Le 3 juin, la révolution populaire au Soudan qui a mis à bas le régime dictatorial de Omar el-Béchir et exige le retour à un pouvoir civil, a été violemment attaquée par l’armée. Selon le comité central des médecins soudanais cette violente répression du mouvement populaire a fait au moins 60 morts.
Depuis la chute du dictateur, l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC) à laquelle participent le Parti Communiste du Soudan (PCS) et les forces révolutionnaires et populaires font le siège du quartier général de l’armée pour exiger le retour d’un pouvoir civil.
Elles organisent l’action des masses populaires ouvrières, paysannes et intellectuelles par les manifestations et les grèves. Dans les négociations qui étaient en cours sur la question de la transition vers un pouvoir civil le point d’achoppement central résidait comme le rapporte Fathi AlFadl membre du comité central du PCS dans une interview au journal « Libération » publié aux USA dans le fait que : « Les deux principaux sujets de discorde concernent la présidence du conseil présidentiel et la partie qui détiendra la majorité.
Cette différence est le reflet de l'existence de deux récits dans le pays et de son incidence sur l'opposition. La principale contradiction, après le retrait d’Al-Bashir, réside entre deux approches: l’une insiste sur l’importance du démantèlement et de la liquidation de l’ancien régime et l’autre, satisfaite du retrait d’Al-Bashir et prête à partager le pouvoir avec le militaire et les restes du régime. » En clair si l’armée a sacrifié Omar el-Béchir c’est pour que le pouvoir ne lui échappe pas. Déjà en mai, une tentative de groupes militaires pour déloger les manifestants de devant le siège de l’armée, s’il avait été déjoué n’avait pas été franchement condamné par les responsables militaires indiquant que la balance n’avait pas encore définitivement penché en faveur des forces contre -révolutionnaires. Mais cette non condamnation indiquait clairement que ces forces n’entendaient pas céder le pouvoir facilement et pacifiquement. La tournée récente du chef du conseil militaire, Abdel Fattah al-Burhan, en Égypte, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite semble bien avoir été la recherche du feu vert pour ouvrir la voie de la contre révolution.
Il ne fait pas de doute que compte-tenu du rôle que joue la France et d’autres pays impérialistes dans le soutien, y compris en terme d’armements, à ces trois puissances régionales, les militaires soudanais se soient sentis suffisamment soutenus pour passer à l’action. Si quelques protestations se sont faites jours ici où là elles ont gardées un caractère purement symbolique.
Que va-t-il se passer maintenant ? Si rien n’est encore écrit, la violente répression du 3 juin marque un tournant dans le processus révolutionnaire et démocratique au Soudan. Pourtant, la contestation ne faiblit pas, des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays portant comme exigence le renversement du conseil militaire. L’ALC ne désarme pas, elle appelle à la grève et à la désobéissance civile pour renverser le régime.
Les révolutionnaires au Soudan ont besoin du soutien de toutes les forces révolutionnaires et progressistes. Nous devons isoler le pouvoir militaire et obliger par l’action la France à rompre avec les pays qui soutiennent les reliques de la dictature au Soudan. Pas une arme pour les contre-révolutionnaires ! Solidarité avec le peuple soudanais en lutte, avec son Parti Communiste et l’Alliance pour la Liberté et le Changement.