Gantry 5

 

Après quatre jours d’âpres négociations, les 27 États de l’Union Européenne se sont accordés sur un plan baptisé de relance, visant, selon ses concepteurs, à répondre à la violente crise économique qu’a accéléré l’arrêt des activités économiques et commerciales pendant plusieurs semaines du fait de la crise sanitaire.

Ce plan qu’avait initié la proposition franco-allemande d’un endettement commun pour un montant de 750 milliards d’Euros dont 500 milliards de subventions pour les pays les plus touchés a été largement modifié sans pour autant en changer la nature profonde. Voir l’article paru sur le site de Communistes le 5 juin: « le plan de relance de l’Union Européenne-un plan capitaliste, contre les travailleurs ».
Les fonds ainsi programmés qui se partagent entre des prêts pour les États demandeurs (360 milliards d’Euros) et les subventions (390 milliards d’Euros) seront levés sur les marchés financiers qui sont à n’en pas douter les grands gagnants de l’opération.
Les 390 milliards de subventions sont présentés comme des éléments d’une relance par la consommation, il faut toutefois en mesurer la limite ; le montant représente environ 2,5 % du PIB de l’ensemble des pays de l’Union Européenne qui s’élève à environ 16.000 milliards d’Euros.
Ces fonds s’ajoutent, ou font partie des plans de relance nationaux. C’est le cas pour la France où les 40 milliards de l’UE s’intégreront aux 100 milliards déjà annoncés par le gouvernement. Pour sa part l’Italie et l’Espagne recevrons des sommes quasi équivalentes de 81 milliards d’Euros.
Ces prêts et subventions qui sont une forme mutualisée au plan européen de ce que l’on appelait autrefois la « planche à billets » sont assortis de conditions et ont des conséquences sur le budget européen et son abondement par les États.
Tout d’abord, il existe des conditions dites structurelles pour ceux qui reçoivent ces fonds et tout particulièrement l’exigence de réformes de structures du marché du travail, de la protection sociale et des retraites. En clair, du point de vue du capital, qui est celui de l’Union Européenne, il convient d’imposer ces réformes aux peuples, surtout ceux qui luttent et résistent, pour abaisser le prix de la force de travail et augmenter les taux de profit des capitalistes. Nul doute aussi, et nous le voyons déjà action en France, que ces fonds dit « de relance » sont de puissants outils pour la restructuration et la concentration du capital avec à la clé des dizaines de milliers de licenciements.
En même temps, le budget de l’UE sera diminué de 1.100 à 1074 milliards d’Euros en rognant sur les programmes de santé, de recherche, les programmes d’échanges étudiants Erasmus…
D’autre part, les contributions des États au budget de l’UE vont favoriser les Pays Bas, la Suède, l’Autriche et le Danemark tandis que la France verra sa part augmenter. De plus, les grands pays portuaires comme les Pays Bas, l’Allemagne et la Belgique vont bénéficier d’une augmentation sensible des frais de collecte des droits de douanes ce qui représente pour eux une manne non négligeable.
Il est clair aussi que pour parvenir à un accord, la pédale douce a été mise sur les questions écologiques et l’objectif de neutralité carbone en 2050. Cet aspect n’est pas pour déplaire à la Pologne ce d’autant que les questions dites de l’État de droit ont été placées sous le tapis des négociations.
Les dissensions, les oppositions durant la négociation de ce plan, comme le contenu du compromis sont révélateurs de la nature de l’UE.
Cette Union Européenne a été créée dès la fin de la 2ème guerre mondiale par les pays capitalistes pour les intérêts du capitalisme européen. C’est aujourd’hui un ensemble impérialiste hétérogène où coexistent sous la houlette des États dominants la France et surtout l’Allemagne, des États dont le développement capitaliste est inégal. Au sein de cet ensemble, les concurrences sont féroces en interne comme avec le monde extérieur et elles le sont d’autant plus que la concurrence entre les monopoles s’exacerbe dans un marché presque entièrement mondialisé.
L’expression de cette concurrence a fait tanguer l’Union Européenne. Certains prônent une voie fédérale qui seule pourrait selon eux, donner une force politique à l’Europe, ils se réjouissent du plan de relance comme une étape dans cette direction mais c’est faire peu de cas des contradictions internes à l’UE et des luttes des peuples pour le respect de leur indépendance nationale et de leur liberté de choisir leur destin dans des nations souveraines.
Tout cela confirme qu’il ne peut pas y avoir de solution pour les peuples dans l’Europe capitaliste. La seule solution, ce sont les luttes, qui ne prendront tout leur sens qu’en s’attaquant à la racine des problèmes : c’est à dire au système d’exploitation capitaliste.

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