Gantry 5

 

Depuis plusieurs semaines, essentiellement celles de l’épidémie de Covid19, aucun discours ne se prononce sans que les mots délocalisations et relocalisations y apparaissent. Les media, y ajoutent en permanence une touche plus personnalisée en montrant de ci, de là quelques exemples d’entreprises, souvent petites et moyennes qui relocalisent leur production. Cela ne représente pas grand-chose mais occupe l’espace médiatique au point de laisser croire à un phénomène important.

Dans un sondage récent, les français selon « le Journal du Dimanche » du 10 mai : « plébiscitent la relocalisation de l'activité, les services publics, la priorité sanitaire, et… le télétravail. »
Le résultat de ce sondage est significatif de l’impact sur les salariés qu’ont les questions sanitaires liées à l’épidémie et à la gestion chaotique qu’en fait le gouvernement : absence de masque pour se protéger, de gels, de gants, de tests, difficultés à régler les fins de mois voire difficultés à se nourrir, perte d’emplois, artisans et petits boutiquiers démunis face à des trésoreries vides... et aussi du fait que sans les services publics et leurs personnels, pourtant si décriés par le patronat et le gouvernement, la situation serait catastrophique pour beaucoup.
Si le mot délocalisation revient avec tellement de force, c’est qu’il y a le sentiment qu’un lien existe entre le chômage de masse et la désindustrialisation du pays. Pourtant, les causes et les responsabilités profondes des délocalisations restent bien ensevelies dans le discours dominant. Et pour cause ! Comme nous allons le montrer, les délocalisations de la production sont une stratégie pour rétablir, voire augmenter autant que faire se peut les taux de profits générés par la mise en mouvement du capital. Pour cela, il doit impérativement accroître l’exploitation du travail salarié. Il peut le faire de trois façons :
     1. en allongeant la durée du temps de travail
     2. en augmentant la productivité
     3. en réduisant les salaires le maximum, autrement dit en surexploitant sans limites les salariés
C’est cette dernière variable qui pour l’essentiel guide le choix de localisation de la production ( par ex. Peugeot et Renault ont décidé de délocaliser en Turquie et au Maroc) . Elle s’appuie sur la disparité à l’échelle internationale des taux d’exploitation de la main-d’œuvre. La mise en œuvre se fait par la voie de la sous-traitance, c’est à dire que les salariés surexploités dans les pays à bas salaires sont dépendants du patronat « sous-traitant » de ces pays. Pour imposer cette exploitation, ils organisent une répression sans limite, les organisations syndicales de classe sont l’objet de la part des États comme des patrons locaux d’une impitoyable mise hors la loi, la protection sociale quasi-inexistante et le droit du travail réduit à sa plus simple expression et où les assassinats sont monnaie courante. C’est dans ces conditions que le capital des puissances impérialistes de premier rang est valorisé et qu’une partie importante de celui-ci entretient la spéculation financière. Car il n’y a qu’un capital celui dont la mise en mouvement dans la production produit de la plus-value fruit de l’exploitation du travail salarié.
Depuis des décennies les choix capitalistes stratégiques de délocalisation et d’externalisation de la production ont conduit à l’émergence de masse d’une classe ouvrière nouvelle dans les pays dominés et exploités. Ainsi, si la main d’œuvre industrielle mondiale, selon l’Organisation Internationale du Travail est passée entre 1950 et 2010 d’environ 115 à 150 millions dans les pays les plus développés, elle a explosé dans la même période de 80 à 540 millions dans les pays les moins développés ! Cette explosion permet de prendre la mesure de deux choses.
1. La croissance mondiale globale des travailleurs de l’industrie est passée de 195 à 690 millions traduisant le fait que loin de se résorber la classe ouvrière est en développement
2. le transfert massif des lieux de production des anciennes puissances impérialistes vers les pays à bas salaires et tout particulièrement en Asie
Ce transfert massif a des conséquences majeures pour l’ensemble des salariés dans le monde. Dans les pays développés, il se traduit par la désindustrialisation, un chômage de masse, la mise en concurrence de plus en plus sévère des salariés concernés et les attaques incessantes du capital pour remettre en cause les conquêtes des classes ouvrières. Dans les pays où la main d’œuvre est surexploitée, se constitue une armée de réserve de travailleurs venus des zones rurales, vivant dans des conditions extrêmes de pauvreté et réduit souvent au travail informel qui constitue de fait le complément « dégradé » de l’emploi productif « légal ». Plus encore, le capital en exploitant de manière intensive les richesses naturelles des pays dominés, comme c’est par exemple le cas pour le capitalisme français en Afrique, n’a cure des questions environnementales locales, réservant ses états d’âmes écologistes aux dames de charité comme le faisait leurs prédécesseurs avant que les travailleurs imposent la sécurité sociale !
Aujourd’hui, les mêmes qui génèrent cette exploitation et surexploitation à l’échelle planétaire, viennent la main sur le cœur nous vanter les mérites des relocalisations ! Pensent-ils un seul instant à l’intérêt des travailleurs et du pays ? La réponse est non ! Ils ne pensent qu’aux profits et pour cela dans le système capitaliste il n’y a qu’un moyen de les obtenir et de les augmenter, c’est par l’exploitation accrue du travail salarié.
C’est pourquoi, ne nous y trompons pas, le seul moyen de mener une politique de production, tenant compte des besoins populaires, tenant compte d’échanges équilibrés et justes avec le monde passe en premier lieu nécessairement par la disparition du système capitaliste, par l’instauration d’une société au service du développement harmonieux de la société, au service du peuple. Tout le reste n’est qu’un moyen pour leurrer les travailleurs et réorganiser et re-concentrer le capital à leur dépend.

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