Gantry 5

 

776-29/06/2022  Dans un espace de temps court, se sont tenus ou se tiennent les sommets de l'OTAN, la réunion des BRICS et le G7 , sans compter les réunions de l'Union Européenne.

Cette intense activité a un lien direct avec la situation de guerre en Ukraine et les conséquences qu'elle entraîne dans les domaines militaires, énergétiques, alimentaires et d'une manière générale dans les relations internationales. Le sommet de l'OTAN qui se tient à Madrid a, selon son secrétaire général, Jens Stoltenberg, des sujets majeurs quant à son positionnement par rapport à une situation internationale de crise où les intérêts des membres États-uniens et Européens sont concurrents. Pour Jens Stolenberg, ce sera le sommet du « tournant » qui devra définir « une nouvelle ère de compétition stratégique » et tout particulièrement avec la Chine et la Russie dans le contexte d'une guerre de haute intensité en Ukraine. De ce point de vue, l'OTAN travaille un nouveau « concept stratégique » qui soit acceptable par les trente alliés ce d'autant que la relation avec la Chine, si elle est clairement définie comme celle de l'adversaire majeur pour les États-Unis, pour les pays de l’Union Européenne, ils souhaitent en rester à une appréciation plus nuancée. Cette divergence conduira probablement à utiliser le mot de "défi" pour qualifier la relation avec la Chine. Quant à la Russie, elle sera présentée comme « la plus importante et la plus directe des menaces » contre la sécurité et les valeurs de la zone transatlantique, ainsi que de l’ordre international. Le dernier concept stratégique élaboré en 2010 qui présentait la Russie comme un pays « partenaire » est bel et bien abandonné. Les questions du renforcement de l'alliance en termes de moyens et d'intégration sera au centre des discussions. L'OTAN envisage de faire passer ses capacités opérationnelles de 60.000 hommes aujourd'hui à 300.000. La question de l'adhésion de la Suède et de la Finlande, était à l’ordre du jour et a été acceptée par l’ensemble des membres de l’Otan. V. Zelensky, dont le pays n'est pas membre de l'OTAN, interviendra au cours de ce sommet, manifestant clairement l'engagement et la volonté des dirigeants ukrainiens de rejoindre l'alliance, comme celle des dirigeants États-uniens et de l'OTAN de faire de l'Ukraine la place avancée dans le conflit avec la fédération de Russie. En résumé, ce sommet doit réaffirmer un soutien sans faille à l'Ukraine, un renforcement du dispositif de l'OTAN en Europe, une augmentation des budgets militaires et l'adoption du nouveau concept stratégique faisant de la Chine l'adversaire clairement désigné. Ainsi ce sommet de l'OTAN doit-il réaffirmer le caractère d'alliance impérialiste dominée par les États-Unis, dont la vocation affirmée est de plus en plus celle d'une alliance visant, pour les États-Unis à maintenir leur domination au sein du système impérialiste.

Le forum des BRICS a été une occasion pour les Présidents Poutine et Xi Jingpin de rappeler dans le contexte d'une vive tension internationale la visée de cette organisation. Notons que les dirigeants des BRICS ont élargi la participation au forum en rassemblant d'autres participants : Algérie, Argentine, Cambodge, Égypte, Indonésie, Sénégal. Une des caractéristiques de ces pays, ceux des BRICS et de leurs invités est, quel que soit le vote qu'il ait émis à l'ONU vis-à-vis de la guerre déclenchée contre l'Ukraine par la Russie, de refuser les sanctions imposées par les États-Unis et leurs allés occidentaux à la Fédération de Russie. On voit donc se dessiner une ligne de fracture importante entre l'alliance autour des États-Unis des principaux pays capitalistes développés du Nord et ceux, plus ou moins développés du Sud autour d'un axe Russie Chine. Ces derniers entendent garder une certaine liberté de manœuvre car ils connaissent les dégâts provoqués par les grandes puissances capitalistes du Nord, le pillage auquel elles se sont livrées et se livrent encore vis-à-vis d'eux, sans compter les nombreuses interventions militaires dont elles se sont adjugées le droit au nom de la lutte contre le terrorisme et de la démocratie et des droits de l'homme. Pour autant, l'orientation des BRICS ne déroge pas au critère d'une alliance impérialiste basée sur le développement du capitalisme. C'est le président chinois qui a été le plus clair à cet égard, en affirmant: "Nous devons adhérer à l’ouverture et à l’inclusion, supprimer toutes les barrières qui entravent le développement des forces productives, guider et promouvoir le développement sain de la mondialisation, permettre la libre circulation des capitaux et des technologies, et la pleine émergence de l’innovation et de la sagesse, de manière à rassembler la synergie de la croissance économique mondiale. Nous devons défendre le système commercial multilatéral, avec l’Organisation mondiale du commerce en son cœur, supprimer les obstacles au commerce, aux investissements et à la technologie, et promouvoir la construction d’une économie mondiale ouverte." et plus loin : " La Chine continuera à accroître son niveau d’ouverture au monde extérieur, à mettre en place un nouveau système d’économie ouverte de haut niveau et à créer un environnement commercial international, respectueux du marché et de l’État de droit. "
La réunion du G7 sans apparaître comme une réponse au forum des BRICS s'est trouvé confrontée aux mêmes problématiques mais du point de vue d'États alliés aux États-Unis et qui constituent un pôle puissant de l'impérialisme. Sans surprise, le G7 a apporté un appui marqué à l'Ukraine et il s'est préoccupé des questions liées à la circulation des denrées alimentaires dont le blocage actuel menace de famine de nombreux pays africains, tout particulièrement au Sahel et au Moyen-Orient. Comme au forum des BRICS un certain nombre d'États non membres du G7 ont été invités. Il s'agit de l'Indonésie, de l'Inde, du Sénégal, de l'Afrique du Sud et de l'Argentine. Ainsi, chaque pôle cherche à convaincre les hésitants à rejoindre l'un ou l'autre des pôles impérialistes. De ce point de vue, le président des États-Unis, J. Biden, a annoncé un plan de 600 milliards de dollars sur cinq ans à destination des pays en voie de développement, plan censé concurrencer le programme chinois des nouvelles routes de la soie. Cependant, le problème du G7, c'est qu'il a la prétention de représenter une espèce de directoire des pays les plus riches en omettant les deuxième et septième puissances mondiales que sont la Chine et l'Inde. C'est ce que fait remarquer l'éditorial du journal Les Échos du 27 juin qui note : " Le premier problème du G7 est structurel, c'est sa représentativité" et " le second problème est celui de son utilité. Il n'a qu'une fonction tribunicienne. Ce qui n'a pas été résolu avant, ne l'est jamais pendant". Autant dire que le G7 ne sert qu'à habiller les choix stratégiques qui sont imposés par les États-Unis.
Toutes ces réunions et forum, soulignent que dans le contexte que nous connaissons d'une élévation de la tension et des affrontements au sein du système impérialiste ses pôles majeurs s'emploient à accroître leur influence pour mieux dominer et contrôler les ressources minérales et agricoles, les voies de communication matérielles et immatérielles et la force de travail. Les peuples n'ont rien à attendre de bon de tout cela, car le capitalisme et sa forme impérialiste moderne sont responsables de l'exploitation des travailleurs salariés et des peuples. La seule issue, c'est bien, par la lutte des classes au plan national et international, d'abattre ce système et d'ouvrir la voie à la paix et à la coopération de peuples émancipés permettant de répondre aux immenses défis de notre temps que sont la réponse aux besoins dans tous les domaines en préservant pour notre futur, les ressources naturelles et l'environnement.

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