La Chine est au cœur de l’actualité politique économique et sociale mondiale. En un temps court depuis la création de la République Populaire de Chine en 1949, dans les conditions que l’on connaît, la Chine est passée d’un pays très pauvre et peu développé à large dominante agricole et paysanne pauvre à une Nation moderne développée qui est aujourd’hui en terme de PIB l’équivalent de celui des USA. En Asie comme dans le Monde elle joue un rôle de première importance et l’actualité sur la « guerre commerciale avec les USA » montre bien que ce pays est devenu un acteur économique et politique majeur sur la scène internationale. Son économie et largement intégrée dans l’économie mondiale en termes d’échanges y compris financiers.
Le fait que la Chine soit dirigée par un Parti Communiste a évidemment une importance particulière. Il nous faut donc saisir précisément la nature de son développement et de ses rapports avec les autres pays et les puissances mondiales. Dans l’histoire récente, les rapports entre la RPC et les pays socialistes et tout particulièrement l’URSS ont pu dérouter. Que l’on se souvienne des conflits ouverts avec l’URSS sur la question de la frontière sino-soviétique, l’agression militaire contre le Vietnam, l’aide à l’UNITA soutenu par l’Afrique du Sud contre le MPLA en Angola. Le soutien de la chine au régime fasciste de Pinochet au Chili. ... Si les critiques du PCC envers l’URSS se basait sur les positions du PCUS après le XXe congrès, positions qualifiées d’opportunistes, le PCC n’a pas manqué de rentrer en conflit ouvert avec le mouvement communiste international. La base de son analyse reposait sur la théorie des « trois mondes ». Le premier des super puissances, dont l’URSS, était désignée comme puissance social-impérialiste, le deuxième était composé des alliés riches des superpuissances et enfin le troisième était composé des pays en voie de développement, comprenant la Chine. De ce positionnement ont résulté et résulte des attitudes concrètes. Ainsi, récemment en visite en Grèce, le premier Ministre, de 2003 à 2013, Wen Jiabao a déclaré que la Chine soutient un Euro stable : « nous croyons qu’une Europe unie et forte peut jouer un rôle irremplaçable dans le développement du Monde » apportant ainsi un appui au développement de la construction du centre impérialiste européen. Aujourd’hui le PCC entretient, selon Elisseos Vagenas responsable de la section internationale du CC du KKE, des liens étroits avec l’internationale socialiste.
Si le développement capitaliste de la Chine et le renforcement de ses relations au sein du système capitaliste ne font aucun doute, ils sont présentés comme le fait que : « la Chine ne peut se développer isolément du reste du Monde, comme le Monde ne peut ignorer la Chine... »1 A partir d’une telle position la Chine est présentée par certains comme un moyen de développer les forces productives en Chine sous le contrôle du PCC et comme un contrepoids à l’impérialisme américain. Dans ces conditions, il conviendrait, selon leur point de vue, de considérer l’orientation de la politique du PCC comme une immense NEP et appellerait de la soutenir pour isoler l’impérialisme US. D’autres, au contraire, soulignent que la prédominance de rapports sociaux capitalistes en Chine, sa participation au processus d’internationalisation et d’accumulation du capital dans un marché qualifié de « global » l’intègre dans le système impérialiste lui-même tel que l’a décrit Lénine et dont les caractéristiques se sont vérifiées et amplifiés depuis. Ces capitaux exportés ne sont rien d’autre que le résultat de l’accumulation en Chine de capitaux issus de rapports de production capitalistes. Ainsi, la Chine est-elle devenue de par sa politique de développement capitaliste un acteur concurrent de la puissance impérialiste dominante : les USA.
Il nous faudra donc au cours de ce débat mesurer la nature du développement de la Chine, de ses relations économiques et politiques avec le monde qui l’entoure, sa stratégie de puissance et l’évolution de sa structure politique et sociale et des forces qui y agissent.
Chine : quelques éléments sur le système politique et social
La République Populaire de Chine qui a vu le jour en 1949 est aujourd’hui dirigée par le Président XI jinping et cela depuis 2013. Le Premier Ministre, chef du gouvernement est LI Keqiang.
Quelques données géographiques et démographiques:
La Chine à une superficie de près de 9,5 millions de km² (France 0,55).
Sa population est de 1,386 milliard d’habitants en 2017 selon la Banque mondiale pour une densité de 148 hab./km² (France 67 millions, 117 hab./km²).
Croissance démographique 0,6 % en 2017 (France.0,4 %).
Espérance de vie 76 ans (France 82 ans).
Taux d’alphabétisation 96 %.
Surface arable : 10 % des surfaces arables mondiales pour nourrir 20 % de la population.
1 Renmibi = 0,13 Euros (9 juin 2019)
Pouvoir politique en République Populaire de Chine
Il est divisé entre trois organes : l'Assemblée nationale populaire (ANP), le système judiciaire et le conseil des affaires d'État. A chaque niveau de l'État correspond un poste de responsabilité du parti.
La RPC se définit comme « un État socialiste de dictature démocratique populaire, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans ». Le préambule de la constitution spécifie le rôle dirigeant du PCC.
Il convient de ne pas sous estimer le rôle de l’Armée Populaire de Libération (APL), elle est contrôlée non pas par le Conseil des affaires de l'État mais par la Commission Militaire Centrale qui est présidée par le chef de l'État. Cette situation existe depuis 1989 à l’initiative de Deng Xiaoping.
Le Parti Communiste
Le PCC est la colonne vertébrale du pouvoir politique. Il compte 85 millions de membres dont 10 millions de cadres. Il est représenté dans les entreprises publiques et les entités administratives jusqu’à un niveau assez bas. Le parti depuis des décennies considère que les cadres communistes doivent être des experts dans la gestion économique et administrative.
En son sein se renforce les représentants des couches sociales qui sont les plus liées au développement du secteur privé. Il est maintenant possible aux entrepreneurs et dirigeants d’entreprises privés d’adhérer au PCC.
Compte tenu du rôle politique, économique et social que joue le PCC, tout particulièrement dans une situation où l’économie capitaliste se développe rapidement en Chine, il convient de s’arrêter sur la composition des organes dirigeants. Pour l’essentiel il est composé de haut fonctionnaires du parti ayant des responsabilités politiques, économiques et administratives dans l’appareil d’État. Les ouvriers en sont complètement absents.
Ainsi, lors du dernier congrès du PCC, le Comité central élu comptait 38 militaires (plus 22 parmi les 137 suppléants) sur 204 titulaires , ce qui nous renvoie au rôle important de l’armée. On y trouve 10 femmes et 13 représentants des minorités nationales. Il est remarquable qu’aucun ouvrier n’y soit représenté. Parmi les Présidents et vice-Présidents de l’ANP aucun ne ressort de la catégorie ouvrier. C’est vrai aussi pour tous les dirigeants qui ont des postes importants dans l’État et l’économie.
Dans les grandes entreprises publiques la nomination des dirigeants se fait par la Commission Permanente du Comité Central. Les dirigeants des entreprises publiques sont en même temps secrétaire du PCC dans les entreprises concernées.
L’étude de biographies de dirigeants économiques importants est significative de l’absence de plus en plus complète de cadres issus de la classe ouvrière. On peut se référer pour en être convaincu à celles du Président et des vice-présidents de la Fédération Chinoise de l’Industrie2 .
Les autres partis
Huit à dix partis politiques minoritaires, membres de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois existent depuis 1950. Ils sont tous acceptés formellement par le PCC et leurs activités sont dirigées par le bureau du Front uni du PCC. Bien qu'ils soient rigoureusement organisés pour ne pas concurrencer le PCC, des membres de ces partis se retrouvent individuellement à certaines étapes d'élaboration des lois et des politiques d'État, et un règlement prévoit que les institutions d'État aient au moins un membre des partis politiques mineurs.
Les syndicats
la Fédération Nationale des Syndicats de Chine dirigée par Wang Dongming3 est une institution puissante d’environ 300 millions de membres en 2017 inscrite dans une situation institutionnelle évolutive liée aux réformes économiques entreprises depuis des décennies. On peut parler d’un syndicalisme de cogestion. Parfois les syndicats de la FNSC sont présents dans les luttes, ce qui a valu à l’ancien secrétaire général d’être démissionné. La FNSC accompagne les réformes, assure la stabilité sociale et remplit relativement bien le rôle que l’État lui assigne, celui de la paix sociale. Sa place dans l’appareil d’État l’empêche d’être l’expression de la voix des travailleurs, pour aboutir à des accords collectifs qui assureraient une véritable incorporation de ceux-ci dans la société. Soumise au sein de l’entreprise à une allégeance aux instances locales du Parti aussi bien qu’au management, si elle parvient à conserver le contrôle des mouvements sociaux, elle ne parvient pas à empêcher les conflits sociaux qui se multiplient. De fait, elle est souvent extérieure à des mouvements sociaux importants. Il faut mesurer que les conflits sociaux qui se développent sont liés à la croissance de la classe ouvrière et à son exploitation. Ils sont violents. Cela va jusqu’à la contestation du PCC et parfois à des saccages de sièges de ce parti. La répression est intense et brutale. Dans le secteur privé les patrons s’accommodent bien d’un syndicalisme sous contrôle mais craignent que l’absence d’organisations réellement représentatives des salariés nuise à une gestion des conflits.
La Chine appartient-elle au système capitaliste mondial. Est-elle impérialiste ?
Ce que dit Lénine sur l’impérialisme4 dans : « L’impérialisme stade suprême du capitalisme »
Lénine, donne de l'impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :
1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu'elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique.
2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce "capital financier", d'une oligarchie financière
3) l'exportation des capitaux, à la différence de l'exportation des marchandises, prend une importance toute particulière
4) formation d' unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde
5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financiers, où l'exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s'est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes".
Nous le voyons, cette définition de l'impérialisme décrit un système et non la simple domination d'un Etat sur un autre. De ce point de vue, la Russie et la Chine, ceux que l'on nomme les BRICS ont atteint le stade impérialiste et sont des concurrents des autres pays impérialistes. Bien entendu, au sein de l'impérialisme des contradictions naissent et se développent, elles sont à la source des conflits, armés ou non. Les révolutionnaires doivent analyser ces contradictions et les utiliser dans la lutte anticapitaliste. Fondamentalement, ils doivent aussi garder leur indépendance et rester sur des positions de classe anti-impérialistes.
1. Un développement capitaliste
Le développement de la Chine au cours de ces dernières décennies est clairement capitaliste. Une donnée de base permet de le vérifier. En quelques décennies la part du secteur privé dans le PIB est passée de 10 % à 70 % dans un volume de richesses produites multipliées par 100.
Un communiqué de l’agence de presse Xinhua5 en 2018 citant Gao Yunlong, chef de la Fédération nationale de l'industrie et du commerce, indique que : « le secteur privé en Chine a apporté une grande contribution à la croissance économique », et elle ajoute : « Le secteur contribue actuellement à plus de 60% à la croissance du PIB de la Chine et génère plus de la moitié des recettes fiscales du pays, a précisé Gao Yunlong.
Parallèlement, plus de 60% des investissements en actifs fixes et des investissements à l'étranger de la Chine ont été effectués par des investisseurs privés, a indiqué M. Gao lors d'une conférence de presse en marge de la première session du 13e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC).
L'économie privée joue aussi un plus grand rôle dans la création d'emplois et la stimulation de l'innovation du pays en fournissant plus de 80% des emplois et en contribuant à plus de 70% de l'innovation technologique et des nouveaux produits dans le pays, a-t-il ajouté.
L'année dernière, plus de 90% des nouveaux emplois ont été créés par des entreprises privées, a-t-il noté.
Fin 2017, la Chine comptait 65,79 millions d'entreprises individuelles et 27,26 millions d'entreprises privées, qui ont recruté environ 340 millions de personnes ».
Les plans d’État sont de plus en plus liés aux grands travaux d’ordre stratégique : grandes voies de communications, développement de l’agriculture, qui demeure une question vitale. Si le « centralisme » est toujours à la base du fonctionnement politique, cela ne dérange guère le capital dans la mesure ou il influe dans la désignation des dirigeants à l’échelle des régions. Pour les habitants, il faut distinguer ce dont le statut est lié au permis de séjour « ville » de ceux de la « campagne » sans oublier l’existence de 250 millions de ruraux travaillant en ville et ne disposant pas des mêmes droits en matière de santé, de salaire, de droit au logement...Les droits sociaux se règlent à l’échelle des régions et non de l’État. Les salaires divergent fortement suivant les régions. Le salaire moyen à Shanghai est le double de celui de Nanchang (Jiangxi). Cela conduit de puissantes entreprises privées comme Foxconn à délocaliser à l’Ouest à la suite de luttes sociales dans le Guangdong qui ont conduit au doublement des salaires. Cette opération de délocalisation interne c’est faite avec l’accord du gouvernement.
2. Capitalisation boursière
L’essentiel des grandes entreprises publiques ou privées sont cotées en bourse. Il y a au total en 2018 selon la Banque Mondiale 3584 entreprises cotées en bourse en Chine. Par comparaison il y en avait 465 en 2017 en France et 4397 aux USA. Il existe quatre bourses de taille internationale : Pékin (11e), Shanghai avec 1460 sociétés cotées (6e), Shenzhen avec 2179 sociétés cotées (18e) et Hong Kong avec 2161 sociétés cotées (3e) totalisant, selon la Banque Mondiale en 2018, une capitalisation de 6.324 milliards de Dollars US, par comparaison la capitalisation boursière aux USA est de 30.436 milliards et celle de la France de 2.749 milliards. Les bourses de Shanghai et Shenzhen sont connectées à celle de Hong Kong qui le sera prochainement avec celle de Londres permettant des échanges plus rapides pour les investisseurs. Selon le journal « les Echos » du 16 octobre 2018 sous le titre : « London Shanghai Stock Connect : Les autorités chinoises ont publié, il y a quelques jours, leur projet de règles régissant le futur lien entre les Bourses de Shanghai et de Londres. Objectif : favoriser les flux d'investissements entre la première Bourse d'Europe et le principal marché d’actions de Chine ».
Le système boursier chinois est donc intimement connecté à l’international et participe de la circulation des capitaux au travers le monde capitaliste.
3. Système bancaire et financier
Les plus grandes banques sont la banque de Chine et la Banque Agricole. La première est la Banque Agricole dirigée par un membre suppléant au CC du PCC, Jiang Choliang. elle est cotée en bourse depuis 2010. Elle est, selon le Forbes Global 2000 la sixième entreprise mondiale en 2017.
La Chine a programmé l’élargissement de l’accès à la bourse chinoise aux particuliers étrangers, le président chinois Xi Jinping, en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, a tenu à officialiser une nouvelle mesure dans le cadre de sa promesse d'ouverture économique et financière. La Commission de régulation de la banque et de l'assurance de Chine (CBIRC, en anglais, pour China Banking and Insurance Regulatory Commission), agence autorisée par le Conseil d'État à réglementer le secteur bancaire de la République populaire de Chine - à l'exception des territoires de Hong Kong et de Macao -, a en effet annoncé qu'elle autorisait désormais les banques étrangères à monter à 100% dans le capital des géants financiers chinois.
« La Chine montre qu'elle tient ses promesses et que les régulateurs financiers chinois sont intéressés par l'ouverture, plutôt que par la fermeture. [...] Compte tenu du différend commercial en cours, cette décision peut s'avérer très utile », a déclaré Chen Long, économiste de la firme de recherche Gavekal Dragonomics basé à Pékin, cité par Bloomberg. Depuis décembre 2003, la Commission de régulation bancaire chinoise (CBRC en anglais, pour China Banking Regulatory Commission) n'autorisait la participation que jusqu'à 20% par établissement étranger. Pour les groupes bancaires, le total de leurs investissements dans une institution chinoise ne figurant pas sur une liste négative pouvait atteindre jusqu'à 25%
Les gains potentiels sont attrayants. Avec cette nouvelle mesure, les géants américains et européens de la finance accéderaient à un marché de 40 trilliards (40.000 milliards) de dollars. D'après les simulations de Bloomberg, ils pourraient multiplier par dix leurs revenus d'ici à 2030. Selon les données de la CBIRC, les banques étrangères détenaient 2.900 milliards de yuans d'actifs (environ 366 milliards d'euros) en Chine à la fin de l'année 2016, soit environ 1,3% de parts de marché.
Par ailleurs, en novembre 2017, la Chine avait commencé à ouvrir ses marchés financiers. Les firmes étrangères avaient en effet obtenu l'autorisation de porter leur participation dans des coentreprises de courtage de valeurs mobilières et de dérivés, et de fonds d'investissements de 49% à 51% actuellement. Bloomberg avait estimé en mai dernier qu'une part de marché de 6% d'ici 2030 représenterait pour les gestionnaires de fonds étrangers un actif de 1,8 milliard de dollars (environ 1,5 milliard d'euros). Il leur faudra cependant attendre 2021 pour pouvoir porter leur participation à 100%.
À l'heure actuelle, aucune banque ne s'est réellement prononcée pour se lancer dans de grandes opérations dans la finance chinoise, mais quelques acteurs étrangers ont émis l'intention d'accroître leur exposition dans le pays. UBS, par exemple, a été la première banque au monde à demander une participation majoritaire dans sa coentreprise d'investissement en Chine, en mai dernier. Nomura, holding financière japonaise, et JPMorgan, première banque américaine en termes d'actifs sous gestion, ont déjà également cherché à tirer parti de cet assouplissement, notamment en créant des coentreprises avec des partenaires locaux.
De son côté, la banque chinoise, Bank of Communications se serait montrée ouverte à faire monter davantage à son capital HSBC, selon le secrétaire du conseil d'administration de l'institution bancaire chinoise, Gu Sheng, cité par Bloomberg.
Toutes les banques de taille internationale sont représentées en Chine.
La Chine est membre de l’OMC depuis décembre 2001 et depuis le 17 avril 1980 du FMI. Le Renmibi est intégré comme monnaie internationale.
4. Exportations de capitaux investissements à l’étranger
La Chine est globalement exportatrice de capitaux. Selon l’agence Xinhua du 7 octobre 2018 : « Les investissements directs à l'étranger de la Chine (IDE) cumulés ont atteint 1.800 milliards de dollars fin 2017, grimpant à la deuxième place dans le classement mondial, selon un rapport officiel. » Elle ajoute : « La Chine a fait des investissements dans 189 pays et régions du monde, ses IDE cumulés représentant 5,9% du total mondial", a déclaré Zhang Xingfu, un responsable du ministère chinois du commerce (MCC) ».
Le rapport, publié par le ministère, le Bureau d’État des statistiques et l'Administration nationale des changes, indique également que les IDE de la Chine ont atteint 158,29 milliards de dollars pendant la seule année 2017, se classant au troisième rang mondial, après les États-Unis et le Japon.
Cependant, le volume a diminué de 19,3% sur un an, en baisse pour la première fois depuis 2003.
Les autorités chinoises ont renforcé l'examen de l'authenticité et de la conformité des IDE depuis la fin de 2016, en particulier les projets qui ne concernaient pas l'économie réelle ou qui négligeaient la protection de l'environnement, la consommation d'énergie et la sécurité.
M. Zhang a indiqué que ce genre de contrôle avait aidé les investisseurs à devenir plus matures et rationnels, contribuant à la modernisation de la structure des IDE.
Les entreprises chinoises continueront à investir à l'étranger, a-t-il annoncé, ajoutant que la Chine souhaitait réaliser un développement mutuel avec les pays d'accueil et leurs peuples et stimuler la croissance économique mondiale.
Les investissements dans six secteurs représentaient 86,3% des IDE accumulé du pays, à savoir les services de la location et des services aux entreprises, le commerce de gros et de détail, les logiciels et les services technologie de l'information, la finance, l'exploitation minière et la fabrication.
Les investissements chinois en Europe et en Afrique ont tous connu une augmentation de plus de 70% en 2017, les premiers atteignant un nouveau record de 18,46 milliards de dollars,précise le rapport.
Au cours de la même période, les investissements dans les pays le long de "la Ceinture et la Route de la soie" représentaient plus de 12% des IDE chinois, en hausse de 31,5% en glissement annuel.
Cette présentation des choses est tout à fait idyllique. Si la Chine cherche à se présenter comme un modèle dans les relations économiques et politiques avec les autres États mettant en avant le statut qu’elle s’attribue de « pays en voie de développement » promouvant un modèle de croissance national, elle feint d’ignorer que le développement inégal du capitalisme, y compris en son sein entre l’Est et l’Ouest, est un des moyens de la domination des centres impérialistes les plus puissants . Ainsi, les pays les moins avancés sont des lieux de leur concurrence acharnée pour le pillage des ressources naturelles, de l’exploitation d’une force de travail bon marché, le contrôle des voies de communication et de commerce…
Si la Chine propose des prêts et investissement concurrentiels par rapport aux autres pays capitalistes et tout particulièrement les USA, elle les utilise pour s’assurer tout particulièrement des sources d’approvisionnement énergétiques et agroalimentaires, pour que ces entreprises investissent dans des productions avec des coûts de force de travail inférieur à ceux de la Chine orientale côtière et pour s’ouvrir des marchés. Elle investit aussi dans les voies de communication qui lui permettent l’approvisionnement et le transfert des marchandises vers les lieux qui irriguent son propre commerce. Elle installe des présences militaires sur la base d’accord d’État à État, soit dans le cadre d’interventions internationales comme celle de la lutte contre la « piraterie ».
Dans le domaine des acquisitions et fusions capitalistiques, nous donnerons deux exemples : Le port du Pirée en Grèce et la société Gelly en france.
Acquisitions, fusions Le port du Pirée (Grèce)
Le Port autonome du Pirée est le plus grand port maritime de Grèce et l'un des plus grands du bassin méditerranéen. Il figure également dans le top 10 des ports de conteneurs européens1. Le port est l'un des employeurs les plus importants de la région avec plus de 1 500 employés qui fournissent des services à plus de 24 000 navires chaque année.
Le 8 avril 2016, le premier ministre grec Alexis Tsipras,, Xu Lirong, président de Cosco ainsi que le directeur de l'agence des privatisations grecque, le HellenicRepublic Asset Development Fund signent le contrat de vente du port. Celui-ci s'élève à 368,5 millions d'euros. Le contrat prévoit l'achat par le groupe Chinois de 51 % du port pour 280,5 millions d'euros puis 16 % pour 88 millions d'euros cinq ans plus tard5.
Démolition du syndicat. Le personnel chinois y est sous statut chinois et non grec.
L’exemple de Gelly
Né en 1986, Geely(1) était à l'origine un fabricant d'électroménager à bas coût. M. Li Shufu(2), son fondateur et président, la transforme fin des années 1990 en groupe automobile, l'un des premiers constructeurs privés du pays.
En 2010, Geely et ses véhicules d'entrée de gamme ne représentent que quelques pourcents du marché chinois, le groupe débourse 1,5 milliard de dollars pour racheter Volvo Cars.
Le Chinois met la main sur la marque suédoise haut de gamme, réputée pour la sécurité et la robustesse de ses modèles, deux qualités qui constituaient le talon d'Achille des constructeurs asiatique.
En 2011 : Geely annonce 11 milliards de dollars d'investissements dans Volvo pour lancer une nouvelle gamme de voitures. Le rapprochement permet à Volvo de décoller sur le colossal marché chinois. Les deux marques restent distinctes, Geely en tire avantage pour monter en gamme, gagner en niveau technique, améliorer son image et muscler fortement ses ventes en Chine.
En 2013, rachat d'un fabricant britannique de taxis
En 2016, Geely créée la marque Lynk & Co en étroite coopération avec Volvo.
En 2017, il reprend les emblématiques voitures de sport anglaises Lotus, puis la start-up américaine Terrafugia, conceptrice de futuristes voitures volantes.
En 2017, il devient le premier actionnaire d'AB Volvo, numéro deux mondial des poids-lourds : 3,9 milliards de dollars pour ses parts dans AB Volvo. (Renault Trucks appartient à Volvo).
En 2018 Li Shufu est reçu à Bloomberg : "Je veux que le monde entier entende les battements de tambour de Geely et des voitures +made in China+".
En 2018, Geely se hisse septième constructeur chinois, avec 1,52 million de véhicules vendus. Il contrôle environ 6 % du marché chinois des voitures.
En février 2018, Geely, prend 9,6 % du capital de Daimler, la maison mère de Mercedes-Benz, devenant son premier actionnaire, pour environ 9 milliards de dollars.
Ils produiront ensemble la prochaine génération d'automobiles Smart, mise en place d'une co-entreprise à parts égales.
Au printemps 2018 annonce pour dès 2020 en Europe des petites voitures électriques très sophistiquées, conçues en Chine mais fabriquées... en Belgique. Dans le viseur le marché américain.
En 2019, Geely dément fin janvier avoir des vues sur l'italo-américain Fiat-Chrysler (FCA).
(1) Le groupe chinois a fait état d'un bénéfice net de 12,55 milliards de yuans (1,66 milliard d'euros) pour 2018, en hausse de 18 % sur un an, pour un chiffre d'affaires de 106,6 milliards de yuans (14,1 milliards d'euros).
(2) Patron multimilliardaire Li Shufu, 10eme fortune de Chine, avec des actifs estimés à 12,7 milliards de dollars, le groupe accélère son développement international.
Parmi les investissements à l’étranger on trouve l’acquisition et la location de terres arables, c’est vrai en France, en Asie, en Russie et en Afrique. En Afrique, la Chine est présente dans quasiment tous les pays et tous les grands secteurs capitalistiques (bois exotiques, achat de terres agricoles, énergie, minerais, communications, transports...).
Les activités de la Chine et de ses entreprises publiques ou privés ne diffère guère des autres puissances. Elle développe à partir de grands monopoles de taille internationale qui participent à l’accaparement des ressources et à l’exploitation de la force de travail comme c’est le cas en Éthiopie avec la délocalisation d’entreprises textiles. Elle appuie ses stratégies sur le financement de projets qui assure à ses entreprisess des situations de monopoles. Elle porte aussi une attention particulière à la sécurisation de ses approvisionnements et de ses lignes de communications. Dans ce sens, elle possède des bases militaires comme par exemple à Djibouti.
La participation de l’économie chinoise au commerce international, son intégration au système financier participe à la restructuration du capitalisme à l’échelle mondiale. Pour ne prendre qu’un exemple, le capital chinois joue un rôle actif dans les fusions acquisitions à l’échelle planétaire. En 2016, il s’agit de 601 transactions, contre 441 en 2015. La prise de contrôle de Syngentan par le groupe chinois Chem China a représenté une opération de 46,7 milliards de Dollars US.
Dans le domaine des restructurations pour que les entreprises chinoises atteignent la taille de monopole capables d’agir à l’international, le gouvernement chinois a décidé d’éliminer 10 % de la capacité de production dans les secteurs de l’acier, du ciment, du charbon…
5. L’accroissement de la puissance militaire
Ces dernières années, la Chine a procédé au renforcement significatif de ses forces armées. C’est une puissance nucléaire.
C’est le 3 ème plus gros
budget militaire au monde derrière les USA et L’Europe Il est de 95,9 milliards d'euros en 2015. L’armée la plus grande du monde avec environ 2,3 millions d’hommes est en pleine restructuration depuis décembre 2015, avec des changements opérationnels visant à la mettre en capacité de défendre le territoire national. Le tonnage de ses bâtiments militaires maritimes se chiffre à 1 million de tonnes. Il est de 3.100.000 pour les USA, 387.000 pour le Japon, et 1.100.000 pour la Russie (2013). La Chine a pour voisin, au nord la Russie, ainsi que toutes les anciennes républiques de l’URSS qui se retrouvent dans l’OCS (organisation de coopération de Shanghai, a à l’Est les deux Corées, le Japon. Le Pacifique est une vaste zone couverte par l’association APEC, (Asie Pacifique tous les pays voisins de l’Océan s’y retrouvent du Nord au Sud, Canada, USA, Mexique, Amérique centrale, Colombie, Australie,, Japon, Inde, Pakistan etc. A l’Ouest, se trouvent d’anciennes républiques soviétiques, l’Afghanistan, Au Sud le Pakistan, l’Inde, le Népal, la Birmanie, le Cambodge et le Vietnam. Le Vietnam en conflit d’intérêt avec la Chine dans de nombreux domaines, conclut des accords de coopération avec le Japon. La Chine sous couvert de protection des transports maritimes, en accord avec l’ONU et les puissances régionales, opère vers le Golfe d’Aden, le détroit de Malacca, et assure depuis près de 10 ans la sûreté maritime de tous les accès entre l’Asie du nord et le canal de Suez. La Chine joue un rôle important dans le conflit coréen. Ce conflit qui remonte à l'agression impérialiste contre la Corée en 1950, avec le soutien de l'ONU, s'est terminé par un armistice qui en 1953 a divisé la Corée en deux Etats. Le Sud est devenu une base militaire US et son économie est largement dominée par les monopoles américains. Si la forme dictatoriale du régime a évolué, les libertés démocratiques sont bien loin d'être respectées et le mouvement syndical comme les forces politiques favorables à une réunification pacifique sont réprimées. Au nord, le régime très jaloux de l'indépendance nationale est cependant largement dépendant de la Chine. Des zones économiques spéciales permettent à la Chine d'être présente économiquement. La Corée est au centre de l'affrontement entre la Chine et la Russie d'un côté et des USA et du Japon de l'autre
En guise de première conclusion
La prédominance des rapports sociaux capitalistes en Chine est le moteur qui conduit et conduira à une plus grand adéquation de son régime politique, de l’idéologie dominante et de tous les éléments de la société aux besoins de la recherche du profit maximal et à l’accumulation du capital.
Pour résumer, à partir des années 1976, les dirigeants chinois ont organisé la croissance économique par la construction d’entreprises capitalistes monopolistes de caractère public et privé ayant une place dans la compétition internationale. Ainsi, parmi les 500 monopoles les plus importants au plan mondial on en trouve 103 chinois. La croissance chinoise est aujourd’hui assurée à 70 % par le secteur privé. Le secteur financier est profondément intégré à la finance mondiale. Les investissements croisés du Monde vers la Chine et de la Chine vers le Monde représentent respectivement 1700 et 1500 milliards de Dollars pour la période de 1978 à 2017 ; ils en ont représenté 154 pour la seule année 2016. La Chine est le plus grand investisseur dans les infrastructures en Afrique et l’un des pays les plus actifs dans l’achat de terres agricoles à l’étranger. Si le gouvernement chinois tente de limiter les investissements à l’étranger pour favoriser l’investissement en Chine, il n’en reste pas moins que les banques chinoises participent à des fusions acquisitions de taille mondiale.
Ce développement vigoureux du capitalisme en Chine, son intégration dans le processus de mondialisation capitaliste l’amène à se placer, et tout particulièrement en Asie, comme une puissance concurrente des USA. Entre la première puissance impérialiste, les USA, et la puissance montante au sein de l’impérialisme : la Chine, les tensions se multiplient. Il n’est donc pas étonnant que les USA considèrent la Chine comme leur principal adversaire dans la lutte pour la domination mondiale.Le congrès du PCC vient de confirmer cette orientation de développement capitaliste et a adopté des mesures concrètes dans ce sens. Ainsi, Xi Jinping a appelé à développer de nouveaux modes d'investissement à l'étranger, à promouvoir la coopération internationale en termes de capacité de production, à créer des réseaux de commerce, d'investissement, de financement, de production et de services et à travailler à se doter de nouveaux atouts dans la coopération et la concurrence économique internationales. La Chine va assouplir considérablement les conditions d'accès au marché, élargir l'ouverture sur l'extérieur et protéger les droits et intérêts des entrepreneurs étrangers en matière d'investissement. Xi Jinping a insisté sur la primauté de la qualité et à privilégier la rentabilité dans le développement économique du pays, il a plaidé pour la transformation du mode de développement, l'optimisation de la structure économique, et le renouvellement des moteurs de croissance, pour une plus grande réforme des entreprises d'État et à faire gagner les capitaux publics "en puissance, en ampleur et en performance", à développer l'économie de propriété mixte et à créer des entreprises compétitives de niveau mondial », pendant que le poids des entreprises appartenant à l’état se réduit dans l’économie. Les glissements dans les objectifs affichés par le PCC sont significatifs de ces nouvelles évolutions : « L’objectif n’est plus le « socialisme de marché », mais faire de la Chine un pays "prospère, puissant, démocratique, hautement civilisé, harmonieux et beau ». La dimension de la puissance nationale est aussi largement évoquée. Dans ce contexte, la lutte contre la corruption qui est une réalité mal vécue par la population, sert de soupape de sûreté et permet de s’assurer des cadres politiques et économiques largement dévoués à ces orientations.
1Ambassade de Chine
2La Fédération nationale de l'industrie et du commerce de Chine (FNICC) est une organisation non-gouvernementale de la chambre de commerce, créé en 1953, en tant que successeur des chambres de commerce qui ont d'abord été fondée durant la Dynastie des Qing. Aujourd'hui, il se compose de d'industriels et hommes d'affaires chinois, sous la direction du Département du Front uni du Parti communiste de Chine. C'est un élément constitutif de la Conférence consultative politique du peuple chinois et titulaire d'un certain nombre de sièges au Congrès national du peuple. L'organisation aide le gouvernement dans la gestion de l'économie privée de la Chine et agit comme un pont entre le secteur privé et le gouvernement.
3Wang Dongming (Chinese: 王东明; born July 1956) is a Chinese politician who has served since 2018 as the Vice Chairperson of the Standing Committee of the National People's Congress and the Chairman of the All-China Federation of Trade Unions. Originally from Liaoning province, Wang served as the chief of the General Office of the Central Institutional Organization Commission between 2007 and 2012, and the Communist Party Secretary of Sichuan province between 2012 and 2018.[1]
4V. I. Lénine, l’impérialisme stade suprême du capitalisme, 1917.
5Xinhua, agence Chine Nouvelle fondée en 1931. Elle est la plus importante agence de presse chinoise
6 Foxconn Technology, officiellement Hon Hai Precision Industry Company Ltd.2, est un groupe industriel taïwanais spécialisé dans la fabrication de produits électroniques, principalement implanté en République populaire de Chine, dans la ville de Shenzhen mais présent dans de nombreux autres sites et pays.
Actuellement, Foxconn Technology est la firme réalisant le plus gros chiffre d'affaires à l'exportation en Chine continentale et en Chine, dans son ensemble. Elle est aussi la deuxième société pour le chiffre d'affaires à l'exportation en République tchèque et est classée dans les 10 premières à Taïwan, Hong Kong et en Inde.
Commercialisant ses produits sous la marque Foxconn, elle est le plus important fabricant mondial de matériel informatique. Elle fournit des composants électroniques à des entreprises informatiques mondialement connues telles que Apple3, Sony, Motorola, Dell, Microsoft, Amazon, Nintendo, Hewlett-Packard, Samsung Group, BlackBerry , LG Group, HTC, Acer Incorporated, Asus, Lenovo, Huawei, Nokia, ZTE…
La société est fréquemment pointée du doigt pour les conditions de travail dans ses usines ; des employés les surnomment « usines à suicide »4. En juillet 2011, plus d'un million de personnes travaillent pour le groupe Foxconn Technology5, dont plus de 400 000 dans la seule ville de Shenzhen6.
En septembre 2012, le nombre de salariés du groupe est évalué à plus d'1,3 million de personnes, dont 1,2 million rien qu'en République populaire de Chine.