Gantry 5

 

718-25/05/2021 En déclarant le 5 mai qu’il était favorable à la levée des brevets concernant les vaccins contre la Covid19, Biden a voulu s’ériger en leader mondial de l’humanisme et de la solidarité internationale.

Beaucoup de commentateurs et hommes politiques lui ont emboîté le pas. Cependant, les apparences sont trompeuses et la déclaration de Biden relève surtout de la propagande et de l’utilisation du succès des vaccins américains comme une arme diplomatique.
Premièrement, si les pays impérialistes dominants, en particulier les USA ont déjà largement avancé dans la vaccination de leur population, l’absence de couverture vaccinale dans les pays les plus pauvres présente à terme un danger pour l’efficacité de la vaccination dans l’ensemble des pays de la planète, y compris les pays riches. Ce fait est souligné par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Deuxièmement, l’OMS a mis en place le système Covax, en principe alimenté par les pays les plus riches, qui doit permettre l’accès à la vaccination des pays pauvres. L’apport des USA à ce dispositif est proche de zéro, ce qui contribue à la lenteur de mise en place de ce dispositif. Ainsi, par exemple, au début du mois de mai, sur 1,1 milliard de vaccins inoculés jusqu’ici dans le monde, seuls 18 millions l’ont été en Afrique. De même, l’Inde ne dispose pas de doses de vaccins suffisantes et est accablée par une vague pandémique qui submerge son fragile système de santé.
Troisièmement, la suspension partielle et temporaire des brevets, ne réglera pas par un coup de baguette magique la production des vaccins, d’autant qu’elle ne se fera pas dans les prochaines semaines. La production de vaccins à ARN messager ou à vecteur viral (souvent adénovirus) demande aussi des transferts de technologie vers les autres pays, ce qui nécessite en plus dans les pays pauvres la formation de personnels qualifiés et l’achat d’outils dont ils ne disposent pas dans la plupart des cas. Les USA ne se sont pas engagés dans cette voie. Les grands groupes pharmaceutiques américains ne vont pas les y inciter, c’est le moins que l’on puisse dire, tant la production des vaccins représente une source de profits colossales. Ainsi, la vente de ses vaccins anti-Covid a rapporté à la firme Pfizer 3,5 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros) au premier trimestre.
Dans ces conditions on comprend que l’Inde et l’Afrique du Sud, soutenues par une soixante de pays, s’activent sur deux fronts : la levée partielle ou totale des brevets par l’Organisation Mondiale du Commerce et les transferts de technologie permettant d’étendre à de nombreux pays, des capacités de production pour répondre à leurs propres besoins et à ceux de pays qui ne pourront pas avant longtemps maîtriser les technologies nécessaires. Cela est du domaine du possible. Ce qui bloque, ce ne sont pas seulement les aspects juridiques du problème (les brevets) mais la volonté des grands groupes pharmaceutiques et des états qui les soutiennent de garder la main mise sur des sources de profits énormes et pérennes.
Pour débloquer les choses, l’action des peuples est nécessaire pour exiger le droit à la santé, le droit de pouvoir produire des vaccins pour protéger les populations. On le voit au-delà de la question des brevets, ce qui est en jeu c’est la logique même du capitalisme qui s’accapare la santé comme une source de profits. Pour notre part, solidaires des peuples qui exigent ce droit à la santé, nous les soutenons quand ils réclament, comme nous le faisons dans notre pays, la mise en place d’un secteur public de l’industrie pharmaceutique et du médicament. Face à une industrie pharmaceutique et de santé capitalistes, soutenue par les États et qui n’a comme boussole que le profit, nous devons lutter pour que la santé soit un bien public permettant l’accès égal de tous aux soins.

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