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N°782 18/08/2022 Fin juillet, le gouvernement français a présenté son programme de stabilité, document que chaque pays de l’Union européenne doit fournir à ses partenaires pour donner la trajectoire économique et budgétaire de leur pays.

Le texte confirme la priorité absolue de l’exécutif français : travailler plus (réforme des retraites, de l’assurance chômage, contraintes renforcées sur les bénéficiaires du revenu de solidarité active…) sans que cela ne coûte un sou de plus au patronat. Il ne touche évidemment pas aux profits des entreprises, en matière budgétaire, le gouvernement promet une poursuite de la baisse des impôts (suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, suppression de la redevance télé…) et un encadrement de la hausse des dépenses publiques, qui sera limitée à + 0,6 % par an. Dans le détail, l’Etat et les collectivités locales devront réduire leurs dépenses respectivement de 0,4 % et 0,5 % par an.
« On doit réussir à ouvrir tout ce qui peut être ouvert », indiquait récemment le président de la République. Il montre sa détermination d’aller jusqu’au bout dans les attaques antisociales. Le capital domine tout, les multinationales décident, le pouvoir applique avec pour objectif : accroître toujours plus les profits en donnant plus de liberté au patronat pour l’exploitation maximum des salariés.
Alors oui il y a urgence à agir et bloquer les prétentions du patronat et de ses serviteurs.
Une seule réponse : la lutte.
Les mesures dites en « faveur du pouvoir d’achat » adoptées cet été sont une menace pour les finances de la Sécurité sociale, le gouvernement poursuit sa politique consistant à favoriser les primes au détriment des salaires de base, au grand bonheur des employeurs. Ainsi, la « prime Macron », renommée « prime pour le partage de la valeur », est désormais pérennisée et son plafond a été triplé, les employeurs peuvent verser jusqu’à 3 000 euros par an sous cette forme, sans avoir à verser de cotisations sociales patronales.

*En 2018-2019, seules 17 % des entreprises de moins de dix salariés avaient versé la « prime Macron », et seulement 58 % de celles de plus de 1 000 salariés. Ces choix font deux perdants, le salarié à terme et sur sa retraite faute de hausses durables de salaire, l’autre perdant de cette politique des primes est la Sécurité sociale. Ces exonérations de cotisations coûtent cher, d’autres dispositifs contenus dans les deux lois estivales vont également l’appauvrir. Tout d’abord, les cotisations qui pèsent sur les indépendants vont baisser pour 2,2 millions de professionnels et privera la Sécu de 500 millions d’euros par an.

*A cela s’ajoute un renforcement de la défiscalisation et de la désocialisation des heures supplémentaires, avec un plafond d’exonération fiscale plus haut pour les salariés et des cotisations patronales encore réduites. De plus, les salariés pourront transformer des jours de RTT en salaires, ces revenus étant défiscalisés et désocialisés au même niveau que les heures supplémentaires. Avec la loi d’urgence sur le pouvoir d’achat, le manque à gagner pour la Sécurité sociale devrait s’élever à plusieurs milliards d’euros par an. Déjà en 2019, la première vague de défiscalisation des heures supplémentaires avait coûté 3 milliards d’euros, en 2020, 59,9 milliards d’euros de revenus salariés échappaient déjà à la taxation (épargne salariale, mutuelles d’entreprise, chèques-restaurants…). Cette assiette, va progresser et accentuera le manque à gagner, qui s’élèvera à plusieurs milliards d’euros par an.

*La prime d’activité, une prestation sociale, versée aux travailleurs pauvres sera réévaluée, ce n’est pas une perte directe pour la Sécu mais les patrons sont incités à ne pas augmenter leurs employés à faibles salaires, l’Etat s’y substituant… avec des primes.
En théorie ces manques à gagner devraient être compensés par l’Etat(1), qui y affectera d’autres ressources budgétaires (taxes sur le tabac, TVA…), la même chose a été dite pour la redevance télé…
Ce scénario « d’une politique des caisses vides », consiste à réduire volontairement les recettes, puis s’alarmer du déficit et de baisser les dépenses publiques et de préparer la liquidation et la privatisation de la Sécu.
Outre le budget de l’Etat et de la sécurité sociale, le gouvernement met à l’ordre du jour dès la rentrée parlementaire la réforme de l’assurance chômage, s’attaquer au RSA, la réforme des retraites, il faut ajouter le texte sur la « sobriété énergétique », Gérald Darmanin reporte son projet de loi sur l’immigration, pour le remplacer par un débat de deux mois à partir d’octobre. Pour faire passer toutes les réformes, la majorité présidentielle compte « travailler en amont avec la représentation nationale y compris avec des élus qui ne sont pas dans la majorité, nous aurons la même méthode de compromis que pour la loi sur le pouvoir d’achat ».
Le capital peut compter sur l’Assemblée Nationale pour avoir un budget et des réformes à sa botte. Les partis de la majorité présidentielle, LR et le RN sont les trois fers au feu du capital. Quant à la NUPES si verbalement elle attaque le capital, il faudra bien autre chose que des amendements, que des discours à l’Assemblée Nationale. Pour inverser le rapport des forces il faudra lutter contre le capitalisme, ce qui n’est pas à l’ordre du jour ni de LFI, ni du PS, ni du PCF. Faire croire que c’est au parlement que tout sera résolu, qu’il suffit de réformer le capitalisme pour vivre mieux, c’est trompé les travailleurs, la jeunesse. Seule la lutte économique sociale et politique contre le capital permettra de bloquer les attaques contre le peuple et d’imposer un changement de politique. Le monde du travail, la jeunesse, les chômeurs, les retraités doivent riposter de plus en plus fort sur le terrain avec des mobilisations dans la rue, dans les entreprises contre la politique du patronat et du gouvernement. Tout au long de l’été les grèves et manifestations ont été nombreuses et se poursuivent. Grève des transports à Dijon, au Mans… dans les hôpitaux, grève des maitres nageurs jusqu’au 31 aout … voir sur notre site les brèves d’actualités
Des journées d’action sont annoncées :
* 5 et 29 septembre la fédération CGT des services publics dépose un préavis de grève pour les Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles (ATSEM) titulaires, non-titulaires et agents faisant-fonction
* 12 septembre grève chez France Télévisions
* 13 septembre dans l’énergie
* 22 septembre : journée de mobilisation et d’actions des professionnels de santé
* 29 septembre La CGT et Solidaires ont appelé à « une journée de grève interprofessionnelle » pour réclamer des hausses de salaires, des fédérations CGT et des syndicats CGT d’entreprises sont prêt à lutter contre les réformes des retraites, et du chômage.
La convergence des luttes est décisive devant l’attaque globale et généralisée en cours, pour imposer les augmentations de salaires, l’emploi, les prestations sociales, les services publics. Macron et le capital reculeront si le rapport des forces les y contraint, ils le savent et le craignent. Les travailleurs et le peuple représentent une force énorme quand ils agissent ensemble. Dès maintenant les moyens existent pour répondre aux besoins des travailleurs, des jeunes, du peuple, ils sont aux mains des capitalistes. Notre parti est le seul à appeler à mettre fin au système capitaliste, pour construire avec le peuple une société socialiste au service du peuple et seule la lutte politique permettra de s’emparer des moyens de production et d’échange qui seront gérés par les travailleurs pour la satisfaction des besoins de tous. Venez mener cette lutte et la développer avec nous.

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(1)En 2018, le gouvernement a laissé un trou dans les caisses de la Sécu de plus de 2,8 milliards d’euros.

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