N° 843 27/12/2023 Rapportant, les propos, lors de son investiture le 3 décembre, du Président argentin élu Milei, nous avons souligné[1] son programme de classe au service des intérêts de la bourgeoisie argentine liée à l'impérialisme états-uniens et à ce dernier lui-même. Avec les décrets (Décrets de Nécessité Urgente - DNU) de dérégulation économique qu'ils se proposent de mettre en œuvre, c'est une déclaration de guerre aux travailleurs et au peuple argentin dont il s'agit. Ainsi, Javier Milei a lancé un plan de guerre généralisé : méga-dévaluation, réduction drastique des dépenses publiques, protocole pour réprimer les manifestations et le fameux DNU qui permet au gouvernement de supprimer des centaines de lois comprenant des droits et conquêtes sociales. De fait toutes les mesures annoncées s’apparente à un énorme transfert de revenus de la classe ouvrière et des secteurs populaires vers le grand capital national et international accentuant encore les tendances observées sous le gouvernement péroniste, et représentant également un bond dans l’endettement de l’État en dollars et donc une dépendance accrue vis-à-vis des États-unis et des institutions monétaires internationales sous sa domination.
Avec ce décret, Javier Milei cherche à détruire les fondements du droit du travail et de la souveraineté nationale et à garantir le pillage du pays, le transformant en semi-colonie des États-Unis. La volonté de limiter le droit de grève pour certains domaines tels que l'éducation, les transports, la santé, l'énergie, entre autres, ainsi que la modification du droit du travail public, la prolongation arbitraire de la période d'essai incluse dans le droit du travail , la réduction des rémunérations, la suppression du paiement des heures supplémentaires, ... sont une grave atteinte aux droits du travail conquis par les luttes de la classe ouvrière. Selon le Parti Communiste d'Argentine, l'application du DNU "mettra la classe ouvrière argentine dans des conditions de semi-esclavage."
L'ouverture à la privatisation des médias publics, de l'Agence Nationale des Laboratoires Publics, de l'ARSAT, d'Aerolíneas Argentinas et des entreprises publiques en général, est une vente aux enchères au plus offrant du patrimoine construit avec le travail accumulé des générations.
Ce décret, ajouté au protocole répressif qui l'accompagne, est une déclaration de guerre contre les travailleurs et le peuple. C’est la violence de la classe dirigeante dans toutes ses expressions, ainsi craignant déjà des mouvements sociaux importants et hanté par le mouvement des Piqueteros[2] le pouvoir a-t-il décidé de les interdire. La Ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a présenté le 14 décembre un protocole aux accents militaires qui interdit purement et simplement de manifester sur les routes et dans les rues. Cette campagne d'interdiction et de terreur n’a pas empêché la mobilisation de se tenir, avec des cortèges défilant dans les rues de Buenos Aires et dans plusieurs villes du pays.
Face à cette situation, la question de l'action unie visant à faire échouer le DNU, dans la rue, sur les lieux de travail, au Congrès et au pouvoir judiciaire est à l'ordre du jour. Comme l'affirme le Parti Communiste d'Argentine dans une déclaration récente : "Pour la défense de tous les secteurs attaqués par le régime Milei, nous allons à la coordination de toutes les luttes, à la grève générale et à une grande marche fédérale multisectorielle. A bas le DNU du pillage et de la livraison !"