761-22/03/2022 Les accords d'Évian(1) ont été signés le 18 mars 1962 entre le gouvernement de la République française et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne.
Le cessez le feu prévu par ces accords était applicable sur tout le territoire de l'Algérie le lendemain 19 mars à midi. Ils furent ratifiés, côté français, par le référendum du 8 avril 1962 qui, par 91 % des votes, donna les pleins pouvoirs au gouvernement français pour les appliquer, et côté algérien, par le référendum d'autodétermination du 1er juillet 1962. Le texte ainsi libellé : "Voulez-vous que l'Algérie devienne un Etat indépendent coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962" et le résultat massif(1) en faveur du oui ne laissa aucun doute sur le fait que ce référendum ouvrait la voie à la déclaration d'indépendance qui fut proclamée le 5 juillet 1962(3) .
Les accords d'Évian mettaient fin à 132 ans d'une colonisation pleinement assumée et que tenta jusqu'au bout de maintenir le pouvoir colonial français, y compris dans la toute dernière période où celui-ci tenta de manoeuvrer pour en exclure le Sahara et certaines régions d'Algérie où il comptait par cette sécession concentrer la population d'origine européenne, se donnant ainsi un droit sur les richesses minérales du Sahara tout en maintenant une présence en Algérie et donc un droit d'intervention sur sa politique.
Cette victoire du peuple algérien pour l'indépendance complète, faisait suite à celle de 1954 du peuple vietnamien qui avait mis à genoux militairement l'impérialisme français et aux processus d'indépendance des peuples d'Afrique eu un grand retentissement mondial. Alger était alors le centre de lutte anti-impérialiste et reconnu comme tel par des dizaines de millions de combattants de l'indépendance et de la liberté de par le monde. Rappelons que cette victoire fut le fruit d'une lutte incessante qui commença dès le début du processus de colonisation et que ce dernier comme sa pérennité furent assurés par une répression violente et meurtrière de la part de la France.
C'est pourquoi, dès après les accords d'Évian qui prévoyaient une amnistie des combattants du FLN, le gouvernement français s'empressa, par décrets, d'amnistier l'action des forces françaises en Algérie, y compris les faits de torture, puis rapidement furent amnistiés les tueurs de l'OAS, dont les chefs, responsables de crimes de sang furent rétablis dans leurs droits. Il s'agissait pour l'impérialisme français de mettre une chape de plomb pour échapper à des jugements qui auraient mis en lumière l'atrocité assumée de la colonisation et donc les responsabilités et la nature même du pouvoir colonial.
Nous reviendrons, dans les éditions qui suivent sur les questions de la lutte de libération nationale. Mais il ne nous échappe pas qu'aujourd'hui sous le pretexte d'une mémoire "apaisée et partagée" Emmanuel Macron veut « rassembler toutes les mémoires », ce qui signifie, en confondant les colonisés et les colonisateurs, de mettre entre eux un terme d'égalité.
C'est cette opération politique qui est en cours avec pour objectif d' absoudre le capitalisme et sa forme coloniale et impérialiste, empêcher qu'il soit jugé pour ce qu'il est : un régime criminel dont le seul but est l'exploitation de l'Homme par l'Homme.
Pour notre part de militants internationalistes, nous saluons la victoire du peuple algérien et nous l'assurons de notre solidarité dans ces luttes actuelles pour une Algérie souveraine démocratique au service des intérêts populaires.
(1) https://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/algerie-accords_d'Evian.htm
(2) "Voulez-vous que l'Algérie devienne un Etat indépendent coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962". Pour 5 975 581 (99,72 % des exprimés)
(3) Voir à ce sujet le livre de Malika Rahal: Algérie 1962, Une histoire populaire, La Découverte,2022.