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N° 788 28/09/2022 À quoi sert Fratelli d'Italia!, Sommet de l'Organisation de Coopération de Shanghai, Iran, Emeutes de la faim à Haïti

À Quoi sert Fratelli d'Italia!

Les élections pour les deux chambres italiennes, l'assemblée et le sénat, ont eu lieu dimanche. Les résultats n'ont pas démentis les sondages qui donnaient la coalition de Fratelli d'Italia de G. Meloni, de Forza Italia de S. Berlusconi et de la Ligue de M. Salvini comme vainqueurs de ce scrutin.
Selon les estimations Fratelli d'Italia obtiendrait 26% des voix, 9% pour la Ligue et 8% pour Forza Italia. En siège cela correspond à une large majorité pour cette coalition. Les résultats des autres forces politiques qualifiées souvent de centre-gauche ne lui permettent pas de concurrencer la coalition dite de centre-droit. Avec 19% le Parti Démocrate s'il sauve les apparences n'en subit pas moins un échec, ce qui est aussi le cas du Mouvement 5 étoiles avec 15%, tandis que le parti de l'ancien premier ministre M. Renzi, qui fut un dirigeant du Parti Démocrate, avec 8% tire son épingle du jeu.
Les commentateurs s'emploient à souligner le succès de Fratelli d'Italia, parti qui à sa création, s'est inscrit dans l'héritage mussolinien du fascisme et qui maintenant s'est drapé dans une certaine honorabilité, cultivant le mécontentement social réel et le rejet de l'Union Européenne d'une partie de la population. En même temps, elle a donné des gages importants sur la place de l'Italie dans l'OTAN et dans l'Union Européenne. Cependant, ils passent rapidement sur le fait que malgré l'obligation du vote, la participation avec 64,6% a été faible et en baisse de 10% par rapport aux élections de 2018. Cette baisse significative traduit à sa façon l'évolution de la crise politique que traverse l'Italie. Si Fratelli d'Italia a été poussée en avant comme force politique nouvelle par rapport à toutes les autres du spectre politique qui conduisent, suivant des alliances à géométrie variable, une politique au service du capitalisme italien depuis des décennies, on ne peut pas dire qu'ils s'agissent de faisans de l'année puisque G. Meloni a déjà été ministre dans un des gouvernements Berlusconi.
Les résultats de ces élections sont la démonstration du profond malaise social qui règne dans le pays, où toutes les conquêtes sociales des travailleurs sont une à une remises en cause. Cette insécurité dont les causes profondes, comme dans tous les pays de l'Union Européenne, sont à rechercher dans le mouvement même d'un capitalisme de monopoles qui a un besoin impérieux de faire baisser le prix de la force de travail pour s'inscrire dans une concurrence capitaliste mondiale féroce où les profits et l'accumulation du capital sont la boussole universelle.
En Italie, comme dans beaucoup de pays de l'UE, les classes dirigeantes ont besoin d'asseoir leur politique anti-sociale sur un minimum de consensus. Elles le recherche dans la collaboration de classe en liquidant les forces révolutionnaires, mais dans le même temps elles doivent trouver des réceptacles au mécontentement et en contrôler l'éventuelle explosion. C'est à cela que servent les partis qualifiés d'extrême-droite quand les forces politiques classiques(1) sont usées jusqu'à la corde du fait de leur rôle dans les reculs sociaux.
Cela nous renvoie à la question fondamentale: comment reconstruire, dans la réalité des rapports sociaux d'exploitation capitaliste, tels qu'ils sont aujourd'hui dans leur avancement au stade impérialiste que nous connaissons une force politique révolutionnaire capable de mener la lutte politique de classe pour le changement nécessaire de société. C'est à cette tâche que s'est attelé notre parti révolutionnaire COMMUNISTES.

(1) Italie : Draghi jette l'éponge! 

Iran

Dans l’état théocratique d’Iran, il aura suffi que son voile lui glisse sur la tête pour que Masha Amini, jeune femme de 22 ans soit arrêtée pour « port inapproprié de vêtement », tombée dans le coma, elle est morte trois jours plus tard. Les autorités iraniennes réfutent toute responsabilité dans cette mort. Dans ce pays où « enlever le hijab c’est violer la constitution », des dizaines de milliers d’Iraniennes et d’Iraniens sont descendus dans la rue bravant les forces de sécurité qui tirent sur les manifestants. Une cinquantaine ont été tués, 700 arrêtés. Les déclarations et manifestations de soutien s’organisent dans le monde.

Manif Thhrant

En Iran, les manifestations marquent, tout particulièrement dans la jeunesse, le rejet de ce régime qui se sert de la religion comme moyen de contrôle social et catalysent l’exaspération des Iraniens. A la répression s’ajoutent les graves difficultés économiques, dues en partie à l'embargo imposé au pays, que vit au quotidien le peuple. Notre parti se tient aux côtés du peuple iranien dans sa lutte courageuse pour l’émancipation des femmes et pour la construction d’un avenir commun de progrès démocratique.

Sommet de l'Organisation de Coopération de Shanghai

Le 22éme sommet de l'organisation de coopération de Shanghai (OCS), s'est tenu les 15 et 16 septembre à Samarcande en Ouzbékistan. Il a été marqué par la présence et les rencontres de trois dirigeants importants de cette organisation: V. Poutine (Fédération de Russie), Xi Jinping (République Populaire de Chine) et N. Modi ( République de l'Inde). Dans le contexte de la guerre en Ukraine, les dirigeants mondiaux et les commentateurs on été particulièrement attentifs à la tenue de ce sommet.
Pour situer l'importance de l'OCS, il convient de faire un bref rappel sur sa nature. Cette organisation a été fondée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre États d'Asie Centrale le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle s'est élargie à l'Inde et au Pakistan en 2016. En 2017, elle comptait huit membres auquel il fallait ajouter quatre pays avec le statut d'observateurs: La Mongolie, l'Afghanistan, l'Iran et le Bélarus. Six avaient un statut de partenaires : la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, le Népal, le Sri-Lanka et le Cambodge. Cet élargissement s'est poursuivi au cours de ce dernier sommet, la République Islamique d'Iran devenant membre officiel d l'organisation, tandis que la procédure d'adhésion du Bélarus était actée. Le sommet a aussi donné son accord pour la procédure d'admission de Bahreïn, des Maldives, des Émirats Arabes Unis, du Koweït et du Myanmar tandis que l'Égypte, l'Arabie Saoudite et le Qatar reçoivent le statut de partenaires.
Dans sa configuration actuelle, l'OCS représente 50% de la population mondiale. Formée par des pays en développement, son PIB représentait en 2019, 22 % du total mondial. Les membres de l'OCS regroupent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 30 % de l'uranium. C'est dire l'importance humaine et économique de cet ensemble.
Si l'OCS se présente comme un espace de coopération respectueux des États et de leurs politiques, il n'en est pas moins actif dans le domaine sécuritaire et tout particulièrement dans la lutte contre le terrorisme. La déclaration finale de Samarcande y consacre une large place(1) . L'OCS affirme sa volonté d'un monde multilatéral, clairement opposé à une conception d'alliance autour d'un leader jouant un rôle dirigeant, comme le sont les USA et leurs alliés. Dans le domaine économique, l'OCS dans sa déclaration finale rappelle son attachement au libre échange en condamnant les tentatives de le restreindre :" Les États membres réaffirment qu’il importe de continuer à améliorer l’architecture de la gouvernance économique mondiale et qu’ils défendront et renforceront systématiquement un système commercial multilatéral ouvert, transparent, équitable, inclusif et non discriminatoire fondé sur les principes et les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), promouvoir le développement d’une économie mondiale ouverte, s’opposer aux actions protectionnistes et aux restrictions commerciales qui vont à l’encontre des principes de l’OMC, sapent le système commercial multilatéral et menacent l’économie mondiale". Cette déclaration de principe souligne que l'OCS se place dans la perspective de la mondialisation capitaliste et que de ce point de vue, le multilatéralisme revendiqué est celui du droit à une concurrence mondiale capitaliste ouverte.
Si la presse russe et chinoise sont particulièrement démonstratives sur la solidité de l'amitié russo-chinoise, les faits tempèrent un peu ces discours. En effet, Xi Jinping tout en saluant la coopération entre la Russie et la Chine et tout particulièrement dans le domaine de l'énergie, vital pour la Chine, il est resté très prudent sur tous les échanges qui pourraient enfreindre les sanctions occidentales dans le domaine de l'armement et des composants électroniques. Le Président des États-Unis n'a d'ailleurs pas manqué de remettre la pression sur la Chine, la menaçant à nouveau si elle mordait le trait. Rappelons que la Chine fait près de dix fois plus de commerce avec les États-Unis qu'avec la Russie. La prudence chinoise est donc celle de leurs intérêts, de ceux de leurs entreprises et de leur commerce. Si le Président chinois est tout de même attaché à l'alliance avec la Russie, l'Inde a une position beaucoup plus ambivalente. N. Modi n'a pas manqué de rappeler la condamnation de l'entreprise russe en Ukraine tout en rejetant les sanctions.
Cette situation reflète une situation de crise profonde au sein du système impérialiste au moment où les concurrences s'exacerbent et entraînent à des conflits ouverts. L'architecture basée sur la domination d'un seul pôle impérialiste, celui des États-Unis, est remise en question, sans que pour le moment un pôle plus puissant soit en mesure de s'y substituer. Les peuples sont les premières victimes de ces affrontements dont l'origine prend sa source dans le développement du capitalisme lui-même. L'urgence est bien donc de mettre la lutte contre le capitalisme au centre de l'activité politique car il ne peut y avoir d'issue pacifique sans son renversement. Cela implique de développer la lutte des classes dans chaque pays et à renforcer la solidarité internationaliste de lutte contre l'impérialisme.

(1) https://www.temoignages.re/international/monde/declaration-de-samarcande-du-conseil-des-chefs-d-etat-de-l-organisation-de-cooperation-de-shanghai,105234

Emeutes de la faim à Haïti

Nouvel épisode des émeutes de la faim (voir hebdo n°86) : Haïti, l’ancienne colonie française est depuis le 15 septembre en proie à de violentes manifestations et des pillages depuis l’annonce par le gouvernement de l’augmentation du prix du carburant qui entraîne celle de tous les prix alimentaires en cascade. Après l’application de ces nouveaux tarifs, les manifestations monstres de mercredi ont tourné à l’émeute à Port-au-Prince, avec des routes barrées par des barricades et de nombreuses scènes de pillage. Un entrepôt abritant des vivres a été pris d’assaut par les manifestants. Ces vivres faisaient partie d’un stock géré par le PAM (Programme alimentaire mondial) et destiné à être distribué à la population. Gangrené par la corruption et les violences des gangs rivaux, le gouvernement appelle la population à s'armer pour faire face aux manifestants. Quant à Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, il appelle au calme et à la plus grande retenue, en exhortant « toutes les parties prenantes à prendre des mesures immédiates pour désamorcer la situation, éviter la violence et permettre à la police nationale d’Haïti de remplir son mandat de protéger la population » autrement dit la répression est la seule réponse au peuple qui crie sa misère et sa faim. Les Etats-Unis proposent des élections … Il faut sauver le capital, fût-il affameur !
Notre soutien va au peuple haïtien et aux communistes du pays contraint à la clandestinité. Seule, la lutte des travailleurs et de la jeunesse ouvre une perspective de changement.

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