Le mécontentement qui existe depuis des années c’est approfondi au gré des « réformes » engagées par les pouvoirs successifs au service des grands groupes capitalistes. Diffus, il prend des formes diverses, l’absence de perspective politique accentue encore le désarroi, mais les luttes sociales n’ont jamais cessé pour résister aux coups de plus en plus violents assénés par le pouvoir contre les acquis des travailleurs.
Samedi 1er décembre la CGT appelle les salariés, les retraités à se mobiliser dans tout le pays contre la politique de Macron.
Les partis politiques sont rejetés, les centrales syndicales ne jouent plus leur rôle national de luttes revendicatives, engluées dans un « dialogue social » avec les patrons et le pouvoir entraînant des reculs sociaux sans précédent, les grandes conquêtes ouvrières sont détruites au fil du temps.
Ce vide politique et social dans cette situation de profond mécontentement est une aubaine pour tous les opportunismes.
Le mouvement des « gilets jaunes » se nourrit de la colère légitime suscitée par les mesures gouvernementales au service du capital.
Il s’agit bien de cela : qui est responsable de la situation économique et sociale actuelle ? Qui est à l’origine des plans d’austérité successifs imposée aux peuples ?
Le capitalisme dicte la politique appliquée par les gouvernements successifs. Les multinationales détiennent le pouvoir économique et social, les responsables sont là et nul part ailleurs !
Les dirigeants du mouvement des « gilets jaunes » refusent toute implication politique et syndicale comme si la situation sociale découlait d’une fatalité et non d’une politique délibérée.
Ce fond idéologique vise à dédouaner le capital de toute responsabilité, en clair la lutte de classe, les rapports sociaux qui en découlent n’existeraient plus. Il suffirait d’aménager la société telle qu’elle est. Ce n’est pas pour rien que tous les partis politiques se précipitent pour donner du crédit à cette idée.
L’apolitisme n’existe pas car toute la vie sociale dépend de décisions politiques, tout est question de rapports de force, tout est question de choix politiques.
Cette « troisième voie » que proposent les dirigeants des « gilets jaunes » est une nouvelle impasse très politique pour dévoyer, détourner les revendications sociales comme l’augmentation des salaires et des pensions, des allocations sociales, le développement des services publics qui doivent être au cœur des revendications sociales et doivent faire l’objet de luttes convergentes pour les satisfaire. La question du pouvoir d’achat ne règle pas fondamentalement les problèmes actuels, chômage, pauvreté, précarité ne se régleront pas par la baisse du coût de l’essence mais bien par un changement radical de la société actuelle.
Ce n’est pas un hasard si les énormes profits réalisés par les multinationales françaises et notamment de l’énergie sont absents du débat porté par les dirigeants des « gilets jaunes ». Ils demandent d’ailleurs une baisse des « charges » (cotisations sociales) des entreprises pour augmenter le salaire net c’est la revendication du Medef et c’est ce que fait Macron actuellement.
Ce n’est pas un hasard non plus si tous les opportunismes politiques s’expriment. La droite et l’extrême droite affichent leur participation et leur solidarité au mouvement alors, qu’au service du capital, ils sont à l’origine de la politique menée. Mélenchon, le PS, le PCF, les Verts affichent aussi leur participation et leur solidarité au mouvement mais ils ne mettent nullement en cause le capital qui mène cette politique.
Cette « union nationale » politique affirme leur accord de fond sur la poursuite de la politique actuelle ou son aménagement.
La question vivre avec le capital ou le combattre posée à notre congrès (voir sur le site) est pleinement d’actualité. La lutte politique pour abattre le capital est le seul moyen pour changer fondamentalement de société.
Rien ne se fera sans lutte politique contre le capital, sans la mobilisation des travailleurs sur des bases de classe.
Toute autre approche est un piège.