N° 872 09/05/2024 Il y a soixante ans, la France alors dirigée par le Général de Gaulle reconnaissait la République Populaire de Chine. Lors du Conseil des ministres du 8 janvier 1964, de Gaulle s'exprima alors ainsi à ce propos : « La Chine est un chose gigantesque. Elle est là. Vivre comme si elle n'existait pas, c'est être aveugle, d'autant qu'elle existe de plus en plus ». Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et la Chine promise à un grand avenir selon le ministre Alain Peyrefitte dans son livre[1] : "Quand la Chine s'éveillera" a fait de grandes avancées. Elle est devenue la deuxième puissance économique mondiale et représente 30 % de la production manufacturière. Son Produit Intérieur Brut pour 2024 est estimé à 21.643 milliards de dollars avec une croissance de 4,7% derrière les États-Unis 26.185 milliards de dollars pour une croissance de 2,1% (voir tableau 1) et très loin devant la France dont le PIB s'élève à 2806 milliards de dollars.
Cette puissance économique donne à la Chine les moyens d'une présence économique et politique importante au plan international, présence surtout connue par ce que l'on nomme les " nouvelles routes de la soie[2]", mais aussi par son affirmation comme puissance militaire nucléaire en développement[3] possédant un siège au conseil de sécurité de l'ONU.
Lundi 6 mai, Xi Jinping, a pu célébrer à Paris les soixante ans de relations diplomatiques franco-chinoises. Ursula von der Leyen la Présidente de la commission européenne, s'est jointe au duo franco-chinois à l’Elysée pour une session au cours de laquelle ont été évoqués les différents commerciaux entre l'UE et la Chine, UE qui estime que la Chine fausse les règles de la concurrence mondiale en subventionnant largement ses entreprises exportatrices. Cette réalité n'est pas propre à la Chine. Toutes les puissances capitalistes dans leur lutte acharnée pour soutenir leurs champions nationaux dans la conquête des marchés usent largement de subventions, les États-Unis en tête avec l'IRA (inflation Reduction Act) qui est une loi américaine sur la réduction de l'inflation promulguée le 16 août 2022. L'IRA mobilise sur dix ans 369 milliards de dollars pour soutenir l'industrie verte. Les pays européens dont l'affaiblissement de la production manufacturière est tel qu'ils sont pris en tenaille entre la politique agressive des États-Unis et les capacités immenses de la Chine ne négligent pas les subventions à leurs propres entreprises tout en cherchant à abaisser par des mesures anti-sociales le prix de la force de travail. Sur ce point Macron et von der Leyen n'ont rien obtenu de Xi Jinping. Le contraire d'ailleurs aurait été étonnant !
Au plan des relations internationales Macron a eu beau solliciter la Chine pour qu'elle pèse sur la politique de la Fédération de Russie dans le conflit qui oppose cette dernière à l'Ukraine, il n'a obtenu qu'une réponse polie sur une éventuelle trêve olympique ! Comment pourrait-il en être autrement. En effet si la Chine n'a pas soutenu l'intervention militaire russe en Ukraine, pour autant elle a lié avec cette dernière dans rapports économiques et politiques serrés qui en font l'axe majeur du bloc impérialiste eurasiatique en formation et en conflit avec celui euro-atlantique dominé et dirigé par les États-Unis qui, comme l'UE ont fait de la Chine leur ennemie systémique.