Gantry 5

 

N° 915 04/03/2025  Les attaques contre la vérité sont de plus en plus nombreuses et s’expriment de plus en plus ouvertement. Le journaliste Jean Michel Apathie dans une émission radiophonique a eu « l’audace » d’affirmer, en réponse à une remarque de la journaliste qui l’interrogeait et avait évoqué le massacre d’Oradour sur Glane, d’affirmer qu’il y avait eu en Algérie nombre de massacres semblables. Immédiatement les attaques se sont multipliées contre Jean Michel Apathie, maintenant sous le coup d’une instruction de l’ARCOM (Agence de Régulation dela Communication Audiovisuelle et Numérique).
Pourtant des massacresont bieneu lieu
en 1832 la tribu El Ouffia est égorgée2,3 ,
1845 enfumage de grottes où se sont réfugiées des populations civiles4,
1852, prise de Laghouat où plus de 2.000 hommes, femmes et enfants furent tués,
1871 incendie des villages insurgés avec leurs habitants ,
1945 massacres de Sétif, Guelma, Kherrata, Philippeville, El-Halia6 – on suppute plus de 40 000 morts
1954, dans les Aurès, tortures et exécutions 5
Mais il ne faut surtout pas en parler. La pétition présentée ci-joint est une réaction à cette censure.
La vérité devient insupportable et inadmissible dans un débat qui est de plus en plus dominé par la volonté de l'impérialisme français d'affirmer sa place en Europe et le monde au sein de ce que le journal Les Echos résume dans le titre : "L'Europe cherche sa place dans le nouvel ordre mondial ".
Cette attaque contre Apathie n’est qu’un point de plus parmi un ensemble de critiques et même de menaces ad hominem témoignant d’une tentative d’élimination de toute pensée qui contredit les thèses officielles de l'État français et des forces politiques le soutienant. L’une comme l’autre n’ont que faire de la vérité et ne supportent pas les dires et les pratiques qui les contredisent . La liberté d’expression est mise à mal. Tous les prétextes sont bons. Des chercheurs en sociologie trop curieux des inégalités se voient intenter des procès car ils n’auraient pas respecté les règles de la RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), des étudiants de science politique sont poursuivis en section disciplinaire pour avoir protesté contre la destruction de Gaza et des Gazaouïs, d’autres étudiants de l’ Institut d’études politiques de Strasbourg qui bloquaient l’accès à un amphithéâtre afin de dénoncer un accord avec un établissement israélien ont été évacués manu militari par les forces de l'ordre, des syndicalistes, des citoyens, se voient menacés parce qu’ils ont défendu des salarié.e.s puis sont même arrêtés pour « apologie du terrorisme » et menottés devant leur famille; l'un d’eux est condamné à un an de prison avec sursis. il est urgent de réagir  !
 
2 Pierre Christian L’Afrique française, l'Empire de Maroc et les déserts de Sahara, Barbier éditeur, Paris, 1846.
3 Victor Amédée Dieuzaide Histoire de l’Algerie1830 -1878 , 1882, Oran , Imprimerie de l’association ouvrière, Heintz, Chazeau et Cie, 1880. Comporte des descriptions des horreurs
4 Alain Ruscio Le Credo de l’homme blanc. Regards coloniaux français, XIXe – XXe siècles, préface d'Albert Memmi, Bruxelles, Éd. Complexe, Coll. Bibliothèque Complexe, 1996 ; réed. 2002.
5 Paroles d’appelés
6 Benjamin Stora, La Gangrène et l'Oubli : la mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1991, Poche 2005. Et Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962), Paris, La Découverte, 1992

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Pétition contre l’ARCOM pour Jean Michel Apathie
La montée en escalade des propos tenus par les politiques français contre l’Algérie a atteint son paroxysme et fait la une de l’actualité. Cela parait d’autant moins surprenant que cette tendance à l’insulte, à la haine et à la désinformation est devenue banalité dans la grande partie des médias.
Pour avoir  établi un lien entre certaines pratiques du nazisme - le massacre d’« Oradour sur Glane », en 1944, en France - et celles du colonialisme.-. « des centaines d’« Oradour » en Algérie » au XIXe siècle- le journaliste Jean Michel Apathie, est tombé sous le coup d’une instruction par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, l’Arcom.
Les massacres (1832, 1845,1852, 1871, 1954, 1955 ) qu’a évoqués le journaliste sont non seulement ignorés du grand public mais surtout niés par les médias qui s’arrogent le droit à l’information/désinformation sur les réalités historiques relatives à l’histoire de France et qui se livrent, en ce qui concerne l’ Algérie, à une véritable propagande, qui n’a d’égale que celle qui a existé pendant la guerre qu’a livrée la France à ce pays entre 1954 et 1962.
Nous, soussigné.e.s, exigeons qu’aucune poursuite ne soit entamée contre Jean Michel Apathie et contre tous les journalistes et les syndicalistes qui, comme lui, ont été injustement maltraités pour avoir respecté l’éthique de l’information. Nous dénonçons le parti pris des médias et ici de l’ Arcom qui n’a émis aucune sanction à l’ encontre des responsables politiques et des journalistes ayant proféré des propos haineux contre les Algériens ou des Palestiniens. Nous protestons avec vigueur contre des pratiques déshonorantes. Nous réclamons une information juste, équilibrée, respectueuse de l’histoire de France dans son intégralité et réclamons des institutions françaises une attitude égalitaire et envers tous les citoyens de ce pays.
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Premiers signataires
Tassadit Yacine (Anthropologue EHESS),
Christian de Montlibert (Sociologue, Université de Strasbourg)
Annie Ernaux (écrivaine, prix Nobel),
Christiane Vollaire (Philosophe),
Pierre Khalfa ( économiste Fondation Copernic)
Louis Weber ( éditeur)
Giovanna Cifoltti (historienne, EHESS)
Nicole Khouri (Sociologue)
Caroline Mecary (avocate)
Alain Ruscio (historien),
Emile Martinez (haut fonctionnaire, en retraite)
Pierre Cours-Salies Sociologue (retraîté, Toulouse) 
Salah Oudahar, poète, Directeur artistique du Festival Strasbourg-Méditierranée,
Olivier Hamourit (historien),
Domenico Canciani (professeur de Lettres, Padoue),
Nadia Agsous (journaliste, écrivaine),
Abdelhafid Hammouche (sociologue, Université de Lille)
Annie Lacroix-Riz (historienne),
Loïc Wacquant (sociologue, Université de Berkeley)
Dalila Ahmedi (avocate),
Anne Querrien (sociologue)
Catherine Brun (Catherine Brun, Professeure de Littérature, université Sorbonne Nouvelle),
Giovanna Cifoltti (historienne, EHESS)Nicole Khouri (Sociologue)
Aisha, Ariella Azoulai (Brown University)
Mekki Fouzia (médecine, radiologue)
Michel Gruselle (directeur de recherche au CNRS)
Sami Bouri ( sociologue)
Giulia Fabbiano (Anthropologue AMU)
Nacer Kettane (PDG, Beur FM)
Olivier Lecour Grand-maison ( Historien)
Fréderic Lebaron (Historien)
Gerard Filoche (inspecteur du travail, en retraite)
Paolo Odorico (historien , EHESS)
Fabrice Flipo,(philosophe, Université Paris Cité)
Philippe Fritsch, (sociologue)
Samy Johsua  (Professeur émérite Université Aix Marseille)
Jeannine Morandat (sociologue, IUT Paris)
Jean-Luc Picard-Bachelerie (attac)
Pierre Amrouche (écrivain, expert international d’art africain)
Malika Benarab Attou (ex. députée Européenne)
Lyazid Benhami (écrivain)
Laurence De Cock (historienne)
Jean-Louis Berland ( Militant, conseiller municipal ,91)
Catherine Simon, (journaliste, écrivaine.)
Didier Brisebourg, (Hyères)
Gilles Manceron (historien)
Christian Delarue (attac)
Danielle Bleitrach (Sociologue)
Willy Pelletier (sociologue, université de Picardie)
Dominique Vidal, (sociologue, Université Paris Cité.) 
Roland Pfefferkorn (sociologue, professeur émérite université de Strasbourg)
Sylvie Monchatre (sociologue et professeure à l'Institut d'Études du Travail de Lyon)
Stéphane Beaud (sociologue, Professeur de science politique université de Lille)
Jean Pierre Faguer( sociologue, centre europeen de sociologie et de science politique)