N° 787 22/09/2022 Après une pause de deux mois, destinée à organiser la nouvelle Assemblée nationale, le calendrier de la rentrée parlementaire s’annonce chargé :
⁕ 3 octobre, après un débat « sur l’Ukraine et ses conséquence en France », étude du projet de loi gouvernemental sur l’assurance-chômage.
⁕ 10 octobre : budget 2023.
⁕ 20 octobre : projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
⁕ 14 novembre: projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI).
⁕ 5 décembre : projet de loi relatif à l’accélération des énergies renouvelables.
L’objectif de Macron, pour répondre aux injonctions du Medef, est d’accélérer la mise en place des réformes. Le calendrier de l’Assemblée Nationale est établi pour que, les réformes soient actées le plus rapidement et pour que celle des retraites puisse entrer en vigueur dès l’été 2023, c’est la raison pour laquelle Macron veut faire passer cette réforme via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sans exclure le recours à l’article 49.3 pour légiférer (pour les textes budgétaires le gouvernement peut se servir du 49.3 autant de fois qu’il le souhaite).
Pour justifier cette réforme Macron s’appuie sur le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui prévoit que le système après avoir été bénéficiaire en 2021 (900 millions) et en 2022 (3,2 milliards) pourrait être à nouveau déficitaire en 2023.
Le mythe du système déficitaire a été développé par Macron lors de la campagne présidentielle de 2022, où il a inscrit dans son programme l’allongement de l'âge légal de départ pour « sauver le système de retraites, ce système est déficitaire ». En 2017, les arguments n’étaient pas les mêmes et c’était par souci de « transparence » et « d'équité » qu’il fallait réformer les retraites, il ajoutait même qu'il n'y avait « aucune raison financière de le modifier ». Il lui aurait suffi d’un quinquennat pour rendre le système déficitaire ?
Les raisons données par Macron de cette réforme, le 12 septembre lors d’une rencontre avec des journalistes de l’Association de la presse présidentielle : faire travailler les Français plus longtemps, c'est dégager des moyens pour financer par les économies réalisées par le biais de la réforme des retraites des grands chantiers : la santé, l'éducation, la dépendance, la transition écologique...
Pour arriver à avoir un consensus sur le dossier des retraites, Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, a reçu deux lundis de suite « les partenaires sociaux », quant à la première ministre, E. Borne, elle a reçu mercredi et jeudi les présidents des groupes de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Le Medef et les organisations patronales ont donné leur accord complet tant sur la méthode que sur le fond, « il y a deux sujets sur lesquels on n’est pas d’accord avec les syndicats : la retraite et l’assurance chômage, on passe la main à l’Etat. L’assurance chômage est prioritaire et on peut en discuter avec les syndicats réformistes ». L. Berger a annoncé que la CFDT quitterait Le Conseil National de la Refondation si la réforme passait par le PLFSS, la CFDT sera en « opposition frontale » tout en ajoutant que son syndicat avait toujours su accompagner les réformes : celles de 2003, comme celle de 2013. FO et l’Unsa promettent que le gouvernement les trouvera sur sa route pour les mêmes raisons que la CFDT, mais pour eux une réforme des retraites est indispensable. La CGT menace de rentrer dans la confrontation sociale et de couper toute discussion avec le gouvernement. Quant aux partis politiques, ceux de la majorité présidentielle sont réticents sur la méthode employée, Bayrou a annoncé qu’il voterait contre, plusieurs élus Renaissance regrettent que la réforme passe par un amendement et « l’éventuel » passage en force. LR juge la réforme des retraites nécessaire, mais fustige la façon de faire. Le RN réclame « un vrai projet de loi » qui soit débattu à l'Assemblée nationale sans cela il votera contre et déposera une motion de censure en cas d’utilisation du 49.3. LFI menace aussi de déposer une motion de censure si le gouvernement utilise l’article 49.3 que ce soit pour le budget 2023 ou pour une réforme des retraites via le budget de la Sécurité sociale.
Ces velléités de s’opposer à un allongement de l’âge de départ masquent mal que le déficit est acté comme une réalité incontournable, inévitable, s’il n’y a pas de réforme, donc il faut réformer ! Après la réforme des retraites c’est la réforme de la Sécurité sociale qu’il prépare, il est de plus en plus question des déficits abyssaux de la Sécurité sociale : 30 milliards en 2020, 26 milliards en 2021, 19 milliards de prévus en 2022. L’assurance maladie a présenté en juillet des mesures pour freiner ses dépenses à hauteur de 1,2 milliard d’euros l’an prochain.
Recul de l’âge de départ à la retraite, augmentation des annuités, casse de la Sécurité sociale, massacre de l’hôpital public, l’augmentation des profits du capital se paye au prix de reculs sociaux. L’argent existe pour partir à la retraite au plus tard à 60 ans, après 37, 5 annuités. L’argent existe pour développer un système de santé au service des besoins de la population et pas pour imposer la sobriété sanitaire, comme le propose le ministre de la santé, F. Braun, qui lancera le 3 octobre « un grand débat » sur le système de santé : "on l’appellera CNR (!) Santé", car ce sera une déclinaison thématique du Conseil National de la Refondation, en attendant le ministre ferme des urgences, des maternités, des lits d’hospitalisation, ne crée pas de postes à la hauteur des besoins, à la dernière estimation c’est 60 000 postes d’infirmièr(es) qui manque dans les hôpitaux publics, les Ehpad…
Macron a multiplié les exonérations des cotisations sociales qui en 2021 s’élevait à 38 milliards, le CICE (Crédit d’Impôt pour la compétitivité et l’Emploi) c’est plus de 100 milliards d’euros alloués aux entreprises, à travers ce dispositif en défiscalisant et désocialisant les heures supplémentaires, 600 millions pour la prime exceptionnelle, sans oublier la hausse de la prime d’activité qui est passé de 3000 € à 6000 € et l’élargissement du nombre de bénéficiaires, cette prime n’est pas du salaire et n’induit donc pas de cotisation sociale.
En 2022, comme chaque année Challenges a établi (en août) le classement des plus grandes fortunes françaises, Bernard Arnault (président directeur général de LVMH) fortune estimée à 158 milliards $ est l’homme le plus riche d’Europe et la 3ème personne la plus riche du monde. A elles seules, les 10 plus grandes fortunes françaises pèsent plus de 500 milliards €. Le Covid-19 n’a pas affecté leur fortune au contraire, la plupart des grandes fortunes de l’Hexagone ont vu leur richesse s’accroître
Le capitalisme génère des fortunes colossales par l’exploitation des peuples et par temps de crises creuses des inégalités tout aussi colossale, il ne partage rien il prend tout. Une personne meurt de faim dans le monde toutes les quatre secondes. 238 ONG venant de 75 pays, ont signé une lettre ouverte publiée à l'occasion du début de la réunion annuelle de l'assemblée générale de l’ONU, « pour exprimer leur indignation à l'explosion du nombre de personnes souffrant de la faim et pour faire des recommandations, alors que 345 millions de personnes dans le monde souffrent de faim aiguë, un nombre qui a plus que doublé depuis 2019 ». En 2006, l'association Action contre la Faim affirmait déjà qu'une personne mourrait de la faim toutes les quatre secondes dans le monde, c’est un recul de près de 20 ans.
Le capitalisme dirige notre pays comme le monde entier. Il est responsable de la situation en France, des baisses des salaires, des difficultés à se nourrir, se loger, se soigner. Pour réaliser plus de profits il a besoin d’exploiter et de surexploiter les travailleurs.
Face aux difficultés quotidiennes, le mécontentement ne va pas s’arrêter, les luttes non plus. Le pouvoir, le MEDEF le savent, ils cherchent les moyens de bloquer les possibilités de développement d’un mouvement important qui pourrait les mettre en difficulté dans leur objectif.
Le gouvernement et le patronat ont été par le passé contraints par les travailleurs en grève dans les entreprises dans tout le pays d’accorder des avancées sociales importantes, ce fut vrai en 1936, en 1945, en 1968.
Aujourd’hui des grèves s’organisent dans les entreprises, des appels à la grève se multiplient dans des secteurs entiers de l’économie, dans l’énergie, les transports, dans la fonction publique, le 22 septembre la santé et l’action sociale appellent à une grève contre le massacre de l’hôpital public ça nous concerne tous. Le 29 septembre la CGT, Solidaires, FSU, des organisations de jeunesse, ont appelé à une journée interprofessionnelle de grève et d’action pour exiger l’augmentation générale des salaires. Faisons du 29 septembre une journée qui mobilise largement, bloque la production. Il faut faire grandir partout les luttes et les faire converger et créer un rapport de force favorable aux salariés.
Notre parti est dans les luttes, nous en soutenons les initiatives. Il faut en même temps mener la bataille politique contre le capitalisme, appeler au changement révolutionnaire de la société visant à abattre le système d’exploitation capitaliste.