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N° 799 15/12/2022 Lundi, Emmanuel Macron a annoncé le report de la présentation de la réforme des retraites qui devait avoir lieu le 15 décembre.

Motifs : les élections professionnelles et le renouvellement des directions d’EELV, des Républicains et de LFI, il s’agirait pour Macron « d’avoir quelques semaines de plus pour que celles et ceux qui (…) viennent de prendre des responsabilités puissent, sur quelques éléments-clés de la réforme, échanger avec le gouvernement ». Est-ce de la fébrilité pour le gouvernement comme certain le suggère. Non, Macron veut avancer vite sur la réforme des retraites, il reporte l’échéance au 10 janvier, pour mieux foncer, le calendrier est prêt, il trouve seulement le moyen de reculer au maximum la préparation d’une mobilisation sociale contre le projet. Le ministre de l'Economie a écarté toute forme de "recul". "Je veux être très clair, nous tiendrons le calendrier des retraites", a martelé Bruno Le Maire au micro de CNews ce mercredi.
Du côté des oppositions parlementaires, si le RN a une position hypocrite mais conforme aux intérêts du patronat(1). Les Républicains qui viennent d’élire Eric Ciotti à leur tête, compte bien poser leurs conditions avant de s’allier au gouvernement. Ciotti, c’est le courant le plus droitier de LR. Il a déclaré que son parti ne voterait pas de motion de censure à court terme et a confirmé qu’il voterait vraisemblablement pour la réforme des retraites, point commun avec Macron, les attaques à mener contre les travailleurs. Sur la forme, le gouvernement n'a pas encore tranché sur la méthode, il souhaite, faire adopter le texte en l'intégrant à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif (PLFSSR). L'avantage de cette solution permet d’avoir recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer une loi sans vote du Parlement. L’urgence est donc à la mobilisation dans les entreprises, dans la rue dès maintenant.
Côté syndical, pour l’instant, toutes les organisations se disent opposées à la réforme mais reste l’arme au pied. La semaine dernière, l’intersyndicale regroupant tous les syndicats de salariés annonçait vouloir « construire ensemble les mobilisations passant en particulier par une première date de mobilisation unitaire avec grèves et manifestations en janvier ». Le gouvernement fait le pari que les directions syndicales n’annonceront rien avant les vacances en l’absence de projet sur la table, les organisations syndicales le rassurent, rien avant janvier.
Selon Les Echos : Macron « a demandé, en plus de tout le travail de concertation que fait la première ministre, à François Bayrou, patron du Modem, et Stéphane Séjourné, patron de Renaissance, de prendre langue avec [Laurent Berger] pour le convaincre de baisser d’un ton, ou mieux de se désolidariser des autres centrales sur les mobilisations à venir. » La CFDT assume : « On attendra l’annonce réelle de la réforme, donc le 10 janvier maintenant, à moins que ce soit une nouvelle fois décalé. Et puis on va prendre les décisions en conséquence. Mais pour la CFDT, s’il y a le report de l’âge légal, il y aura la même réaction en janvier qu’il y aurait eu en décembre » a expliqué Yvan Ricordeau sur France Info. La CFDT propose de retarder encore la mobilisation. Dans Libération, la CGT explique le report comme un signe de « fébrilité », tandis que la CFE-CGC estime que le gouvernement est « très inquiet de ce que va être la mobilisation en janvier ».
Tout cela arrange le gouvernement, qui craint l’embrasement dans une situation où se mêlent rejet de sa réforme, hausse des prix et crise énergétique… L’heure est à la préparation d’une contre-offensive qui lie la bataille contre les retraites(2) à la lutte pour les hausses des salaires(3), autour de laquelle des millions de travailleurs se sont mobilisés ces derniers mois.
Emmanuel Macron s'en tient à sa promesse de campagne de décaler l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans en 2027 et 65 ans en 2031. La feuille de route :
* ou décaler l'âge légal à 64 ans tout en accélérant la réforme de 2014 qui prévoit une augmentation de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, comme l'ont évoqué dans la presse Elisabeth Borne et le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
*Les fonctionnaires qui occupent un emploi présentant un risque particulier ou des fatigues exceptionnelles leur permettant de partir cinq à dix ans avant l'âge légal, attendront, policiers, administration pénitentiaire, contrôleurs aériens… eux conserveront un droit de départ précoce mais l'âge de départ sera décalé au même titre que celui des autres actifs !
*Le gouvernement compte supprimer les régimes dits "spéciaux" permettent aux bénéficiaires de partir à la retraite avant l'âge légal, comme celui de la RATP et des Industries électriques et gazières (IEG), la clause "grand-père" sera privilégiée, cela signifie que les avantages liés à ces régimes seront supprimés pour les nouveaux embauchés.
*Avec seulement 30 % des 60-64 ans encore en emploi en France (contre 70 % en Suède et plus de 60 % en Allemagne), le gouvernement souhaite créer un "index seniors" sur le modèle de l'index de l'égalité professionnelle femmes-hommes(4), afin de mesurer l'effort des entreprises en matière de recrutement, de formation et d'emploi des seniors !
*Dans Le Parisien, Elisabeth Borne dit revoir le dispositif de la retraite progressive, qui permet de toucher une partie de sa retraite tout en travaillant à temps partiel et se dit prête à l'élargir à la Fonction publique, idem le dispositif de cumul emploi-retraite consistant à poursuivre une activité professionnelle tout en touchant sa pension de retraite : toujours en tête le "Travailler plus".
*L'exécutif envisagerait par ailleurs de créer un droit au congé de reconversion pour les salariés les plus exposés à l'usure professionnelle, en allouant les fonds destinés à la prévention de l'usure professionnelle, sans augmentation des cotisations des entreprises…
Le gouvernement manœuvre craignant l’embrassement dans une situation où se mêlent crise énergétique et hausse des prix, raison de plus pour que la lutte soit à l'ordre du jour. L’heure est plus que jamais à la lutte convergente tous ensemble. Les travailleurs et le peuple sont le nombre, ensemble ils représentent une force à laquelle rien ne peut s’opposer. L’union est indispensable au développement de notre combat pour obtenir un changement de politique mais pour être efficace elle doit se réaliser sur une base claire. Bloquer l’économie c’est le seul langage que comprend le capital pour faire mal à ses profits. Son seul et unique but est d’exploiter le travail salarié et de s’accaparer des richesses par n’importe quel moyen pour son profit. Le capitalisme n’est pas « aménageable ». C’est uniquement par la lutte que chaque avancée sociale obtenu lui est imposé et il en sera ainsi tant que ce régime durera. Dans les luttes pour les revendications nous posons en même temps la question d'en finir avec le capitalisme et la nécessité de la construction d'une nouvelle société, le socialisme. Pour cela l’existence d’un parti révolutionnaire est une nécessité absolue et c'est le sens de notre appel à le renforcer.

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(1)Il propose168 trimestres, soit 42 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 24 ans et au-delà. C’est un an de moins que ce qui est prévu aujourd’hui pour les générations nées en 1973
(2)Repousser l’âge de la retraite est une mesure majoritairement impopulaire: seulement 22% des Français souhaitent reculer l’âge de départ à 65 ans. Dans un contexte de protestation contre la réforme des retraites, une majorité de Français n’est pas défiante vis-à-vis du mouvement social à venir : 56% d’entre eux affirment le soutenir ou avoir de la sympathie à son égard.
(3)Sur les salaires :
54% des salariés envisagent de demander une augmentation de salaire lors de leur entretien annuel
64% des salariés envisagent de demander une augmentation de salaire en 2023
44% des salariés français s’estiment « sous-payés »
78% des salariés souhaiteraient une hausse des salaires proportionnelle à l’inflation
(4) En 2019, le revenu salarial des femmes reste inférieur en moyenne de 22 % à celui des hommes, il était de 28 % en 2000. En 20 ans seulement 6% de progression !

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