Gantry 5

 

741-30/10/2021 Les 7 et 8 octobre, s’est tenue à Poitiers la première « Université école-entreprise au service de la formation et de l’insertion professionnelle » pilotée par le ministre de l’Education, JM Blanquer et des représentants du patronat.

C’est une nouvelle étape dans la mainmise du capital sur l’école. Fin Août, Roux de Bézieux annonçait la couleur : « l’éducation est un sujet au moins aussi important que le niveau des prélèvements obligatoires », c’est dire. Dans une interview aux Echos du 07/10/2021 Blanquer précise sa conception du rapprochement école-entreprise lors d’un échange avec André Frérot. Ce dernier, PDG de Veolia et aussi président du think tank « Institut de l’entreprise » est à la manœuvre pour une importante mission de mise sous tutelle de l’éducation et de l’orientation.
Cette volonté de main-mise totale n’est pas nouvelle en soi, elle resurgit très régulièrement sous tous les gouvernements depuis les lois Astier (1939), Berthoin (1959) et des quantités d’autres lois, conventions et accords. Celle-ci institutionnalise la présence du capital dans tous les cursus scolaires au travers de quelques décisions qui ne manqueront pas de se multiplier. Les tensions de la main d’œuvre qualifiée et adéquate ne découle pas d’erreurs d’orientation ou de méconnaissance des métiers et de l’entreprise mais bien de la non-reconnaissance des qualifications acquises et donc de salaires misérables et des conditions de travail inadmissibles, indignes.
Les mesures annoncées de multiplication des stages pour les élèves et les enseignants, ce qui existe déjà assez largement vise cette fois à faire de l’entrepreneur le nouveau héros et de l’entreprise l’alpha et l’omega de l’avenir des jeunes écoliers, collégiens et lycéens.
Si un million et demi des jeunes de 16 à 25 ans (13 % de cette classe d’âge) ne sont aujourd’hui ni en études ou formation ni en emploi, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas fait de stages, ils y perdent déjà leur jeunesse, c’est bien parce que l’école comme tous les services publics, se délabre, manque d’enseignants, de budgets dignes de ce nom, qu’elle ne peut plus accueillir les élèves en difficulté faute de volonté politique pour donner à tous le plus haut niveau possible d’études. La misère de l’école n’a d’égale que celle de la santé, le même objectif de privatisation préside à sa destinée. La pratique des pouvoirs publics vis à vis des écoles confessionnelles est déjà un scandale puisque les enseignants sont rémunérés par l’Etat. Cela pourrait bien servir de portes d’entrée à des fonds privés dans l’enseignement publique ; déjà l’enseignement professionnel est confié en partie aux régions et la gestion des 3 milliards d’euros de la taxe d’apprentissage a déjà été généreusement confiée aux branches professionnelles. Des « ambassadeurs de l’entreprise » sont mis à la disposition collèges et lycées par l’Institut de l’entreprise pour aller y prêcher les vertus de la formation par alternance et capter les élèves. Si au 19ème siècle, l’école a sauvé les enfants du travail, aujourd’hui elle les y renvoie en main d’œuvre gratuite de stagiaires de toutes sortes.
Au-delà de la gratuité, c’est le formatage des esprits pour développer l’association capital-travail, faire participer le salarié à sa propre exploitation : le rêve du patronat. Hors, La fonction de l’école est de former les futurs travailleurs, les futurs citoyens, les femmes et les Hommes, cette mission est totalement incompatible avec la recherche du profit maximum en société capitaliste. Toutes les tentatives pour associer l’une à l’autre ont toujours été combattues par les travailleurs et leurs organisations. C’est un combat qu’il faut continuer à mener aujourd’hui pour stopper le gouvernement avec le capital.

Imprimer cet article

Notre brochure
brochure
 
Bulletin d'adhésion
bulletin d'adhésion
 
Affiche
affiche