A la suite des accords de Nouméa, il y a trente ans et qui firent suite aux luttes indépendantistes réprimées dans le sang par la puissance coloniale française, le référendum qui a eu lieu dimanche en Nouvelle Calédonie devait trancher la question du maintien dans la République française ou de l’indépendance.
Les résultats sont maintenant connus. Avec une participation de près de 80%, c’est le non à l’indépendance qui l’a emporté avec 56,4% des voix. La géographie du vote montre clairement que le non à l’indépendance a été acquis par un vote massif des populations non autochtones kanakes, c’est à dire de celles de la colonisation de peuplement qu’a subi la Nouvelle Calédonie depuis sa conquête coloniale par la France en 1843 et qui fait que les colons représentent aujourd’hui une majorité de la population (60% de «néocalédoniens» et 40% de kanaks). La France, puissance coloniale, qui s’est donc empressée de faire de la Nouvelle Calédonie une colonie de peuplement a évincé les Kanaks de leurs droits coutumiers. Aujourd’hui, les accords de Nouméa n’ont guère changé la situation, la réalité coloniale persiste, dix grandes familles de colons ont la main économique sur l’île, tandis que les autochtones sont relégués dans des fonctions sociales non dirigeantes.
Le «destin commun» que proclamaient les accords de Nouméa n’était qu’un leurre pour masquer la réalité de l’exploitation coloniale au bénéfice des grands propriétaires et des intérêts des monopoles français. La Nouvelle Calédonie est un pion stratégique pour l’impérialisme français dans l’océan Pacifique. Outre le fait que l’exploitation du Nickel représente un atout considérable compte tenu de l’intérêt de ce métal pour l’élaboration des alliages à haute performance, l’espace maritime exclusif assure à la France une place importante dans l’exploitation des fonds marins, sans compter la présence militaire dans une zone qui est en train de devenir un lieu central d’affrontement des puissances impérialistes.
Les forces politiques françaises, à des degrés divers se sont toutes ralliées à l’idée que le référendum était un pas en avant dans l’avenir du territoire et même si certaines de ces forces comme le PCF et la France Insoumise sont restées prudentes elles s’en sont remises au résultat de ce référendum. Les Républicains et le Rassemblement national de M. Le Pen se sont prononcés clairement contre l’indépendance. Le pouvoir s’est réjouit d’un résultat attendu. Toute cette hypocrisie ne saurait masquer que la question coloniale demeure et ne saurait être réglée par un référendum qui n’a fait que confirmer l’état de soumission du territoire à la puissance impérialiste française.