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N° 836 30/08/2023 Cela fait plusieurs fois que le Parti Révolutionnaire Communistes réagit aux attaques du pouvoir bourgeois vénézuélien à l’encontre du Parti Communiste du Venezuela. Ces attaques se sont récemment transformées en menace d’interdiction, en création d’une fausse et illégitime direction du parti constituée de gens à la solde de l’État bourgeois vénézuélien. Nous avons dénoncé cette situation dans un communiqué et signé, avec d’autres partis communistes, une lettre ouverte au président Maduro.
 
Le virage du pouvoir vénézuélien
Depuis quelques années, le Parti Socialiste Unifié du Venezuela, au pouvoir à Caracas, a modifié sa stratégie politique, faisant des ouvertures à la droite, y compris à des partisans de l’ancien putschiste Guaido, président autoproclamé et soutenu par la puissance impérialiste dominante, les USA et ses valets.
S’en sont suivi des ajustements économiques et sociaux, des privatisations, une lutte accrue du gouvernement contre les syndicalistes, en particulier les métallurgistes et contre certaines populations amérindiennes.
Enfin, il y a depuis plusieurs mois des tentatives à peine cachées de se rapprocher des USA.
Bien entendu, depuis le début de cette dérive, le PCV s’y est fermement opposé. Désormais, le gouvernement de Maduro veut se débarrasser de ce trublion qui empêche la gauche et la droite de se rabibocher, comme aux temps d’avant Chavez.
 
Quelques éléments historiques
Cette situation n’est pas et n’a pas été unique depuis plus de soixante ans. C’est la question des rapports entre le mouvement ouvrier révolutionnaire et la bourgeoisie nationale dans les pays de ce que l’on appelait le Tiers Monde qui nous est posée.
À partir des années cinquante, l’URSS a été le principal soutien des luttes de libération nationale, notamment en Asie et en Afrique, et les partis communistes du monde entier ont fait part de leur solidarité et de leur soutien à ces luttes. Il faut distinguer la Chine, la Corée, le Vietnam et le Laos où c’était le parti de la classe ouvrière, le parti communiste, qui dirigeait la lutte de libération nationale, des autres situations, en particulier en Afrique et au Moyen Orient.
Dans ces pays, l’URSS et les partis communistes du monde ont soutenu des alliances dans lesquelles ce n’était pas le parti de la classe ouvrière qui dirigeait la lutte, même s’il y participait, mais un parti de la Bourgeoisie nationale. On oppose celle-ci à la Bourgeoisie compradore, favorable au maintien, sous une forme ou une autre, de la colonisation.
Le parti Baas en Syrie et Irak, l’Union Socialiste Arabe, créée par Nasser en Egypte et le FLN en Algérie sont des exemples de ces partis représentant la Bourgeoisie nationale. Les organisations de lutte contre la colonisation portugaise sont plus nuancées. Le MPLA[1] en Angola et le FRELIMO[2] au Mozambique sont dirigés par des marxistes, respectivement Agostinho Neto et Samora Machel, mais ils comprennent aussi des représentants de la Bourgeoisie nationale. Dans ces deux pays, la Bourgeoisie compradore va s’organiser avec le soutien de l’Afrique du Sud de l’apartheid, pour combattre le mouvement de libération nationale et la révolution (RENAMO[3] au Mozambique, UNITA et FNLA[4] en Angola). Dans ces pays, ce sera la fin de l’URSS et des pays socialistes d’Europe qui entraînera l’arrivée de la Bourgeoisie nationale à la direction du parti et de l’État.
Dans les autres pays cités précédemment, les rapports entre le parti au pouvoir nationaliste arabe et les communistes ont été pour le moins compliqués.
En prenant le pouvoir en 1965, Houari Boumediene, qui, plus tard, tenterait de construire une société socialiste, interdit le PCA (parti communiste algérien).
Après avoir réprimé au début les communistes, Nasser change son fusil d’épaule et finit par proposer aux communistes du PCE (parti communiste égyptien) de rejoindre son organisation, l’Union Socialiste Arabe. En 1965, le parti communiste s’autodissout et nombre de ses membres adhèrent individuellement à l’Union Socialiste Arabe. Mais la mort de Nasser et son remplacement par Anouar El-Sadate, un Bourgeois réactionnaire suffit à changer la ligne directrice de l’État et à montrer quelle erreur avaient commis les communistes égyptiens.
En Irak, l’alliance tripartite entre le Parti Baas, le Parti Communiste et le Parti Démocratique Kurde, constituée en 1973, vole en éclat à partir de 1978, sous l’action du vice-président de la République et du Parti Baas, Saddam Hussein, qui organise une répression sanglante lorsqu’il devient président en 1979. Le Parti Communiste est interdit et nombre de ses cadres trouvent la mort au cours de cette répression.
 
Que dire de la distinction entre Bourgeoisies, nationale et compradore ?
Globalement se pose donc la question de la participation d’un parti communiste à une coalition que la Bourgeoisie nationale dirige. Partout, le remplacement d’un homme par un autre (Nasser par Sadate, Al-Bakr par Saddam, Boumediene par Chadli ou encore Chavez par Maduro) a signifié un changement politique contre-révolutionnaire, la répression plus ou moins sanglante des Communistes et souvent un rapprochement avec l’impérialisme dominant et la Bourgeoisie compradore ; encore plus depuis la fin de l’URSS. L’histoire nous a appris que, quand ce n’est pas la classe ouvrière et le Parti Communiste qui dirigent la lutte de libération nationale, cela finit toujours mal.
Cette affaire percute aujourd’hui la conception de ceux des partis communistes qui croient à un monde multipolaire en construction, grâce notamment aux pays des BRICS et confondent les luttes entre puissances impérialistes rivales et l’émergence d’un monde nouveau. Il n’y a pas de monde nouveau sans société socialiste, sans révolution menée par la classe ouvrière et son parti. Le concept de camp anti-impérialiste, dans lequel on peut ranger, par exemple, le Venezuela ou l’Iran (sans parler de la Russie et la Chine) brouille la compréhension du stade impérialiste et s’avère une erreur désastreuse.
L’URSS, sous Khrouchtchev et Brejnev, a soutenu des directions d’États qui réprimaient les Communistes ; il semble que Cuba s’apprête à faire la même erreur en soutenant mordicus Maduro, malgré l’interdiction du PCV.
L’évidence que ces fronts « anti-impérialistes » ne servent qu’à asseoir le pouvoir de la classe capitaliste, fût-elle réputée antiyankees, nous emmène à questionner la pertinence, dans la situation actuelle, de cette division entre Bourgeoisies, nationale et compradore. Cette différence était réelle tant que l’URSS existait et qu’un tiers des habitants de la planète vivaient sous un régime socialiste ou en marche vers le socialisme. Mais aujourd’hui ? En quoi la frange dominante de la Bourgeoisie iranienne, fermement opposée aux USA, n’est-elle pas compradore vis-à-vis de la Chine impérialiste ?
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, une lutte de libération nationale, pour s'affranchir de la domination impérialiste, ne peut qu’être dirigée par un parti révolutionnaire, et aucun État capitaliste ne favorisera la révolution prolétarienne. Nous poursuivrons la réflexion sur cette question, fondamentale pour qui veut comprendre le monde actuel, et notamment l’impérialisme.
[1]MPLA : Mouvement Populaire pour la Libération de l’Angola
[2]FRELIMO : Front de Libération du Mozambique
[3]RENAMO : Résistance Nationale du Mozambique
[4]UNITA et FNLA : Union Nationale pour la Libération Totale de l’Angola et Front National de Libération de l’Angola
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