N° 929 10/06/2025 D. Trump a fait de l'expulsion des immigrés un noyau dur de sa politique, menaçant d'expulser des millions d'entre eux, ce qu'il a d'ailleurs commencé à faire dans des conditions de légalité douteuses et surtout inhumaines. Cette politique qui accentue celle menée par ses prédécesseurs a pour objectif premier de terroriser une population relativement fragile, indispensable à l'économie américaine et qu'il convient de mettre au pas en la transformant en bouc émissaire de la crise du capitalisme états-unien.
Le choix de la méthode n'a rien d'anodin et met en lumière le caractère de classe de l'opération. En effet, c'est dans la ville ouvrière de Paramount dans le comté de Los Angeles, que les agents de l'immigration sont venus en masse rafler des travailleurs immigrés, essentiellement hispaniques, à la sortie d'un magasin de matériaux de construction et de bricolage. C'est là que tous les jours, des immigrés viennent à l'embauche, espérant trouver un boulot au noir qui leur permette de vivre...ou de survivre. C'est d'ailleurs une caractéristique de cette immigration que de servir dans les petits boulots. Ce partage des tâches, si l'on peut dire, n'est pas spécifique aux États-Unis, en France aussi les immigrés, légaux ou non, servent souvent de main-d’œuvre non qualifiée et d'autant plus mal payée que leur statut est plus précaire.
C'est en protestant contre ces rafles qu'ont commencé les manifestations contre la politique d'expulsion. Notons, malgré les dénégations de la Maire de Los Angeles Karen Bass du Parti Démocrate, que le département de la police de la ville a été impliqué dans ces rafles. Ces manifestations au demeurant largement pacifiques et exigeant la libération des immigrés raflés, ont servi de prétexte à D. Trump pour faire monter la pression en envoyant la Garde nationale et maintenant l'armée contre les manifestants. Pour bien montrer le choix de classe d'utiliser la violence contre une population démunie, il a affirmé : " Ces manifestations d'extrême gauche par des instigateurs et des fauteurs de trouble souvent payés, ne seront pas tolérées.", ajoutant qu'il doit expulser 21 millions de clandestins.
Si une partie de la population dans les couches de la moyenne et grande bourgeoisie et surtout du patronat profite des travailleurs immigrés en les exploitant outrageusement, un sondage récent de CBS News semble donner raison à Trump avec 54% d'accord avec son action.
L'envoi de la Garde Nationale, aujourd'hui 4.000 hommes et de l'armée fait l'objet d'un différend entre les autorités locales relevant du Parti Démocrate et l'État fédéral dominé par le Parti Républicain. Si ce dernier parle "d'anarchie" à propos de la situation à Los Angeles, les autorités locales répondent "décisions incendiaires". De cette situation de nombreux observateurs tirent la conclusion que l'affrontement entre l'État de Californie et l'État central pourrait être le prélude à une crise politique et institutionnelle majeure. Cependant, à voir la mollesse de la réaction du Parti démocrate, il y a fort à parier qu'il ne remettra pas en cause fondamentalement la politique de D. Trump. C'est bien là, une des caractéristiques de l'appareil politique des classes dominantes états-uniennes, de ne pas avoir, si ce n'est à la marge, de contestation fondamentale de leur pouvoir. Rappelons-nous que les émeutes de 1992 à Los Angeles qui ont fait 60 morts, 2.300 blessés et conduit à 13.000 arrestations, n'ont faute de perspective politique de renversement de l'état des choses, conduit à aucun changement significatif.
