Gantry 5

 

N° 798 du 03/12/2022 Au début du IXX siècle les sociétés capitalistes, trouvaient nécessaire leur expansion sur d’autres territoires pour accéder aux matières premières et écouler leurs marchandises.

Avec l’aide précieuse des Etats bourgeois à leur service, ceux-ci avaient engagé leurs armées dans les conquêtes de territoires sur les continents les plus éloignés pour étendre leurs dominations sur les pays conquis.

La France et l’Angleterre se sont entendues pour se partager les continents africain et asiatique.

La colonisation va autoriser l’exploitation des terres et du travail esclavagiste qui va valoriser le capital agraire et marchand. Les capitaux enflent avec la circulation des denrées alimentaires inconnues dans ces pays et qui vont être déversés sur leurs marchés.

Les colonies vont permettre l’accumulation de capitaux faramineux qui, à leur tour vont favoriser le développement de l’industrie.

Le colonialisme n’est pour ainsi dire que le prolongement naturel du capitalisme.

Concernant l’Algérie c’est en 1808 que Napoléon Bonapart   a chargé l’espion Boutin d’établir un plan militaire en vue d’une conquête coloniale.

La conquête a été violente, et la population algérienne a deux années durant, opposé une résistance à la mesure de la férocité de la conquête.

Une longue et indéfectible résistance a été scandée par de nombreuses insurrections qui furent écrasées de façon sanglante.

Les nombreuses révoltes armées qui ont émaillé l’histoire de la résistance algérienne furent réprimées de façon cruelle et brutale ; depuis la guerre menée par ABDELKADER en 1832 et qui fut une résistance armée très structurée, suivie par celle d’EL MOKRANI (1871) qui s’était soldée par des morts et des déportations lointaines en Nouvelle Calédonie, en passant par la révolte des Ouled Sid Echikh qui embrasa l’Oranie (1864), à celle des Aurès (1879), à celle de Chikh Bouamama (1881), ou encore la révolte de Miliana (1901) à celle de Belzma (1916).

Pour asseoir sa domination, le colonialisme a utilisé les méthodes les plus cruelles et les plus brutales tels que les rapts de femmes et d’enfants utilisés en qualité d’otages, les viols, les tueries sans raison, les vols de bétails, de grains, les enfumages de populations dans les grottes, les déportations, les déplacements des populations, l’organisation de famines et toutes sortes de répressions morales et physiques, instituant ainsi la terreur et les dépossessions des populaires de leurs terres.

Durant les deux premières décennies de la conquête, on a dénombré pas moins de 400 000 morts, soit environ le 1/3 de la population d’alors. C’est une guerre de dépeuplement qui a été menée contre le peuple algérien.

L’objectif était pendant longtemps de faire de l’Algérie une continuation de la France.

Les algériens qui subissaient les interdits et toutes sortes de répressions de l’administration coloniale, étaient soumis également aux affres d’une fiscalité discriminatoire, qui ont conduit dans la majorité des cas  aux dépossessions de tous leurs biens, des terres jusque même des bijoux.

Pour imposer cette répression avec tout ce qu’elle a charrié comme misère l’administration et l’armée coloniale se sont appuyées sur des notables féodaux locaux et sur certaines confréries religieuses.  

Quant à la question de l’éducation, de l’avis de tous les historiens même ceux issus des classes coloniales ; au moment de la conquête, 95% de la population algérienne était alphabétisée, en 1962, à l’indépendance, seuls 5% étaient alphabétisés.

L’enseignement de la langue l’arabe n’était autorisé que dans 3 médersas.

Le congrès des maires d’Algérie de 1909 avait voté une motion demandant « la disparition de l’enseignement indigène ».

IL y avait ainsi destruction d’une culture au bénéfice d’une autre importée et imposée : des monuments historiques de valeur furent détruits ou transformés en administrations, en cathédrales ou pire encore en écurie comme ce fut le cas de la mosquée de Sidi Ghanem de Constantine qui date du XI ième siècle .

La destruction de la culture et des monuments historique procède de la destruction de la mémoire d’un peuple, par conséquent de son histoire et de sa culture, le réduisant en des peuplades déculturées et déstructurées, permettant ainsi une soumission plus aisée.

L’adoption du code de l’indigénat à l’appui de tout cet attirail savant de répressions, d’oppression et de dépossession a fini par soumettre les populations par la peur ; par exemple un algérien ne devait pas regarder un européen dans les yeux ; il était ainsi passible d’une peine pénale prononcée par n’importe quel administratif européen.

Dans ce projet d’anéantissement de la nation algérienne, surgit un ilot de liberté pratiquement méconnu mais qu’il convient de souligner tant il est nécessaire par les temps qui courent de rappeler les solidarités qui se construisent par delà les idéologies dominantes et des répressions.

Le souffle de la liberté s’étend plus vite que ne peut le croire la bourgeoisie, il s’est propagé et a gagné ce que celle-ci considérait comme étant des adeptes irréductibles.   Des petits colons ruinés se sont très tôt soulevés contre les dépossessions des paysans algériens et contre les supplices de la bête administrative des communes mixtes pour se rallier à la cause des algériens : VICTOR SPIELMANN dans la région de Bordj Bou Arreridj avait quitté son Alsace natale et avait fondé un journal de revendications anticolonial « Le Cri de l’Algérie », ce révolutionnaire était devenu le secrétaire de l’Emir Khaled et fondateur des éditions « le Trait d’Union ».

D’autres alsaciens ont marché dans ses pas, son ami DEYBACH qui écrivait dans « L’Echo d’Ain Tagrout ».

Dans ce fatras de violence et de razzia, le peuple algérien affaibli, dominé et dépossédé de tous ses biens, s’opposait résolument au projet colonial.

La résistance devenait silencieuse en attendant le renouveau. L’oppression dure un temps, pas tout le temps. Pendant quelques décennies, les populations se sont accordé un peu de répit, car les luttes incessantes qui durent sur plusieurs décennies sont humainement très dures.

Les précédents échecs avaient permis le mûrissement de la résistance qui va s’organiser de façon plus moderne, plus scientifique et plus sûre.

L’émigration, élément essentiel du système capitaliste et de son corollaire, le colonialisme,   va pousser beaucoup d’algériens dépossédés de leurs biens et réduits à la misère, à choisir cette voie.

Engagés en qualité d’ouvriers, ils vont côtoyer les ouvriers français et se frotter aux luttes engagées contre l’exploitation et la misère.

Les premiers pas dans les luttes anticapitalistes vont frayer le chemin des luttes indépendantistes en lançant dès 1920 les premiers mouvements politiques. C’est ainsi qu’est née en 1925 l’ENA l’Etoile Nord Africaine   édifiée par Abdelkader HADJ ALI, IMACHE AMAR, BOUKORT et d’autres qui firent leurs premières classes dans les luttes ouvrières.

C’est au nom de cette organisation soutenue par l’internationale communiste que MESSALI a revendiqué au congrès de Bruxelles l’indépendance de l’Algérie avec tout ce qu’elle comporte comme souveraineté.

Sans plus attendre, l’administration coloniale a décidé son interdiction.

A partir des années trente plusieurs mouvements politiques ont imposé leur existence il s’agit entre autres du PPA et du PCA.

Les atrocités ont fait taire la révolte, mais ne l’ont pas anéantie. Il a fallu quelques décennies au peuple algérien pour se réorganiser en rapport avec les nouvelles donnes politiques économiques et sociales résultant de la révolution bolchévique et des transformations que la société algérienne a connues.

Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur le nazisme, le peuple algérien qui avait donné des dizaines de milliers d’enfants, morts sous le drapeau français, a saisi cette date symbolique, pour sortir en masse dans les rues de Sétif, Guelma et Kherrata et revendiquer sa dignité et son indépendance.

Les représailles furent à la mesure des craintes de l’autorité coloniale, il fallait écraser immédiatement et définitivement toute tentative   d’insurrection.

Ce jour du 8 mai 1945 le colonialisme avait atteint le summum des atrocités, il avait adopté les méthodes nazies. « Des cadavres jonchaient les rues, il y avait des morts partout, des morts, des morts, des cadavres partout dans chaque rue, écrivait Kateb Yacine, ce jour-là poursuit-il ma mère perdit la mémoire… » :

La mémoire algérienne quant à elle a retenu 45000 mille morts…..et cela sans compter que plus de 50 villages kabyles avaient été rasés en ces jours sanglants. Les algériens décimés dans ces villages ne sont pas décomptés et même l’histoire nationale n’en fait pas mention ; seuls des chercheurs ont évoqué cette question qui reste en chantier et qu’il faudra mettre à jour….

La réponse barbare du colonialisme à une manifestation pacifique a montré le chemin, le seul à suivre pour en finir avec l’oppression et la terreur.

Le nationalisme en marche va se structurer et conduire à l’organisation du FLN qui va neuf ans plus tard déclencher ce que l’histoire retiendra comme étant la guerre d’Algérie : le conflit le plus sanglant de la deuxième moitié du 20ème   siècle.

Plusieurs attaques en des endroits différents eurent lieu ce jour du 1er novembre 1954, la France coloniale se réveille sidérée, la peur a commencé à changer de camp.

Pour rassurer les populations pieds noirs et les autorités Parisiennes: les colonialistes implacables décidèrent qu’il s’agissait d’escarmouches qui allaient être écrasées en un rien de temps.

La guerre était déclarée : une longue guerre, meurtrière qui dura jusqu’au 04 juillet 1962 : 8 ans de conflit dans lequel périront UN MILLION ET DEMI d’algériens : UN GENOCIDE !

Confortés par la capitulation de l’armée française en Indochine et la victoire retentissante de Dien Bien Phu, les algériens entamèrent à leur tour la lutte, une lutte sanglante et sans merci.

La guerre d’Algérie avait ébranlé la république française.

René Coty, politiquement affaibli, fait appel   au général de Gaulle qui selon la bourgeoisie et la classe dirigeante, était l’homme de la situation.

La France montrait des signes d’affaiblissement importants ( mécontentement au sein de l’armée), la population en métropole était exténuée par les privations, en raison de l’effort de guerre (l’Indochine et ensuite l’Algérie), et certains hommes politiques avaient des craintes que cette instabilité politique ne débouche sur un coup d’état ; crainte qui deviendra effective en 1958.

Le général De Gaulle considérait que l’Algérie était le plus beau fleuron colonial qui devait rester dans le giron de la bourgeoisie.

C’est ainsi qu’en quittant Alger le 14 août 1944, il avait adressé un télégramme-directives au général Martin (commandant le 19ème corps d’armée en Algérie) en ces termes : « il s’agit d’empêcher que l’Afrique du Nord ne glisse entre nos doigts pendant que nous libérons la France », cet élément historique n’a pas été répertorié dans le recueil des « lettres, notes et carnets de Charles De Gaulle » publié par sa famille ; de même que n’a pas été répertorié le texte des instructions envoyé par le même général De Gaulle au gouverneur général Chataigneau lui ordonnant d’infliger une répression rigoureuses aux populations de Sétif, Guelma ensuite des émeutes du 8 mai 1945.

Ces éléments de haute importance, supprimés par la famille du général de Gaulle du recueil participent de la mythologie construite sur la personnalité du général de Gaulle : démocrate et humaniste.

Le général De Gaulle et ses thuriféraires ont en effet construit une mythologie présentant celui-ci pratiquement comme un héro de l’indépendance d’Algérie.

Cette mythologie a été même adoptée en Algérie par la classe bourgeoise néocoloniale.

C’est sous la Vème république gaullienne que furent employés « contre le peuple algérien et contre l’ALN, les moyens militaires d’une ampleur sans précédents dans toute l’histoire des expéditions françaises par delà les mers ». Le déploiement d’une armée de plus de 500 000 hommes, sans compter les supplétifs harkis a été suivi de plusieurs opérations militaires sanglantes aux buts d’extermination de la résistance militaire et populaires contre la guerre coloniale. Ainsi en plus des lignes Challe et la ligne Maurice édifiées pour isoler l’Algérie de toutes solidarités et alimentation en armement, des opérations militaires dites Challe, Jumelle, Pierre bleu, la Gerboise et d’autres avaient détruit des centaines de villages et tué des milliers d’enfants, de femmes et de vieilles personnes. C’est avec du napalm et du phosphore blanc que l’armée française a bombardé nos douars et nos forets et provoquer des incendies qui ont exterminé pour longtemps la végétation dans nos champs et nos campagnes.

Les populations civiles ont été délogées de leurs maisons et rassemblées à des centaines de kilomètres dans des camps de regroupement en vue de mettre fin à leur soutien à l’ALN.

Face à ce plan de destruction massive de la résistance et de l’organisation paramilitaire sur le territoire algérien, le FLN et ses organisations populaires ont changé de tactique et vont étendre la guerre sur le territoire français, en développant d’autres formes de luttes pour atteindre le but final : l’indépendance.  

En donnant son aval pour de tels crimes, de Gaulle est entré dans l’histoire des plus grands exterminateurs du 20ème siècle. Devant la détermination du peuple algérien, Il avait tout tenté pour conserver l’Algérie comme colonie, par l’intensification de la guerre, et par son plan de partition de l’Algérie. Il a échoué. Ceux qui le décrivent humaniste ne peuvent pas le laver des crimes abominables qu’il a commis par ses directives guerrières envers le peuple algérien.

Le peuple algérien a accédé à sa libération du joug colonial en usant de toutes les formes de luttes militaire, politique et diplomatique avec de lourds sacrifices. Il n’était plus question de continuer à subir les humiliations, les interdits, l’exploitation féroce des colons et toutes les horreurs auxquelles il a été soumis.

Conscients de l’ampleur des atrocités qu’ils ont fait subir au peuple algérien, les colons avaient compris que toute coexistence serait impossible, c’est la raison qui les a poussé à partir massivement dès le cessez, suivis par les harkis et tous les traitres…

Mais les velléités colonialistes sont demeurées vivaces.

L’administration coloniale a déguerpi, mais elle a laissé ses valets tapis dans la société et dans les appareils du nouvel état indépendant. L’objectif était de soumettre le nouvel état à la domination du pouvoir français pour sauvegarder les intérêts des sociétés capitalistes françaises.

D’ailleurs Juste après notre indépendance la France de Gaulle a instruit le royaume du Maroc de revendiquer une grande partie de notre territoire, de la Mauritanie et du Mali. Les visées coloniales de la France ne se sont jamais éteintes, elles se manifestent par des méthodes nouvelles le néocolonialisme et l’impérialisme en collaboration avec d’autres puissance capitalistes dans le but d’imposer une division internationale du travail qui exclut les pays du tiers monde du développement économique et social. Ces puissances procèdent aujourd’hui par d’autres formes de déstabilisations en se cachant derrière des guerres par procuration menées par des forces construites sur des revendications culturelles, identitaires, territoriales et religieuses.

L’Algérie en raison de sa position géostratégique et de l’importance de ses ressources naturelles se trouve confrontée à la spirale du néocolonialisme et de l’impérialisme.

LE PCA, le 18 novembre 2022

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