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N° 890 09/09/2024  La Présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen a assisté à une conférence consacrée à la sécurité à Prague, le 31 août et 1er septembre dernier.
Elle a développé son idée d’une Union européenne un peu plus autonome en termes de défense et en capacité par ses seules ressources de faire face à des menaces, tout en reconnaissant le rôle vital de l’OTAN mais quand même… Elle a profité de l’occasion pour réaffirmer sa volonté de nommer un commissaire à la Défense au sein de la prochaine Commission...un pas de plus en direction d'une Europe de la défense intégrée au bloc impérialiste euro-atlantique dominé par les États-Unis au travers de l'OTAN.
Pour parvenir à construire cette autonomie, la Présidente de la Commission a pointé la nécessité d’investissements importants et une restructuration de l’industrie européenne d’armement. Selon ses dires, il s’agirait de mettre en place une production de défense à l’échelle du continent (sic).
L’idée n’est pas si nouvelle puisqu’il y maintenant pratiquement 10 ans, le groupe français Nexter (ex GIAT) fusionnait avec l’allemand Krauss-Maffei-Wegmann (KMW), notamment dans l’objectif de s’imposer sur les marchés internationaux.
Le discours de la Présidente de l’Union européenne, ancienne ministre de la Défense en Allemagne et débarquée (vers Bruxelles) après quelques marchés publics mal gérés, laisse présager d’autres mouvements de regroupement.
Ainsi Rheinmetall, première entreprise du secteur en Allemagne, a des vues de longues dates sur son concurrent KMW (50% du capital détenu par la famille Bode-Wegmann et 50% par l'État français[1]), qui a obtenu un répit justement par son opération de fusion avec Nexter.
Un autre grand de l’industrie de l’armement, l’italien Leonardo, a décidé en 2024 de s’allier avec Rheinmetall après avoir un moment hésité sur le groupe franco-allemand Nexter-KMW. Comme c’est curieux !
En clair, les propos de la Présidente de la Commission précède sans doute une concentration à venir de cette industrie sous contrôle, étant donné les rapports de force, du capital allemand. Et d’ailleurs, selon la Présidente de la Commission, « l’Europe centrale est bien placée pour diriger et bénéficier de la nouvelle attention portée à la défense ».
Nous ne pensons pas que le Mitteleuropa[2] dirigera quoi que ce soit, en revanche, comme d’usage, il fournira des travailleurs bien formés (la réputation de l’industrie de l’armement tchèque n’est plus à faire) et moins onéreux qu’en Allemagne. Et par ailleurs, comme zone de contact avec le bloc impérialiste Euro-asiatique en formation, il est temps aussi, du point de vue de l'impérialisme Euro-atlantique que ces pays modernisent leur système de défense (déjà un projet en cours en Lituanie sous houlette allemande, certes un peu excentré par rapport à la Mitteleuropa[3]).
La guerre en Ukraine et une possible extension du conflit permettrait ainsi aux capitalistes du secteur de l’armement de procéder à des concentrations avec la bénédiction des autorités politiques qui devront au mieux arbitrer quelques querelles de second ordre entre les différents protagonistes du secteur.  Les plans annuels mirobolants d’armement des Etats européens ouvrent des perspectives alléchantes pour ces capitalistes.
Il est clair que les principes de souveraineté ne sont pas de mise dans les processus en œuvre (à moins de brandir une curieuse souveraineté européenne). Or d’évidence, liée à la défense nationale par nature, ce secteur devrait demeurer sous contrôle public (ce fut le cas en France avec les Etablissements publics de l’industrie de l’armement). Et aussi en amont, ouvrir un débat démocratique au sujet des besoins de défense, des alliances et de leurs contraintes sur la souveraineté, etc. plutôt qu’une fuite en avant dans un réarmement qui s'inscrit dans les tendances lourdes des affrontements inter-impérialistes pour le plus grand bénéfice du capital.
[3]  Dans le même ordre d’idées, il est utile ici de rappeler que le groupe Nexter-KMW a un projet d’une usine en Ukraine
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