N° 850 05/12/2023 Nous avons analysé les tendances lourdes qui sont en action dans l'enseignement supérieur et la recherche (ESR) et qui sont fondamentalement déterminées par la volonté de donner aux grandes firmes capitalistes les moyens d'accroître leurs profits dans le contexte d'une lutte impitoyable qu'elles se livrent à l'échelle mondiale en faisant de la recherche et de l'innovation un des moyens leur permettant un avantage concurrentiel. Dans cette perspective, la recherche et l'enseignement supérieur doivent être largement soumis à ces impératifs. C'est le sens de toutes les réformes qui s'articulent autour de l'autonomie des Universités, pour mieux les mettre sous la domination des stratégies des entreprises, comme de celles qui visent à encore plus orienter les centres et établissements de recherche par des agences nationales de programmes. Le rapport Gillet que nous avons analysé pousse encore dans ce sens. Toutes les transformations qui s'opèrent dans l'ESR veulent aussi mettre au pas les personnels en s'attaquant à leurs statuts pour réduire les critiques et les résistances. Les directions d'organismes, les Présidents d'Universités et leur formation France-Université, s'ils sont tous d'accords sur les finalités cherchent malgré tout à préserver leur pré carré ce qui se traduit par des divergences sur l'organisation de l'ESR. Divergences que l'on peut constater dans l'interview du Directeur Général du CNRS à l'AEF et qui semble vouloir défendre l'exitence même de l'organisme et Le président d’Udice - le lobby des universités de recherche intensive - et de l’université de Strasbourg qui d'avance donne quitus au Président de la République qui devrait annoncer prochainement les nouvelles formes d'organisation de l'ESR. Citons le parlant de la réunion au plus haut niveau qui c'est tenue mi-novembre, des responsables de l'ESR et d'E. Macron : " Il nous a écoutés et prépare une première salve de mesures - annoncées à une date que nous ne connaissons pas encore -, notamment sur les Agences nationales de programme. Elles seront annoncées par Emmanuel Macron lui-même et nous saurons alors ce qui aura été retenu des travaux et des auditions menées ces derniers mois. Le symbole est fort du point de vue des universités de recherche. On discerne la volonté que ces agences, qui ne dépendent pas que du ministère de la Recherche mais aussi de l’Industrie, de l’Agriculture… soient portées au plus haut niveau." En clair ce qui se prépare c'est la mise sous tutelle d'une partie du CNRS sous la coupe d'Universités baptisées de recherche dans le cadre d'agences de financement dont les acteurs de la recherche et de l'enseignement supérieur se disputeront les montants dans le cadre d'un budget général rogné par l'inflation. Face à cette situation, les personnels de la recherche en exprimant leurs revendications sur les salaires, l'emploi, les moyens et les conditions de travail doivent aussi se préparer à la lutte pour empêcher une nouvelle caporalisation de l'ESR et exiger au contraire sa profonde démocratisation.