits boulots qui leurs permettent de survivre en temps ordinaire.

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