Gantry 5

 

N° 800 20/12/2022 Un incendie dans une cage d’escalier d’un immeuble vétuste d’une cité à l’abandon à Vaulx-en-Velin a fait 10 victimes dont 4 enfants. Les résidents de l’immeuble sont persuadés que c’est une guerre entre trafiquants qui a déclenché le feu.

Comme dans beaucoup d’immeubles des cités abandonnées par l’Etat, les parties communes délabrées étaient occupées par des trafiquants qui en contrôlaient l’accès. De nombreuses cités sont des zones de non droit dans lesquelles les habitants sont soumis à la loi des bandes. L’Etat n’est plus présent, Sarkozy y a retiré la police, les services publics manquent, les commerces ont quasiment disparu. Les policiers, les pompiers, les médecins ne peuvent y entrer sans risquer l’agression. Dans ces cités, l’économie qui est basée sur le trafic de drogue et le trafic d’armes, est verrouillée par des bandes organisées qui agissent en toute impunité. Elles y font la loi se disputent les territoires où la loi du plus fort est la seule qui subsiste. Dans ces quartiers, l’omerta règne imposée par la menace, la terreur, la violence.
Si ces quartiers sont des zones de profit pour le crime organisé, ils le sont aussi pour les marchands de sommeil qui propriétaires d’appartements les louent à plusieurs familles pour des sommes rondelettes, la plupart du temps sans quittance de loyers. Dans toute la France des centaines de milliers de familles sont prisonnières dans ces ghettos de violence absolue, n’ayant pas les moyens financiers d’y échapper.
Ces quartiers, désignés, par dérision, comme « prioritaires » depuis 2014, sont des zones où les revenus par habitant sont extrêmement bas, où le chômage est particulièrement élevé. Selon les données de 2018 de l’Observatoire national des politiques de la ville, le chômage des moins de 30 ans approche les 33% contre 15% dans les quartiers limitrophes. La proportion de diplômés est plus faible qu’ailleurs, 1 jeune sur 3 à un niveau de formation inférieur au BEP au CAP. Le taux de chômage est de 16% pour les bac +2 et plus contre 6% dans les quartiers avoisinants. Le chômage de masse et la faiblesse des rémunérations constituent du pain béni pour les trafiquants, en leur permettant de recruter sur place de la main d’œuvre. Le trafic de drogue est autrement plus rémunérateur que les emplois sous rémunérés !
Il fallait entendre les discours plein de compassion du Ministre de l’Intérieur, des édiles locaux, s’apitoyant sur le drame ! Comme s’ils ne portaient aucune responsabilité ! Mais ce drame est la conséquence d’une politique menée depuis des années par les différentes forces politiques qui se sont succédées à la tête de l’Etat. Il faut en finir avec la politique d’austérité qui déshumanise la société en réintroduisant les services publics dans les cités, ce qui passe par l’embauche massive de fonctionnaires, en particulier dans l’enseignement public. Cette embauche doit aussi concerner les fonctionnaires de police et de justice indispensables pour assurer la sécurité des citoyens. La pénurie de fonctionnaires de police et de justice assure aux délinquants un sentiment d’impunité totale.
Il n’y a rien d’étonnant que face à cet abandon de l’Etat, les populations de ces quartiers ne se sentent pas concernés par les élections, puisque quels que soient les gouvernements les promesses, les plans (Zone urbaine sensible, les zones de redynamisation urbaine, les zones franches urbaines, etc…) rien ne change, tout se dégrade !
Cette situation dans laquelle les individus sont livrés à eux même fait le lit du Rassemblement National, ce d’autant qu’une partie importante des habitants de ces quartiers sont issus de l’immigration. Comment ne pas être sensible au discours du RN, quand l’Etat n’assure plus la protection des citoyens que les bandes de trafiquants fort de leur impunité vont jusqu’à narguer les forces de police. Le droit à la sécurité publique est un droit fondamental!
L’émotion du drame passée, les bandes de trafiquants reprendront leur emprise sur la cité. Notre pays est malade, d’une situation sociale extrêmement dégradée et d’une vie politique hors sol.
Cette situation est voulue. Les gouvernements n’ont pas l’intention d’améliorer la situation de populations que fondamentalement ils méprisent. Ces ghettos présentent l’avantage en concentrant la misère d’y concentrer la délinquance. Puisque l’Etat refuse d’intégrer ces populations en les parquant dans la misère sociale, il fait de ces ghettos le terreau du communautarisme caractérisé par une hostilité envers la société et les institutions étatiques. Il s’agit d’un processus de fragmentation de la société qui éloigne les victimes de cette politique du chemin de la lutte des classes pour les enfermer dans un piège en les opposant les unes aux autres.
Il n’y pas d’autre moyen que la lutte collective pour s’opposer à l’atomisation des individus et à la déshumanisation de la société. C'est ce à quoi nous appelons jour après jour en désignant les responsables de cette situation et en ouvrant la seule perspective qui vaille : celle d'un changement de société!

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