N° 882 17/07/2024 Le coup de feu qui a percé l'oreille de Donald Trump a relancé la campagne pour l'élection présidentielle aux États-Unis. Cet événement, que l'on ne peut qualifier de providentiel, même si Trump voit la main de Dieu dans son issue, juste avant la convention du parti Républicain à Milwaukee en Pennsylvanie,
a effacé d'un seul coup l'image d'un Donald Trump poursuivi par la justice pour des délits divers allant du financier à la confiscation de dossier sensibles en passant par l'achat de témoin dans une affaire privée. Notons aussi que la Cour suprême des États-Unis en grande partie nommée par le même Trump a étendu son immunité présidentielle lui évitant quelques procès sulfureux. C'est ainsi, qu'innocent comme l'enfant qui vient de naître, le candidat Trump a pu mettre en scène son discours d'unité à la nation et relancer sa campagne sous le slogan du MAGA (Make America Great Again ; Rendre à l'Amérique sa Grandeur). Sauvé, selon lui, par la grâce de Dieu, voilà donc l'homme fort dont l'Amérique aurait besoin pour affronter un monde en pleine tourmente dont les États-Unis ne peuvent plus à eux seuls imposer la marche.
Ce coup de feu que l'on devrait donc attribuer à la providence vient donner un relief particulier au débat télévisé du 27 juin qui a opposé D. Trump et J. Biden dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. À ce sujet, il est un avis largement partagé par les observateurs politiques, tant aux États-Unis qu'à l'étranger que ce débat a été largement calamiteux et tout particulièrement pour le Président Biden en exercice. C'est ainsi que le New York Times titre à ce propos : " Présidentielle américaine Biden se bat pour maintenir sa candidature en vie" et il va plus loin dans un éditorial intitulé "pour servir le pays, le président Biden doit quitter la course" à la Maison Blanche. Le New York Times décrit Joe Biden comme étant "l'ombre d'un dirigeant".
En ce qui concerne D. Trump, dont les media américains notent qu'il a survolé le match, les commentaires portent largement sur ses capacités à proférer des énormes mensonges avec un sérieux extraordinaire ce que résume bien Public Sénat :" L’intervention de Donald Trump reflète le rapport à la vérité qu’entretiennent les Républicains aux États-Unis. L’ancien président a enfilé les contre-vérités et les faussetés pour chaque réponse, d’ailleurs sans la moindre correction de la part des modérateurs restés étonnamment passifs durant le débat."
Cette situation d'un Président de 81 ans en exercice, candidat à sa propre succession qui suscite des interrogations sur sa capacité à gouverner et d'un challenger, ancien Président, cerné et parfois condamné par et dans de nombreuses affaires judiciaires, interroge sur la crise profonde qui secoue la première puissance capitaliste mondiale. Car au-delà de la forme, ce qui est au centre du débat c'est la question vitale pour cette puissance impérialiste d'assurer les conditions du maintien de son hégémonie et de sa capacité à orienter et à dominer au profit de ses monopoles.
En effet la puissance états-unienne qui fut sans partage au sortie de la deuxième guerre mondiale et pendant quelques décennies qui ont suivies, victorieuse de la guerre froide qui a vue la disparition de l'URSS est aujourd'hui contestée par l'émergence de nouvelles puissances où le capitalisme se développe activement et tout particulièrement en Asie. Ces nouvelles puissances au sein du système impérialiste entendent à leur tour jouer un rôle de premier plan dans les institutions internationales jusque-là au service quasi exclusif des États-Unis et donner à leur champions monopolistes les moyens de dominer la concurrence exacerbée que se livrent les grands groupes capitalistes avec leurs États par le monde. Ce sont ces réalités, au sein de l'impérialisme, qui concourent au développement des tensions internationales et des guerres qui se développent.
La question posée à la classe dirigeante américaine est la résolution de cette équation sur fond d'une situation sociale dégradée. Trump ou Biden ? la question n'est pas donc pas vraiment là ; mais comment continuer d'assurer une hégémonie qui s'effrite en s'assurant d'une paix sociale liant les travailleurs américains aux intérêts existentiels du capitalisme ?
À cette question la réponse s'inscrit dans la logique du développement du capitalisme sur le plan international, c'est celle d'une montée de la violence des affrontements entre les puissances impérialistes. Le seul moyen d'empêcher cette logique mortifère, c'est le combat de classe pour abattre le système qui la génère, c'est à dire le capitalisme. La lutte pour la paix et la lutte pour le socialisme sont donc bien intimement liées.