N° 883 25/07/2024 Le génocide au quotidien
Israël continue le génocide dans la Bande de Gaza, tandis que son chef de gouvernement parade chez ses maîtres impérialistes à Washington.
Depuis le matin du 22 juillet, les forces d’occupation reviennent s’acharner sur le gouvernorat(*) de Khan Younès peu après que l’armée israélienne a émis un nouvel ordre d’évacuation des quartiers Est de cette ville. Le 24 juillet, ces attaques auront fait 77 morts dont 24 enfants, et plus de 270 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé.
« Devant l’hôpital Nasser de Khan Younès, où morts et blessés ont été transportés, des scènes déchirantes ont lieu sous le regard impuissant des soignants : un homme brandit le cadavre d’un bébé en hurlant, une femme effondrée sous le chagrin se frappe la tête, on voit des gens couverts de sang au regard hagard. », écrit l’AFP le 27/07.
« Nous étions heureux de préparer le petit-déjeuner, et soudain, les obus tombent, puis les tracts d’avertissement », relate un rescapé, Hassan Qoudayh, à l’agence française. « Il y avait des martyrs dans les rues. Gaza est finie, Gaza est morte. Il ne reste rien, rien. Assez ! » répète-t-il, effondré.
Outre l’offensive sur Khan Younès, la journée du 23 juillet, qui marquait le 291ème jour de la guerre contre Gaza, a enregistré une série de raids meurtriers lancés sur d’autres secteurs de l’enclave. A Gaza-ville, 4 personnes ont été tuées à l’aube à la suite d’un bombardement qui a ciblé une habitation civile au quartier Sabra, rapporte l’agence Wafa.
A Jabaliya, au nord, 4 personnes ont péri après qu’une frappe aérienne ait foudroyé un groupe de maisons. Et à Deir El Balah, au centre, la Défense civile a recensé 4 morts et plusieurs blessés à la suite d’une attaque dans la région d’Al Hadba. Un autre bombardement aérien ayant visé le camp d’El Bureij a fait 6 morts et 10 blessés, indique l’agence Wafa.
D’après les autorités sanitaires de Gaza, l’occupant sioniste a commis 8 massacres en 24 heures, entre les 22 et 23 juillet, qui ont fait 84 morts et 329 blessés. Le bilan général de la guerre a ainsi grimpé à 39 090 morts et 90 147 blessés, précise la même source.
La polio menace Gaza
Outre les crimes de masse, la bande de Gaza est exposée à de très graves conditions de vie, entre famine, maladies, insalubrité, manque d’hygiène, pénurie d’eau potable, le tout sous une chaleur torride et un environnement propice à la propagation des épidémies.
L’OMS a alerté hier sur la présence du poliovirus dans les eaux usées. « Je suis très inquiet. Je suis extrêmement inquiet [...] et il ne s’agit pas seulement de la polio. Il pourrait y avoir d’autres épidémies de maladies transmissibles qui pourraient survenir », s’est alarmé le Dr Ayadil Saparbekov, chef d’équipe à l’OMS pour les urgences sanitaires dans les Territoires palestiniens occupés, en visioconférence, lors d’un point de presse à Genève.
« L’hépatite A a été confirmée l’année dernière et maintenant nous pourrions avoir la polio », répète-t-il, ajoutant qu’il y a déjà « jusqu’à 14 000 personnes qui pourraient avoir besoin d’une évacuation médicale hors de Gaza ».
Les recommandations les plus élémentaires sont difficiles à observer : « Etant données les limites actuelles en matière d’hygiène et d’assainissement de l’eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l’eau salubre », déplore le docteur Saparbekov.
Netanyahu, isolé, cherche du soutien
Le Premier ministre de l’État colonial sioniste, Benyamin Netanyahu, a entamé une visite à Washington où il doit s’entretenir avec Joe Biden. Le Président sortant a osé dire qu’il va « continuer à travailler en très étroite collaboration avec les Israéliens et les Palestiniens pour essayer de trouver une façon de mettre fin à la guerre à Gaza ». Plus un mensonge est gros…
Au départ de Tel Avis, le 22 juillet, Netanyahu y est allé de ses rodomontades habituelles : « quel que soit le prochain président choisi par le peuple américain, Israël restera l’allié indispensable et solide de l’Amérique au Proche-Orient. […] En cette période de guerre et d’incertitude, il est important que les ennemis d’Israël sachent que l’Amérique et Israël sont solidaires aujourd’hui, demain et toujours. ».
La direction démocrate aux USA a du mal à convaincre une partie non négligeable de son électorat, très mobilisée en faveur de la Palestine. D’ailleurs, le boucher Netanyahu a été accueilli par des milliers d’opposants, lui signifiant qu’il n’était pas le bienvenu et que sa place serait plutôt devant la Cour Internationale de Justice de La Haye.
Pour donner le change, Biden s’accroche à des négociations, avec Qatar et Egypte, qui échoue régulièrement depuis des mois à cause de la direction de l’État colonial, qui se soucie comme d’une guigne de la libération des captifs. Aussi redouble-t-il les effets d’annonce à ce sujet. Ainsi, une délégation israélienne est arrivée le 23 juillet à Doha pour reprendre les pourparlers.
Ce n’est pas de ce côté-là que viendra la paix et la satisfaction des revendications des Palestiniens colonisés. Il n’y a rien à en attendre.
Un accord historique inter-palestinien signé à Pékin
Contenu de l’accord et signataires
Quatorze organisations palestiniennes ont signé le 22 juillet à Pékin un accord prévoyant la mise en place d'un gouvernement intérimaire d'union nationale pour gouverner l'ensemble du territoire palestinien comprenant aussi bien Gaza que la Cisjordanie occupée, selon un communiqué. Ce document de quatre pages a été élaboré par ces organisations réunies depuis plusieurs jours à Pékin dans le cadre d'une nouvelle tentative parrainée par la Chine, aux fins de trouver des compromis entre les différentes composantes de la scène politique palestinienne. Parmi les signataires de cet accord figurent les deux principales organisations de la Résistance palestinienne, le Fatah et le Hamas, et aussi les autres organisation présentes à Gaza ; les marxistes du FPLP (qui a suspendu sa participation à l’OLP), et du FDLP (toujours partie prenante de l’OLP), les sociaux-démocrates du PPP (partie prenante de l’OLP) et le Jihad Islamique. On y trouve aussi d’autres organisations présentes en Cisjordanie et membres de l’OLP comme le Front de Lutte Populaire Palestinien (FLPP), le Front de Libération de la Palestine (FLP) ou encore l’Initiative Nationale Palestinienne (INP). Enfin, des organisations non affiliées à l’OLP, comme le Front de Libération Arabe (FLA) et le Front Arabe Palestinien (FAP) et surtout, une très ancienne organisation présente dans les camps de réfugiés de Syrie et du Liban, le FPLP Commandement Général.
Les quatre principaux éléments de l’accord sont l’établissement d’un gouvernement d’unité nationale intérimaire, la formation d’un leadership palestinien unifié avant les prochaines élections, l’élection libre d’un nouveau Conseil national palestinien et une déclaration générale d’unité face aux attaques israéliennes en cours.
Quelques réactions palestiniennes
Le secrétaire-général de l’INP, Mustafa Barghouti a expliqué à Al Jazeera que cet accord va « beaucoup plus loin : il est plus important que tout autre programme de ces dernières années ». Le mouvement vers un gouvernement d’unité est particulièrement important, a-t-il dit, parce qu’il « bloque les efforts israéliens pour créer une sorte de structure collaborative contre les intérêts palestiniens ».
De Beyrouth où il est établi, Hossam Badran, figure de proue du Hamas, a salué avec enthousiasme lui aussi l’accord de Pékin qu’il qualifié « d’avancée positive sur la voie de l’unité nationale ». Dans une déclaration reprise par Anadolu, il insiste sur «la nécessité pour les Palestiniens de faire face à la politique unilatérale menée par les Etats-Unis concernant la question palestinienne », fustigeant « la position de l’administration américaine hostile à tout consensus national palestinien ».
Pour lui, « C’est la solution nationale la plus appropriée pour la situation palestinienne après la guerre, qui dresse une barrière infranchissable à toutes les ingérences régionales et internationales qui cherchent à imposer des faits contraires aux intérêts de notre peuple dans la gestion des affaires palestiniennes après la guerre ».
Le rôle de la Chine
Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, s’est félicité, mardi 23 juillet, de l’accord conclu par les quatorze mouvements palestiniens. « Le fait le plus marquant est l’accord prévoyant la formation d’un gouvernement intérimaire de réconciliation nationale pour la gouvernance d’après-guerre de Gaza », a déclaré M Wang, après la signature.
« La réconciliation est une question interne aux mouvements palestiniens, mais elle ne peut être réalisée sans le soutien de la communauté internationale », a en outre déclaré le chef de la diplomatie chinoise. La Chine, a-t-il ajouté, souhaite « jouer un rôle constructif dans le maintien de la paix et la stabilité au Moyen-Orient ».
En insistant sur le fait que les dirigeants chinois promeuvent des solutions avec l’ensemble des concernés, contrairement aux USA, en obtenant une déclaration au moment même ou Netanyahu le génocidaire est à Washington, la Chine marque des points par rapport aux USA sur l’échiquier international.
Un espoir se lève
Quels que soit les buts stratégiques des Chinois, cet accord va dans le bon sens. Le mérite des représentants des 14 organisations palestiniennes réunies à Pékin, est d’avoir justement donné corps à un consensus palestinien.
La réaction du ministre des Affaires étrangères de l’État colonial, pleine de morgue et de mépris colonial, reprenant à l’envi le discours mensonger de la propagande sioniste montre la crainte que les sionistes ont d’un peuple palestinien enfin uni. Israël Katz a déclaré : « Le Hamas et le Fatah ont signé un accord en Chine pour le contrôle conjoint de Gaza après la guerre. Au lieu de rejeter le terrorisme, Mahmoud Abbas étreint les meurtriers et les violeurs du Hamas, révélant ainsi son vrai visage ».
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, et nous l’avons maintes fois écrit, l’unification de la Résistance palestinienne est un préalable essentiel à la libération de la Palestine. Nous nous réjouissons de cet accord et nous le saluons.
En Conclusion
Malgré tous les moyens déployés pour faire taire la solidarité avec les Palestiniens, malgré une « information » verrouillée, personne, ni media, ni gouvernement occidental ne peut empêcher les travailleurs, la jeunesse, les peuples de savoir que la population de Gaza subit un génocide et de comprendre que la nature coloniale de l’État sioniste explique ce génocide et implique qu’il ne peut être partie prenante d’aucune véritable paix, il en est l’obstacle principal. Personne ne peut ôter la mince fibre d’espoir que suscite la déclaration de Pékin.
Si le chemin est long vers la décolonisation, le seul à emprunter pour quiconque veut vraiment la paix en Palestine est celui qui passe par l’unité des organisations de la Résistance palestinienne.
Nous continuons, inlassablement, de réclamer un cessez-le-feu immédiat et permanent, de même que l’accès libre aux humanitaires dans toute la Bande de Gaza, ou encore le retrait total des forces d’occupation de l’enclave. Mais, cela ne saurait suffire.
Une paix juste, c’est le démantèlement des colonies, le retour des réfugiés et un Etat palestinien réellement indépendant. Ce qui empêche une telle paix c’est l’existence d’un Etat colonial. Les travailleurs d’Israël ne peuvent être libres s’ils ne rompent pas avec le sionisme, s’ils continuent de se trouver objectivement dans le camp des colonisateurs. La solidarité avec la Palestine ne peut se contenter de phrases générales sur la paix. Il faut un Etat où tous les habitants jouissent des mêmes droits et puissent vivre ensemble, quelles que soient leur origine et leur religion en l’occurrence, un Etat palestinien démocratique. Et l’unité des Résistants palestiniens est une étape sur ce chemin.
C'est pourquoi, le Parti Révolutionnaire Communistes entend, malgré les obstacles, continuer de rassembler tous ceux qui veulent un cessez le feu immédiat pour que cesse le massacre des Palestiniens et se prononcent pour la paix. Pour nous, cela passe par le soutien aux revendications fondamentales du mouvement de libération nationale palestinien, surtout en voie d’unité : fin immédiate de l'agression militaire sioniste, droit au retour des réfugiés et formation d'un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire.
(*) Un gouvernorat est une subdivision territoriale dans laquelle s'exerce l'autorité d'un gouverneur, notamment dans certains pays arabes.