Dans notre article de Communistes Hebdo N° 582, nous mettions en évidence les raisons profondes qui ont conduit au succès de Bolsonaro au premier tour de l’élection présidentielle. Le deuxième tour confirme les résultats du premier avec son élection et celle majoritaire de députés de son parti au parlement brésilien.
En premier lieu, il faut souligner que la tendance qui c’est ainsi dégagée au Brésil n’est pas une exception en Amérique latine. Après une avancée de la «gauche» réformiste liée au profond mécontentement de la population devant les inégalités et la misère, une politique de redistribution partielle a permis une sortie significative de millions de personnes de la grande pauvreté mais sans remettre en cause le pouvoir économique de la grande bourgeoisie et du capital.
Cette politique de redistribution n’a pourtant pas empêchée que s’accroisse le différentiel entre les plus riches et les plus pauvres. Durant toute cette période les forces du capital monopoliste liées à l’impérialisme US ne sont pas restées inactives, mettant en avant la corruption comme un signe de ralliement contre les gouvernements en place.
L’aggravation de la situation économique, liée en grande partie à la stratégie des USA d’un protectionnisme qui dévalue les monnaies des pays concernés conduisant à un appauvrissement des couches populaires mais aussi d’une partie de la moyenne bourgeoisie. Sans autre perspective politique que celle de «sortir les sortants», c’est la tendance à confier le pouvoir à des forces qui prônent la répression et l’ordre que se tournent une majorité des couches sociales qui s’estiment déclassées. L’impérialisme US use de cette situation pour reprendre la main politique dans toute cette région qu’ils estiment être leur «arrière cours».
Si nous ne sous-estimons pas le danger politique que représente l’élection de Bolsonaro, qui va accélérer la mise en œuvre des objectifs du capitalisme brésilien, un homme entièrement au service de l’impérialisme US et la nécessité de le combattre en soutenant les forces démocratiques brésiliennes, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une analyse approfondie de la situation en mesurant et en faisant mesurer les limites, et au bilan l’échec, des forces politiques se réclamant du changement mais qui en réalité laissent croire que le changement est possible en maintenant le pouvoir de la bourgeoisie capitaliste et ne s’attaquant donc pas à la domination du grand capital.