Gantry 5

 

745-02/12/2021 Après deux semaines de grève générale en Guadeloupe et en Martinique, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu s’est rendu sur place.

L’île, tout comme la Martinique, est en proie à un mouvement social profond et des manifestations quotidiennes. Les revendications sont multiples : d’ordre sanitaire mais surtout d’ordre social, hausse des salaires, baisse des prix des produits du quotidien, véritables emplois, formations, arrêt des poursuites contre les manifestants arrêtés (voir article dans l’Hebdo 744). Pour l’heure, la seule réponse est la répression. Cette visite était réclamée tant par les manifestants que par les élus politiques locaux. Le vendredi 26, pour déminer le terrain, le ministre mettait en ligne la déclaration suivante : « Certains élus ont posé la question en creux de l'autonomie (…) la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d'elle-même (…) le gouvernement est prêt à en parler, il n'y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens ». Opération diversion sur ce qui n’a été à aucun moment une revendication des manifestants ou de leurs représentants ? Manœuvre politique pour ne répondre en rien à ce que le peuple demande. Oui aussi. Il est totalement exclu de parler de la vie chère, de la pauvreté, du chômage ou du dramatique problème de l’approvisionnement en eau potable, véritable scandale en 2021. Il renvoie ainsi la balle des revendications du Collectif dans le camp des élus locaux. Dans le cadre d’une éventuelle autonomie, les questions de santé reviendraient au pouvoir local, l’obligation vaccinale leur appartiendrait mais pas la moindre parcelle de partage des droits régaliens. Le même jour, Lecornu annonçait le report de la date limite de l’obligation vaccinale pour les soignants au 31 décembre ce qui sonne comme une provocation pour ceux qui réclament la levée totale et définitive de cette obligation, position que nous ne partageons pas. Quant au chômage des jeunes, l’annonce de 1000 emplois aidés sonne tout pareillement, ce sont de vrais emplois avec un vrai salaire que réclament les Guadeloupéens.
Les rencontres prévues avec le ministre ont tourné court lundi. L’une avec les représentants du Collectif et de partis qui avaient appelé à un rassemblement populaire pour soutenir les revendications a achoppé, du moins officiellement sur le nombre de délégués. Ce prétexte ajouté à la présence massive de policiers autour de la sous-préfecture signait déjà une fin de non-recevoir que la durée de 24 heure prévue pour la visite avait déjà clairement annoncée. Finalement à la demande des manifestants, quelques délégués sont rentrés pour remettre les doléances avant de ressortir aussitôt. Le ministre maintient son refus de toute discussion tant que le Collectif n’aura pas condamné « sans ambiguïté les violences commises aux Antilles sur les policiers et gendarmes » et renvoie la balle aux collectivités territoriales. Collectivités dont les élus ont, à leur tour, refusé de rencontrer le ministre compte-tenu de « l’attitude et des propos tenus » par ce dernier. Finalement la visite de ce dernier se sera soldée par une visite de soutien aux forces de l’ordre, l’annonce d’un renfort d’un bataillon de gendarmes mobiles et de membres du GIGN avec prolongation du couvre-feu. Répression encore et toujours. Si le caractère de certaines actions violentes peuvent être discutables, elles sont aussi le reflet et la conséquence de la violence coloniale qui sévit toujours avec d’un côté un peuple qui depuis trois siècles connaît la violence du capitalisme sous tous ses versants : esclavage, exploitation, mépris arrogant des békés (colons) et de la métropole, de l’autre côté la révolte des sans droit qui chaque jour lutte pour leur survie.
Notre parti c’est exprimé à plusieurs reprises sur la nature néo-coloniale de la domination française sur les départements et territoires d’Outre mer. Il renouvelle son soutien aux luttes de masse des peuples concernés pour les droits sociaux, la liberté et la justice.

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