Gantry 5

 

N° 784 01/09/2022 « Fin de l’abondance et de l’insouciance » sont les premiers mots du président de la République au premier Conseil des ministres, juste une semaine après sa prise de parole appelant à « accepter de payer le prix de la liberté »,

Macron confirme que la rentrée se fera sous le signe des « efforts » et des « sacrifices ». Faire référence à « l’abondance » les plus de 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, les 3,18 millions de demandeurs d’emplois sans activité et les millions de travailleurs qui peinent à boucler les fins de mois apprécieront. Quel mépris de classe !
D’un côté les prix alimentaires flambent à plus de 20 %... De l’autre les profits explosent : la distribution de dividendes versés par les multinationales atteint un record dans le monde (544 milliards de dollars), et en France 44 milliards d'euros au 2ème trimestre en France, tirés par l'énergie, la banque et l'automobile. BNP Paribas arrive en tête en France et à la 6ème place mondiale avec 4,8 milliards d’euros versés, devant Sanofi : 4,4 milliards, Axa : 3,8 milliards…
Persistance de la guerre en Ukraine, canicule, incendies, sécheresse et orages dévastateurs, flambée des prix, les sujets à l’agenda du gouvernement sont nombreux et ce mercredi Elisabeth Borne a défini les priorités dont 15 milliards pour le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, l’examen du projet de loi des finances et le projet de loi du financement de la sécurité sociale. La première ministre précisant « ni hausse de dette, ni hausse d’impôts ». Face aux dégâts de la sécheresse, à la catastrophe sociale et économique, son orientation est claire: faire payer les travailleurs et le peuple.
A la traditionnelle Rencontre des Entrepreneurs de France, la rentrée du Medef, le gouvernement a été plein d’attention pour les patrons.
D’Elisabeth Borne à Bruno Le Maire en passant par Dussopt et Attal, la macronie a envoyé ses ténors à cette rencontre. Le patronat peut être rassuré: l’idée d’une taxation des profits réalisés par le CAC 40 a été mise de côté, la baisse des impôts de production est confirmée et la hausse générale des salaires n’est toujours pas à l’ordre du jour…
*Invitée d’honneur de la rentrée du Medef, la Première ministre n’a pas contrarié le patronat, à qui elle a promis la poursuite des réformes et des baisses d’impôts.
*Gabriel Attal, ministre chargé des Comptes publics, a confirmé que le gouvernement s’apprêtait à baisser la fiscalité sur les entreprises, dans le projet de loi de finances à l’automne. « Je le dis devant vous aujourd’hui : nous baisserons les impôts de production (10 milliards d’euros), nous supprimerons la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises CVAE (8 milliards de recettes fiscales».
*Le ministre du Travail, Olivier Dussopt a réaffirmé que le gouvernement ne voulait pas de politique de revalorisation générale des salaires
*Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, «Je ne sais pas ce que c’est que les superprofits, je sais que les entreprises doivent être profitables, c’est tout ce que je sais.» et de trancher : «Taxer plus en France, c’est produire moins en France(1) et droit dans ses bottes il dit «Tenir bon sur la ligne de politique que nous avons engagée depuis 2017 avec le président de la République et qui se résume très simplement en une politique de l’offre. Notre politique, c’est moins d’impôt, plus de travail, plus de richesses pour tous les Français.»
*Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef est satisfait sur les relations entre le patronat et le gouvernement et sur la «liste de demandes» du Medef mis en œuvre, il a jugé que «globalement, le message général semble avoir été entendu». C’est bien le capital qui dicte la politique du gouvernement.
Pas de « Fin de l’abondance et de l’insouciance », pour ceux qui ont toujours été les seuls à en bénéficier: le grand patronat. Le prix de cette « abondance » est en effet devenu exorbitant(2), comme le montant de la facture énergétique de la France, soit la part du déficit commercial liée aux importations de charbon, de pétrole, de gaz et d’électricité s’est élevée à 48 milliards d’euros au premier semestre de cette année : un record(3).
Le président Emmanuel Macron réunira ce vendredi un Conseil de défense consacré à l'approvisionnement en gaz et en électricité de la France.
Le Président et le gouvernement sonnent aujourd’hui la mobilisation, il explique que la crise énergétique c’est la guerre en Ukraine. Il faut être clair: la crise d'approvisionnement électrique en France n'est en aucun cas due à la guerre en Ukraine(4). Il y a quatre ans le président Macron fermait Fessenheim, une centrale nucléaire entièrement modernisée et actait la fermeture de 14 réacteurs nucléaires(5) d'ici 2035, l’arrêt du programme Astrid de production d'électricité par les déchets des premières centrales, toutes ces décisions politiques ont contribué à un affaiblissement majeur de la qualité d'approvisionnement électrique dont nous payons le prix aujourd'hui.
Les Français et les petites entreprises françaises vont payer, dans les prochains mois et les prochaines années, 20 ans de politique et de propagande antinucléaire exacerbée par l’enjeu de profits juteux dans le renouvelable, par des jeux d'accord politiciens… Cette filière industrielle pèse 200.000 emplois directs et indirects auxquels il faut ajouter 200.000 emplois induits. C'est donc un acteur majeur de l'emploi en France. Grâce au nucléaire la France disposait encore en 2020 d'une électricité des moins chers d'Europe.
Les ménages français en sont réduits à se demander concrètement comment ils vont passer l’hiver et il faudrait se préparer à payer et au prix cher, la situation, au nom d’une « union sacrée » face à la crise provoquer par une politique au service du capital!
Cet appel aux « Français » et au « peuple » masque mal le clivage entre ceux qui vont effectivement devoir se serrer la ceinture et la minorité qui continuent de s’engraisser.
Des journées d’action sont annoncées :
* 5 et 29 septembre la fédération CGT des services publics dépose un préavis de grève pour les Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles (ATSEM) titulaires, non-titulaires et agents faisant-fonction, les pompiers
* 12 septembre grève chez France Télévisions
* 13 septembre dans l’énergie
* 22 septembre : journée de mobilisation et d’actions des professionnels de santé
* 29 septembre La CGT et Solidaires ont appelé à « une journée de grève interprofessionnelle » pour réclamer des hausses de salaires.
Les raisons de se mobiliser ne manquent pas, ni la colère. Alors que le gouvernement cherche à nous faire accepter à des attaques toujours plus violentes, il faut donc une riposte à la hauteur. Les travailleurs anglais montrent que la grève est un outil central de la lutte des classes.
Toutes les interventions de Macron et du patronat expriment cette crainte de la lutte et ils tentent de rassembler les forces politiques et sociales dans un "agenda social" de rentrée comme le Conseil National de la Rénovation qui se réunira le 8 septembre afin de continuer à intégrer les organisations syndicales, politiques et les salariés dans leur stratégie.
Au plan politique, comme au plan social, le capital et le pouvoir craignent l'expression revendicative des mécontentements et leur convergence dans un mouvement social plus profond. Les media s'emploient à détourner l'attention des salariés des vrais problèmes avec un seul but : tout faire pour anesthésier toute idée de changement possible, museler le mouvement social. Dans ce rôle on trouve les partis politiques, au service du capital comme Macron, Renaissance, Le Modem, le LR et le RN. D’autres comme la France Insoumise, le PCF(6), le PS, les Verts disent vouloir changer en gesticulant à l’Assemblée nationale, mais ils ne mettent nullement en cause le capitalisme, ils s’en accommodent, ils lui laissent les mains libres pour continuer à exploiter le peuple.
On ne peut pas changer de politique sans s’attaquer fondamentalement au capital. Il faut lutter pour cela quotidiennement, pour utiliser les richesses créées, aujourd’hui aux mains exclusives du capital, développer une industrie qui réponde aux besoins considérables d’équipements, un système de santé unique financé par les richesses créées, une éducation nationale consacrée au développement de la société, un monopole national de la recherche et du développement, des services publics répondant aux besoins du peuple…
Rien ne se fera sans lutte politique pour débarrasser la société des nuisances du capital. Cela doit se faire en expropriant les moyens de production et en les plaçant sous le contrôle des travailleurs salariés. La lutte permanente contre le système capitaliste jusqu’à l’abattre est la seule solution pour changer totalement de politique en France. C’est la perspective que porte notre Parti Révolutionnaire Communistes et pour laquelle il lutte.
Renforçons le Parti Révolutionnaire Communistes pour mener ce combat

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(1)Le déficit manufacturier s’élève à 36 milliards d’euros pour les six premiers mois de l’année, alors qu’il oscillait entre 15 et 19 milliards avant la crise sanitaire…. L’inflation des aides n’a pas empêché le déficit commercial d’explorer des abysses toujours plus profonds, les parts de marché des entreprises françaises à l’export continuent à s’effriter ou la recherche et développement de stagner.

(2)Les gouvernements successifs ont empilé les dispositifs et distribué les milliards aux entreprises sans contrepartie : crédit d’impôt recherche (6 à 7 milliards d’euros par an depuis 2009), CICE (107 milliards d’euros entre 2014 et 2019 avant sa pérennisation sous forme de baisse des cotisations patronales), baisse de l’impôt sur les sociétés (11 milliards sur la période 2017-2022), baisse des impôts de production (10 milliards par an depuis 2021, avant une nouvelle tranche supplémentaire de 7 milliards annoncée pour 2023). Même la réforme de l’ISF a été menée au nom de l’attractivité de l’économie française…

(3) Il faut rappeler que grâce au nucléaire le prix spot était en France en 2020 à 32,2 euros le mégawattheure, avec la crise du gaz qui a débuté en 2021 en raison de la faible production des éoliennes en Europe le prix spot a atteint 109 euros le mégawattheure en moyenne sur l'année et le marché a terme a fixé un prix spot à 1000 euros le mégawattheure à échéance 2023. Le marché de l'électricité devient extrêmement spéculatif

(4)La France n'important que 16% de son gaz de Russie est beaucoup moins impactée par la guerre en Ukraine mais par contre subit de plein fouet l'explosion du prix de l'électricité dû à la pénurie de production généralisée en Europe et à l'explosion du prix du gaz.

(5)L’urgence aujourd'hui c'est une loi d'abrogation de la loi de fermeture de 14 réacteurs nucléaire et d'accélération de production de la filière nucléaire.

(6) 5 ministres de Macron vont participer à la fête de l’Humanité

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