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N° 847 15/11/2023 Le secrétaire-général du Parti Communiste Palestinien (PCP), Mahmoud Saadeh, a publié le 8 novembre une déclaration évoquant à la fois le stade actuel de la lutte entre l’État d’apartheid et le peuple colonisé et les perspectives de solution.
L’avis du PCP sur la « solution à deux États »
Le texte fait litière de la soi-disant « solution à deux États » et explique clairement ce qui motive ses tenants actuels : « L’accent mis actuellement par de nombreux pays et certaines organisations palestiniennes sur la possibilité d’imposer une solution à deux États à la Palestine historique est devenu, dialectiquement parlant, un slogan colonial et de remplacement sous une couverture européenne avec une histoire arabe coloniale et réactionnaire détestable. Il ne peut être réalisé sur le terrain étant donné l’évolution rapide de la situation à Gaza et en Cisjordanie, influencée par les batailles féroces qui se déroulent actuellement au niveau local, régional et mondial. Il s’agit d’une tentative de maintenir un pied sur les rives de la mer Méditerranée en tant que base coloniale sur la terre palestinienne, représentée par l’entité coloniale raciste sioniste, qui est la deuxième partie de la solution à deux États discutée mondialement ces jours-ci. »
Obtenir un État palestinien côte à côte avec celui d’Israël a toujours été difficilement possible ; c’est aujourd’hui impossible, étant donné que le gouvernement fasciste d’Israël n’en veut pas, ni les forces politiques de l’opposition officielle, Ils ont un autre projet : l’épuration ethnique et l’annexion pure et simple des territoires occupés. C’est ce qui est à l’œuvre en ce moment, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie.
C’est ce que dit le camarade Saadeh, cela implique de maintenir tel quel l’État sioniste, qui est porte l’entière responsabilité de la situation actuelle. Il ne s’agit pas, quand on dit cela, de contester la présence de la population juive en Palestine, mais de contester la forme de ce que les Palestiniens appellent l’Entité sioniste, un État raciste et de plus en plus théocratique. Cet État, même maintenu dans les limites d’avant 1967, « sert de cadre central pour préserver les intérêts coloniaux et impérialistes des puissances sanguinaires américaines et européennes au Moyen-Orient et dans la région arabe en particulier. ».
 
L’évolution historique entraîne une autre position
Le camarade Saadeh explique aussi l’évolution du contexte historique : « Lorsque la solution des deux États a été proposée au début des années 1970, il n’y a pas eu de colonisation terrifiante, de vols et de viols comme ceux auxquels se livrent aujourd’hui les bandes de meurtriers nazis et fascistes. Ils se livrent à des assassinats quotidiens de véritables fermiers et propriétaires terriens palestiniens. ». Et il conclut son propos : « Il est donc devenu impératif pour notre parti communiste palestinien d’adopter le slogan d’un seul État démocratique et laïque sur l’ensemble du territoire historique palestinien, un "État pour tous ses fils", parce que les circonstances mondiales et la réalité objective résultant de notre lutte de classe et nationale contre les Anglo-Saxons ont changé la donne. ».
 
Comment faire ?
Ensuite, Mahmoud Saadeh envisage le « Comment faire ? ». Il s’intéresse notamment à l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), qui fédérait autrefois tous les mouvements de la Résistance palestinienne. Voici ce qu’il en dit : « En ce qui concerne l’Organisation de libération de la Palestine, nous constatons que sa composition actuelle et sa direction, nommée par une faction qui ne représente pas les aspirations de notre peuple arabe palestinien, ressortent clairement des pratiques de ces dirigeants. ». Il enchaîne en proposant une solution : « La solution optimale consiste à restructurer l’Organisation de libération de la Palestine sur des bases nationales révolutionnaires, et elle devrait chapeauter toutes les organisations palestiniennes, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Cela signifie que personne ne doit être exclu afin qu’elle représente réellement notre peuple dans tous ses segments et catégories. ».
Le PCP prône donc l’union de toutes les forces de la Résistance nationale palestinienne sans en exclure qui que ce soit. C’est totalement à rebours des discours de division des bonnes âmes de gauche, qui, dans notre pays notamment, défendent à la fois l’idée des torts partagés et la moribonde solution à deux États.
Mahmoud Saadeh termine en fustigeant les discussions et conférences qui pourraient se tenir sans les représentants de la Résistance palestinienne, mais avec quelques cautions d’États arabes.
 
Notre avis
Le Parti Révolutionnaire Communistes salue ce texte et l’état de la réflexion du Parti Communiste Palestinien sur l’avenir. Si l’épisode actuel de la guerre coloniale qui dure depuis 75 ans montre quelque chose, c’est que la Paix dans cette région du monde, ne sera pas possible tant que l’État sioniste, qui a mis en place un apartheid et qui pratique l’épuration ethnique existera sous la forme qui est la sienne. Le seul avenir possible est que les populations juive et arabe vivent côte à côte dans un État unique laïque.
Et pour aller sur ce chemin, il faut commencer par exiger le cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’ouverture d’un accès humanitaire, la fin des meurtres de Palestiniens et des exactions des colons en Cisjordanie dans un premier temps, mais aussi par le départ des troupes d’occupation et le démantèlement des colonies en Cisjordanie et le droit au retour de tous les réfugiés.
Cela ne pourra se faire que par la mise en place effective de sanctions économiques internationales contre le gouvernement d’Israël et non par un soutien inconditionnel à cet État d’apartheid, la rupture des relations diplomatiques, la Bolivie a déjà pris cette décision. Mais aussi par une mobilisation internationale massive de tous ceux qui condamnent le massacre des Palestiniens. Des dizaines de milliers de travailleurs dans le monde mènent déjà des actions de blocage des envois d’armes, c’est une lutte juste, qui doit s’amplifier. Le boycott doit s’étendre à toutes les entreprises qui commercent avec Israël.