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N° 803 12/01/2023 La Première ministre l’a répété comme une idée fixe lors de la présentation de son projet de réforme des retraites : c’est « une réforme de justice, d’équilibre et de progrès ».

Entourée des ministres de l’Économie, du Travail et de la Fonction publique, elle s’est lancée dans un exercice de pédagogie pour tenter de convaincre du bien-fondé d’une réforme qu’elle sait impopulaire, 80% des Français y sont opposés car celle-ci les touchera tous, qu’ils soient salariés, indépendants, fonctionnaires ou retraités. Pour camoufler cette attaque d’ampleur contre l’ensemble du monde du travail, Elisabeth Borne a passé le plus clair de son discours à détailler de fausses promesses :
*Elle a promis une meilleure prise en charge des carrières longues, en déclarant que ceux qui ont commencé à travailler entre 16 et 20 ne seront pas concernés par la retraite à 64 ans… Actuellement le dispositif des carrières longues (4 ou 5 trimestres validés avant l’année des 20 ans) permet de partir à 60 ans. Ce principe sera maintenu, mais avec le recul de l’âge légal à 64 ans, les retraites « carrières longues » ne pourront donc être prises qu’à 62 ans : un travailleur qui a commencé à 18 ans devra donc cotiser 44 ans !
*Les salariés entrent de plus en plus tard sur le marché du travail selon les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), les carrières longues ceux qui sont nés en 1970 ne seront plus que 10 % à pouvoir le faire et 5 % pour la génération 1975.
*Un salarié commençant à travailler à 23 ans parce qu’il a fait des études longues devra de toute façon, avec les règles actuelles, attendre 66 ans pour ouvrir ses droits sans subir de décote, il ne suffit pas d’avoir commencé jeune, il faut également faire valoir une durée minimale d’assurance cotisée.
*Suppression des régimes spéciaux pour les entrants. Elle s’est bien gardée d’évoquer qu’il faudra travailler deux années supplémentaires pour toutes et tous ceux qui conservent leurs régimes spéciaux et subiront aussi l’accélération de la réforme Touraine de 2014… Les agents de la RATP et des industries électriques et gazières (IEG) apprécieront les mots du ministre du Travail sur « l’archaïsme » de ces régimes, et ceux du ministre de l’Économie qui déclarait « moins d’un problème financier que d’équité » ! Les salariés sont appelés à la grève dès le 19 janvier jusqu’au retrait de la réforme.
*Les « catégories actives » de la fonction publique conserveront leurs aménagements, avec là encore un décalage de deux années de travail supplémentaire. Pour les aides-soignants, les égoutiers, les éboueurs, mais aussi et surtout les surveillants pénitenciers, la police et l’armée. Les syndicats de police ont annoncé qu’ils défileront le 19 janvier.
*Il en va de même pour les mères bénéficiant de huit trimestres de majoration accordés pour chaque enfant, elles pouvaient espérer quitter leur emploi plus tôt, elles feront deux années de travail supplémentaire…
*Avec cette réforme le gouvernement s’attaque de front à l’ensemble des travailleurs et vise en premier lieu les plus précaires, 29% des travailleurs les plus pauvres sont déjà morts à 60 ans.

L’augmentation de la retraite minimum ! C’est un mensonge
Une augmentation à peine au niveau de l’inflation et qui dépasse de peu le seuil de pauvreté, fixé à 1128 euros. Cette pension minimale ne concernera pas l’ensemble des retraités, pour en bénéficier il faudra avoir cotisé le nombre de trimestres nécessaires, ce qui exclut les travailleurs ayant connu de fortes périodes de chômage et de précarité, avec des carrières hachées…Dès lors, plus de 60% des retraités les plus pauvres ne recevront pas la pension minimale fixée à 1200 euros. Aucune mesure n’est prévue pour ces petites retraites, qui vivent aujourd’hui avec l’Allocation de Solidarité aux personnes âgées (ASPA), fixée à 916€ pour une personne seule, et 1400€ pour un couple, rien n’est proposé et ils resteront sous le seuil de pauvreté.

Autre mensonge agité pour faire avaler la réforme, la pénibilité(1)
serait mieux prise en compte dans les années à venir.
*Sous la pression du Medef, trois des quatre critères (port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques) ont été supprimés par Emmanuel Macron en 2017 et ne seront pas réintroduits dans la loi. Quant au quatrième critère supprimé – exposition aux risques chimiques qui provoquent des maladies à long terme – il passe complètement sous les radars d’où la colère des salariés de la chimie qui appellent à des journées d’action à partir du 19 janvier.
Le gouvernement propose un « fond pour la prévention », destiné à « des actions de sensibilisation, prévention et reconversion », ainsi qu’une visite médicale obligatoire à 61 ans pour permettre aux inaptes de partir en retraite anticipée !

Encore un mensonge : La réforme est financièrement indispensable !
Agitant le chiffon rouge des 150 milliards d’euros de dette dans les dix ans à venir « si on ne fait rien ».
Nombre d’économistes de tous bords et le COR lui-même ne jugent pas la dette incontrôlée, encore moins catastrophique.
Le gouvernement veut réformer le système des retraites pour en limiter le déficit au moment même où il affiche un excédent budgétaire pour la seconde année consécutive : 3,2 milliards d’euros en 2022, après les 900 millions d’euros dégagés en 2021.
Les politiques de maîtrise de la masse salariale dans les fonctions publiques hospitalières et territoriales, par exemple le gel du point d’indice, revalorisation en dessous de l’inflation, la hausse de la part de primes qui, elles, ne sont pas soumises à certaines cotisations, réduction ou faible augmentation des effectifs, etc., tout ceci réduit le volume des cotisations collectées. Cadeaux et réduction des cotisations patronales, les exonérations de cotisations sociales étaient estimées à 75 milliards d’euros pour l’année 2022. Voir tract janvier 2023.

D’après le COR : Les dépenses diminuent tandis que le nombre de retraités augmente. Pourquoi ?
*Parce que les pensions sont en baisse. « Depuis 2017, de nombreux retraités ont subi une baisse de 9,6 % leur pouvoir d’achat, le taux de pauvreté des retraités a nettement augmenté ces dernières années, passant de 7,6 % en 2017 à 9,5 % en 2019, selon l’Insee.
*De nombreux Français connaissent une période de chômage avant de pouvoir toucher leur pension. Ils se retrouvent plus ou moins longtemps dans une zone grise, où ils ne sont ni en emploi, ni à la retraite. C’est le cas de 27,7 % des Français âgés de 61 ans, qui se retrouvent à dépendre de la solidarité nationale : indemnité invalidité, allocation chômage ou minima sociaux (ASS, ou RSA).
*en 2010, lors du passage à 62 ans, la réforme a fait augmenter le taux d’ouvriers ni en emploi, ni en retraite de 16 points entre 60 et 61 ans. Résultat, en 2019, à 61 ans, le taux d’emploi des ouvriers est de 28 % tandis que celui des ouvriers « ni, ni »(2) est de 35 %.

On vit plus longtemps, donc il faut travailler plus longtemps ?
L’espérance de vie se réduit aux États-Unis, elle se stabilise en Europe. Chez les hommes, en France, un ouvrier vit en moyenne sept ans de moins qu’un cadre. C’est le plus gros écart de l’Union européenne.
Même si l’on vit relativement longtemps en France, on ne nous dit pas que le ratio d’espérance de vie en bonne santé est de 50 % pour un Français en moyenne alors qu’un Suédois peut espérer passer 75 % de sa durée de vie à la retraite sans incapacité. Des conséquences désastreuses pour de nombreuses personnes qui devront attendre, sans emploi ni retraite, de pouvoir accéder à une pension. Certains seront pris en charge par d’autres filets de sécurité : revenu de solidarité active (RSA), allocations chômage ou invalidité… Le gouvernement le sait, la Dares, le service statistique du ministère du Travail écrit dans un rapport en avril 2022, seulement 56,1 % des 55-64 ans étaient en emploi en France au 4e trimestre 2021, plaçant notre pays en queue de peloton, juste devant l’Espagne, l’Italie et la Roumanie. Pire : s’il se maintient autour de 75 % pour les 50-59 ans, le taux d’emploi s’effondre littéralement en France après 60 ans : seulement 35,5 % pour les 60-64 ans. Un constat encore aggravé lorsqu’on le détaille par catégorie sociale : à 61 ans, 61 % des cadres sont en activité, contre 28 % des ouvriers.
Cela revient à les précipiter, en attendant la retraite, vers des situations de chômage ou de précarité.
L’impact sur les dépenses de l’assurance chômage d’un éventuel relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite : 1,3 milliard d’euros», pour les pensions d’invalidité 1,8 milliard d’euros avec 160 000 bénéficiaires de plus.
*64 ou 65 ans ? «Ni l’un, ni l’autre », répondent les salariés. La très grande majorité des ouvriers aspirent à quitter la vie active le plus tôt possible. En 2021, six non-retraités sur dix souhaitaient partir à la retraite à 60 ans ou avant, pour un grand nombre, cela n’a rien d’un choix : cassés par le boulot, mis à la porte par leur employeur, condamnés à pointer à Pôle emploi, ils ne peuvent pas travailler plus longtemps.

Patronat et pouvoir vont vite, ne les laissons pas faire !
Dès le 23 janvier, la réforme sera proposée au Conseil des ministres, via un projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale, pour être discutée à l’Assemblée nationale à partir du 6 février. Le gouvernement veut s’éviter de longs débats à l’Assemblée nationale et utiliser le 49.3 ou la limitation du temps parlementaire prévue par l’article 47-1 de la Constitution. Elisabeth Borne compte sur la droite, elle a multiplié les allusions aux Républicains, d’accord pour voter la loi au Parlement, plusieurs des ses propositions sont reprises. Le gouvernement est déterminé à agir vite et fort, le temps presse de construire un plan de bataille pour le faire reculer. Contre cette attaque d’ampleur contre le monde du travail, il faut se saisir de la première journée de grève interprofessionnelle fixée au 19 janvier pour construire la mobilisation et amener à la reconduction de la grève.

Une offensive contre des conquêtes ouvrières.
Ça ne se joue pas au parlement comme nous le font croire la NUPES mais aussi le RN Jordan Bardella le président du Rassemblement national, a indiqué vouloir "prendre la tête de l'opposition à la réforme des retraites" mais n'appelle pas à manifester. Marine Le Pen a fait part mardi de sa "détermination pour faire barrage" à la réforme "injuste" des retraites mais le maire de Béziers (RN) s'est dit favorable à la retraite à 64 ans. Déclaration conforme au nouveau programme du RN sur les retraites.
Pour les faire reculer développons la lutte de plus en plus fort, des grèves partout, tous ensemble,
En régime capitaliste aucune avancée sociale n’est acquise de façon définitive. La lutte quotidienne pour la défense des conquêtes sociales, pour la satisfaction des revendications immédiates est une nécessité absolue. Les multinationales capitalistes ont mis Macron en place pour maintenir son pouvoir, ses profits, le capitalisme repart en permanence à l’attaque pour reprendre ce qu’il a dû concéder et aller le plus loin possible dans l’exploitation et la régression sociale, c’est le capitalisme qu’il faut combattre. Les luttes sociales sont essentielles mais elles ne détruisent pas le capitalisme. Le pouvoir économique, financier, politique est entre ses mains. La lutte politique contre le capitalisme est donc incontournable Dans la lutte actuelle, la question se pose de plus en plus fortement, quelle perspective politique aujourd’hui pour notre pays?
Notre Parti appelle à construire une société sans exploitation de l'homme par l'homme: une société socialiste. Tant que le capitalisme existera, rien ne changera. Il faut lui prendre les moyens de production, économiques, financiers, le pouvoir politique et les remettre à la gestion du peuple, de ses représentants. Rejoignez notre combat.

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(1)Dans le journal Libération, pour bénéficier du critère de geste répétitif, « il faut réaliser au moins 15 actions identiques dans un cycle de 30 secondes, ou au moins 30 actions identiques en une minute, 900 heures par an (un temps plein aux 35 heures étant de 1 607 heures). Autrement dit, il faut, au moins deux jours et demi par semaine, répéter le même geste toutes les deux secondes ».
(2) « ni, ni ». Ni en emploi ni en retraite

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