Gantry 5

 

Chers camarades,
Cela fait maintenant plus d’un mois que nous travaillons dans des conditions particulières (visioconférence), mais en aucun cas nous ne devons baisser la garde, au contraire, nous devons faire énormément de politique, faire connaître notre analyse et nos propositions car la situation l’exige.
Nous avons dès le départ de l’épidémie, dénoncé deux choses :

     • L’état du système de santé résultant des politiques menées,
     • Le prétexte que le pouvoir allait en faire pour durcir l’austérité, tenter de rassembler autour d’une « union sacrée » les forces politiques et syndicales pour faire face à la « guerre» provoquée par cette pandémie.

Faisons le point aujourd’hui.
Le système de santé d’un pays dépend de la politique menée.
Au risque de se répéter, tenter de faire oublier cette logique, c’est se disculper de toute responsabilité après en avoir approuvé la politique dont les effets éclatent au grand jour.
Tous les partis politiques ont participé au dépeçage constant du système de santé national, qu’ils soient de droite ou d’extrême droite, ou qualifiés encore de « gauche » aujourd’hui.
La droite s’est acharnée à remettre en cause l’universalité, la solidarité, le financement, la gestion du système de santé au moyen de réformes multiples et diverses dont nous avons déjà parlé, affaiblissant sans cesse les moyens de développement, d’accès à la santé, en créant un système à deux vitesses. Les soins médicaux, hospitaliers sont conditionnés aux revenus, aux salaires et aux pensions des travailleurs et retraités. Se soigner selon ses moyens et non pas selon ses besoins, est devenu la règle alors qu’à l’origine, l’accès à la santé incarné par la création de la Sécurité Sociale, était ouvert à tous sans condition de revenu malgré le refus de certaines professions d’y adhérer pour des raisons idéologiques.
Ce qui a toujours été insupportable pour les patrons, c’est de céder au rapport des forces de l’époque la gestion d’un système de santé solidaire, financé par une partie des richesses créées par le travail et géré les travailleurs eux-mêmes.
Ils n’ont jamais cessé d’attaquer, de démanteler au fil des années ce grand acquis de la lutte du peuple.
Le capital n’a jamais supporté et ne supportera jamais de céder la maîtrise de tout ou partie de la société qu’il veut dominer pour son profit.
Si on ne part pas de ce constat, alors les responsabilités ne sont pas clairement établies et par conséquent la gestion capitaliste de la société est acceptée.
Le gouvernement « d’union de la gauche » au pouvoir en 81 a poursuivi ce travail de casse du système de santé en s’attaquant à sa gestion devenue « paritaire », les patrons prenant le pouvoir sur la gestion, le gouvernement Mitterrand instaurant un financement par l’impôt appelé CSG, l’exonération de cotisations sociales que les patrons réclamaient à cor et à cri, ce qui n’a pas changé aujourd’hui, le financement du système de santé inscrit au budget national, ce qui permet aux députés de voter selon les intérêts du système en place, c’est-à-dire les intérêts du capital.
Forfait hospitalier, dépassement d’honoraires médicaux qui se généralisent, mis à contribution des malades lors des visites médicales, augmentation forte des cotisations mutuelles, cette médecine à deux vitesses s’est accélérée laissant de côté les plus pauvres n’ayant plus les moyens de se soigner.
Les exigences patronales sont de plus en plus précises, l’objectif étant de s’accaparer le «coût » des dépenses de santé et de l’ensemble de la protection sociale qui représente 750 milliards.
C’est la casse de l’hôpital public soumis à la rentabilité financière, à une « autonomie » des directeurs d’hôpitaux, à un financement décidé et voté dans le budget de l’État soumis à des économies drastiques. C’est ainsi que sous prétexte de « déficits publics » des hôpitaux sont fermés, des centaines de suppressions d’emplois sont décidés, de dizaines de milliers de lits d’hôpitaux sont supprimés, des regroupements d’hôpitaux sous prétexte de «modernisation» sont réalisés. On peut en mesurer la pertinence aujourd’hui.
La rentabilité recherchée fait également des ravages dans les maternités, les services, les emplois correspondants. Les salaires sont bloqués comme dans toutes les fonctions publiques. La santé est gérée comme une multinationale génératrice de profits.
La retraite par répartition fait l’objet aujourd’hui d’une réforme à la mode capitaliste c’est-à-dire sans garantie de pension obligeant à souscrire des assurances privées avides de profits, conduisant à la capitalisation des retraites.
C’est également les budgets votés à l’Assemblée nationale par des députés voués à la cause du capital pour définir le niveau des « économies de dépenses de santé » à chaque fois plus importantes à réaliser au nom de la baisse du « déficit public » exigé par l’Europe du capital qui applique les mêmes règles partout.
On peut voir aujourd’hui la réalité des conséquences que cette politique exerce sur les peuples d’Europe.
Mais le système de santé c’est aussi la médecine qu’elle soit de ville ou hospitalière, soumise à un nombre déterminé appelé « numerus clausus » déterminé par le pouvoir en place, ce qui en dit long sur la volonté des gouvernements à subvenir aux besoins de santé de la population.
C’est également la recherche scientifique soumise à des budgets à mille lieues de répondre aux objectifs de santé, de développement humain. Les financements privés se multiplient favorisés par de grandes campagnes médiatiques ou le « mérite » des multinationales « généreuses » est souligné.
C’est l’industrie pharmaceutique, la production de matériels médicaux multiples aux mains des multinationales dont le seul but est le profit, caractérisé par les délocalisations massives dans les pays à « bas coûts » générant des pénuries sans cesse plus nombreuses. Dans ce domaine également, on peut se rendre compte des dégâts que ces pénuries organisées occasionnent dans cette situation de grave épidémie.
Cette politique au service des multinationales produit ses effets aujourd’hui d’une manière éclatante.
Les réformes en cours, les plans hôpitaux d’A. Buzin alors ministre de la santé vont dans le même sens. Des fermetures d’hôpitaux et de services hospitaliers, des regroupements, de nouvelles suppressions de lits sont stoppés aujourd’hui compte tenu de la situation, mais la poursuite de la même politique est prévue. (Plan Santé 2022)
Le gouvernement dont l’action principale est de gérer les pénuries créées par les politiques successives mises en place, annonce un investissement massif dans le système de santé. Combien ? De quel système de santé s’agit-il ?
Les seuls investissements réalisés ont été faits dans l’hôpital privé, les cliniques privées, la santé privée. La santé publique n’a fait l’objet que de restrictions budgétaires entraînant la situation que l’on sait.
La bataille idéologique visant à masquer la responsabilité des pouvoirs successifs sur la casse du système de santé, atteint des sommets lorsque des campagnes de « remerciements » à l’égard des personnels de santé sont engagées partout, organisées par les médias qui s’y connaissent puisqu’ils sont au service des patrons de puissantes multinationales.
Cela fait deux ans que le personnel soignant dans les EHPAD, que tous les services d’urgence, que les personnels hospitaliers, médecins, expriment leur mécontentement. Deux ans de lutte, de manifestations réprimées violemment. Ceux qui frappaient hier seraient devenus aujourd’hui des bienfaiteurs reconnaissants ?
Toute cette bourgeoisie larmoyante au service du pouvoir capitaliste fait mine d’oublier que les personnels hospitaliers méritent plus que des applaudissements hypocrites, mais un soutien ferme à la lutte pour le développement d’un système de santé répondant aux besoins du peuple, ce qui était, et qui est encore faut-il le rappeler, au cœur de deux années de lutte.
Les annonces de Macron sur « plus rien ne sera jamais comme avant » qui sont traduites par nombre de partis politiques par le « jour d’après » ont tous le même sens : venir au secours du capital.
Pas une déclaration politique d’où qu’elle vienne ne condamne le capitalisme comme étant le responsable central de la situation.
Rien ne nous étonne de la droite qui a appliqué tous les plans de casse du système de santé, M. Le Pen pense même que tout le monde ment y compris sur l’origine du virus ! Une manière de détourner le problème pour ne pas en débattre.
Quant à la fameuse « gauche » qui a elle aussi participé largement au démantèlement de la Sécurité Sociale, le journal « l’humanité » du vendredi 3 avril porte un éclairage sur les positions politiques complaisantes exprimées par divers partis. Ainsi la gauche serait mise au défi du « jour d’après » selon le journal.
Seulement voilà ! Comment dire et exprimer que l’on est contre la politique actuelle et en même temps, exclure le capital de toute responsabilité ?
C’est ce qu’explique le journal en notant que « l’opportunité historique d’une remise à plat du système » existe.
Le tour est joué, il s’agit de remettre à plat le capital, de l’aménager et de ne pas y toucher.
D’ailleurs Y. Brossat, membre du PCF et grand serviteur du Parti Socialiste parisien pense «qu’on ne met pas à contribution les grosses fortunes » proposition éminemment révolutionnaires ! Surtout après la déclaration des multinationales qui ne verseront pas de dividendes à leurs actionnaires. Les multinationales à l’écoute d’Y. Brossat ! Ou le contraire…
La palme revient à F. Roussel secrétaire du Parti Communiste Français qui déclare : « pour reconstruire une Europe de la coopération et de la solidarité entre les peuples, il faudra demain mettre en place un nouveau pacte européen pour sortir enfin des règles d’or budgétaire ». Faudra-t-il attendre pour cela que les 27 pays fassent leur révolution ? Plaider pour un « pacte européen » pour un parti qui se réclame de l’indépendance des nations, il faut le faire…
Les insoumis de Mélenchon appellent à manifester autour d’un « plus jamais ça » avec de nombreux chantiers, note le journal comme par exemple l’urgence climatique, la démocratie etc., et les litanies habituelles évitant soigneusement le « plus jamais le capital ».
Pour le Parti Socialiste et son secrétaire O. Fort, il ne souhaite pas « affaiblir le président » ni se poser en « donneur de leçons » et pour cause, la casse du système de santé il connaît, le Parti Socialiste est passé par là !
Quant aux écologistes, Y Jadot, son secrétaire pense qu’il faut « réparer la société… promouvoir une économie résiliante, innovante, puissante et juste » que des mots creux pour expliquer son allégeance à la politique actuelle.
Comme on le voit il n’y a rien à attendre de tous ceux-là car aucun ne s’attaque au virus capitaliste, ils tentent tous de le guérir, mais il n’y a qu’un seul vaccin pour tuer la maladie, c’est la lutte politique, unie, déterminée, permanente afin de se débarrasser de ce système qui ne pourra jamais répondre aux besoins sociaux, fondamentaux du peuple.
Si les politiques se dévoilent de plus en plus être les défenseurs du capitalisme, du côté des syndicats le chemin est parallèle.
Nous avons toujours dit que quand le mouvement révolutionnaire s’affaiblit, le syndicalisme de classe s’affaiblit également.
Nous sommes dans cette phase où le syndicalisme français est confronté à cette question fondamentale : lutte de classe ou dialogue social ? Antagonisme capital–travail ou partage des richesses ?
Les luttes, le mécontentement profond du peuple, n’ont pas réglé cette question. Les rapports de forces politiques influent directement sur les orientations des confédérations syndicales.
Depuis des dizaines d’années, et notamment depuis le « programme commun de la gauche » (qui établissait un catalogue de mesures vite abandonnées, pour affaiblir le mouvement révolutionnaire et démontrer qu’une seule société est possible), les centrales syndicales sont devenues des « partenaires » que les pouvoirs consultent dans le cadre d’un « dialogue » ou chacun discute, fait des propositions, mais au bout du compte, ce sont les patrons qui décident faute de rapport de force suffisant.
Toutes les réformes capitalistes depuis l’instauration de ce « dialogue entre partenaires sociaux » sont régressives, attaquent tous les acquis, les libertés comme le droit de grève, de manifester. Les condamnations de militants, la répression syndicale se fait plus dure.
Le « dialogue social » est devenu l’axe stratégique des orientations de toutes les organisations syndicales.
La lutte pour obtenir satisfaction des revendications est reléguée au niveau de l’entreprise, la coordination de ces luttes ne se fait plus, leur lien entre elles n’est plus démontré depuis des années, on a vu les conséquences de cette stratégie lors de la bataille sur la retraite dont la casse est toujours en cours, on le voit aujourd’hui sur le système de santé où après deux ans de lutte, les personnels n’obtiennent que de la sympathie, de la reconnaissance alors que le développement d’un système de santé, une protection sociale répondant aux besoins, touche toute la population.
Le mécontentement est profond mais le chemin de la lutte, seule voie possible pour l’exprimer, est handicapé par le manque de convergence face à la cohérence de la politique du capital.

Dialogue social = recul social.
Dans la situation de crise sanitaire actuelle, une nouvelle illustration de l’état du syndicalisme en France confirme la dérive syndicale.
Le 19 mars dernier, l’ensemble des centrales syndicales et les organisations patronales signent ensemble un texte qui déclare « affirmer le rôle essentiel du dialogue social et de la négociation collective ». Comment peut-on encore affirmer que le « dialogue social est essentiel » alors que deux années de lutte des personnels de la santé, que six mois de lutte contre la réforme des retraites n’ont pas fait reculer le pouvoir ? Comment peut-on encore défendre cette stratégie syndicale alors que 18 mois de dialogue avec le Medef et le pouvoir sur la question de la retraite n’a rien donné sinon la casse d’un des plus grands acquis social?
Comment l’expliquer sinon par une allégeance objective des centrales syndicales à la politique actuelle.

Où en est-on de l’indépendance syndicale vis-à-vis du patronat et du pouvoir ?,ce qui est une règle première contenue dans les statuts de la plupart des organisations syndicales.

Toutes les confédérations syndicales sont aujourd’hui engagées dans l’aménagement de la politique du capital.
–La CFDT détient la palme de la compromission ouvertement affirmée et assumée avec le Medef et le pouvoir, mais elle devient également la conseillère bienveillante du gouvernement.
En mars 2019 avec N. Hulot et d’autres associations écologiques, la CFTC, l’UNSA, elle signe un texte sur le « pouvoir de vivre », véritable pamphlet pour venir au secours du capital confronté au mouvement social qu’elle a toujours combattu.
La CGT lui emboîte le pas en signant récemment une « tribune unitaire » qui figure en bonne place sur le site de la centrale, déclarant « plus jamais ça, préparons le jour d’après » avec quelques associations écologiques, d’autres syndicats comme la FSU, des O.N.G. diverses et variées dirigées par des « reclassés » de la politique comme par exemple C. Duflot, ancienne ministre socialiste qui a veillé en son temps à la bonne tenue des décisions des multinationales.
Cette nébuleuse pleine de contradictions sur les objectifs poursuivis appelle les « citoyens à faire entendre leur voix » pour « reconstruire ensemble un futur écologique, démocratique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre « néolibéral ».
Quel programme !
Cette déclaration, et l’invitation à la soutenir mérite quelques explications :
– Elle est profondément politique, elle cible le désordre néolibéral. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que le néolibéralisme en question ?
Depuis toujours, nous avons ciblé le capitalisme comme étant l’origine, la cause unique de la situation économique et sociale que ce soit dans notre pays comme dans l’ensemble des pays du monde, notamment depuis l’effondrement de l’URSS.
Le capital est devenu seul maître à bord, son développement mondial a pour conséquence l’exploitation forcenée du travail des peuples, des richesses et des matières premières générant conflits armés partout, guerres, exodes, et des millions de victimes.
Dans les pays « industrialisés » comme en Europe, casse des acquis sociaux, chômage et pauvreté de masse, précarité, services publics détruits et privatisés… nous pourrions poursuivre la liste des conséquences sociales et économiques liées au développement capitaliste pour le profit.
C’est cela qu’il faut cacher, car quand l’ennemi est identifié, le combat pour l’éliminer commence.
Toutes les forces du capital engagent une campagne idéologique sans précédent pour tenter d’exonérer le capital de sa responsabilité.
Les moyens considérables de propagande sont tous mobilisés, ce n’est pas très difficile, ils sont à 95 % propriété de grandes multinationales, le reste est maîtrisé par le pouvoir capitaliste. Les patrons de multinationales comme Renault prônent un capitalisme « responsable », plus « humain » mais « soucieux de ses indispensables profits » !
C’est ainsi que le capitalisme est qualifié « d’économie de marché » puis de « néolibéralisme», ensuite de « libéralisme » et enfin « d’ultra libéralisme », comme si il fallait garder le capitalisme bien au chaud, le protéger par plusieurs couvertures caractérisées par l’emploi de qualificatifs pour éviter le débat sur la possibilité d’une société débarrassée du capital. De nombreuses contributions, livres divers proposent un autre capitalisme, plus « ouvert » plus « moral ».
Le néolibéralisme serait-il un système politique spécifique ? L’appel à lutter contre le «néolibéralisme » dans cette tribune unitaire, c’est préserver le capital et cette conclusion s’applique pour tous les qualificatifs employés. Le néolibéralisme serait à l’origine de désordre, pas le capitalisme. C’est l’entente cordiale entre les forces politiques de « gauche » et les syndicats pour le même objectif : aménager le capital sans y toucher.
Évidemment, cette conclusion est essentiellement politique, car la position des uns et des autres est habillée d’arguments concrets et réels utilisés pour détourner les travailleurs du débat essentiel.
Les pièges et les impasses se multiplient, en clair, tout ce qui peut amener à réfléchir sur la société, la Nation, l’État au service de quels intérêts ? Comment en sortir ? Toutes ces questions sont détournées pour tenter d’empêcher le peuple de lutter pour une société à son service, dont il possède l’ensemble des leviers économiques, politiques et sociaux.
Cette entreprise politique en cours se développe et nous devons la combattre.
Est-ce que démontrer que les partis politiques sont au service du capital est préjudiciable au développement de notre parti ? Non bien sûr, notre rôle est de développer une perspective politique révolutionnaire.
Oui la vie dans une société débarrassée du capital est possible mais il faut gagner la lutte politique, renforcer les idées révolutionnaires portées par notre parti, multiplier les adhésions pour y parvenir.
Est-ce que démontrer que les centrales syndicales se compromettent dans la gestion du capital est préjudiciable au mouvement social ?
Non, au contraire. La lutte des classes est permanente, les travailleurs réagissent et luttent. Aujourd’hui des professions entières s’engagent dans la lutte comme les fédérations de la santé, du commerce, de l’équipement, à La Poste ou les missions de service public ne sont plus assurées et dans d’autres professions où les conditions de travail dans cette situation d’épidémie, les conditions sanitaires ne sont pas réunies, les salariés sont envoyés au casse-pipe par le patronat plus soucieux des profits que de la santé des travailleurs.
Non, déjouer les pièges et les impasses n’a jamais été préjudiciable à la mobilisation, notre rôle est d’éclairer le plus possible le peuple pour l’amener à réfléchir, débattre et renforcer la lutte.
L’épidémie : quelle aubaine !
En 2008, c’était la « crise financière », des plans d’austérité sont appliqués partout, le peuple paye très cher les profits immédiatement retrouvés des multinationales.
Aujourd’hui, dans toute la presse, radios, télévisions, le moindre espace médiatique est utilisé pour faire de l’épidémie le seul sujet et évidemment préparer l’opinion au lendemain.
Tous parlent du « jour d’après », nous aussi, et il ne faut pas être grand clerc pour lever les illusions créées par les déclarations multiples du pouvoir et plus globalement des partis politiques et des syndicats comme nous l’avons vu.
Les « spécialistes » de l’économie capitaliste à l’instar du pouvoir, annoncent la même couleur : « ce sera long, difficile et violent » et pour faire face à la situation, il faut « l’union sacrée » comme le préconise Macron et son gouvernement, pour sauver sa politique.
Tous annoncent des chiffres économiques aussi désastreux que les chiffres morbides de l’épidémie actuelle.
Nous avons déjà dit et répété que ces mêmes « économistes » du capital avaient annoncé dès 2018 une récession mondiale plus grave que celle de 2008. Mais comment l’expliquer en dehors d’arguments de « techniques économiques » tels que la dette des états et de la bulle financière ? Comment expliquer alors que des profits énormes sont réalisés malgré la chute mondiale des productions depuis 2018?
L’épidémie vient à point nommé, les prétextes invoqués dans les déclarations alarmistes de 2018 sont oubliés, la pandémie est une aubaine, un prétexte crédible pour expliquer l’austérité de demain.
Pour le capital mondial, il faut apporter une explication sur les décisions économiques et politiques qui seront prises au lendemain de l’épidémie.
Les chiffres sont alignés pour intimider, faire peur, annoncer la catastrophe économique.
Des dizaines de milliers de licenciements sont d’ores et déjà prévus comme aux USA, « grand pays démocratique » adulé par le capitalisme occidental, « modèle social », « guide universel » soutenu par toute l’Europe et notamment Macron, mais dont les travailleurs sont les premiers à souffrir du système de santé et de ses conséquences terribles, sauf évidemment les plus riches qui peuvent se payer les assurances privées,.
Des milliards sont à la disposition du patronat français, de 45 milliards prévus, Le gouvernement vient d’annoncer porter ce chiffre à 100 milliards. De plus, 300 milliards garantis par l’État sont « mobilisés » pour aider à la reprise économique. 500 milliards pour « sauver l’économie » sont décidés par l’Union Européenne. Les milliards coulent à flot comme à chaque période ou le capital est en difficulté.
« Ce sera long et douloureux mais la situation » l’exige, vient de déclarer Darmanin, douloureux pour qui ?
• Les premières dispositions sur « le jour d’après » à la mode patronale sont déjà prises.
• L’état d’urgence sanitaire remet en cause des droits du travail, le temps de travail, les congés payés, de réduction du temps de travail, l’organisation du travail partiel, le paiement de primes diverses, bref, le patronat va pouvoir, conforté par cette loi, décider unilatéralement et en utilisant le chantage à l’emploi lorsqu’il va solliciter des accords d’entreprise, de toute l’organisation de la vie au travail comme il entend. En quelque sorte, il obtient les pleins pouvoirs sur les conditions d’exploitation du travail.
Des accords d’entreprise sont déjà signés dans le groupe Peugeot, chez Renault et plus largement dans toute la branche métallurgie. Des congés payés cumulés sur deux ans sont utilisés pour payer le chômage partiel. Allongement de la durée de travail, des heures de travail, voilà à quoi sert la loi d’urgence sanitaire votée par les députés qui a permis l’accord dans la métallurgie signé par FO–CFDT–CGC. Berger salue le « dialogue social » dans l’automobile, « il montre son efficacité » déclare-t-il, justifiant sa signature avec l’UIMM (Patronat de la métallurgie).
Comme nous l’avons dit dans notre déclaration du 1er avril (voir notre site) : « toutes ces mesures ont un sens politique et portent la conception d’une société qui repose sur le développement d’un autoritarisme et de restriction des libertés ».
D’autant plus que les dispositions contenues dans le code de la santé publique permettent dans le cas d’épidémie et de pandémie d’appliquer les mesures que nous connaissons aujourd’hui ainsi que toute une série de dispositions pour faire face à ce type de situation.
D’autre part, la loi d’urgence sanitaire instaure de nouveaux cadeaux aux patrons sous forme de nouvelles exonérations fiscales et sociales nous en reparlerons plus dans le détail prochainement.
En quoi cette loi d’urgence peut régler et gérer une crise sanitaire puisque les dispositions que nous connaissons aujourd’hui existaient déjà ? En quoi s’imposait-elle ?
La réponse est ailleurs : pleins pouvoirs aux patrons et au gouvernement sur le droit du travail, les libertés individuelles et collectives, ce qui annonce une nouvelle vague de mesures d’austérité pour faire payer au peuple la lourde facture qui va lui être présentée.
Il faut lutter pour faire abroger cette loi « d’urgence sanitaire » qui n’a aucune signification sauf à attribuer des pouvoirs et des cadeaux supplémentaires aux patrons et au pouvoir à son service.
Chers camarades,
Nous ne pouvons pas tout dire dans ce rapport sur la profondeur des transformations de la société que le capital envisage, mais quelques précisions encore :
La chute des cours des bourses mondiales (annoncée en 2018 en même temps que la récession mondiale) va aboutir à une accélération de la concentration des capitaux, les plus forts vont avaler les plus faibles. C’est le mécanisme normal de la concurrence capitaliste entre multinationales qui va encore être plus violente car le capital a besoin de se développer à tout prix pour accumuler toujours plus de profits, c’est sa raison d’exister.
L’appel de Macron à « l’union nationale » pour sauver sa politique nuisible crée certaines illusions, nous l’avons vu.
Il faut démasquer ceux qui veulent détourner l’attention et nous sommes le seul parti national à le faire. Nous avons beaucoup de choses à dire, d’arguments à développer.
Cette période où nous somme immobilisés doit être mise à profit pour prendre un maximum de contacts, avec les techniques d’aujourd’hui, c’est possible.
Notre Comité National se déroule par visioconférence, utilisons ces outils pour susciter des réunions–débat, faire de la politique dans cette période particulière est essentiel compte tenu des enjeux de société.
Il va falloir lutter, aujourd’hui comme hier et demain.
La lutte des classes, la lutte politique, ne s’arrête jamais, elle est permanente.
La retraite, le système de santé, les libertés individuelles et collectives sont menacées.
Nous avons des propositions sur chaque sujet, faisons les connaître. La Sécurité Sociale, le système de santé sont étroitement liés. Il faut donner à la Sécurité Sociale un rôle dirigeant dans l’ensemble du système de santé. Supprimer toute intervention capitaliste, supprimer les mutuelles mises en place pour faire payer les besoins de santé aux travailleurs, en revenir à un système unique, rendre à la Sécurité Sociale l’ensemble de la gestion des garanties de protection, supprimer les agences régionales de santé (ARS) mise en place en vue de mettre en concurrence les services de santé dans les régions, responsable de la fermeture des hôpitaux et des services décidés par les pouvoirs qui se sont succédés.
Nous sommes très fermes sur la socialisation des moyens de production et d’échange, seul moyen de changer de société et il va falloir le réaffirmer sans cesse avec les décisions économiques qui sont prises que ce soit dans la santé ou ailleurs.
Il faut montrer la même fermeté en ce qui concerne la santé et tous ces secteurs d’activité. Éliminer le capital, l’empêcher de nuire comme il le fait en ce moment dans la santé ne se fera pas sans lutte du peuple, unie, déterminée, une lutte permanente pour changer de société. Une société pour résoudre les besoins sociaux, pour le développement humain, une société aux mains du peuple.
C’est ce que nous proposons, faisons partager cette perspective.
Place à la discussion.

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