707-10/03/2021 Partout dans le monde, la situation liée à la pandémie de Covid19, affecte profondément les populations et tout particulièrement les plus fragiles et les plus démunies.
Il n'est pas exagéré de dire que cette pandémie met à nue les différenciations de classe et qu'elle accroît fortement les inégalités sociales. Parmi les populations les plus touchées, et elles sont nombreuses: salariés au chômage partiel ou licenciés, personnes âgées...la jeunesse paye un lourd tribut. Nous parlons bien sûr ici de la jeunesse issue des milieux populaires qui doit se battre pour l'emploi, la formation et qui est souvent obligée de travailler pour vivre. Cette jeunesse, nous le voyons en France, est en grande difficulté. Les études sont devenues un calvaire du fait de l'absence de contact, les petits boulots se sont taris qui apportaient le nécessaire pour vivre et l'avenir est obscurci par manque de perspective. Ce constat est vrai partout dans le monde. Il est alors significatif que la jeunesse se retrouve en première ligne dans les luttes et cela dans de nombreux pays. Luttes multiformes qui recouvrent tout simplement les aspirations à vivre, à pouvoir s'exprimer, à envisager un avenir meilleur dans la paix et la liberté.
Ainsi, au Sénégal les manifestations contre la dictature du président Macky Sall, l'homme de la Françafrique au service des capitalistes français sont-elles marquées par la forte participation de la jeunesse. Ces manifestations ont conduit le pouvoir à un recul tactique le contraignant à libérer le député Ousmane Sonko dont l’arrestation a déclenché une vague de contestation inédite. Selon le politologue Maurice Soudieck Dione : « La figure d’Ousmane Sonko a permis de fédérer l’expression des frustrations, [...] le malaise de la jeunesse, la pauvreté, le chômage, les rescapés et rapatriés de l’immigration clandestine qui a causé beaucoup de morts, les restrictions de libertés liées à la pandémie ont donné une virulence et une violence particulières à cette vague de contestation. ».
Cet engagement de la jeunesse se retrouve aussi en Birmanie contre le coup d'État militaire où la lutte s'oriente de plus en plus vers la mise en cause des intérêts économiques de l'armée par l'organisation de grèves, comme c'est le cas dans les chemins de fer. En Birmanie aussi la répression est terrible faisant des dizaines de morts. Médecins, enseignants, avocats et autres fonctionnaires se sont mis en grève depuis le coup d’État. Les syndicats ont appelé à intensifier le mouvement à partir du 8 mars pour paralyser l’économie et faire pression sur la junte. Cette dernière a, pour sa part, mis en garde les fonctionnaires : ceux qui n’auront pas repris le travail à partir du 8 mars seront licenciés.
En Turquie, les étudiants qui n'ont connu que le régime d'Erdogan, n'acceptent plus l'ordre moral que leur impose un régime dictatorial qui use de la religion pour corseter les aspirations sociales et démocratiques du peuple. Malgré la répression là aussi, ils se sont mis en mouvement pour exiger que s'arrête la main mise du pouvoir sur l'université.
En Grèce aussi les étudiants luttent pour exiger de pouvoir reprendre leurs études. Le Parti Communiste de Grèce et la Jeunesse Communiste ont exprimé leur solidarité avec les 31 étudiants de l'Université Aristote de Thessalonique qui ont été arrêtes le 20 janvier alors qu'ils tenaient une Assemblée générale de leur Association. Le 23 janvier, des milliers d'étudiants à Thessalonique, à Athènes et dans d'autres villes de Grèce ont organisé des mobilisations massives dénonçant l'état policier et la répression étatique. Finalement, le procès des 31 étudiants a été reporté et ils ont été libérés.
Nous pourrions continuer à rapporter de ces luttes pour le pain et la liberté où la jeunesse est engagée dans le monde, leur caractéristique, c'est que face au vieux monde capitaliste qui ne leur offre que la répression et la misère, la jeunesse veut imposer d'autre choix. Sont-ils clairement associés à une mise en cause du système capitaliste et à un nécessaire changement de société? Probablement pas, cependant ces luttes qui sont porteuses d'exigences nouvelles rentrent en conflit avec le système d'exploitation et de domination capitaliste. Nous nous devons de les soutenir, de les encourager et de leur donner un sens dans le processus de lutte des classes. Aussi, nous soutenons l'initiative des organisations de jeunesse de manifester la colère des jeunes travailleurs et étudiants le 16 mars prochain.