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712-14/04/2021 Le projet de loi dit : « climat et résilience » est en discussion au parlement. Ce projet de loi fait suite à la convention citoyenne mise en place par Macron.

Cette convention, au demeurant anti-démocratique, a émis 146 propositions dont l’objectif affiché était de préparer le contenu d’une loi définissant une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) et cela dans un esprit de justice sociale. Cette initiative du pouvoir politique visait à accréditer l’idée d’une consultation démocratique après les manifestations suscitées par l’instauration d’une taxe carbone qui affectait lourdement les couches populaires et salariées.
L’accent mis sur la question du climat et de la transition énergétique est évidemment très politique. Depuis des décennies marquées par des évolutions climatiques et des exigences fortes en matière de conditions de vie et de travail, les idéologues du capitalisme s’emploient à démontrer que les questions climatiques et environnementales sont au dessus des affrontements entre le capital et le travail et qu’elles sont du coup un axe de rassemblement entre exploiteurs et exploités. Dans un contexte où l’émergence d’une critique fondamentale du système d’exploitation capitaliste pointe à nouveau, il s’agit d’enfermer et de contrôler ce mouvement en le polarisant sur les questions d’une transition écologique qui ne remettrait en rien en cause la domination du capital monopoliste sur les affaires du monde.
Du coup, tout le monde fait dans le vert ! La commission européenne y va de son « Green Deal » (le contrat vert) approuvé par la confédération européenne des syndicats (CES).Tous les partis politiques sans exception n’ont que les mots écologie et climat à la bouche, les publicistes et idéologues vantent à longueur de journaux, de télé et de réseaux sociaux les vertus du verdissement de l’économie. Hors du Bio point de salut : l’hydrogène, les bio-carburants, le solaire, l’éolien, l’électrique deviennent les nouvelles idoles de l’idéologie dominante. Exit le charbon, le pétrole, le gaz, les minerais…Tout cela sans aucune mesure de la réalité des besoins en énergie, en acier, caoutchouc, fibres synthétiques, matériaux, médicaments...qui sont pourtant si nécessaires pour satisfaire les besoins des populations et tout cela sans la moindre approche rationnelle des questions posées. Prenons un seul exemple, croit-on vraiment que c’est en substituant les moteurs thermiques pour des électriques que l’on va résoudre le problème de la pollution ? Car comment va-t-on produire l’électricité supplémentaire nécessaire, comment va-t-on fabriquer et avec quoi les batteries nécessaires ..?
Le projet de loi « climat et résilience » est bien à l’image de cette fuite en avant. Si elle ambitionne : « d’introduire des ruptures majeures pour la société française » elle en fait porter le poids et la responsabilité sur les simples citoyens. Un des aspects majeurs de la loi est dans la lutte contre les logements « passoires thermiques ». Certes, il faut lutter contre les logements de cette nature, mais quand dans le même temps le pouvoir liquide le logement social à qui fera-t-il croire que son objectif est dans cette lutte. Rappelons que la loi de 2015 prévoyait la fin des passoires thermiques en 2028. La loi est passée, les passoires demeurent et le nombre de mal-logés et de sans-abris augmente ! En réalité, il s’agit d’ouvrir de nouveaux marchés, largement subventionnés pour le patronat, pour un public captif souvent dans l’incapacité financière d’assumer les travaux, tandis que les bailleurs n’ont pas d’obligation à les faire. Le capitalisme est d’autant plus vert, qu’il adore les subventions, prises sur le budget de la nation. Les salariés, seront sommés d’accepter au nom de « biens communs » : le climat et l’environnement. Comment croire une seconde aux fables du patronat et du pouvoir sur leur volonté de créer de meilleures conditions de vie et de travail quand ils sacrifient sur l’autel des profits les conquêtes sociales collectives des travailleurs comme quand ils privatisent à tour de bras dans l’énergie et les transports et liquident les services publics pour donner libre cours aux profits, comme c’est le cas dans les énergies qualifiées de renouvelables et quand ils sacrifient, au nom de la rentabilité, le maillage des transports collectifs à l’échelle du pays ? De la même façon, comment accepter que la production d’énergie nucléaire soit mise au rancard quand elle est la moins carbonée et représente un atout dans la stabilité et la qualité de la production électrique. Curieusement, les pourfendeurs du nucléaire sont d’une infinie discrétion sur le nucléaire militaire !
Au fond, dans la lutte acharnée que se livrent les monopoles à l’échelle mondiale, la lutte pour le climat, l’environnement et leur traduction dans la transition énergétique ne sont que des prétextes pour redessiner les lignes de forces dans leur affrontement. À la lutte pour le contrôle des sources d’énergies classiques, il faut maintenant y ajouter, celles qui concernent les matières premières nécessaires à une utilisation massive de l’électricité, des bio-carburants et des systèmes électroniques. Or ces ressources comme le lithium, les terres rares(1) , les terres arables...existent en quantités limitées et très localisées. Elles redessinent les zones d’affrontement et de domination des puissances impérialistes.
Ainsi, nous ne devons pas nous tromper de lutte. Il ne peut pas y avoir de solution aux problèmes majeurs que se posent l’humanité au niveau de son existence même, sans mettre fin à la domination du capitalisme. Ce système prédateur de l’homme et de la nature, ne conçoit l’un et l’autre que comme des sources de profits et d’accumulation du capital. Il est donc incapable de répondre aux besoins des peuples. C’est pourquoi la modernité c’est bien celle du combat de classe pour l’abattre et construire une société socialiste dont le seul objectif soit celui du développement humain et de son environnement.

(1)La Chine est le premier producteur de terres rares avec 70% de la production mondiale, suivie de l’Australie avec12 %, des USA 9 %, de la Birmanie 3 % et de la Russie 2 %...

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