700-20/01/2021 Depuis plusieurs jours des manifestations secouent les quartiers populaires des villes tunisiennes.
Ces manifestations sont marquées par la jeunesse des participants qui disent leur colère d'une situation qui ne finit pas de se dégrader. Le chômage en hausse, la montée des prix sont le carburant de cette expression de colère. La crise sanitaire et un couvre-feu promulgué par le gouvernement à 16h00 aggravent la crise économique et sociale. Le tourisme, un des pourvoyeur d'emploi important est au point mort. la Tunisie compte déjà plus de 5.000 morts liés au Covid 19 et pourtant dans les interviews des manifestants, ce qui revient le plus souvent, c'est l'exigence d'un travail et de nourriture. Cette crise économique et sociale profonde touche tout particulièrement une jeunesse qui doute de plus en plus de son avenir en Tunisie.
Ces manifestations que le pouvoir tente de mater violemment par l'intervention de l'armée et de la police, il y a déjà eu plus de 600 arrestations, se déroulent en pleine crise politique et sonnent douloureusement le rappel des actions qui ont conduit il y a dix ans à la destitution et à la fuite du dictateur Ben Ali. Depuis, le renversement de Ben Ali, les partis politiques de la bourgeoisie tunisienne se sont évertués dans des disputes sans fin à maintenir leurs "acquis": les prébendes obtenus au détriment du peuple lors du régime d'avant. Islamistes et forces de droite en se partageant et disputant le pouvoir n'ont rien fait pour améliorer la situation des couches populaires et de la jeunesse. La révolte d'aujourd'hui n'est donc pas comme l'affirment les politiciens au pouvoir un coup monté contre la démocratie, mais bien les feux de la colère de ceux qui n'en peuvent plus! C'est cette dimension que retient Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des Travailleurs (l'ancen Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie): "L’explosion sociale en Tunisie était attendue, car les conditions sociales et économiques du pays se sont détériorées. La réalité pousse à une nouvelle révolution à cause de la précarité et de la faim".
Ainsi, en Tunisie comme ailleurs, les ravages du capitalisme et de la domination impérialiste se font sentir. Faute de forces sociales en capacité de développer une hégémonie de nature à impulser un développement national de l'agriculture, de l'industrie et du commerce dans l'intérêt des agriculteurs, des travailleurs et du peuple, c'est une crise sans issue apparente qui se développe et qui enfonce la Tunisie dans une impasse aux conséquences imprévisibles.