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764-13/04/2022 Sri Lanka: Des manifestations de masse face à une grave crise économique. Grèce: Manifestations pour les salaires et contre l'implication de la Grèce dans la guerre impérialiste.

Sri Lanka: Des manifestations de masse face à une grave crise économique

Le Sri Lanka est en proie à une crise économique sans précédent et fait face à une vague de mécontentement général. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi 9 avril à Colombo la capitale contre le président Gotabaya Rajapaksaqui qui est tenu pour responsable de la situation du pays. Les pénuries alimentaires se multiplient et les prix s’envolent ( 30% en mars, après 17% en février). Le pays peine à importer des biens de première nécessité, mais aussi à les produire. Il se retrouve également à court de médicaments vitaux.
Cette crise a des causes multiples. L’île a été particulièrement touchée par la pandémie de Covid 19 ce qui a stoppé le tourisme 10% du PIB, une activité majeure de l'économie du pays. De plus, pour limiter les importations d'engrais nécessaires pour l'agriculture le pouvoir s'est lancé dans une transition écologique accélérée qui a pour conséquence un effondrement de la production agricole et une hausse des prix alimentaires. Un fermier affirme : « Le gouvernement nous a annoncé que nous devions nous passer de fertilisants chimiques. Mais il ne nous fournit pas de formation au bio ni de fertilisants naturels. Mes plans de thé ou de gingembre sont dans un état terrible. Je produis quatre fois moins qu’avant ! ». La situation est si grave que le président du parlement parle de risque de famine dans le pays.
Face à cette situation, dans un pays où la pauvreté est grande, 500000 Sri lankais sont passés sous le seuil de pauvreté depuis le début de la pandémie, les manifestations s'enchaînent et sont durement réprimées. Elles touchent toutes les catégories de la population. De leur côté, le patronat et les institutions religieuses exigent la formation d'un gouvernement intérimaire pour mettre fin au chaos qui pourrait entraîner une dislocation de l'état. Les dirigeants actuels ont reconnu qu'il s'agissait de la pire crise économique depuis l'indépendance en 1948 et ont demandé l'aide du Fonds monétaire international (FMI). Connaissant les exigences habituelles du FMI qui exigent une réduction drastique des dépenses sociales, il n'est pas sur que cette solution n'aggrave pas la crise.
Cette crise au Sri Lanka, si elle a des causes nationales spécifiques, n'en est pas moins révélatrice des difficultés qu'engendrent les affrontements au sein du système impérialiste et tout particulièrement pour les pays les plus pauvres. La guerre en Ukraine va accentuer ces processus. Déjà, les prix des matières premières, tout particulièrement de l'énergie et des engrais, et alimentaires s'envolent et une partie des prochaines récoltes est compromise. La FAO (L'Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) s’inquiète de cette situation et les craintes de famine sont réelles, ce d'autant que les tensions sur la production agro-alimentaire peuvent être utilisées comme des armes de pression pour amener des pays à s'aligner sur l'un ou l'autre des camps impérialistes.
Au delà du constat, que tout le monde peut faire, d'une situation mondiale et de rapports internationaux qui se dégradent, il convient de ne pas en rester au constat, mais d'en analyser les causes profondes. Les conflits qui se développent sont dans la nature même du système capitaliste. Ses lois de développement, celle de la recherche du taux de profit maximum et de l'accumulation du capital engendrent une lutte féroce entre les grandes multinationales et les États pour s'accaparer les richesses naturelles et la force de travail, contrôler les marchés et les voies de communications matérielles et immatérielles. Résumé en une formule : Le capitalisme c'est la guerre! Raison de plus pour le combattre, y mettre fin et organiser une société de solidarité nationale et internationale, une société de coopération des producteurs de richesses: le socialisme.

Grèce: Manifestations pour les salaires et contre l'implication de la Grèce dans la guerre impérialiste

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le mercredi 6 avril à Athènes, Thessalonique, Patras et dans plusieurs autres grandes villes de Grèce, répondant à l'appel des syndicats de classe qui se rallient au Front militant de tous les travailleurs (PAME), les organisations de masse de travailleurs indépendants, de femmes et de jeunes. Tant le rassemblement de grève à Athènes inondant la place Syntagma devant le parlement grec et les autres rassemblements dans le reste du pays, ont porté des revendications contre les prix élevés, pour des conventions collectives de travail, pour des augmentations de salaire et contre l'implication de la Grèce dans la guerre impérialiste. De grands lieux de travail et des secteurs importants tels que les transports publics et la logistique ont été paralysés, annulant en pratique une loi monstrueuse récemment introduite par le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, qui pose des obstacles au droit de grève, complétant une loi similaire promulguée par le précédent gouvernement SYRIZA. Le secrétaire général de la Fédération des Travailleurs du Bâtiment, V. Syrigos, a prononcé un discours lors du rassemblement à Athènes, exprimant la volonté de poursuivre et d'intensifier la lutte pour une vie digne, notant que "le prochain 1er mai des travailleurs est très important parce que les gens sont mis à rude épreuve dans les conditions d'une nouvelle guerre impérialiste et paient cher les profits des groupes d'affaires. Cependant, nous ne choisissons pas un camp entre voleurs. Nous sommes du côté des peuples ; contre la pauvreté, la guerre, les réfugiés et l'exploitation". Il a été suivi par le vice-président de la Fédération Attique des artisans, D. Vitalis, qui a noté que « nous sommes ici, avec les travailleurs, pour défendre les revenus du peuple. Nous affirmons nos droits évidents. Pouvoir travailler dans nos ateliers, faire vivre dignement nos familles (...) Le combat que nous menons n'est pas seulement notre combat, nous ne luttons pas que pour nous-mêmes. Nos revendications concernent tout le monde". En outre, Vassilis Papageorgiou, membre du bureau exécutif de la Fédération des travailleurs de l'industrie lait-boissons-alimentaire, a exprimé la demande que des mesures soient prises immédiatement pour protéger les revenus de la population contre les prix élevés.

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