Gantry 5

 

France.

Luttes. Cheminots Paris-Est. Appel de tous les syndicats à une grève le 18 mai pour soutenir cinq cheminots traduits devant le conseil de discipline pour « occupation illégale d’un local ».

International Paper (St Amand) débrayage le 22 mai pour une prime l’usine n’ayant pas arrêté son activité pendant la période de confinement.
BAO (filiale de Prestalis, Marseille) Grève avec occupation des locaux pour protester contre la fermeture de l’agence et 134 licenciements. La CGT fait des propositions pour la poursuite d’activité.
Abattoir Charal. (Cholet, Maine et Loire) Débrayage le 22 mai pour une prime de 600 euros, ce que la direction refuse après la signature par les syndicats (sauf la CGT) d’une prime d’un montant inférieur.
Dans la Marne rassemblements dans plusieurs villes à l’appel de tous les syndicats en soutient à l’inspecteur du travail menacé de sanction pour être intervenu dans une entreprise en faveur des salariés face à une direction qui ne respectait pas les mesures de sécurité.
Hôpital. (St Etienne). Au moment où Macron et sa suite discouraient sur l’avenir de l’hôpital 300 membres du personnel hospitalier manifestaient contre les prétentions de la direction de fermer quatre lits dans un service et prévoit la réorganisation des urgences pour éviter d’embaucher le personnel indispensable à son bon fonctionnement. Le monde d’avant est toujours d’actualité. Manifestation à l’hôpital Tenon (Paris) et à celui de St. Denis. Hôpital de Riantec grève le 25 mai pour les salaires et une prime. A Pau grève reconductible à compter du 20 mai salaires, fin de la rigueur budgétaire, égalité homme-femme. Dans le Tarn les directions refusent le versement de la prime sous le prétexte de l’absence importante de malades frappés par le Covid 19.
De leur côté 12 syndicats et collectifs qui ont mené la grève hospitalière ont exprimé leur méfiance face au plan d’augmentation des salaires tel qu’il a été exposé dans le « Journal Du Dimanche » par le ministre de la santé ainsi que sur les « négociations » qui n’aboutissent à rien, sinon à faire passer les décisions gouvernementales. Ils appellent à une manifestation nationale des personnels le 16 juin. Ils ont toutes les raisons de se préparer à l’action. D’autant que le gouvernement a placé sous la responsabilité de N Notat les discussions avec les syndicats et collectifs qui vont débuter.
Le rapport au Bureau National, la discussion qui en a suivi (à lire dans l’hebdo) a analysé sur le fond les attaques contre le service public de santé. Profitant de la pandémie qui a fait éclater au grand jour les dégâts résultat des politiques menées depuis des dizaines d’années, le pouvoir veut aller plus loin dans la casse de l’hôpital public au profit du privé. Prétendant répondre aux revendications salariales c’est la grille des salaires de la fonction publique qui est remise en cause, les 35h, pendant que des « spécialistes » avancent l’idée de transformer l’hôpital public en hôpital privé à but non lucratif ce qui lui donnerait « plus de souplesse dans sa gestion » première étape vers une privatisation complète de l’hôpital.
Enseignants. Les CGT, Sud, SNALC, Solidaires du second degré ont déposé un préavis de grève dans les collèges qui court jusqu’à la fin de l’année scolaire. Le nombre de demandes spéciales d’absence pour fragilités psychologiques explosent parmi le personnel enseignant au moment de la réouverture de certaines classes dans les collèges.
Hausse de prix. Il n’y a pas de chiffres récents de l’inflation publiés par l’Insee. L’opinion qui prévaut est une forte hausse des produits frais. Mais une autre se profile. « La facture du redémarrage » titre « les Echos ». Les mesures de protection, la reprise partielle ont un « fort surcoût ». Plusieurs secteurs ont déjà annoncé des hausses. Bâtiment qui demande une hausse de 10% sur les contrats en cours et la suppression des « charges » patronales jusqu’à la fin de 2020, garages (2 à 3 euros pour le nettoyage de la voiture) coiffeurs, agroalimentaire. De son côté et sans surprise, F. Roux de Bézieux estime qu’il va être compliqué pour les entreprises dans le rouge d’augmenter significativement les salaires. Une fin de non- recevoir en bonne et due forme.
Protection sociale. Le Haut conseil pour la protection sociale tire la sonnette d’alarme sur les conséquences financières de la pandémie vis-à-vis de la SS. Il chiffre le déficit à une quarantaine de Mds, qui risque de grandir encore avec les mesures envisagées pour les hôpitaux et dont le financement lui incombera. Le conseil propose qu’une partie des dépenses supplémentaires dues à la pandémie soit prise en charge par l’Etat. Sans réponse de la part de l’Etat pour l’instant comme cela a déjà été le cas en 2017 sur sa proposition de création d’une réserve financière pour faire face aux imprévus. La réponse de l’Etat vient de tomber. Ce sont les assurés qui paieront avec le transfert de 160 Mds de dette au Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) alimentée par une retenue de 0,5% sur tous les salaires, pensions, allocations. La Cades devait disparaitre en 2024 la dette étant remboursée. Avec ce nouveau transfert elle est prolongée jusqu’au 31 décembre 2033.
Abattoirs. Dans trois d’entre eux (Loiret, Morbihan,) l’épidémie explose, avec des dizaines de salariés atteints. L’entassement sur les chaines de découpes, l’absence sérieuse des mesures de sécurité renforcées sont la cause de cette situation. Il faut y ajouter les conditions de travail plus que difficiles, l’absence ou la faiblesse des organisations syndicales, le fait que ces abattoirs sont souvent le seul emploi disponible dans une région et où le patronat impose une exploitation sans limite des ouvriers pour ne pas être surpris de cette explosion. La situation sanitaire est la même en Allemagne, aux USA, en Australie et sans doute ailleurs.
Collaboration de classe. Elle se développe avec la signature d’un texte commun MEDEF, CFDT, FO, CFTC, CGC dans la métallurgie. Sous prétexte de protéger les salariés du chômage les signataires proposent la diminution du temps de travail et que l’Etat, l’Unedic, prennent à leurs charges les pertes de salaires entrainées par cette diminution. Comme si les profits capitalistes nés de l’exploitation des salariés n’existaient pas et ne pouvaient pas supporter cette situation provisoire.
Renault. Des fuites (organisées ?) dans la presse pour préparer les esprits annoncent que dans le cadre de son plan d’économie de 2 Mds la direction envisage la fermeture de quatre usines en France : Flins, Dieppe, Choisy-le-Roi, fonderie de Bretagne. Cela au moment où Renault obtient un prêt de 5 Mds avec la garantie de l’Etat (PGE) qui ne comporte aucune obligation en matière sociale ou économique. Ajoutons que Renault dispose d’une trésorerie de 10,3 Mds d’euros. Le monde de demain ressemble furieusement à celui d’hier.
Interrogé au Sénat E. Philippe répond en se déclarant attentif à ce que le siège de Renault reste en France ainsi que les services de recherche et précise qu’il est attaché à la qualité du dialogue et à l’accompagnement social. Un air connu qui apporte la caution de l’Etat aux fermetures annoncées.
Université-recherche. Les chercheurs avaient manifesté leur inquiétude face à la loi en préparation sur l’avenir de la recherche en pointant en particulier l’insuffisance des crédits qui lui étaient alloués. La pandémie aggrave encore plus ce manque de recette avec le retrait du mécénat, la baisse de la taxe d’apprentissage, la venue d’étudiants étrangers et des frais d’inscriptions qu’ils acquittent, autant de ressources aléatoires qui vont disparaitre ou être réduites. Une enquête auprès de dirigeants d’universités indique que pour 65% d’entre eux, cela va se traduire par un risque de voir les financements publics baisser dans les deux à quatre ans au regard de la compétition entre les différents secteurs de l’économie. Dit autrement tout pour le capital, la recherche s’il reste des miettes.
Total. Vient d’acheter pour 515 millions un producteur et distributeur d’électricité espagnol qui compte 2,5 millions d’abonnés. Avec cette acquisition Total fournira du gaz et de l’électricité à 8,5 millions d’abonnés (France, Belgique, Espagne). Une reconversion qui s’annonce juteuse.

Monde.
Luttes des peuples. Au Chili reprise des manifestations en particulier dans les quartiers populaires contre la faim qui gagne de plus en plus. Le gouvernement y a répondu comme d’habitude par la répression policière. En Bolivie nouvelles manifestations en soutien au président Morales victime d’un coup d’Etat. En Colombie c’est par des chiffons rouges aux balcons et fenêtres que se manifeste la protestation.
Chine-USA. La guerre commerciale entre les deux ne s’arrête pas avec la pandémie. Le gouvernement US vient de renforcer les mesures de restriction sur la livraison des semi-conducteurs nécessaire au chinois Huawei pour ses productions. Cette décision pourrait être étendue à l’ensemble des fournisseurs tel le français Microelectronics.
La lutte pour la domination mondiale entre les deux puissances se retrouve aussi dans la décision des Usa de couper leurs cotisations à l’OMS accusé d’être un outil entre les mains de la Chine ou bien dans les pressions exercées sur Israël pour que les investissements chinois dans le pays soient restreints.
Chômage. L’explosion de celui-ci est inévitable au travers du monde de l’avis de tous ceux qui analysent la situation économique à venir. Les chiffres sont vertigineux. L’OIT a calculé que les heures de travail du deuxième trimestre ont reculées de 10,5% par rapport à 2109 soit 305 millions d’emplois à plein temps. En Europe se sont 50 millions de personnes qui sont au chômage. Il augmente aussi en France en frappant en premier les précaires (CDD, intérim) et est masqué- pour l’instant- par le chômage partiel qui touche 12 millions de salariés. Cette situation inquiète les capitalistes et leurs soutiens. Ils craignent une explosion sociale. Pour restaurer leurs profits leurs solutions sont bien connues : travailler plus, diminuer les salaires, exiger plus de diminution d’impôts et de cotisations sociales. A ce propos, voir la déclaration Medef-L. Berger et l’analyse de Communistes dans le rapport au Bureau national dans l’hebdo.
UE. Beaucoup de bruit autour de la proposition franco-allemande d’un fond de solidarité de 500 Mds destinés à aider les pays les plus en difficulté au sortir de la pandémie. Il s’agit de prêts remboursables et qui seraient débloqués au fur et à mesure des besoins. C’est l’Europe de la solidarité qui viendrait de naitre, œuvre de la France et de son président. Cocorico. A un détail près et qui a son importance. Ce projet doit être approuvé par l’ensemble des pays de l’UE. Avec la Hollande, l’Autriche, le Danemark et même une partie des députés de la CDU (le parti de Merkel) qui s’opposent farouchement à tout semblant de la mutualisation des dettes des Etats. Si la question de l’emprunt ne pose pas de problème à aucun Etat, c’est celui de son remboursement qui est la pierre d’achoppement. A suivre.
BCE. Les six dirigeants et les 19 membres du CA de la BCE sont obligés de déclarer les conflits d’intérêts que leurs fonctions pourraient engendrer. Tous sauf trois ont des intérêts dans des entreprises. Ainsi C. Lagarde au travers d’un fond de placement d’actions de Sanofi, Nestlé, AXA, Total tandis que le gouverneur de la Banque de France et membre du CA, est actionnaire de Villery & Boch qui distribue 49% de ses résultats sous forme de dividendes. Ils doivent aussi indiquer leurs dépôts bancaires supérieurs à 100.000 euros. Les deux Français en font partie.
Avec de tels dirigeants la gestion de la BCE en faveur du capital est garantie.

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